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Retrouvailles avec Tété à l’occasion de la parution de son nouvel album !

Publié le par Steph Musicnation

©Jerome"Juv"Bauer

©Jerome"Juv"Bauer

Le titre de ton nouvel album renvoie-t-il à ta vision du monde qui nous entoure ?

Oui mais pas de la manière dont on l’entend. « Fauthentique » évoque le faux par rapport au vrai mais la nuance entre les deux est la perception que l’on en a. Dans ce monde qui est le nôtre, je trouve intéressant que certaines valeurs se soient déplacées et je parle ici des faits et des informations fabriqués de toutes pièces pour les présenter aux gens et faire en sorte qu’ils aillent dans le sens de ce qu’ils pensent déjà. C’est l’inverse de ce qu’est le dialogue et du fait de laisser à l’autre la possibilité de nous persuader ; non pas que nous avons tort ; mais qu’il y a peut-être une autre manière de voir les choses. Si j’étends un peu ma pensée quand je parle de perception, cela est en rapport avec la confiance que l’on a en l’autre et en ce qu’on présente comme étant le vrai, je fais référence à tous ces hommes et ces femmes qui incarnaient la sincérité et qui d’un seul coup basculent et tombent et le public apprend qu’ils ont fait des malversations. Les Panama Papers nous renseignent un petit peu sur la manière dont ça se passe parfois. « Fauthentique » pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Quand je dis aux gens que rien sur l’album n’est vraiment joué, que tout est programmé à part la voix et la guitare, cela m’amuse et ça les surprend. En revanche, nous avons vraiment fait en sorte que cela sonne le plus vrai possible mais si on peut se laisser abuser au niveau de notre perception par un album enregistré sciemment ainsi et si on déplace cela à d’autres champs de notre vie, qu’est-ce que cela peut poser comme questions ?

Toi, chanteur authentique, comment arrives-tu à trouver ta place dans un monde toujours de plus en plus faux ?

(Rires) Justement, en écrivant un album dessus mais je fais partie de ce monde-là et c’est celui que je vais laisser à mes enfants. Au niveau de l’environnement, il paraît que nous sommes la dernière génération à pouvoir faire quelque chose et par ailleurs, on se rend bien compte qu’il y a plein de rapports à revisiter complètement : le rapport au citoyen, au consommateur, les rapports hommes-femmes... Finalement, est-ce qu’en évoluant dans un monde qui est faux, ne pourrions-nous pas le changer collectivement en questionnant notre rapport aux choses ? L’année passée, je me suis fait la réflexion que j’étais dans le vrai parce que j’achetais un produit qui était Bio alors qu’on se rend compte qu’il y a Bio et bio, qu’il y a de l’huile de palme dedans…Nous sommes tous partie prenante de ça mais maintenant il est très difficile de vivre avec la même insouciance qu’avant. Je dirais que le faux s’est déjà fissuré de lui-même mais en même temps, nous sommes dans un gigantesque marché de l’attention. Il y a un combat qui se livre partout dans la rue, sur Internet, à la TV au niveau des réclames pour capter notre attention et le fauthentique est là aussi. Parfois, on dérive et on finit par fixer notre attention là où nous n’aurions pas eu envie de le faire.

©Jerome"Juv"Bauer

©Jerome"Juv"Bauer

King Simili n’est-il qu’un personnage ou existe-t-il vraiment ?

King Simili est d’abord un personnage mais il existe et c’est l’idée originale de ce nouvel album car je voulais raconter l’histoire du plus grand faussaire de tous les temps. Finalement, on se rend compte que le faussaire d’il y a deux siècles qui imprimait des billets ou copiait des tableaux avait quelque chose de noble quelque part, il y avait une défiance envers l’ordre établi alors que des fois maintenant, le faussaire est l’ordre établi. Cela pose des questions assez intéressantes sur cette époque qui est la nôtre. Il nous arrive tous de nous mentir un petit peu ou de mentir à l’autre pour ne pas le froisser et je ne fais pas exception à ça mais jusqu’où est-ce acceptable…King Simili est une manière de présenter le fil rouge de cet album.

Qu’aimerais-tu que le public retienne de ton nouveau disque ?

Êtes-vous surs de la manière d’où vous percevez les choses ? Faites attention sur quoi vous fixez votre attention. Mais je ne cherche absolument pas à dire aux gens ce qu’ils doivent faire ; je pense qu’il y a assez de gens qui le font en ce moment ; j’aimerais plutôt que chacun se pose la question en son for intérieur afin qu’il puisse savoir s’il suit sa petite voix ou est-ce qu’il suit une petite voix que quelqu’un lui souffle car nous sommes dans l’ère des mentalistes et nous sommes programmés pour faire telles ou telles choses.

