Rencontre avec SATO à l’occasion de la sortie de « La Théorie Des Dominos » !
Tu as débuté ta carrière dans le groupe Elista, t’exprimer en solo n’était-ce donc pas une évidence pour toi ?
Effectivement, ce n’a pas été toujours évident. Elista a été mon premier groupe, nous l’avions monté avec mes amis d’enfance de Seine-et-Marne. Avancer en groupe avec des gens que tu connais depuis toujours, c’est autre chose que se mettre à nu tout seul. Pour mon projet SATO, il a fallu que je sorte de moi-même afin d’arrêter de me cacher et d’assumer mes gouts, mon esthétique.
Le groupe s’est séparé en 2013, pourquoi n’as-tu pas présenté SATO plus tôt au public ?
J’ai été très affecté par le split d’Elista et j’ai mis du temps à en faire le deuil. Comme en amour, il m’a fallu du temps pour digérer cette rupture car les membres du groupe étaient avant tout mes amis d’enfance et j’avais commencé à faire de la musique avec eux dès les années 90. Ensuite, petit à petit, j’ai commencé à reprendre confiance en moi et dès que j’ai senti que j’avais l’amorce de quelque chose qui me mordait l’âme, j’ai foncé. Au fond de moi, j’ai toujours eu l’envie de faire de la musique très Pop car c’est ce qui m’a toujours habité. Dès que j’ai trouvé cette façon d’écrire et cette énergie-là, j’ai composé avec une sorte d’urgence pour sortir toutes ces chansons, toutes ces mélodies que j’avais en moi depuis des années.
Dirais-tu que ton projet musical solo est dans la lignée de ce que faisait Elista ?
Quand j’ai crée SATO, je ne me suis pas posé de question quant à savoir si c’était de la variété ou du Rock à synthé. Si je devais définir la musique de SATO, je dirais que c’est de la Pop urbaine rivée au béton des villes. A vrai dire ; dans Elista, j’avais mis la pédale douce sur tout le côté pop que j’avais en moi car nous tendions plutôt vers le Rock. Il faut savoir que j’ai réalisé ce premier album avec l’aide, la bienveillance et le talent de Benjamin et Thomas (qui étaient les membres d’Elista). Benjamin pour les paroles et Thomas pour les arrangements et la production. J’ai réussi à refaire le lien entre eux deux alors qu’ils ne se parlent plus depuis la fin du groupe. Ça me tenait vraiment à cœur car ce sont mes meilleurs amis d’enfance.
Comment décrirais-tu ton univers ?
J’ai vraiment mis le zoom sur tout mon côté Pop ; c'est-à-dire mélodieux car j’aime les chansons qui se retiennent, les refrains évidents que l’on peut chanter et je suis à la quête de cela depuis toujours. J’adore les mélodies, sincèrement sans snobisme. Par exemple, je peux aimer de la même manière une chanson très Pop du Velvet Underground ou une de Justin Bieber. J’aime l’immédiateté de la Pop Music car c’est ce qui va frapper l’auditeur en plein cœur et c’est ce que j’ai voulu mettre en pratique dans SATO. J’ai décidé de réaliser mes propres clips (avec le partenariat de mon acolyte Morgan Eloy) et d’y retranscrire tout mon univers visuel. J’ai grandi avec le RER pour aller à Paris, je traversais les villes avec le casque sur les oreilles et la musique me faisait voyager en regardant tout cet environnement urbain. J’ai ce truc en moi de ne jamais oublier d’où l'on vient, et je voulais filmer ma banlieue, mon 13 ème arrondissement, le bitume de la ville, mes copains « un peu à part ». Tous ces endroits qui paraissent être anti glamour mais ou j’ai ressenti toutes mes premières sensations fortes et qui m’ont marqués visuellement.
De quoi parles-tu dans « La Théorie Des Dominos » ton nouveau single ?
Ce morceau parle de l’incapacité que l’on a maintenant à nouer une relation profonde et le mal que l’on a à être centré sur soi-même.
Pourquoi avoir choisi de mettre en avant des sportifs pour la mise en images de « La Théorie Des Dominos » ?
C’est un morceau qui est extrait de l’album qui sortira en 2021 qui s’appellera « Chroniques Ordinaires ». « Chroniques Ordinaires » est aussi un projet vidéo, où j’ai réalisé et conçu chaque clip ( avec la participation de Morgan Eloy mon acolyte) . Ces clips servent de caisses de résonance à mes chansons. J’y suis à chaque fois un personnage, qui fait écho à ma chanson, à mes paroles. Chaque personnage incarne les paroles des chansons. Dans celui de « La Théorie Des Dominos », je suis Van qui est un ami qui fait du workout (de la musculation). Van est une sorte de samouraï urbain qui est capable de se mettre en « drapeau » en prenant appui sur un panneau de stop. Cette vidéo traite de la solitude à plusieurs, elle fait écho au narcissisme moderne où chacun réduit son univers à sa zone de confort ; à la fois, on a envie d’être regardé mais on n’ose pas aller vers l’autre…
Avant « La Théorie Des Dominos », il y a eu « Souhaitons », ce premier titre qui a lancé SATO a-t-il une résonance personnelle ?
