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Rencontre avec le comédien François Lis pour en apprendre plus sur « L’Eventreur » !

Publié le par Steph Musicnation

Photo Cecile Le Couviour

Photo Cecile Le Couviour

Peux-tu te présenter à nos lecteurs et nous en dire plus également sur la Compagnie Ornithorynque ?

J’ai  48 ans et je suis comédien professionnel depuis 1994. J’ai fait un peu de télévision dans les années 90, j’ai été présentateur de l’émission « Avis De Tempête » sur la Sept qui était l’ancêtre d’Arte, j’ai également travaillé un peu avec Patrice Leconte et ensuite, à partir de 1997, je me suis mis à « fabriquer mon travail » afin de ne pas avoir à attendre que l’on vienne me chercher. J’ai commencé à faire des adaptations que je jouais aussi. Nous avons pas mal travaillé pour des publics de lycéens et nous allions un peu partout en France et je continue à le faire maintenant avec la Compagnie Ornithorynque, qui a été créé en 2009 et dans laquelle je ne travaille qu’avec des personnes que j’apprécie. Je dû fabriquer une quinzaine d’adaptations en une vingtaine d’années, dont « L’Eventreur » que nous avons commencé à jouer au théâtre Essaïon,  en janvier dernier.

Comment t’est venue l’idée de « L’Eventreur » ?

Je suis tombé amoureux du texte de Pierre Dubois et j’ai eu absolument envie de le jouer. Cette nouvelle m’a littéralement fait tomber de ma chaise, autant dans la résolution de l’énigme que dans le traitement littéraire. Le style de Pierre Dubois est flamboyant et ça m’intéressait beaucoup d’essayer de faire passer au plan théâtral, les images qu’il faisait émerger dans ses écrits. La question était de savoir si je pourrais retransmettre au théâtre quelque chose qui m’avait procuré une émotion immense à la lecture. J’ai trouvé formidable le fait de lier un univers très froid et judiciaire et le côté onirique. Cette pièce me bouleverse à chaque fois et je ne pensais pas être aussi sensible au thème de la perte de l’enfance jusque-là. « L’Eventreur » est un spectacle différent de toutes mes précédentes adaptations. Plus sombre, plus poétique.

Photo Amélie Triou

Photo Amélie Triou

Avez-vous eu un retour de Pierre Dubois l’auteur de « Contes de Crimes » ?

A vrai dire, j’ai découvert le texte de « L’Eventreur » vers la fin des années 2000 et j’en ai fait une première adaptation à trois personnages à l’époque. Pierre Dubois nous avait reçu du côté de Cambrais et nous avions passé l’après-midi avec lui. Pierre est un conteur né et physiquement, il incarne cette image d’ogre que je présente dans le dossier de presse. Je dois dire que cela a été une très belle rencontre et il m’a donné son aval.

Peux-tu nous en dire plus sur la naissance de ce spectacle ?

Je voulais monter « L’Eventreur » d’une façon sérieuse, financièrement parlant, cela a pris du temps et d’autres comédiens sont arrivés sur le projet dont un pianiste. Après être resté dans les cartons pendant un certain temps, j’ai réécrit une adaptation de « L’Eventreur », il y a un an, après avoir rencontré Delphine Guillaud qui est pianiste-comédienne car je savais qu’elle pouvait assurer la partie chantée. Il fallait aussi trouver un comédien-pianiste et c’est Jérôme Setian,  un ami comédien, qui m’a fait rencontrer Vincent Gaillard. A la première lecture, j’ai senti qu’il avait choppé le truc ; ensuite, il a fait toutes les compositions musicales et apporté son univers qui est une part primordiale de ce spectacle.

Quel rôle as-tu sur scène dans « L’Eventreur » ?

Je pris le rôle de Marmaduke Perthwee le «détective ». C’est le seul personnage qui ne passe pas derrière le piano et tant mieux car je ne suis pas du tout musicien. Je dois avouer que quand je joue, habituellement, je propose beaucoup, physiquement parlant, je remue de l’air.  Mais dans le cas présent, Stéphanie Wurtz la metteure en scène m’a demandé d’en faire un peu moins afin que ce soit les autres comédiens qui apportent le côté comique. Mon rôle à moi est donc de placer les choses les unes après les autres et d’essayer d’être le plus sobre possible pour que le texte parvienne et que l’ambiance de ce Londres de la fin du XIXème siècle puisse être mise en place.