Quels sont les thèmes qui ressortent de « Fauthentique » ?            

Un vrai fabriqué de toutes pièces et l’imposture avec « King Simili ». La question de notre consommation est posée dans « Tout Doit Disparaître » qui est une phrase que j’ai vu toute ma vie sur les devantures des magasins et que je trouve terrifiante quand on la prend au premier degré. Depuis quelques années, on sait qu’à force de consommer à ce rythme-là, c’est nous qui risquons de disparaitre. « Week-End Sans Wifi » aborde mon rapport à Internet et ce sur quoi je pose mon attention. « Summertime Blues » qui possède un mantra évoque notre esprit critique…Les autres chansons sont autant de facettes du faux.

©Jerome"Juv"Bauer

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Quelles ont été tes envies musicales sur « Fauthentique » ?

Sur cet album, je voulais continuer à être en phase avec ma guitare car c’est ma compagne du quotidien quand je pars en tournée mais pour autant, j’avais envie de m’inspirer de ce qui se fait autour de moi. Avec Johan Dalgaard avec qui j’ai co-réalisé le disque nous voulions mettre de l’air et c’est pour cela qu’il y a moins de guitare que sur mes précédents albums afin de laisser de la place pour la voix, les climats et les ambiances. Je voulais rester dans mon fil rouge de mélodies, de mon format Pop et raconter des histoires.

En parlant de choses fausses, quel est ton avis sur l’auto-tune qui fait rage dans la musique ?

Je crois que c’est un marqueur d’époque comme l’a été la caisse claire dans les années 80. A la base, l’auto-tune était un tuyau physique et les artistes chantaient en même temps qu’ils jouaient. Au début, ce procédé qui est arrivé dans les années 80 a été utilisé par les plus grands musiciens mondiaux. Je pense que le fait d’intégrer la nouveauté du moment à toujours fait partie de la musique. J’ai lu récemment que la technique précède toujours la culture et non le contraire. Avec le recul, on voit que certaines signalétiques vieillissent hyper bien et d’autres moins.

L’un de tes nouveaux titres s’intitule « Votez Pour Moi », quel serait ton programme électoral pour de vrai ?

Je crois que je ferais faux bond car je ne pense pas que l’on puisse rester en phase avec certaines de nos valeurs quand on prend le pouvoir. C’est la différence entre les mecs qui prennent vraiment le pouvoir et les rêveurs révolutionnaires. Je crois que l’on ne maitrise pas les enjeux dans ce système extrêmement rodé.

©Jerome"Juv"Bauer

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Peux-tu nous en dire plus sur la série de spots qui ont précédé l’arrivée de ton nouvel album ?

Nous avons réalisé cette série de dix vidéos afin de faire le lien entre la mise en ligne du premier clip et la sortie de l’album. Le faux, c’est du toc mais c’est aussi quelque chose qui n’est jamais arrivé d’où cette espèce de mantra qui dit que rien de ce qui va suivre n’est vrai. Cette idée de spots nous a permis de nous amuser et de faire tout ce que l’on ne fait pas habituellement quand on s’apprête à sortir un nouvel album. Ces spots de 45 secondes racontent l’album tel qu’il ne s’est jamais enregistré pour plein de raisons. C’est un énorme mensonge mais nous sommes complètement dans le champ de l’album.

Vas-tu présenter une scénographie spéciale pour défendre « Fauthentique » en live ?

Absolument ! Qui dit programmation sur cet album dit rapport à la technologie un peu différent et j’avais envie d’aller dans la continuité de cela sur scène. Je vais être accompagné à la basse par mon comparse de toujours Hugo Cechosz, nous allons être assistés par des machines, nous allons avoir un orchestre imaginaire et le décor va l’être aussi mais je n’en dis pas plus…Par ailleurs, la magie de ce nouvel album va me permettre en tournée de rejouer les morceaux qui m’ont permis de faire ce métier en les remettant au goût du jour pour qu’ils soient cohérents avec les nouveaux titres.

Pour moi, il y a chez toi, un côté chanteur-conteur qui pourrait être développé encore plus au théâtre…un one de Tété, est-ce envisageable ?

Le théâtre me fait penser au fait de jouer la comédie, j’ai eu la chance de le faire un peu dans des courts-métrages, c’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé et j’adorerais continuer à explorer cette voie. En ce qui concerne le one, cela fait des années que l’on m’en parle mais je n’y ai jamais pensé en soi. J’ai écrit et réalisé les spots, il y a les textes de l’album, ce côté conteur ; aujourd’hui quand on est artiste, on fait plein de choses mais j’ai l’impression que le fait d’être auteur demeure le fil rouge. Si je devais m’atteler à quelque chose, je pense que ce serait à l’écriture d’un livre mais je n’ai pas encore réussi à dégager le temps pour ça.

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