Découvrez l’interview totalement « croyable » de Gat’ & Rim !
Pouvez-vous présenter Gat’ & Rim à nos lecteurs ?
Gat’ : Dans le projet Gat’ & Rim, je suis auteur et interprète, je joue un peu de piano mais c’est vraiment Rim qui gère toute la partie compo, c’est lui le technicien de la musique. Nous sommes originaires de Saint-Étienne et officieusement, je viens d’Équateur et Rim de Bretagne. J’ai grandi en écoutant de la chanson française et des artistes tels que Gainsbourg, Brel, Brassens et tous ces artistes qui ont délivré de superbes chansons qui ont marqué le paysage musical Français. Au fil du temps, j’ai découvert un peu plus le Rap et même si j’ai écouté également du Rock et de l’Electro, je dirais que j’ai une véritable obsession pour la chanson française. Rim est le compositeur et beatmaker du groupe, il a commencé en écoutant pas mal de Rock ; c’est un grand fan des Red Hot Chili Peppers ; et ensuite, il a bifurqué vers l’Electro. Dans ses influences actuelles, on retrouve notamment Moby, Étienne de Crécy, Daft Punk…
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
G : Nous nous sommes rencontrés un jour d’hiver autour d’une bière. Je travaillais avec un pianiste un peu Jazz, nous avions un concert de prévu mais il se trouve que ce musicien m’a lâchement abandonné. M’étant engagé pour ce premier concert et comme j’avais envie de chanter mes chansons, il fallait absolument que j’y aille. J’ai contacté Rim qui avait sorti un morceau avec des potes à moi, il en avait fait la prod et eux, ils rappaient. Je lui ai envoyé un message via les réseaux sociaux afin de savoir s’il serait chaud de me faire deux ou trois musiques.
Rim : Le délai avant le concert était de trois semaines, cela a donc été trois semaines de rush mais nous l’avons fait.
G : C’est un peu comme notre histoire…elle est basée sur le rush.
R : Mais nous nous en sortons toujours.
G : Nous adorons le morceau « Deadline » de Flavien Berger !
D’où viennent vos pseudos ?
R : Oula, ça, nous ne le racontons pas toujours, ça dépend si nous sommes bourrés ou pas (rires).
G : Canal deuxième D.R !
Créer le projet Gat’ & Rim tous les deux était-ce une évidence ?
R : Au début, ça ne l’était pas mais ça l’est devenu au fur et à mesure. Quand nous nous sommes rencontrés, je faisais des musiques pour Gat’ en fonction de sa volonté et je faisais cela pour plusieurs rappeurs. En revanche, quand nous avons décidé de monter un groupe, nous avons essayé de tisser un univers en puisant dans les inspirations de chacun afin de créer une base commune.
G : Au-delà d’une évidence, je pense que cela s’est plus fait de manière naturelle car nous avions envie de faire des concerts et de « kiffer notre jeunesse ». Tout s’est fait naturellement, nous ne nous sommes pas dit que nous allions monter un groupe et faire tel style ; nous avions juste envie de faire des sons ensemble.
Comment décririez-vous votre univers ?
G : Je dirais que cet univers est à la fois une surprise et une liberté car nous n’allons pas toujours là où on nous attend. En termes musicaux, cet univers est constitué du mélange de toutes nos influences. Il y a un côté chanson française, Rap, Electro et même Rock.
R : Nous aimons bien surprendre avec parfois une note de dérision.
A quoi correspond le Canal 137 qui son nom à votre premier EP ?
G : Nous avons pris beaucoup de temps ; mine de rien ; pour composer ce projet car nous avons fait plein de rencontres et plein de choses se sont ouvertes à nous. Cet EP a été plusieurs fois repoussé mais nous avions quand même envie de sortir un premier EP pour notre fanbase qui n’avait pas beaucoup de sons à écouter sur la Toile. Du coup, il y avait plein de choses différentes venant de chaque époque et comme on ne se voyait pas oublier certaines chansons et faire quelque chose de précis, nous sommes partis sur l’idée de ce Canal 137 qui est une chaîne sur laquelle on change de programme à chaque son. Chaque titre correspond à une émission et une ambiance.
