Rencontre avec Toofan à l’occasion de la sortie de leur nouvel album !

Pouvez-vous présenter Toofan à nos lecteurs ?

Barabas : Dans Toofan, je suis chanteur, rappeur, ambianceur et je suis accompagné de Masta Just qui est arrangeur, compositeur et ambianceur. Nous sommes originaires du Togo et nous nous connaissons depuis longtemps. Pour revenir sur la genèse du groupe, je dois dire que je suis né au Cameroun et que je suis arrivé ensuite au Togo. J’étais un peu le « maître » du quartier dans lequel je vivais ; j’ai vu arriver Masta Just avec sa grosse tête et sa grosse guitare et notre amitié est née instantanément. Depuis, nous ne nous sommes plus jamais quittés.

Justement ; vous qui vous connaissez depuis longtemps, comment est venue l’idée de faire de la musique ensemble d’un point de vue professionnelle ?

Masta Just : A la base, nous ne rêvions pas musique mais football. Nous étions encore des élèves qui allaient à l’école et nous jouions dans des petits clubs de foot. A chaque match, avant ou après les victoires, nous étions les deux ambianceurs du groupe. Nous chantions et nous tapions sur tout ce que l’on trouvait pour mettre l’ambiance et c’est resté avec nous. En 2005, j’ai commencé à m’essayer à la composition dans un petit studio mais juste comme un loisir. Cette même année, l’équipe nationale des Eperviers avait commencé à donner de la joie à tout le peuple Togolais en gagnant les matchs. Nous nous sommes dit pourquoi ne pas faire un morceau pour rendre hommage aux victoires des Eperviers. Nous avons fait le morceau et il a cartonné de ouf dans tout le pays. C’est devenu l’hymne avant, pendant et après les matchs. Dieu a bien fait les choses car les Eperviers sont allés de victoire en victoire. A ce moment-là, nous ne savions pas encore que nous devenions des chanteurs. Quand les Eperviers se sont qualifiés pour la CAN, nous avons refait un morceau qui a aussi cartonné et quand ils se sont qualifiés pour la Coupe du Monde, nous leur avons rendu hommage dans un stade devant 30 000 personnes. L’année qui a suivi, nous avons sorti un album et c’est à ce moment-là que nous avons pris conscience que nous devenions des artistes et que notre carrière naissait.

Votre style musical a-t-il évolué depuis vos débuts ?

M : Oui, beaucoup et ceux qui connaissent Toofan diraient que nous sommes un groupe caméléon. Nous nous adaptons à la musique du moment et à l’évolution des courants musicaux. A la base, notre musique est métissée. Barabas la qualifie de salade musicale et ce n’est pas faux car elle est composée d’un peu de tout et cela signifie qu’il y a différentes cultures dans une seule musique. Comme la musique subit des changements au fil des années, nous essayons de la transformer en permanence en nous adaptant. Si vous écoutez la musique de Toofan entre 2005 et 2018, vous comprendrez qu’il y a eu de grands changements et vous vous demanderez même ce que nous avons écouté quand nous étions plus jeunes.

Que sont le « Cool-Catché » et le « Gweta » ?

B : Ce sont deux concepts que ce soit dans la musique et dans la danse. C’est une manière pour nous de voir la vie. « Cool-Catché » signifie cool dans le quartier et cela illustre celui qui prend la vie du bon côté et qui positive à tous moments malgré les difficultés. Quand tu vois cette personne, tu ne peux pas imaginer qu’elle a peut-être tous les problèmes du monde car elle est positive, joyeuse et elle ne montre jamais ses peines. Nous avons créé le concept du « Cool-Catché » d’après cela et le quartier représente tout l’être finalement. Le « Gweta » est un autre concept encore plus évolué. Dans la vie, quand tu commences à gagner de l’argent ou à te faire connaitre, il y a certaines personnes à qui cela ne plait pas. Ces jaloux commencent à te tendre des pièges ou à raconter des choses sur toi, il faut les éviter et c’est cela le « Gweta » qui en en même temps une danse. Cela se danse de la gauche vers la droite.

Le clip illustrant « Affairage » dépasse les 4 599 000 vues sur Youtube ; que signifie ce terme ?

M : Affairer signifie que l’on s’intéresse à ce qui ne nous regarde pas.  

B : Dans l’Afrique de l’Ouest, cela veut plus dire que l’on veut écouter les ragots sur la vie des voisins. Cela ne nous regarde pas mais on veut savoir quand même. Chez nous, au Togo, on appelle ça le Leguede.

M : En français, cela pourrait être l’équivalent d’il parait que.

Quels sont les thèmes principaux de « Conquistadors » votre nouvel album ?

M : Nous chantons l’espoir, la joie, l’amour et la gaité.

Vous partagez plusieurs collaborations sur votre album mais pouvez-vous nous en dire plus sur « La Vie Là-Bas » votre duo avec Louane ?

M : Sur ce son avec Louane, nous abordons un thème d’actualité puisque nous parlons d’immigration. C’est un thème fort et pour bien faire passer un message, il faut des têtes fortes et nous avons pensé à Louane qui est très connue dans la variété française. C’est une artiste que nous apprécions beaucoup, nous l’avons vue à la télé mais aussi dans un film et nous avons écouté ses morceaux. Quand le staff Toofan a proposé le featuring, juste en faisant écouter le morceau, ça a mordu directement. Louane a été emballée par le projet, nous avons discuté du thème et le morceau s’est fait facilement.

Comment expliqueriez-vous la grande richesse musicale de votre album ?

B : Nous avons la chance, aujourd’hui, de beaucoup voyager et nous remercions le seigneur pour cela. Le fait de voyager, cela permet une ouverture d’esprit et donc de proposer une musique variée pour que chacun y trouve son compte car tout le monde n’aime le Rap, l’ambiance Africaine ou la chanson française. Sur « Conquistadors », nous avons essayé de ramener tous les ingrédients dans cette salade afin que chacun soit bien servi.

M : C’est aussi le côté rassembleur de Toofan qui a vraiment facilité les choses dans la composition des morceaux. Dès notre tout premier titre, nous avons voulu que toutes les tranches d’âge se retrouvent dans notre musique. C’est notre philosophie.

« Conquistadors » regorge de titres avec un potentiel club certain ; avez-vous déjà été contactés pour collaborer avec des DJS/producteurs Electro ?

B : Il n’y a rien de concret pour le moment mais cela va venir…

A quoi ressemble un concert de Toofan ?

B : A un gros bordel (rires).

M : As-tu déjà assisté à un Clasico ? Nos concerts ressemblent à cela. Nous ramenons toujours quelque chose de nouveau et nous créons un challenge à notre niveau et à celui du public et nous essayons de lui donner un max de plaisir.

B : Toofan sur scène, c’est de la joie.

Quels sont vos prochains projets ?

B : Le prochain extrait de l’album sera « La Vie Là-Bas » enregistré avec Louane et le clip sera tourné très bientôt. Pour le moment, il n’y a pas de concerts prévus en France mais nous travaillons dessus. Nous avons déjà fait un gros concert au Bénin devant plus de 60 000 personnes et également à Lomé ; d’autres dates vont s’enchaîner bientôt !