Rencontre avec David de Voie 81 à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de « Ralentir » !
Peux-tu présenter Voie 81 à nos lecteurs ?
Le noyau dur de Voie 81 est un duo ; moi et mon collègue ; et tout autour, gravitent des invités divers et variés. Pour notre premier album « Ralentir », nous nous sommes concentrés sur les voix notamment féminines. Nous sommes tous les deux producteurs, auteurs, compositeurs et multiinstrumentistes ; Benjamin a plus ses cordes sur tout ce qui est rythmique et les synthés analogiques alors que moi, ce serait plutôt sur tout ce qui a trait à la mélodie et les instruments plus « traditionnels » comme la guitare et la basse mais aussi les claviers. Nous nous complétons ainsi.
Comment vous êtes-vous rencontrés avec Benjamin ?
C’est une très longue histoire ! Avec Benjamin, c’est plus de 35 ans d’amitié. Nous avons eu plusieurs projets en commun mais aussi séparément. Nous nous sommes beaucoup croisés sur différents projets sur les routes et nous avons pas mal vagabondé ensemble.
Avez-vous d’autres projets musicaux en parallèle à Voie 81 ?
Quand on est musicien, je crois que ça n’existe pas de se concentrer que sur une seule chose. Voie 81 est notre projet du moment. Nous travaillons ce projet qui ne date pas d’hier depuis pas mal de temps. Il y a eu beaucoup de travail et de tâtonnements avant d’arriver à quelque chose d’abouti. Au-delà de cela, nous sommes musiciens et pour ma part, j’aime notamment jouer de la Folk chez moi. Nous n’avons pas d’autres projets en construction mais encore une fois, on ne peut pas dire que nous ne faisons que Voie 81 ; c’est la partie un peu magique de la musique qui fait que l’on peut toucher un peu à tout et surtout, rencontrer d’autres gens et s’intéresser à d’autres styles, ça fait du bien à la tête, ça ouvre et ça enrichit son capital.
A quoi correspond cette voie ?
Orthographié ainsi, ça nous fait immédiatement penser au train, au voyage, au déplacement mais c’est aussi un jeu de mot avec les voix ; les voix féminines qui sont sur le disque mais également nos propres voix aussi. Même si c’est caché, je complète un tout petit peu les voix féminines sur quelques titres afin de donner un côté hybride. Quant au chiffre 81, il fait référence au début des années 80. Cette décennie a été magique, créative, passionnante. En 1981, il y a eu beaucoup de changements notamment les élections en France, c’était la première fois que la gauche arrivait au pouvoir. J’ai appris également que l’ancêtre de la Gay Pride avait eu lieu cette année-là. Il y a eu beaucoup d’amorces d’énormément de choses notamment musicales. Nous avons traversé ces années-là physiquement, ce n’est pas un secret et ce n’est pas tabou (rires).
Comment décrirais-tu l’atmosphère de votre premier album ?
Nos titres ne sont pas constitués uniquement de beats et de nappes de synthés, il y a une recherche voulue et assumée dans les mélodies pour qu’elles traversent, amènent et fassent voyager les auditeurs. L’atmosphère de ce disque est particulière car nous avons eu plusieurs temps de travail qui ont été entrecoupés pour différentes raisons. Nous avons finalisé les enregistrements juste avant le premier confinement et l’atmosphère était un peu anxiogène car nous sentions que quelque chose allait se passer, nous commencions à ne plus savoir comment respirer et nous étouffions un peu. Je dirais que dans ce disque, au-delà de la beauté et de la sensualité, il y a un peu de peur, de retenue et la volonté que les choses aillent bien. Le message positif de cet album serait de prendre en compte les choses qui nous arrivent afin de pouvoir éventuellement faire d’une autre manière la prochaine fois et améliorer les choses car c’est peut-être un test qui nous est donné. L’album est contemporain de cette situation que nous vivons tous et l’environnement transpire à travers la musique, quoi qu’il arrive. En revanche, le sourire symboliserait bien les séances de travail en amont car avant d’être musiciens et collègues, nous sommes amis avec Benjamin et nous avons énormément de plaisir à partager ce projet ensemble.