Dans le clip de « Souhaitons », on retrouve un petit branleur de banlieue, un peu gringalet, un peu malingre qui prend le RER et qui se fait un peu taper dessus par une bande de loubards qu’il croise. Ce mec-là, c’est un vrai copain Tommy mais en plus de cela, c’est moi dans les années 90. Je prenais le RER D de Melun à Paris Gare-de-Lyon. J’avais mon walkman sur les oreilles, il fallait à la fois ne pas l’écouter de façon trop ostentatoire pour ne pas se le faire dépouiller mais il fallait aussi éviter racailles, skinheads et zoulous durs qui unanimement pouvaient potentiellement vouloir me frapper parce que je portais un t-shirt rose, et que, par conséquent, je devais être homosexuel, donc apte à recevoir des coups.Quand j’étais ado, j’étais très efféminé, je suis Eurasien, Franco-Vietnamien du coup je me suis toujours senti à part. Je ne me suis jamais senti à ma place. Au lieu de mal vivre ma différence, de me « victimiser », j’ai cultivé cette différence et j’ai appris à me construire en opposition. Je pense que ma différence à moi, mon métissage m’a toujours poussé à m’affirmer, à creuser encore plus ma singularité. J’ai très vite refusé les foots entre mecs, je suis toujours resté avec des gens qui restaient en périphérie des évidences. Je sais qu’ado j’ai exploré au plus profond ma fragilité que ce soit à travers ma façon de m’habiller, mes lectures de Genet à Tennessee Williams, mes héros étaient Bowie, Jarvis Cocker de Pulp, les B52’s, Etienne Daho, Françoise Hardy. J’ai tellement exploré mon identité, ma sensibilité féminine et masculine qu’aujourd’hui je me sens un être plus complet, capable de foutre mon poing dans la gueule si on m’emmerde mais aussi de pleurer en écoutant l’adagio d’Albinoni.
Il me semble que ce sont les gens ordinaires qui t’inspirent…qu’aimes-tu chez eux ?
Parler d’amour ou de choses intimes, c’est très universel ; tout le monde à cela en soi. Dans chaque clip que j’ai réalisé avec Morgan, je mets en lumière des gens de mon entourage ; Tommy le petit branleur dans « Souhaitons », Van qui est serveur dans un restaurant mais qui dédie toute sa vie à la musculation et à s’inventer un personnage dans « La Théorie Des Dominos », « Dans Ses Bras » qui sortira prochainement mettra en scène un très bon ami à moi qui est travesti…Quand il devient Carla, c’est un autre personnage très glamour, il était à l’époque célibataire et il sortait habillé en grande pompe en espérant trouver le grand amour. On a composé cette chanson avec Benjamin en pensant à lui. J’ai voulu filmer ces gens ordinaires mais qui ne le sont pas car ils ont chacun une singularité, une différence. J’ai toujours été attiré par les personnes en marge et ces gens-là sont mes amis ; j’ai voulu les inclure dans un projet Pop dans le sens populaire mais aussi Pop dans le sens Warholien afin de figer leur image à tout jamais.
Cela signifie-t-il que tu ne parleras pas de toi dans tes chansons ?
Ces chansons parlent de moi car comme je le disais, l’intime est quelque chose d’universel. J’ai commencé à écrire ces chansons comme un dialogue avec moi-même sur ce que je vivais, mes histoires d’amour, mes frasques, mes déceptions…et aussi parfois comme un chroniqueur qui observait ses amis. J’espère que ces chansons parleront au plus grand nombre.
Qui retrouve-t-on dans tes influences musicales ?
Je suis un grand fan d’Étienne Daho et même si SATO a une consonance Asiatique, ce nom fait surtout référence à l’album « Pop Satori » de Daho. J’aime également Françoise Hardy, Christophe, The Cure, New Order, Polnareff tous ces gens un peu à part qui ont réussi à fédérer leur différence, et qui ont réussi à hisser leurs complexes en étendard.
Quels sont tes prochains projets ?
Je travaille un peu à l’ancienne ; pour l’instant, je sors des 45 tours, j’essaie d’aller vers mon public et de fédérer des gens autour de SATO. Mon prochain single s’intitulera « Dans Ses Bras ». Des lives se mettront en place à partir de la rentrée et l’album sortira début 2021. En attendant, d’autres singles sortiront et parmi mes prochains projets, il y aura la réalisation de mes prochains clips et d’ailleurs, je me suis mis à en réaliser pour d’autres artistes ; je viens d’en faire un avec Morgan pour Brisa Roché et un autre pour un projet hip hop qui s’appelle Blacks Catholics.
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SATO - La théorie des dominos ( Clip officiel )
Découvrez "La théorie des dominos", le deuxième extrait de mon projet SATO Disponible sur toutes les plateformes : https://orcd.co/e0bxl4r Clip réalisé par :...