Retrouvailles avec Mathieu Rosaz à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution d’« Ex-Fan Des 80’s Vol.2 » !
Peux-tu nous dire pourquoi tu t’es éloigné un temps de l’artistique ?
Je me suis éloigné un temps de l’artistique car cela faisait plus de vingt ans que j’avais commencé ce métier et il y avait une lassitude mais aussi la conscience aigüe que je ne pourrais pas faire les choses comme je l’aurais voulu. N’étant pas un nom bankable, je n’intéressais pas les productions. Quand on chante sur scène, on a besoin d’un minimum d’entourage et de moyens afin de donner un bon spectacle et je ne pouvais pas recommencer à chanter dans des petits endroits avec des loges sans toilettes en me débrouillant tout seul comme je l’avais fait quand j’avais 20 ans. J’avais passé l’âge d’être débutant et je ne l’étais plus mais malheureusement, mon déficit de notoriété ne me permettait pas d’exercer ce métier dans des conditions décentes et donc, j’ai préféré arrêter.
Quel a été le déclic pour t’y remettre avec « Ex-Fan Des 80’s Vol.2 » ?
C’est tout simplement le deuxième confinement. Comme je travaille maintenant dans le domaine du bien-être, j’ai été obligé de fermer mon cabinet et n’ayant plus la possibilité d’exercer, mon réflexe a été de me remettre au piano et de reprendre l’ouvrage là où je l’avais laissé. Il est vrai que de temps en temps, il y avait des petits signaux qui me disaient pourquoi tu ne ferais pas un volume 2 d’autant que je recevais parfois des petits mots sympathiques sur les réseaux sociaux au sujet d’ « Ex-Fan Des 80’s ». Ça a commencé à me titiller au moment de l’été et puis il a fallu qu’il y ait le deuxième confinement pour que je m’y remette vraiment.
T’es-tu accordé plus de libertés sur ce volume 2 ?
Je crois que je me suis toujours accordé pas mal de libertés et là encore plus, peut-être. De toute façon, je suis libre, fondamentalement, je suis mon propre producteur et je travaille avec le distributeur Believe qui me distribue tout ce que je veux. Je suis le seul responsable du résultat final.
Quelle a été ton envie principale sur ce disque ?
J’ai eu envie d’enregistrer des chansons qui bougent et qu’il y ait plus la pêche que dans le premier volume ; que ça donne envie de danser par moments, qu’il y ait une pulsation.
As-tu envoyé tes réinterprétations à certains des artistes présents sur ton album ?
Non, je ne l’ai pas encore fait et je ne sais pas si je le ferai. Quand tu me poses cette question, je pense à Françoise Hardy que j’adore vraiment et je sais qu’elle peut être très sévère et très cash avec les artistes qui reprennent ses chansons. La franchise est une qualité mais ça peut blesser. Je connais ses goûts et son exigence en matière de production et je ne suis pas du tout certain que ce que j’ai fait l’emballe. C’est quelqu’un que j’ai envie de continuer à aimer et je n’ai pas envie d’être blessé par une désapprobation. J’hésite à envoyer mes réinterprétations à certains artistes mais de toutes façons, ils peuvent être facilement au courant et le sont peut-être déjà. Il faut savoir que la loi française ne nous oblige pas à demander les autorisations aux auteurs-compositeurs des chansons pour les reprendre sauf si nous modifions vraiment le morceau. Dans mon cas, je suis resté fidèle aux mélodies et aux textes. Et puis le problème c’est que si je commence à demander la validation de tout ce que je fais, il y a de fortes chances que nous soyons encore là dans trois ans à attendre une réponse afin que l’album puisse sortir.
« Aimons-Nous Vivants » trouve un écho tout particulier avec l’actualité, as-tu voulu faire passer un message en reprenant ce titre ?
Non, pas particulièrement. C’est une chanson que j’ai toujours aimée. Dans la mémoire des gens, elle est associée à des souvenirs un peu kitsch de la fin des années 80. Je me souviens de François Valéry à la télévision avec une claviériste au Korg qui était déchaînée. C’était assez drôle. Mais « Aimons-Nous Vivants » est une vraie belle chanson. Le texte de Pierre Delanoë et Michaële est un très beau texte. « …N’attendons Pas Que La Mort Nous Trouve Du Talent… » est une très belle phrase et la mélodie était super efficace. C’est une bonne chanson, c’est une belle chanson, c’est une chanson importante, il n’y avait aucune raison que je ne la chante pas.
Avec quel(le)s artiste(s) de la décennie 80 aurais-tu aimé ou aimerais-tu partager un duo ?
Je vais être très honnête... Je crois que je n’aime pas les duos. Voir deux personnes chanter ensemble est un tableau qui plaît au public mais je pense que c’est toujours un peu frustrant pour les chanteurs. Ça peut être sympathique… Mais ce n’est pas mon truc.