R : Afin d’apporter une précision ; quand nous repoussions la sortie de cet EP, cela correspondait aux moments où nous montions sur Paris pour rencontrer des professionnels de la musique ; potentiellement de futures partenaires ; et souvent, ils étaient freinés par notre diversité musicale même si nos sons les intéressaient. En fait, ils auraient aimé que tous nos sons soient quasiment dans la même vibe. Alors que ce mélange des genres leur faisait peur ; avec cet EP, nous avons essayé d’en faire une qualité que nous avons affirmé via ce Canal 137. Nous n’avons pas envie de nous enfermer dans un style et proposer toujours la même chose.
G : Pour citer deux exemples, sur cet EP, on retrouve « Ma Fleur » qui est plus poétique et chanson française alors que « Croyable » est plus ego trip et plutôt fait pour faire sauter les foules. Nous ne voulions pas nous refuser des choses.
Quels thèmes abordez-vous sur « Canal 137 » ?
R : Il y a plusieurs thèmes sur cet EP mais l’un des plus prédominants est le fait que l’homme passe sa vie derrière un écran qui devient comme son meilleur ami et l’homme finit par croire tout ce qu’il lui dit que ce soit un écran de télé, d’ordinateur, de téléphone. Il y a beaucoup d’être et de paraitre dans cet EP comme le fait de s’inventer une vie sur les réseaux sociaux.
G : Ce thème est effectivement assez récurrent dans des sons comme « Télécommande » et « Croyable » mais également dans notre com car nous avons voulu la tourner autour de cela. Hormis ce fil directeur, nous avons eu l’envie d’affirmer notre duo sur cet EP. Il y a donc un choc des cultures sur ce disque. Sur certaines chansons comme « Glace A L’Italienne », tout n’est pas dit clairement, il y a une part d’ironie et cela vient contrebalancer avec les instrus modernes de Rim.
Pouvez-vous nous présenter les collaborations présentes sur ce disque ?
G : Sur « Je M’En Fous », on retrouve Lili qui est une amie à nous. Nous avions pensé à une voix féminine sur ce refrain et nous avons fait appel à Lili qui est la chanteuse du groupe La Belle Vie. Nous avons été inspirés immédiatement par Lili pour le refrain. Sur ce titre, nous avons été rejoints par Galaburdy qui nous avait contactés il y a quelques années car il avait pour projet de faire des concerts dans plusieurs villes. Galaburdy vient de Bordeaux et quand nous avons enregistré ce feat, il venait de sortir de la tournée des Zéniths de MC Solaar. C’est un vrai bon rappeur en devenir, il a vraiment du talent et nous sommes très contents de cette collaboration. Il faut aller voir ce qu’il fait !
R : Nous connaissions Lorenza de vue car nous venons tous de Saint-Étienne mais nous avons pu plus découvrir ce qu’elle faisait quand elle a participé à The Voice et intégré l’équipe de Mika. Nous avions trouvé sa voix vraiment charmante et bien chaude et nous nous sommes dit qu’elle pourrait bien coller sur « Peace & Love » qui sonnait un peu commercial. Nous avons contacté Lorenza qui connaissait déjà certains de nos sons, nous nous sommes super bien entendus, ça a été une session studio d’enfer et on a fait du super taf.
G : Nous avons enregistré « Ma Fleur » avec C.C que nous avions croisé à plusieurs reprises sur des plateaux quand nous avons débuté. C.C travaille beaucoup avec un looper, elle a une voix assez aérienne et elle correspondait parfaitement à l’ambiance que nous recherchions pour ce titre. C.C a super bien joué le coup. Et pour finir, sur « Glace A L’Italienne », nous avons contacté Laelia qui vient du Conservatoire de Musique de Saint-Étienne et avec qui j’étais en cours d’Espagnol au lycée. Laelia est pleine de dynamisme, c’est un personnage assez incroyable et elle peut chanter tout ce que l’on souhaite.
