Retrouvailles avec Néa Kirsten à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de son premier EP !

Peux-tu nous dire pourquoi ton premier EP a-t-il pris « autant de temps » ?

D’abord parce que le projet a mis du temps à se construire et à trouver son aboutissement, c’est-à-dire proposer un univers global qui mélange musique et image. J’étais déjà une passionnée de cinéma avant de commencer la musique et du coup c’est devenu une évidence pour moi de proposer un projet qui mélange les deux univers. Et puis nous sommes, Demantic et moi très exigeants sur la qualité des sons, et des textes. Nous préférons produire moins, prendre plus de temps, mais être certains de la qualité de ce que l’on propose. Pour bien défendre un projet, il faut que nous soyons totalement convaincus que notre travail est honnête et qu'il nous représente vraiment.

Durant ces dernières années, as-tu expérimenté de nouvelles directions avec Demantic ?

Nous sortions d’un groupe ultra expérimental qui s’appelait Fairy Games et ensuite, nous nous sommes dirigés vers quelque chose de beaucoup plus Pop dans lequel nous ne nous retrouvions pas complètement. Nous avons mis du temps à trouver le bon équilibre entre les deux. Comme je l’ai dit, on expérimente beaucoup les sons, et on ne s’interdit rien, ni en termes de structure on ne fait pas forcément des couplets-refrains, ni en termes de mélange de sonorités, du moment que cela amène quelque chose d’intéressant. Par exemple, pour « Melancholia », c’est la première fois que Demantic mixait de vrais sons d’orgue avec un synthé. C’est une expérience qu’on a trouvé très intéressante.

Comment qualifierais-tu l’atmosphère d’ « It’s Not Only A Sad World » ?

L’atmosphère de cet EP est assez mélancolique même si les morceaux qui le constituent sont très différents les uns des autres. Musicalement, il y a des morceaux qui sont très low tempo et d’autres plutôt dansants. En revanche, les paroles ne sont jamais totalement gaies, c’est quelque chose que je ne sais pas faire. J’avais écrit la plupart des textes avant le premier confinement, à part « Melancholia », et quand on voit ce qui s’est passé depuis, je dois dire que j’ai été un peu troublée, mais j’ai préféré ne rien changer.

Peux-tu expliciter le titre de ton EP ?

Le titre de ce disque est hyper significatif. Le monde va mal pour tout un tas de raisons, je ne dis pas que c’était mieux avant, c’est un constat que je fais. A la base, je voulais appeler ce disque « All That Dies » mais je me suis dit que franchement ce n’était pas la peine d’en rajouter…J’ai opté pour « It’s Not Only A Sad World » car même si le constat est sombre, on peut toujours infléchir le cours des choses. Et puis je trouvais que cela était un pied de nez intéressant.

Comment s’est fait le choix des quatre chansons qui le composent ? As-tu cherché un fil rouge/une cohérence ?

 Même si je fonctionne pas mal à l’instinct, il m’a semblé que les thèmes et les morceaux étaient cohérents entre eux, à l’exception de « Leave The World With U » qui est plus Pop. Je trouvais intéressant de ne pas faire un EP qu’avec une seule couleur, une seule ambiance.

De quoi parles-tu dans ces quatre titres ?

La perte est un thème qui revient souvent chez moi. Dans les morceaux, il y a souvent des allusions voulues ou pas à la mort ; c’est peut-être une façon d’exorciser des choses qui m’angoissent. Il y a aussi une vraie interrogation par rapport à notre place dans ce monde, et comment on l’accepte ou pas. On retrouve également le thème de l’amour, et de la solitude. Enfin, Il y a aussi l’urgence, la soif de vivre, la soif de liberté. Il y a quelque chose de sauvage, d’indompté que je veux faire passer dans mon travail, que ce soit les textes ou les vidéos.

Il y a de l’anglais et du français sur ton disque, quel rapport as-tu avec ces deux langues dans l’écriture ?

Auparavant, j’écrivais en anglais et je me suis mise à le faire en français. C’est plus dur et plus exigeant, mais peut être plus sincère aussi. Après j’aime bien ce mélange, comme le parlé et le chanté aussi, mes choix sont assez intuitifs. Je sens qu’il faut que j’écrive telle ou telle partie en Français ou en Anglais. Je suis assez décomplexée là-dessus et Demantic m’a conforté dans le fait de ne pas se prendre la tête avec cela.

Que mettrais-tu en avant chez Demantic avec qui tu partages la création ?

 Son exigence et j’aime le fait qu’il n’aille jamais vers l’évidence. Demantic, qui est mon frère, arrive à me scotcher sur des compositions. Il a appris à jouer du piano et de l’orgue ; il ne va jamais vers le trop simple, il expérimente et je trouve qu’il a vraiment quelque chose car ses compositions ne ressemblent pas à celles d’autres musiciens.

Qu’est-ce qui fait que pour toi it’s not only a sad world ?

La force vive, les moments de fulgurance…plus intimement, l'amour bien sûr, celui qu’on a pour son amoureux, son enfant, ses amis…et les retours du public quand je sors un titre ou un clip et qu’une personne est touchée.

L’un de tes titres s’intitule « Leave The World With U », si tu avais la possibilité de tout quitter où irais-tu ?

Durant l’écriture de ce titre, j’avais en tête des images de désert en Arizona et c’est aussi pour cela que j’ai mis un extrait du film « Thelma et Louise » dans le clip. Quitter le monde peut avoir plusieurs sens ; cela peut évoquer le suicide mais aussi le fait de se retirer du monde ; je pourrais te répondre que je prendrais bien une petite bicoque au bord de l’eau mais je préfère rester sur cette image de moi dans une voiture à la « Sailor et Lula » qui part dans une sorte de désert et qui disparait à jamais.

 Quelle va être la suite pour ton projet musical ?

Un nouveau clip arrivera à la rentrée, on va continuer à bosser avec Demantic , mais la prochaine grosse étape c’est la scène...J’ai vraiment envie de proposer quelque chose de différent par rapport à ce que j’ai pu faire auparavant. J’aimerais mixer en direct les différentes pistes des morceaux et passer de la vidéo derrière. J’ai envie de proposer un vrai voyage au public…Et il se pourrait que le projet évolue vers des performances lors d’événements comme par exemple dans des galeries…