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Rencontre avec Johnny Montreuil à l’occasion de la parution de son nouvel album !

Publié le par Steph Musicnation

©Yann Orhan

©Yann Orhan

Johnny Montreuil est-il un personnage ?

Johnny Montreuil est plus un alter ego qu’un personnage crée de toutes pièces. Johnny vient de Johnny Cash et Montreuil fait référence à ce qu’il y a de plus beau pour moi en banlieue parisienne en termes de mixité sociale et ethnique. Ce bien vivre ensemble qui est possible à Montreuil n’est pas un cliché ; il est réel mais je ne sais pas jusqu’à quand. J’ai retrouvé dans cette ville ce que je fantasmais de la banlieue quand j’étais petit. Je me retrouve dans les deux aspects de Johnny Montreuil quand je suis sur scène, quand je suis en train de faire des chansons, de les répéter ou quand on est sur la route. Il y a une grande partie de moi-même dans Johnny Montreuil qui n’est pas du fabriqué. C’est un nom dans lequel on peut mettre plein de choses, c’est mon nom d’Apache mais je m’appelle Benoît Dantec et c’est un nom que j’aime beaucoup aussi.

Peut-on dire que l’on retrouve chez toi autant d’Amérique que de France ?

Oui, carrément dans cet amour pour Johnny Cash dans toute sa complexité. Ce n’était pas qu’un mec qui avait joué pour les taulards en prison ; comme beaucoup d’Américains, il avait un côté reac. Dans ce nom, on retrouve tout mon kiff pour le Hillbilly et le Rock’n’roll. Johnny Cash écrivait ses chansons et il savait bien le faire. Comme il le disait dans « Man In Black », il était en noir car il portait le deuil de tous les déshérités et de tous les sans-nom. En plus de l’Amérique, je me retrouve là-dedans et dans le côté Montreuil car c’est mon parlé, ma langue maternelle. Je joue sur ces deux thèmes-là car il y a un gros clin d’œil ; pas à la Country ni au Rock’n’roll ou à tous ces clichés-là ; vraiment à Johnny Cash car pour moi, c’est beaucoup plus large que juste un thème ou un style de musique.

Peux-tu nous donner ta définition d’un narvalo ?

Un narvalo est un imbécile heureux.

©Yann Orhan

©Yann Orhan

Comment a commencé ton aventure musicale ?

Elle a débuté dans ma cité quand j’ai commencé à prendre des cours de guitare dans une MJC. J’ai appris à jouer de la guitare dans ma chambre sur une guitare électrique sans ampli car ça faisait trop de bruit. J’ai pris des cours collectifs avec un prof pendant deux ans et ensuite, par moi-même en écoutant beaucoup de disques et jouant par-dessus. J’ai fait mes armes en allant chanter dans des bars et dans des restaurants. J’ai rencontré les musiciens de mes premiers groupes en sortant de ma cité et en allant dans les cafés où il y avait des concerts. A mon époque, il n’y avait pas grand-chose, un café pour trois villes où tu pouvais aller jouer. J’ai commencé sans trop savoir où j’allais mais avec ce besoin de me défouler un peu.

« Narvalos Forever » est-il la suite de « Narvalo City Rockerz » ou dirais-tu que « l’histoire » est autre ?

C’est un peu la suite et le titre de l’album le présente. « Narvalo City Rockerz » représentait une énergie et un délire dans ce Montreuil-là qui nous plaisait et qui était déjà en train de changer et « Narvalos Forever » enfonce le clou dans cette idée-là que nous sommes tous des gros narvalos. On va faire d’autres albums derrière mais je trouvais ça marrant de garder ce fil rouge avec le mot narvalo. Pour le coup, ce nouvel album raconte vraiment ces années durant lesquelles nous avons sorti le premier album et continué à écrire derrière sur les personnages que nous avons rencontrés à cette époque-là et que nous mettons en valeur dans ce disque. Je pense notamment aux Roms.

Quels sont les thèmes principaux de ton nouveau disque ?

Peut-être plus que sur le premier album, la liberté est très présente et elle est incarnée par ma caravane que l’on retrouve sur plusieurs textes et par les gens que j’ai pu rencontrer et qui vivent en totale liberté dans ce contexte qui est de plus en plus liberticide. Cet album est un hymne à la liberté et à la friche.

©Yann Orhan

©Yann Orhan

Musicalement parlant as-tu voulu tenter de nouvelles expériences ?