Le visuel est-il tout aussi important que les textes et la musique dans votre projet ?
R : Pour le coup, je dirais oui car le visuel véhicule les idées qui sont un peu cachées dans les morceaux. L’idée de l’être et du paraitre est vraiment affichée sur la pochette de l’EP et dans les trois premiers clips extraits de « Canal 137 ». Dans « Soirée 87 », nous sommes dans un grand amphithéâtre, nous regardons une télé, assis dans un canapé, et d’un coup, nous rentrons dans l’écran pour finir dans une soirée. Dans « Peace & Love », nous regardons la télé sur une piste d’atterrissage, nous rentrons dans l’écran pour finir ailleurs et à chaque fois, nous nous revoyons dans la télé. Nous trouvions intéressant de remettre cette idée d’être et de paraitre sur la pochette de l’EP et cette fois-ci, c’est la personne qui regarde la pochette qui se trouve dans l’écran et c’est nous qui éteignons la télé.
G : Nous n’aimons pas les choses qui sont saisissables immédiatement ; c’est un parti pris ; car parfois pour marcher, il faut faire des choses qui parlent directement aux gens. Nous avons envie que les auditeurs puissent s’identifier sur nos morceaux et qu’ils les comprennent mais nous aimons aussi avoir un sens caché. Il y a toujours un premier et un second degré dans nos chansons.
Selon vous, qu’est-ce qui était croyable auparavant et qui est devenu totalement incroyable de nos jours ?
G : Pour moi, ce qui était croyable auparavant, c’était de se lever le matin, faire son jardin, aller manger le midi, le continuer l’après-midi sans savoir ce qui allait se passer à l’autre bout du monde et vivre dans cette « paix » alors qu’aujourd’hui, ça sera totalement incroyable. Ce que nous essayons de dire à travers « Croyable », c’est que croyable est le nouveau incroyable. Aujourd’hui, nous voyons tellement de choses, que ce qui serait incroyable, c’est qu’il ne se passe plus rien.
Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?
G : J’adore ses abdos (rires).
R : Quand on est en concert, quand il y a des problèmes, Gat’ arrive à bien garder son calme alors que je suis souvent en train de courir à droite à gauche pour vite trouver une solution. Je mettrais également en avant son amour pour l’écriture. Il arrive à faire des tournures de phrases et des jeux de mots dont je ne serais pas capable.
G : Chez Rim, j’admire sa rigueur sensible qui est très forte. Dans les rythmes, il ne fait pas forcément des placements que tout le monde ferait. Ses productions n’ont pas un schéma classique et c’est très intéressant. Sur scène, j’admire l’énergie qu’il développe. Souvent, les DJS ou beatmakers peuvent être un peu effacés derrière leurs platines ou leurs instruments alors que c’est intéressant d’avoir un vrai compère sur scène qui vient partager le show.
Quels sont vos prochains projets ? L’album est-il dans les tuyaux ?
G : Nous avons des projets assez croyables qui arrivent. Nous sommes très créatifs et nous avons plein d’idées. Nous avons profité du confinement pour faire et emmagasiner un max de sons et nous verrons par la suite comment nous allons utiliser tout cela. Je pense qu’aujourd’hui, un album, ça serait un peu tôt pour nous.
R : Si nous sortons un album, il faut qu’il y ait une finalité et une attente pour ce disque. Il faut que nous passions un cap pour présenter un format long. Nous allons continuer la promotion de « Canal 137 » que nous avons hâte de défendre sur scène.
G : Pour le coup, quand nous arriverons sur un album, nous garderons notre surprise et notre dérision mais nous présenterons un univers cohérent de A à Z. En tout cas, nous allons essayer de sortir du contenu très prochainement. Il y a aura des singles et on espère de bonnes collaborations…
R : « Ma Fleur » devrait sortir sous la forme d’une live session…