Rencontre avec la chanteuse Liz Cherhal afin d’en apprendre plus sur son nouvel album !
Comment présenterais-tu « L’Alliance » musicalement parlant par rapport à ton précédent album « Les Survivantes » paru en 2015 ?
« L’Alliance » est un album beaucoup plus électronique dans ses sonorités. Nous avons fait beaucoup d’arrangements à l’aide d’ordinateurs, de claviers de synthétiseurs et de beats électroniques. Comme « Les Survivantes », cet album a été réalisé par Morvant Prat. Les chansons de « L’Alliance » sont plus pêchues. Je pense qu’il y a pas mal de chansons sur lesquelles on peut danser et c’est d’ailleurs ce que je fais moi-même en concert. Du fait des thèmes qu’aborde ce disque, j’avais besoin d’avoir une musique un peu plus puissante.
As-tu travaillé différemment sur « L’Alliance » en comparaison à tes premiers albums ?
Pour « Les Survivantes », j’avais fait appel à quelques coauteurs alors que pour « L’Alliance », j’ai quasiment fait tous les textes toute seule sauf celui de « Vibrante » que j’ai coécrit avec Nicolas Berton. J’ai passé beaucoup plus de temps sur les textes de ce nouvel album, j’ai réfléchi à chaque fois afin de trouver la bonne formulation et le mot qui convenait. Pour chaque chanson de ce disque, j’écrivais en général quatre formats A4 de textes et ensuite, je faisais le tri, je resserrais pour en faire une chanson. Avant, j’étais beaucoup plus instinctive alors que maintenant, je vais un peu plus dans le détail.
Ton nouveau disque possède-t-il un fil rouge ?
Oui, ce disque parle énormément de tout ce qui est lié à la séparation d’un couple, à la reconstruction qu’il y a derrière et à tout ce qui peut suivre cela.
Peux-tu nous en dire plus sur les thèmes des chansons qui composent « L’Alliance » ?
Dans la chanson « Je Crois Que Je Vais Partir », je raconte un peu le jour où l’on annonce à son conjoint que l’on va le quitter. « La Recomposition » parle de comment cela se passe quand on se met en couple avec quelqu’un qui a déjà des enfants. Dans cet album, j’aborde également la culpabilité que l’on peut ressentir quand on fait vivre son enfant entre deux maisons mais aussi de comment on gère le fait de voir l’un de ses amis se séparer et l’arrivée de sa nouvelle compagne…Les thèmes des chansons de « L’Alliance » ne sont ni plus ni moins le reflet de tout ce que j’ai pu vivre ces dernières années.
Pourquoi avoir baptisé ton album « L’Alliance » ; y-a-t-il plusieurs interprétations à y voir ?
Principalement, ce titre représente le fait de s’allier à quelqu’un afin de reformer quelque chose. Pour moi, le mot alliance fait tout de suite référence au couple mais je voulais aussi un mot qui puisse sous-entendre l’idée d’un regroupement de deux choses. Quand j’ai commencé à écrire ce disque il y a trois ans, au départ, je voulais l’appeler « La Recomposition » mais quelque chose me gênait dans ce mot que je trouvais très dur. J’avais utilisé le terme d’alliance dans la chanson « Vibrante » qui clos l’album et quand je m’en suis rendu compte, cela a été une évidence pour qu’il devienne le titre de l’album car je voulais un terme générique positif.
Tes chansons te racontent-elles majoritairement ?
Oui, principalement mais pour certaines chansons, je me suis inspirée d’autres choses comme par exemple pour le titre « Sauvage » qui fait référence aux violences faites aux femmes. Dans cette chanson, je raconte ce que l’on peut ressentir quand on est soi-même victime de violences. Dieu merci, je n’ai pas vécu personnellement cette situation et pour cette chanson, j’ai fait beaucoup de recherche en bibliothèque et dans les journaux notamment lors de l’affaire Jacqueline Sauvage et j’ai lu énormément de livres de psychologie. Pour la chanson « Hija », cela a été différent, j’ai interviewé l’une de mes amies qui est d’origine Colombienne et qui a été adoptée en France à l’âge de 4 ans. Nous avons échangé durant de longues heures sur plusieurs jours, elle m’a raconté sa vie, elle m’a montré de la documentation, des papiers, des photos et elle m’a parlé de son vécu et de son ressenti à son arrivée en France.
Peux-tu revenir pour nous sur le tournage du clip illustrant « J’Ai Marché, Tant Marché » ?
Cette chanson parle de ma vision de la parentalité mais dans son côté un peu obscur. J’ai eu le besoin de faire une chanson qui parlait des difficultés que j’ai pu rencontrer à la naissance de mon enfant. Quand nous avons voulu mettre ce titre en images, cela nous a semblé très compliqué de le faire avec un enfant et nous avons donc adapté symboliquement la chanson. Dans ce clip qui a été tourné pas très loin de chez moi dans le petit village d’Abarez près de Nantes, on me voit me promener sur un terril avec une chouette sur la main et je la laisse s’envoler quand nous sommes arrivées au sommet. Le tournage a eu lieu en janvier et il faisait très froid surtout quand on est exposé au vent sur un terril mais c’est un clip que j’aime vraiment beaucoup.
Peux-tu nous en dire plus sur ton souhait de présenter tes nouvelles chansons sur scène traduites dans la langue des signes ?
J’apprends la langue des signes depuis cinq ans pour ma culture personnelle et j’ai eu envie de l’intégrer à mes concerts. A l’époque de l’album « Les Survivantes », j’avais commencé à faire quelques chansons en chansigne mais de manière anecdotique. Pour « L’Alliance », j’ai vraiment eu envie d’aller au bout de cette démarche et du coup, le spectacle est entièrement traduit grâce à la présence d’un chansigneur qui nous accompagne sur scène. De ce fait, le spectacle est accessible aux personnes sourdes. Ce spectacle a nécessité de la réflexion, il a été très long à mettre en place et il a fallu trouver les bons partenaires mais nous l’avons présenté à plusieurs reprises et il y a un très bon accueil du public sourd et j’en suis vraiment très contente. Ce concert est accessible à tout le monde, sourds et entendants partagent le même spectacle et c’est ce qui m’intéressait car je souhaitais rassembler les gens.
Si je te demande un élément, une pierre et un sentiment pour décrire « L’Alliance » ; quelles seraient tes réponses ?
L’élément serait le feu car c’est un album que nous avons porté avec Morvan qui est mon compagnon et c’est un peu notre bébé. De mon point de vue, cet album regorge d’amour et de passion. La pierre serait un diamant car cet album que nous avons crée à deux est très précieux pour moi. Pour terminer, je vais te dire que le sentiment serait le bonheur.
Un album entre sœurs pourrait-il voir le jour dans les années à venir ?
Il ne faut jamais dire jamais, il ne faut jamais rien promettre…Je ne sais pas mais pourquoi pas, on verra !
Quels sont tes prochains projets ?
Le gros projet actuellement est la préparation du Festival d’Avignon car nous y serons du 15 au 26 juillet au Théâtre de la Manufacture à 19h30. Des concerts arriveront à partir de la rentrée et un nouveau single sera extrait de l’album dans les mois à venir.
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Liz Cherhal - J'ai marché, tant marché (Clip officiel)
Music video by Liz Cherhal performing J'ai marché, tant marché (Clip officiel). (C) 2018 Little Big Music http://vevo.ly/5QDdWn