Rencontre avec Leee John l’icône Funk du groupe Imagination (Deuxième Partie) !

Quels sont les thèmes principaux qui se dégagent dans votre discographie ?

A mes débuts, mes chansons avaient toujours des doubles sens et elles tournaient toujours autour du thème de l’amour. Je parlais très souvent de mon propre ressenti mais également des expériences de vie de mes amis. Beaucoup de personnes dans mon entourage ont divorcé et ces ruptures m’ont inspiré des chansons. Tout le monde à une histoire ; particulièrement en France où il y a des tragédies tout le temps. Beaucoup de choses que j’entends peuvent m’inspirer mais maintenant, d’un point de vue plus spirituel, je sens que ce que j’écris est plus édifiant. Sur mon dernier album « Retropia », il y a une chanson que j’ai écrit il y a déjà quelques années, elle s’intitule « Hello Goodbye » et elle parle des personnes chères que l’on a perdu et qui restent près de nous tels des anges. Au lieu de leur dire au revoir, on leur dit bonjour. « Secrets » est une chanson inspirée par R.Kelly et tout la controverse qu’il y a eu autour de lui par rapport à la vidéo qu’il a posté sur Youtube et dans laquelle il révélait des potins de célébrités. La plupart des autres chansons qui composent « Retropia » parlent de quêtes car tout le monde est à la recherche de quelque chose. Tout le monde cherche sa propre utopie et c’est ce qui se passe spirituellement.

Quelle chanson figurant sur « Retropia » détacheriez-vous de l’album ?

« Do It Right Now » car c’est une chanson très importante pour moi. J’ai composé ce titre avec Steve Nichol du groupe Loose Ends qui avait cartonné dans les charts Anglais et Américains avec la chanson « Hangin’On A String ». Bluey Manuck du groupe Incognito joue de la guitare sur cette chanson qui est aussi le nom de ma marque avec laquelle j’encourage les jeunes mais également les adultes à persévérer dans tout ce qu’ils veulent entreprendre. Une gamme proposant des t-shirts, des chemises et des cravates a été créé. Je travaille dessus avec deux créateurs.

Il me semble que vous défendez d’autres œuvres caritatives ?

Je me suis engagé dans le caritatif avec la chanson « Police & Thieves » qui est un cover de Junior Murvin et que je chantais déjà dans les années 70 dans des clubs et dans des pubs. En réécoutant les paroles de cette chanson, je me suis rendu compte qu’elles étaient en parfaite corrélation avec ce qui arrive actuellement en politique et dans la société. Nous régressons, le racisme et le féminisme sont en hausse et le racisme n’est pas qu’envers une race mais envers tout de nos jours. J’ai tourné une vidéo pour cette chanson et j’ai voulu filmer quelqu'un que je connaissais afin de présenter ce qu’il avait fait de sa vie. J’ai choisi de filmer l’un de mes amis qui est un ancien policier, il s’investit beaucoup auprès des jeunes afin de leur offrir de l’autonomie car beaucoup viennent d’un milieu défavorisé où ils n’ont pas accès à l’éducation. L’ignorance est à l’origine de beaucoup de travers dans notre société. Dans la vidéo, on voit également un ex membre d’un gang qui a fait de la prison pour avoir tué quelqu’un et maintenant, il est devenu pasteur. Il a changé de vie et il se dédie aux autres afin de les aider à suivre un autre chemin. Ce n’est pas une chose aisée de survivre mais il faut toujours continuer. En voyant cette vidéo, beaucoup de personnes en dehors d’Angleterre m’ont fait des retours et ils me disaient qu’ils vivaient la même chose chez eux. Je suis également un ambassadeur de SOS Children et depuis une quinzaine d’années à chacun de mes voyages en Afrique, je vais rendre visite aux enfants dans ces villages qui sont chers à mon cœur. J’ai toujours voulu m’assurer par moi-même où allait l’argent des œuvres caritatives que je supporte, je trouve que c’est important de se déplacer soi-même et d’aller à la rencontre de ces enfants.

Qu’est-ce que vous n’auriez pas encore réalisé dans votre carrière ?

Il y aurait tellement de choses…J’ai des idées notamment par rapport à l’Afrique donc je croise les doigts. J’aimerais tenter quelque chose avec de l’Afrobeat. Pourquoi pas jouer dans un film…mais j’ai déjà une vie bien remplie.

Quelle est votre vision de l’évolution de l’industrie musicale ?

Il n’y a plus d’industrie musicale. Quand on se rend dans une maison de disques, on n’a plus d’interlocuteur en face de soi, c’est un ordinateur. Voilà comment se passent les réunions de nos jours…A mes débuts, on prenait le temps de développer un artiste, il y avait un budget et on dépensait beaucoup d’argent même avant la sortie d’un single ou d’un album. Je me rappelle qu’avant la sortie du premier album, nous avons passé des jours fantastiques à Los Angeles grâce à notre label. A l’époque, il y avait tout plein de départements qui s’occupaient des artistes alors que maintenant, il faut tout faire soi-même mais cela permet de garder l’œil sur tout. De nos jours, tout évolue tellement vite et là-dedans les réseaux sociaux ont notamment du bon car cela permet aux artistes et aux fans d’être en contact directement.

Quel est votre lien avec la France ?

J’ai de la famille à Sainte-Lucie qui se situe dans la mer des Caraïbes. Ma mèreparlait le patois, elle avait beaucoup d’amis en Martinique et en Guadeloupe et elle avait une grande affection pour la France et le français. Personnellement, j’aime aussi la France pour son histoire et pour son patrimoine musical. J’adore faire des allers-retours ici, m’imprégner de votre culture, aller chez les disquaires et aller chiner à Montmartre à la recherche de tissus.