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Rencontre avec Archimède à l’occasion de la sortie de « Pop Decennium » l’album des 10 ans !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Simon Arcache

(c) Simon Arcache

« Pop Decennium » vient célébrer 10 ans de carrière, quel regard avez-vous sur cette première décennie discographique ?

Nico : Nous avons une vision assez large sur ces dix ans écoulés. Nous avons pris beaucoup de plaisir sur les dates que nous avons pu faire. Nous avons fait notamment des premières parties de Johnny Hallyday, Hubert-Félix Thiéfaine, Benabar…Nous avons écrit une chanson pour Johnny et nous avons été nommés deux fois aux Victoires de la Musique.

Fred : Nous avons participé à beaucoup d’émissions télé auxquelles nous n’aurions jamais imaginé participer puisque nous les regardions quand nous étions gamins.

N : Il y a eu des moments un peu épiques, assez sympathiques et à la fois angoissants mais plutôt enthousiasmants.

F : Nous avons fait des tournées mémorables car nous sommes avant tout un groupe de scène. Nous avons plus de 700 concerts à notre actif. Nous avons joué un peu partout en France et nous sommes partis également au Québec, en Amérique Centrale, en Ukraine, à Moscou, à La Réunion…

N : Nous nous sommes beaucoup baladés ! Finalement, ces dix années ont été bien remplies, très riches et assez heureuses.

F : Entre les albums et les tournées, nous ne nous sommes pas beaucoup posés mais c’est chouette.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’enregistrer ce nouveau disque en live ?

F : C’est une décision qui remonte à loin car nous n’avions jamais sorti un album live alors que nous sommes un groupe qui se revendique de scène. Nous voulions célébrer nos 10 ans et nous nous sommes dit pourquoi ne pas enregistrer à l’occasion d’un gros concert dans un festival ou autre un live que l’on sortirait. En discutant avec le label, en y réfléchissant, nous nous sommes dit que nous allions le faire en vrai dans un château près de chez nous. Nous voulions présenter un live de bonne qualité et il a été enregistré presque dans des conditions de studio finalement.

Comment avez-vous voulu réinterpréter vos chansons ?

N : Nous ne voulions pas faire un album live en jouant nos chansons de la même façon que nous le faisons sur nos tournées. Nous nous sommes entourés d’un quatuor à cordes et d’une section de cuivres et c’est aussi ce qui donne son charme et son sel à ce disque. Nous avons enregistré cet album avec des musiciens additionnels de haute volée. Dès le début, il y a eu un parti-pris pour « Pop Decennium » car il ne s’agissait pas de refaire en live les chansons comme elles ont été configurées en studio ; ça n’aurait pas eu d’intérêt. L’enjeu était de revisiter, de réarranger, de réorchestrer et de penser différemment nos chansons. Le quatuor à cordes amène beaucoup de nuances à cela et nous sommes plus sur un enregistrement unplugged alors que nous jouons plus souvent avec des guitares électriques en tournée. C’est un retour sur le texte aussi et l’intelligibilité des paroles. Certains titres ressemblent peu ou prou au costard qu’ils avaient sur les disques précédents et puis, il y en a qui prennent une vraie gifle comme notamment « Julia » et « Je Prends ».

(c) Simon Arcache

(c) Simon Arcache

Comment s’est fait le choix des titres qui composent ce disque ?

: Les tubes ! (Rires) Le choix n’a pas été facile.

N : « Pop Decennium » étant l’album anniversaire de nos 10 ans, il était certain qu’il y aurait cinq titres inédits car nous voulions que ce disque ait une dimension un peu cadeau. Sur les douze titres revisités, nous en avons pris trois de chacun de nos albums. Nous avons choisi les morceaux que les gens connaissent le mieux grâce aux médias…

F : …mais aussi, des chansons que les gens connaissent moins pour ceux qui n’ont découvert Archimède que par le biais des singles ; je pense à « Dussé-Je » et « Les Premiers Lundis De Septembre » qui sont des chansons un peu plus en creux dans les albums et qui permettent d’ouvrir la discographie pour les gens qui ne nous connaissent pas bien.

Quels thèmes abordez-vous dans les cinq chansons inédites présentes sur « Pop Decennium » ?

N : « Presqu’Il » est une chanson qui aborde la différence autour d’un sujet encore un peu tabou en France à savoir la trans-identité. C’est une sorte d’appel à la bienveillance et au respect de cette démarche à laquelle peuvent prendre part des gens qui sont plus ou moins tourmentés. Nous avions rencontré une personne à la fin d’un concert et elle nous avait livré un témoignage troublant amené avec sensibilité et dignité à propos de son fils par rapport à ce contexte-là. Au détour d’une métaphore de la mer et du champs lexical de l’île, du continent et de la presqu’île, le texte est venu assez vite et je trouvais que c’était joli de parler de ce thème à travers cette idée de presqu’il. C’est super que le label ait lancé ce titre car ce n’est pas forcément une thématique que les chanteurs mettent en avant pour la radio. « Elo » est dédiée à une jeune femme que nous connaissions et qui a mis fin à ses jours à l’automne dernier. « L’Amour Est Dans Le Pré- » est une chanson avec un petit jeu de mots afin de dire que l’amour, c’est toujours dans le préliminaire, dans le préambule, dans l’avant. Les papillons dans le ventre, c’est toujours avant de rentrer en relation avec la personne qu’on les a en général et je trouve que dans une relation amoureuse, c’est toujours ce qu’il y a de mieux.

