Retrouvailles avec Jeremy Kapone à l’occasion de la sortie de son premier album !
Que signifie pour toi l’horaire du titre de ton premier album ?
A vrai dire, il n’a pas un sens précis. « 10 : 43 » est également le titre d’une chanson qui m’est venue un jour et pour laquelle, j’ai imaginé un scénario. Cela se passe un dimanche, tu te réveilles dans ton lit, tu regardes le plafond et tu as cette sensation que tout s’est chamboulé dans ta tête. Tu réalises que tu t’étais peut-être endormi pendant un certain temps et que d’un coup, ce matin où tu te réveilles, tu te rends compte que c’est le premier jour du reste de ta vie comme on dit. Je trouvais intéressant de partir de cette chanson comme point de départ afin de découler toute une journée jusqu’à la tombée de la nuit. « 10 : 43 » est un peu une journée baptême du feu, c’est une sorte de déclic, c’est un gong qui sonne d’un coup.
Ce disque est-il plus un disque à écouter le soir ou le matin ?
Je pense que ce disque peut avoir deux résonances différentes le soir comme le matin. J’ai essayé de faire un album très ouvert au niveau du sens mais aussi de l’interprétation. J’aime beaucoup les œuvres artistiques qui avant tout laissent une libre interprétation aux spectateurs et c’est ce que j’ai essayé de faire. Je crois que cet album peut être protéiforme et il peut être pris dans tous les sens. Cet album raconte une histoire mais on peut également prendre les titres séparément. Avant tout, j’ai voulu diffuser un message d’espoir avec ce disque mais un espoir teinté de difficultés, de challenges, de combats, de revers, de coups, de blessures et de morsures mais il y a un moment dans l’album où il y a une sorte de bascule qui s’opère vers les titres « Ton Cœur, Ton Ame et Tes Dix Doigts » et « Ranime », il y a comme un élan vers le futur et vers le soleil qui va se lever le lendemain.
Tu as fait le choix de ne reprendre que trois titres figurant sur tes deux premiers EPS ; pourquoi ceux-là en particulier ?
Tout simplement car ils faisaient sens avec le déroulement de cette histoire. Cet album m’a pris à peu près dix ans même si je ne l’ai pas enregistré durant une décennie ; j’ai écrit toutes les chansons le composant durant ces dix dernières années et j’en ai gardé uniquement un zest et je crois avoir retenu les chainons très importants qui ont fait que ce jour se tient.
Etait-ce une évidence pour toi de ne pas proposer du « déjà-entendu » ?
J’avais tellement de morceaux que je me suis payé le luxe de faire plus afin de proposer au public des morceaux qui n’avaient pas été déjà utilisés. Pour tout te dire, j’ai déjà un second album en Français qui est déjà composé mais il n’a pas encore été enregistré.
On a l’impression, justement, que tu es un artiste très prolifique ; comment expliquerais-tu cette frénésie créative ?
En plus de ce second album en Français, j’ai également un projet en Anglais qui est quasiment fini ; j’ai plein de choses sur le feu et c’est vrai que je suis très prolifique. Je produis beaucoup ; en effet. Pour tenter d’expliquer cette frénésie créative, je vais te dire que c’est plus fort que moi, c’est quelque chose qui me dépasse, qui me transperce et qui surgit hors de moi. Je pense que cela fait partie de mon tempérament ; j’ai besoin de partager, de donner et de diffuser.
Ton écriture et ta musique ont-elles évolué ces dernières années ?
Oui, énormément. J’ai beaucoup travaillé sur la composition et l’enrichissement d’accords. En revanche, je ne saurais te dire pour l’écriture car c’est particulier, c’est une mise à nu et je mets toutes mes chansons au même niveau ; qu’elles datent d’il y a dix ans ou de quelques mois. Ce qui est beau dans un premier album, c’est cet état de naïveté que l’on ne retrouve pas après. Un premier album est plein de défauts et de qualités et c’est cela qui est touchant.
Quels sont les grands thèmes de « 10 : 43 » ?
Je pense que le titre « J’Appelle » résume bien l’ensemble des thèmes qui sont abordés dans « 10 : 43 ». Dans ce morceau, j’appelle à se surpasser et à se libérer de tout ce qui peut nous emprisonner dans notre tête, dans notre société et dans tout ce qui nous entoure. Je crois que « 10 : 43 » est un gong qui sonne afin de fixer l’horizon et d’aller vers l’avant et de ne surtout pas se laisser emporter par ce qui nous tue à petit feu. Je pense que « 10 : 43 » parle de donner le meilleur de soi.
Avec qui aimerais-tu partager un duo ? Es-tu sensible à l’univers de Calypso Valois, par exemple ?
Ah oui, ce n’est pas inintéressant comme proposition car j’aime beaucoup ce qu’elle fait. Mon duo rêvé serait avec Tom Waits car il m’a beaucoup influencé et j’aimerais beaucoup le rencontrer. Il a un univers très particulier mais c’est un artiste très intéressant et il a su créer un univers qui lui est propre tout au long de sa carrière. J’admire aussi énormément Damon Albarn de Blur et de Gorillaz.
Te verrais-tu écrire pour d’autres ?
Je ne le fais pas encore mais c’est quelque chose que je me verrais bien faire. C’est un exercice particulier et comme je ne l’ai pas encore fait, je ne sais pas si j’en serais capable.
Une mise en images de plusieurs morceaux de « 10 : 43 » est-elle prévue ?
J’aimerais bien mais je pense que nous n’irons pas au-delà de deux ou trois clips. Il faut avoir un sacré budget pour mettre en images tout un album surtout quand on veut que cela soit bien fait. Au-delà de la simple question financière, il y a aussi une question de temps et personnellement, je trouve cela bien qu’il n’y ait pas trop de clips afin de laisser les gens voyager avec l’album et imaginer ce qu’ils veulent.
Quels sont tes prochains projets ?
A partir de la rentrée, « 10 : 43 » sera défendu sur scène, je serai accompagné de Max Delpierre, Louis Sommer et Mark Kerr trois musiciens avec qui j’ai enregistré l’album. Après cette série de concerts, je pense travailler un répertoire en Anglais car j’aime bien chanter dans cette langue également et cela me permettrait de proposer quelque chose de moins cérébral que le Français, de plus instinctif et de plus direct. Pourquoi pas un prochain album en Anglais…Jongler entre le Français et l’Anglais, cela ne se faisait pas vraiment avant mais aujourd’hui, les barrières tombent de plus en plus, si c’est honnête et que cela plait, les artistes peuvent de plus en plus imposer leur univers. Si c’est mon envie, je pense que je vais essayer de le faire !