Rencontre avec Manu à l’occasion de la parution du nouvel album « L’Horizon » !
« L’Horizon » raconte-t-il une histoire dans sa totalité ?
Plutôt qu’une histoire, cet album a vraiment été pensé comme un voyage. L’ordre des morceaux n’est pas du tout dû au hasard, tout a été calculé car en comptant les interludes, il y a quand même vingt titres et je voulais qu’ils forment un beau voyage. Je sais bien que c’est une pratique très actuelle mais écouter ce disque dans le désordre n’a pas trop de sens pour moi.
Comment as-tu voulu ce disque musicalement parlant ?
Je ne me suis rien interdit. Je l’ai fait le plus librement possible et comme j’en avais envie. Je me lançais dans la production pure avec cet album et à chaque fois que j’avais des doutes, Patrick me disait de faire ce dont j’avais envie. La musique ne se vendant plus de nos jours, la seule richesse qui nous reste est notre liberté. Mes seules limites ont été techniques mais j’en ai fait des atouts. J’ai découvert des effets qui allaient devenir pertinents ou qui allaient me servir pour d’autres morceaux. Sans relever tous les petits secrets, un grincement de porte est devenu la voix fantomatique du titre « Le Gardien ». Il y a plein de petites choses comme celle-là dans l’album. Je voulais montrer que Manu n’est pas que du Rock car comme j’écoute beaucoup de choses, je voulais que cet album ne soit pas limité qu’à un seul genre. A la manière de Ween que nous aimons beaucoup au bureau de Tekini, je me suis rendu compte que mes albums étaient tous différents. J’ai enfoncé le clou avec « L’Horizon » car tous les morceaux qui le composent sont différents mais tout est lié par ce voyage que je propose.
L’étoile qui illustre la pochette de ton nouveau disque est-elle l’un de tes symboles ?
On retrouve cette étoile sur pas mal de mes albums. Elle me suit et je me dis que c’est ma bonne étoile. Au départ, c’était un gag car sur l’album « Tous Des Stars » de Dolly, nous devions tous dessiner des petites choses et pour ma part, j’avais essayé de dessiner une étoile mais c’était tout pourri (rires). J’avais écrit à la main « jamais réussi à dessiner une étoile ». Il y a eu « La Dernière Étoile » et un jour, le dessinateur Nicolas Hitori De m’a dessiné une belle étoile. Pour ce nouvel album, je lui ai dit que nous allions aller au plus simple en mettant juste l’étoile mais en la mettant à la verticale et en appelant le disque « L’Horizon » pour aller dans les paradoxes de Manu (rires).
De quoi parles-tu sur « L’Horizon » ?
« L’Horizon » raconte des choses que les gens peuvent s’approprier par rapport à ce qu’ils sont en train de vivre. Dans ce disque qui est une invitation au voyage, on retrouve mon observation des choses. Il y a beaucoup de choses un peu surréalistes et en même temps, elles sont toujours liées à quelque chose de personnel que j’ai vécu ou que j’ai vu. Je n’aime pas trop faire les explications de textes afin que chacun puisse se les approprier. Sur cet album, j’ai laissé beaucoup de place à l’instrumental, il y a beaucoup moins de voix que sur les autres albums. Entre temps, j’ai fait « Entre Deux Eaux volume 1 » sur lequel je voulais vraiment mettre ma voix et mes chansons en valeur puisqu’elles étaient revisitées en mode harpe et violoncelle de manière très épurée. Ce disque a été enregistré en live avec pour idée le fait que les gens pensent presque qu’au casque, je leur chantais mes chansons à l’oreille. Cela m’a permis de me faire plaisir sur « L’Horizon » en utilisant ma voix comme un instrument, que l’on ne comprenne pas forcément le texte en entier mais que l’on choppe un mot qui va nous faire soit frissonner, soit réagir ou réfléchir et c’est ce que j’aime dans les chansons. J’apprécie d’être transporter plus loin, j’aime quand les gens s’approprient cette histoire par rapport à ce qu’ils sont en train de vivre. L’écho n’est jamais le même.
Pourquoi as-tu choisi de truffer ton disque de courts interludes ?
Par rapport à ce voyage dont je parlais. Je trouvais que les 13 chansons de cet album sans liants, ça ne fonctionnait pas. J’avais déjà cette intro qui me hantait ; c’est le cas de le dire car elle est issue d’un rêve. J’ai un papier et un crayon au pied de mon lit pour noter mes rêves ; j’avais quatre phrases mais les deux dernières se sont évaporées et je crois que j’étais à leur recherche tout le long de cet album. Ces deux phrases reviennent en Espéranto à la fin et elles lient un peu tout cela.