Le premier volume d’ « Ex-Fan Des 80’s » est né après le spectacle, cette fois-ci, vas-tu faire la démarche inverse ?
Non car je ne vais pas faire de spectacle. Tout d’abord, en ce moment, ce n’est pas possible et il faudrait que je m’y prenne maintenant pour programmer quelque chose dans un an mais ce rythme de prévoir la scène très longtemps à l’avance ne me convient pas du tout. Me dire que mon planning est prêt un an à l’avance, ça me terrifie. La vie, ce n’est pas ça, c’est aussi l’imprévu et l’immédiateté. Je trouve d’ailleurs que cette crise du COVID fait réfléchir au rapport que nous avons au temps. Ça interroge beaucoup au sujet du fonctionnement des métiers artistiques, le décalage entre le désir d’un artiste et ce qu’on lui demande de faire. Il faut savoir que dans le théâtre et dans la musique, on prévoit les tournées très à l’avance. A part pour les “stars” qui peuvent monter des tournées sur leur nom dès la sortie d’un album, lorsqu’un spectacle est présenté à Paris voire à Avignon, il faut attendre la saison d’après pour le jouer et durant toute une année, les artistes attendent. Pendant cette année-là, ils ne vont pas rien faire, ils vont nourrir un nouveau projet et alors qu’ils sont totalement imbibés d’un nouveau projet, ils se retrouvent à devoir repartir sur le projet d’avant. Je trouve que ce timing n’est pas logique. Quand des programmateurs achètent des spectacles en juillet à Avignon, ils devraient être programmés pour la saison qui arrive, c’est à dire à partir de septembre, puisque le spectacle est là. Tout ça à cause d’histoires de plaquettes et d’abonnés ou que sais-je. Ça me gonfle.
Le fait d’avoir créé ce nouveau disque de reprises t’a-t-il donné envie de composer de nouvelles chansons originales ?
J’y pense… En novembre 2021, cela fera 20 ans que mon premier album est sorti. Il était composé de dix chansons que j’avais écrites et de sept reprises dans un style plutôt rive gauche. C’était un enregistrement public piano-voix dans un cabaret à Paris. Cela fait longtemps que j’ai délaissé mon propre répertoire, je n’ai pas sorti de nouvelles chansons depuis 2016. J’ai dû écrire une centaine de chansons mais je n’en ai sorti qu’une petite cinquantaine. Parmi toutes ces chansons, certaines mériteraient peut-être d’être retravaillées. Je ressens vraiment par moments l’envie d’écrire mais pour être tout à fait sincère, je ne sais pas si j’ai envie d’écrire des chansons. Je pense qu’un jour je vais écrire, que ça va se débloquer. Mais je ne suis pas sûr qu’il s’agira chansons car ce format-là est terrible... Soit je fais trop court, soit je fais trop long ; ça ne va jamais.
La pandémie a mis à mal bon nombre de professions, toi-même, tu es doublement touché, comment vois-tu l’avenir à court terme ?
Je pense que nous allons sortir de tout cela à la fin de l’année. Je prends mon mal en patience. Je pense aux vacances d’été car j’espère pouvoir aller au soleil et je pense à de nouveaux projets. Je suis content quand vient le soleil et le printemps à Paris ; je me suis acheté un vélo électrique avec lequel je peux me promener. Normalement, je devrais pouvoir rouvrir mon cabinet début mai et j’espère que les clients reviendront. Je ne vis pas trop de mal toute cette période car je suis finalement assez habitué au confinement. Pendant vingt ans, j’ai été un chanteur qui ne travaillait pas suffisamment à son goût. J’étais obligé d’attendre, toujours attendre... Par moments, j’ai l’impression de me retrouver un petit peu avant l’époque où j’ai changé de métier. Je suis rodé à ça. C’est beaucoup plus dur pour les gens hyperactifs qui ont toujours couru après tout. Pour ma part, j’ai eu largement le temps d’observer, de contempler, de cogiter et de fantasmer. Ça occupe. Ce n’est pas que j’adore ça mais je connais.
Si tu ne devais retenir qu’un seul titre d’ « Ex-Fan Des 80’s Vol.2 », quel serait-il et pourquoi celui-ci ?
C’est difficile comme question…mais celui qui est bien symbolique en ce moment, c’est « Une Autre Histoire ». Je trouve que ce titre est parfait pour notre époque. Nous sommes en train d’entrer dans un nouveau monde dans lequel il y aura du mieux et peut-être aussi du moins bien mais je préfère être optimiste alors j’attends une autre belle histoire de vie !
Ex-fan des 80's, vol. 2 by Mathieu Rosaz
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