Rencontre avec Rouquine à l’Idol Hôtel afin d’en apprendre plus sur leur projet musical !
Comment ou de quoi est né votre nouveau projet à deux ?
Sébastien : Rouquine est né de notre ancien projet qui s’appelait Babel. Quand le groupe s’est arrêté, nous avons eu envie de continuer, nous avions d’autres chansons et d’autres envies de musiques à faire ensemble.
Nino : Rouquine est également né de l’envie de monter un projet un peu récréatif. Nous voulions faire ce dont nous avions envie sans se poser des questions ni se mettre des objectifs et cela nous a permis de creuser musicalement et dans les textes. Nous avons retrouvé une fraîcheur que nous avions perdue avec Babel puisque nous nous mettions beaucoup de pression car il y avait beaucoup d’enjeux. Rouquine est vraiment notre récréation.
Pourquoi l’avez-vous baptisé Rouquine ?
N : Parce que nous sommes deux hommes bruns !
Musicalement, Rouquine s’inscrit-il dans la lignée de Babel ?
N : C’est quand même très différent. Je pense qu’il y a quelque chose de plus apaisé et de plus digeste par rapport à Babel qui était très pensé pour les concerts. Quand nous composons en studio pour Rouquine, nous ne pensons pas au live immédiatement même si nous prenons beaucoup de plaisir sur scène. Dans l’interprétation des voix, il y a quelque chose de beaucoup plus posé et de beaucoup plus mélancolique mais aussi de beaucoup plus réconfortant. Et en même temps, nous nous autorisons à être tranchés et ironiques dans nos textes. Il y a ce contraste-là dans Rouquine.
S : Avec Babel, nous avions rencontré nos limites. Depuis, nous avons écrit pour d’autres artistes et je pense que nous avons gagné en maturité. Maintenant, nous savons vraiment ce que nous voulons faire sans autres contraintes que celles que nous nous donnons nous-mêmes.
Avez-vous gardé les mêmes « postes » que dans votre précédent projet ?
S : Oui, ça c’est juste précisé car nous ne sommes plus que deux. En revanche, dans Rouquine sont sommes tous les deux chanteurs lead alors que dans Babel, Nino faisait les chœurs.
N : Ce qui est drôle avec nos voix, c’est que nous nous complétons beaucoup mais il y a pas mal de registres où les gens sont incapables de déterminer lequel de nous chante. C’est assez chouette car il y a à la fois une complémentarité et une gémellité et cela créé quelque chose d’intéressant.
Comment décririez-vous l’univers de Rouquine ?
S : Mélodique ; qui vient flatter l’oreille et qui donne envie d’être fredonner. Il y a de la mélodie généreuse dans Rouquine car nous avons vraiment à cœur de proposer aux auditeurs des ritournelles qui donnent envie d’être chantées. Par ailleurs, il y a également une volonté de singularité et de personnalité dans cet univers car nous voulons faire quelque chose qui nous ressemble. On pourrait donc dire que cet univers est personnel et léché également car nous chiadons beaucoup le son, nos textes et nos prises de voix. Nous aimons que les choses soient poussées au maximum.
N : Il y a un contraste entre le côté pointilleux/maniaque et un certain lâcher-prise.
On a le sentiment qu’avec Rouquine, vous « durcissez » le ton dans l’écriture, est-ce aussi votre ressenti ?
S : Il y a un côté assez tranché dans nos textes car nous avons la volonté de parler de choses de manière frontale et sans détour tout en essayant de bien tourner cela.
N : Nous contrastons le propos avec une musique réconfortante et mélancolique. Nous nous autorisons ce côté très tranché et presque brut dans le texte grâce à « l’emballage » doux de la mélodie. En fait, Rouquine, c’est de la poésie brute.
Comment avez-vous voulu traiter la mort dans « Mortel » ?
S : Je crois que cela rejoint la musique de ce titre qui est très douce, solaire et gentiment pêchue. Le texte de « Mortel » parle beaucoup de la vie en fait. Au premier abord, on parle du cancer et de la mort mais on parle aussi de danser, de se retrouver, de boire des coups, d’être bourré, de bander, d’aimer…C’est vraiment la vie dans ce qu’il y a de plus brut. Nous parlons donc de la mort de façon très vivante.
N : Ce n’est qu’une fois le morceau terminé que nous avons eu l’idée de cette pochette qui fait référence à la fête des morts au Mexique. Ça a été la résultante de la chanson mais quand nous l’avons composée, nous ne nous sommes pas posé la question. Nous nous sommes rendu compte après coup que ça s’approchait de cet angle-là, que c’était une vision de la mort comme d’une fête.
Intituler une chanson « Les Enfants Sont Des Enfoirés », c’est couillu…Comment vos proches l’ont-ils pris ?
S : Ça a fait marrer mes gosses mais ils sont habitués à ce que je sorte régulièrement des conneries comme ça. Il en faut plus pour les choquer. En revanche, je dirais que les retours ont été partagés car il y a des parents qui approuvent beaucoup et d’autres qui ont pu être effarouchés. Je pense que ce morceau est le plus clivant que nous ayons.
N : Globalement, les gens qui se plongent vraiment dans le texte et notamment ceux qui ont des enfants sont généralement assez touchés.
S : J’ai l’impression qu’il y a une certaine justesse dans ce titre. En tout cas, les gens s’y retrouvent.
Trois titres sont déjà disponibles ; quelle va être la suite pour vous ?
N : Un EP arrive pour le début de l’été. Il y aura certainement un clip également. Ensuite, il y aura un autre single ou un autre EP à l’automne. Nous allons continuer d’égrener des chansons sous la forme de singles ou d’EPS.
Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?
S : Son enthousiasme et son inspiration.
N : En tant que chanteur/interprète, je suis content de défendre la poésie un peu dérangeante contenue dans les textes de Seb. Je dirais qu’il y a un côté plaisir coupable chez ceux qui écoutent ces nouvelles chansons et moi qui les interprète, j’aime voir la réaction sur le visage des gens car dans cet enrobage poétique, il y a des punchlines un peu acides, un peu choquantes ou un peu décomplexées qui provoquent un deuxième effet. Au-delà de cela, j’aime son humour. Il y a quelque chose de très spontané entre nous ; notre humour et nos private jokes sont vraiment propres à notre relation. C’est un fil rouge dans nos sessions de travail, dans la composition de nos chansons, dans nos coups de téléphone…
Avez-vous d’autres projets en parallèle à Rouquine ?
N : Nous écrivons, composons et réalisons des disques pour plein d’autres artistes. Nous travaillons autant avec des rappeurs qu’avec des chanteurs ou chanteuses de chanson Française. Seb écrit des pièces de théâtre et pour ma part, je compose des musiques de films. Nous avons beaucoup de projets en parallèle ; grâce à eux, nous gagnons notre vie et au milieu de tout cela, Rouquine est notre moment de lâcher-prise.