A quoi inviterait « Ralentir », selon toi ?
Au changement et à se calmer un petit peu. Je trouve vraiment que le monde court tout le temps ; on court en avant mais pour attraper quoi, on ne le sait même pas et on ne prend même plus le temps ne serait-ce que de savourer notre café du matin car il faut vite partir au travail. Le ralentir est vraiment au sens propre du terme. Il faut prendre du temps pour soi, pour ses enfants, pour ses parents, pour ses amis…Il faut réapprendre à se faire du bien d’une autre manière et le plaisir revient avec le fait de ralentir.
Pourquoi avoir choisi de mélanger les langues sur ce disque ?
Cela vient de l’opportunité d’avoir eu accès à des collaboratrices qui parlaient différentes langues mais il y a également un côté esthétique qui est génial. Le côté voyage de Voie 81 fait partie de cela aussi. Nous vivons en Europe, nous avons la chance d’avoir énormément de cultures différentes et nous avons voulu proposer un déplacement entre pays dans ce disque. Par ailleurs, chaque langue a ses particularités, ses sonorités ; le français va être un peu plus nostalgique, l’allemand va avoir une connotation plus 80’s dans l’idée, l’espagnol est un peu plus tranchant et l’anglais est un peu la passerelle entre tout cela. Il y a une belle esthétique Européenne dans ce disque.
Que retrouve-t-on au niveau des textes ?
Tout d’abord, il faut savoir que nos collaboratrices qui sont des rencontres de vie ne se connaissent pas et que nous ne leur avons pas donné de plan. Nous avons travaillé les musiques en amont et nous leur avons laissé un peu carte blanche au niveau des thèmes et bizarrement, elles ont toutes été inspirées par le même ; ce qui sous-entend que la musique proposée était assez cohérente. Tous les titres, peu importe la langue, ont transpiré de la même histoire. Dans les textes de cet album, on retrouve beaucoup de déceptions qu’elles soient amicales ou sentimentales. Nos collaboratrices ont présenté les douleurs qu’elles ont eu avec l’autre mais aussi la volonté de vouloir faire mieux mais de quelle manière. C’est incroyable, elles ne se sont pas concertées mais elles ont été inspirées de la même manière.
Pourquoi avez-vous illustré « The Sun » par des images extraites de « The Butterfly (Babooshka Babooshka) » d’Andrei Khrzhanovskiy ?
Quand tu montes un projet, tu as des idées sur ce que tu veux communiquer et ensuite, les choses viennent à toi naturellement…Nous avons fait des recherches et nous sommes tombés sur ce film qui est assez extraordinaire d’un point de vue esthétique. Nous voulions créer un pont entre les années 70-80 et nos années 2020. Nous avons trouvé ça original d’illustrer « The Sun » d’une manière dessin animé d’autant que nous avons la volonté de ne pas nous répéter sur les clips et les visuels. Nous nous appelons Voie 81, nous traitons un peu des sons analogiques des années 80 mais nous n’avons pas de frontières au niveau esthétique/images car nous sommes assez ouverts. En revanche, nous tenons à garder un côté nostalgique qui joue sur l’ombre et la lumière. Le réalisateur de « The Butterfly » a été très heureux de collaborer avec nous ; c’est une belle réussite dont nous sommes super satisfaits. Encore une fois, le voyage même si ce n’est pas en train.
Il y a une forte influence de la Synthpop des 80’s sur cet album, quels sont tes groupes de référence en la matière ?
Je te citerais notamment Depeche Mode, New Order, OMD et The Cure qui est vraiment dans l’image de cette décennie-là.
Pour toi, quels seraient les lieux idéaux pour jouer « Ralentir » en live ?
Pas de frontières non plus ! Je suis très touché par les lieux dès l’instant qu’il y a une ambiance…ça peut être une salle, un amphithéâtre, des lieux industriels…Il y a une multitude de possibilités, nous ne nous arrêtons pas à une créativité fermée. Dès l’instant qu’il y a une âme et que nous pouvons présenter notre musique d’une manière originale, nous sommes preneurs !