: De manière plus large, c’est la route pour arriver à quelque chose. Quand on a un objectif et qu’on l’atteint, le plus jouissif est l’attente. Pour « Dutronner », Nico a inventé un mot car on sait que Dutronc est assez flegmatique et qu’il aime la sieste en Corse. C’est une chanson un peu amusante sur le fait de se laisser aller à la flemmardise et d’ailleurs, j’ai sorti le ukulélé pour la mettre en musique car je me voyais dans le hamac. « Au Garde-A-Vous » parle du fait de rester bien droit…

N : …il ne faudrait pas justement mais pour espérer soit être connu, soit gagner de l’argent, soit voyager, soit conquérir les femmes…il faut tout le temps plus ou moins céder à moultes compromissions pour réussir.

F : Ces cinq titres sont des photos d’une période. Musicalement, cela a été une rencontre avec des textes et cette sorte d’alchimie qui est présente entre nous et que j’ai toujours peur de perdre, on la retrouve encore car ces nouvelles chansons ont été écrites en deux ou trois mois alors que nous avions des agendas très chargés à ce moment-là. Ça marche encore, c’est bien et c’est rassurant !

(c) Simon Arcache

(c) Simon Arcache

Travaillez-vous déjà sur votre prochain album ?

N : On y travaille inconsciemment.

F : C’est assez bizarre, en fait. On est tout le temps en train de chantonner. J’imagine que Nico écrit tout le temps des bouts de phrases et pour ma part, j’enregistre tout le temps des bouts de machins sur mon téléphone ou dans mon studio et après, on les ressort ; beaucoup vont à la poubelle mais parfois, on déroule le petit fil qui sort de la pelote afin d’en faire quelque chose.

Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?

: Je vais dire sa sensibilité musicale et son jeu de guitare.

: La magie de ses textes, il a une façon d’écrire et de voir le monde qui est vachement intéressante.

Quels mots ou adjectifs chacun me donnerait-il pour qualifier l’univers d’Archimède ?

N : Sensible est un mot important car dans ce projet, nous avons une vraie sensibilité sur le monde ; nous racontons des histoires et nous nous attaquons mine de rien à des sujets de société. Nous parlons notamment de bailleurs parisiens qui louent à prix d’or des taudis, du milieu d’où nous venons car nous avons de la famille qui travaille en usine, de petites mains, de trans-identité, d’homosexualité…Il y a un vrai engagement et une vraie sensibilité envers les gens. Même dans nos chansons d’amour, soit il y a un parti-pris dans la potacherie soit elles sont touchantes comme « Au Marché Des Amandiers ».

F : Spontanéité. Musicalement parlant, je m’interroge peu sur ce que l’on va penser de mes suites d’accords. Je joue et quand ça sonne, j’y vais et je produis la chanson.

(c) Simon Arcache

(c) Simon Arcache

En écoutant votre nouvel album, j’ai beaucoup pensé à la Pop Anglosaxonne et notamment à Supergrass ; vos références musicales sont-elles plus francophones ou anglophones ?

F : Je vais dire que c’est un peu du 50/50. J’ai énormément écouté les Beatles, les Beach Boys, Oasis, Blur et Supergrass mais aussi des chanteurs comme Renaud, Souchon, Cabrel, Goldman, Dutronc, Nino Ferrer et Polnareff qui ont accompagné notre jeunesse. Tout est lié à notre période 15/25 ans.

N : Pareillement, j’aime autant ces artistes Français que les groupes cités par Fred ainsi que The Verve. J’ai vraiment un pied sur chaque pays. J’ai un coté Oasis et Renaud dans le chant mais il faut réussir à collusionner les deux afin de trouver la magie de sa propre singularité mais ce n’est jamais évident.

Quelles seraient vos prochaines envies musicales pour Archimède ?

: J’aimerais bien faire un album avec quelqu’un qui viendrait mettre les mains dans le cambouis et qui nous forcerait presque à bifurquer vers des continents inconnus.

F : Travailler avec quelqu’un qui nous tirerait vers quelque chose d’un peu moderne avec des sons nouveaux.

N : Nous interdire la guitare sur tout un album…Ce serait amusant car nous ne pouvons pas refaire six fois le même disque.

Quels sont vos prochains projets ?

N : Il y a une belle tournée qui arrive, nous allons partir cet automne dans dix villes afin de fêter nos dix ans et nous serons notamment à La Maroquinerie le 31 octobre. Un nouveau single sera lancé prochainement également. Le projet est vraiment de défendre « Pop Decennium ».

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