Photo Emilie Brouchon

Photo Emilie Brouchon

T’es-tu rendu sur les traces de Jack The Ripper à Whitechapel ?

Oui, je me suis rendu à Londres, en compagnie de Delphine Guillaud. Mais nous ne nous sommes pas focalisés sur les ruelles de Whitechapel. Nous ne sommes pas allés visiter le musée sur Jack l’éventreur, car ce n’est pas ce qui m’intéresse.

Quelles ont été tes envies dans ce spectacle par rapport à l’histoire de ce sombre personnage ?

La nouvelle elle-même est écrite de façon un peu particulière. Il y a deux parties. Tout d’abord, il y a toute une mise en place, avec la liste des crimes et des autopsies et, ensuite, apparait la résolution par Marmaduke Perthwee. J’avais envie d’opposé ce côté très froid et cet univers glaçant à la résolution qui, elle, est totalement inattendue. La froideur des éléments « cliniques » a été adoucie par la volonté de Stéphanie Wurtz, notre metteur en scène. Pour te citer un exemple, nous avons trouvé le personnage du médecin légiste parce que Vincent a eu l’envie de faire le con, à un moment donné et cela a apporté une respiration, par rapport à ces choses très dures qui sont dites et le personnage de la secrétaire est apparu, en complément. Ces moments sont ceux que je préfère, au théâtre, car même dans du tragique, ils te permettent de te marrer et de repartir ensuite ; c’est comme une prise de respiration dans une brasse coulée et c’est ce que je voulais pour la première partie.

Photo Delphine Guillaud

Photo Delphine Guillaud

Sans trop en dévoiler, peux-tu nous en dire plus sur le moment où l’histoire bascule ?

En fait, l’histoire bascule dès le départ. Les indices concernant la deuxième partie de ce spectacle sont égrainés, ne serait-ce que par des allusions et des regards. Sans trop en dire, je pense que le plaisir vient de la surprise…

As-tu vu les autres spectacles sur l’éventreur de Whitechapel qui ont vu le jour eux aussi cette année ?

Non, je ne les ai pas vus mais j’ai eu des échos de ces spectacles. Ce n’est pas qu’ils ne m’intéressent pas mais ce qui me botte, dans « L’Eventreur » que nous présentons, c’est le face à face avec une autre réalité.

Evolues-tu principalement dans du théâtre musical ?

A la base, pas du tout mais j’ai eu la chance de travailler avec des comédiens qui sont aussi des musiciens et eux ont apporté cela dans les spectacles. Pour « Le Chandelier » que nous avons créé en 2009 et qui était le premier spectacle de la Compagnie Ornithorynque, comme j’étais en contact avec des comédiens-chanteurs, je me suis dit que j’allais faire une adaptation où ils pourraient chanter et pour laquelle j’ai moi-même pris des cours de chant. Dans ce spectacle, adapté d’une pièce de  Musset, ce qui m’intéressait était de proposer un face à face entre le romantisme du XIXème siècle et celui  des chansons des années 70 et 80. Moi-même, je ne suis pas musicien mais j’aime travailler avec des personnes qui le sont, afin d’élargir le panel des choses que je peux présenter. J’adore le mélange des genres, comme dans « L’Eventreur ».

Photo Amélie Triou

Photo Amélie Triou

Comment inviterais-tu nos lecteurs à venir découvrir « L’Eventreur » au Théâtre Essaïon jusqu’au 09 juin ?

S’ils aiment les mélanges iconoclastes et s’ils aiment être surpris, ils pourront prendre du plaisir en venant découvrir « L’Eventreur ». Le pitch le dit très bien ; certains pourraient perdre leur innocence et d’autres miraculeusement la retrouver. Ce spectacle, en même temps qu’une plongée dans l’atmosphère viciée des bas-fonds de Londres, est une bouffée d’air. C’est un envol !

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