Oui car sur le premier disque, j’avais fait un compromis avec les membres du groupe et le manager de l’époque qui voulait quelque chose de très proche du live alors que j’ai toujours aimé les disques conceptualisés et pour moi, ils sont bien dissociés du live. J’aime remodeler les morceaux pour le live et leur donner une autre touche. Pour moi, ce sont deux axes d’écoute totalement différents. Sur le premier album, nous étions très proches du live, tout le monde jouait en même temps et c’est un peu l’autocritique que je faisais sur « Narvalo City Rockerz ». Pour « Narvalos Forever », je voulais partir de zéro, construire les morceaux avec un percussionniste, qu’il amène des sonorités auxquelles je n’avais pas pensé et il m’a bien fait travailler dans ce sens-là. Sur ce nouvel album, il y a des chœurs féminins, une copine violoncelliste, un cuivre, René Miller qui est venu avec son Dobro, un autre harmoniciste…Il n’y a pas de featuring avec un autre artiste mais il y a beaucoup d’invités. Je n’ai pas pris un gros tournant musical au niveau de la production ; ce sera peut-être pour le prochain…

Que mettrais-tu en avant dans ton projet musical ?

Le chant, les textes, l’énergie que l’on représente tous les quatre sur scène et la liberté.

Peux-tu nous parler du clip illustrant « So Long Taulard » ?

Ce clip a été réalisé par Martin Pautard qui est un ami de longue date. Martin a commencé à être comédien au moment où je commençais moi-même dans la musique. Il avait déjà réalisé le clip de « Jungle Speed » que nous avions tourné dans le métro mais « So Long Taulard » est notre première collaboration pour ainsi dire cinématographique. Je lui ai fait écouter tous les morceaux de l’album, il a pris de notes sur chaque titre et sur celui-là, il s’est dit qu’il en ferait un western. Nous avons fait jouer nos contacts, nous avons « vendu le truc » en faisant participer plein de gens en mode grosse démerde mais avec tous les moyens que l’on voulait. J’ai demandé à Steph Sansévérino s’il voulait y participer et lui, il connaissait la comédienne Margot Bancilhon. Rön le guitariste du groupe à sa sœur qui est dresseuse équestre dans la région de Nantes et c’est là-bas que nous avons trouvé un décor de saloon. Tout concordait. Nous avons écrit le scénario avec Martin et nous avons tout concentré sur deux jours. Cette histoire est un cliché des westerns et c’est un clin d’œil au film « Le Bon, La Brute et Le Truand » mais je voulais qu’il y ait une fille au milieu et qu’elle gagne à la fin car nous nous proposons un univers très masculin. Sur ce clip, il y avait le souhait de nous sortir un peu de l’univers de la banlieue et de nos caravanes. A sa sortie, le clip de « So Long Taulard » a été diffusé sur grand écran dans trois salles au Méliès en avant-première du film de François Ruffin.

©Yann Orhan

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Aimerais-tu adapter à l’écran la vie de Johnny Montreuil ?

Ça peut être une bonne idée car en plus, il y a un personnage qui a vraiment existé dans les années 70 et qui se faisait appeler Johnny de Montreuil. Le photographe Yan Morvan l’a immortalisé sur beaucoup de clichés mais Johnny Montreuil n’a aucun rapport avec Johnny de Montreuil car je ne savais pas qu’il avait existé. Ce sont des mecs après un concert qui m’ont parlé de ce personnage un peu trouble. Il trainait notamment avec les Hells, il était à moitié Manouche, c’était un homme à femmes, il était débile et alcolo…Il y avait de bonnes choses et d’autres moins bonnes sur ce personnage et moi, ça me faisait vraiment rire de me réincarner dans ce mec-là. Entre tout cela et ma vie à moi qui a été rocambolesque, en combinant , je pense qu’il y a moyen de faire un film même si ce n’est pas pour tout de suite. On pourrait faire le lien avec l’histoire de la banlieue et ce qu’elle est en 2019 et puis avec un nom comme Johnny Montreuil, on peut romancer ce que l’on veut, il y aura toujours une part de réalité.

Comment inviterais-tu nos lecteurs à venir te découvrir sur scène ?

Pour les amoureux de la langue française et du bon vieux rock’n’roll, les deux peuvent marcher ensemble et ce n’est pas fréquent. Nous nous permettons des choses et nous ne sommes pas dans la reproduction de titres Américains. En live, il y a de l’énergie, de la générosité, de l’humour, de la tendresse et nous jouons grave ! Tous les quatre sur scène, nous racontons et nous imposons quelque chose de vraiment cool. Narvalos forever !

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