Comment est née ta collaboration avec Yaz ?
J’ai rencontré Yaz quand il était jeune adolescent. Il passait voir Patrick quand il travaillait dans la presse axée jeux vidéo. Je l’ai toujours un peu croisé et j’ai eu envie que Yaz participe à un titre sans savoir encore lequel. Quand j’ai fait « LaLaLa », j’ai pensé à lui car j’ai trouvé qu’il avait la place de s’exprimer. Je l’ai amené à moi dans mon univers. Je n’ai pas fait un morceau de Rap, j’ai invité un rappeur à venir faire ce qu’il voulait sur une musique à moi. Rien qu’à la lecture, j’ai aimé la poésie qu’il a amené, le texte que lui a inspiré la chanson et la manière dont il a posé ses mots. Il y a la rage et en même temps, c’est beau.
Est-ce sur scène que ton projet musical puise toute sa force ?
En tout cas, je pense que nous y allons assez fort sur scène. Nous avons beaucoup travaillé et répété pour présenter les titres de « L’Horizon » sur scène car ils ne sont pas aussi évidents que cela. Nous nous amusons beaucoup et nous allons le faire davantage dans les mois à venir. Nous nous échangeons les instruments sur scène. J’ai souvent dit que je préférais le live au studio car c’est un terrain de jeu incroyable qui nous permet d’avoir un retour direct. J’ai longtemps été privée de scène et j’étais en manque. Je me suis un peu construit une carapace afin que ce ne soit triste et c’est pour cela que je me suis un peu enfermée afin de composer beaucoup et d’essayer de maitriser les logiciels pour m’en servir toute seule. J’avoue que maintenant, les deux périodes me plaisent autant. Un beau plateau Rage Tour avec Cachemire et Toyblöid s’annonce dès la fin du mois de février. Ça va être bien Rock’n Roll.
Comment es-tu tombée dans le Rock ?
C’était une évidence par rapport à ce que j’écoutais. Au tout début, je me suis cherchée car je voulais surtout chanter. Heureusement, mon frère qui était abonné à Best et à Rock & Folk et qui achetait beaucoup de disques écoutait du Rock et même du Hard Rock car ma mère était plutôt classique dans ses goûts. Les premiers albums sur lesquels j’ai trippé étaient ceux de Blondie, Pat Benatar, ABBA car j’aime beaucoup leur côté Pop, Joan Armatrading, Carolyne Mas…Je faisais des concerts dans ma chambre et comme il fallait changer de face du vinyle, j’allais dans la salle de bain qui était ma loge, je me remaquillais et je repartais. J’ai fait des concerts à rallonge car j’avais des heures devant moi car ma mère et mon frère travaillaient tard. Par la suite, j’ai développé mes propres goûts, j’ai toujours aimé la musique très anglo-saxonne et des groupes tels que The Pixies, New Order, Sonic Youth mais aussi PJ Harvey.
Tu as fêté 30 ans de carrière cette année, quel est ton regard sur le chemin parcouru ?
Je ne l’ai pas fêté (rires) et d’ailleurs, nous n’y avons pas pensé. En fait, je ne regarde pas en arrière et en même temps, j’ai du mal à me projeter en avant car c’est assez incertain et parfois ça fait peur. Mon travail est d’être dans le présent.
Le volume 2 d’« Entre Deux Eaux » est-il dans les tuyaux ?
Oui, il est dans les tuyaux mais malheureusement, il ne va pas sortir comme je le pensais à la fin de l’année. Comme quoi, je n’arrive vraiment pas à me projeter dans le futur (rires). Dans les temps, ça aurait été possible mais il ne serait sorti qu’en numérique et nous n’aurions pas pu finaliser comme nous le souhaitons certains titres. Comme c’est un projet en parallèle, nous n’allons pas bouder notre plaisir de prendre le temps de le faire bien. L’album est bien avancé en tout cas…
En 1997, tu chantais « Je N’Veux Pas Rester Sage », Manu s’est-elle assagie avec le temps ?
Je ne pense pas sinon je ferai un autre métier. Je crois qu’il faut être vraiment inconsciente et un peu folle et passionnée pour continuer. J’aspire quand même à la sagesse mais pas à celle d’arrêter d’écouter et de faire la musique que j’aime malgré tout même s’il y a des embuches !
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