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Rencontre avec Nawel Ben Kraïem à l’occasion de la sortie de son nouveau single !

Publié le par Steph Musicnation

Photo Victor Delfim

Photo Victor Delfim

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je suis Franco-Tunisienne, je suis chanteuse et cela englobe beaucoup de choses. Chanter, c’est un peu se mettre à nu, partager et donner le meilleur de soi sur scène et sur disques aussi. Je chante en plusieurs langues et sur cet album à paraitre, j’ai beaucoup exploré le Français mais je chante également en Arabe qui est une langue très imagée et j’ai essayé de mettre cet imaginaire assez poétique dans le Français afin de faire une musique un peu hybride avec mes différentes influences.

Que s’est-il passé pour toi depuis la sortie de « Navigue » en 2016 ?

Il faut savoir que « Navigue » est le fruit d’une rencontre un peu improbable avec Pascal Obispo qui m’a ouvert son studio et qui m’a présenté Pierre Jaconelli. Ce disque a été une première expérience plus professionnelle après un parcours un peu bricolé et auto-produit. Après « Navigue », j’ai reçu le prix de Mon Premier Grand Studio RTL et cela m’a permis de rencontrer des médias un peu plus larges et c’est peut-être grâce à cela que Julie Zenatti a eu envie de m’inviter sur son projet « Méditerranéennes ». Avant ce projet musical qui m’a permis de revisiter des chansons populaires et d’aller vers un exercice un peu plus d’interprète, j’étais plus dans l’exploration dans des groupes un peu Fusion et Indé. « Méditerranéennes » m’a amené vers quelque chose de populaire dans le bon sens du terme car je suis quelqu’un qui aime fédérer. Cet album m’a amené également vers Capitol qui a déployé les moyens pour que mon univers puisse s’exprimer. 

Photo Victor Delfim

Photo Victor Delfim

Ton nouveau titre « Mer Promise » marque-t-il une évolution dans ton parcours musical ?

Dans un sens, oui, car elle est plus en Français que mes précédents titres. Mon album est également plus en Français et j’y assume plus mon écriture. Je suis très Francophone, je lis beaucoup en Français, j’ai toujours beaucoup écrit en Français mais avant, c’était une langue que je chantais un peu moins. Avec « Mer Promise », j’ai essayé de trouver ma même émotion dans le chant que dans d’autres langues que je trouve un peu plus musicales mais en mettant cela en Français.

De quoi parle cette nouvelle chanson ?

Elle parle à la fois du constat d’un monde un peu chaotique et injuste mais aussi de la force que l’on peut avoir à dépasser ces difficultés-là. Dans cette chanson, il y a la colère, la conscience de l’injustice, la promesse, le rêve et la puissance qu’il y a en chacun.

Que peux-tu nous dire de plus sur ton album à paraitre chez Capitol ?

Cet album sortira dans quelques mois et je pense que cela va dépendre de l’accueil fait à ce premier extrait. Cet album est prêt en tout cas. Il y a environ dix huit chansons qui ont été écrites et produites et même s’il y a eu quelques collaborations, on y retrouvera à 80% mes textes et mes mélodies. Grâce à Capitol, j’ai rencontré des personnes qui m’ont permis d’enrichir mon vocabulaire ; je pense notamment à Madame Monsieur avec qui j’ai coécrit deux titres. Cela a été une très belle rencontre car Émilie a une écriture que je trouve très complémentaire avec la mienne. Là où je mettais des métaphores, elle a rajouté un peu de simplicité et de narration. Musicalement, cet album sera assez Pop mais il y aura également dessus un réel Medellín qui est un réel de l’urbain. J’ai essayé de se faire se rencontrer ces mondes que j’aime. Nassim Kouti qui est un musicien multiinstrumentiste Algérien qui évolue également sur scène avec moi a apporté beaucoup d’instruments organiques comme le guembri, l’oud, des karkabous et cela a donné une couleur un peu ronde et cette rondeur là est venue se glisser dans les angles de la rythmique Pop ou de la musique urbaine.

Photo Anissa Haroun

Photo Anissa Haroun

Vas-tu évoluer dans une double culture ?

Il va y avoir un peu plus de Français mais à chaque fois, il y a une exploration de cet équilibre entre ces deux mondes et si ce n’est pas dans la langue, c’est dans les sons. C’est un peu comme si j’étais un peintre avec deux palettes qui tente de trouver la juste couleur.

De quoi vas-tu parler dans tes chansons ?

Je pense qu’il y a trois thèmes qui se dégagent : celui du départ, du rêve et de l’ailleurs ; soit on se déplace soit c’est l’ailleurs d’une élévation, le second serait la marge, l’identité ou en tout cas la minorité par rapport au questionnement de notre place dans la société car cela m’intéresse plus de questionner les fractures et les moments où l’on se sent un peu décalé et le troisième serait le thème de la rencontre ou de l’amour qui est plus intime que les deux autres cités précédemment. Je suis certaine que c’est par cette intimité là que l’on peut faire bouger de grandes choses.

Y-a-t-il eu un déclic pour te lancer dans la chanson ?

En fait, je ne me suis jamais projetée comme chanteuse mais par contre, je pense que depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été intéressée par la scène, la fête, le déguisement et la lumière. Je pense que le métier de scène me colle à la peau. Je fais ce métier particulier pour les moments de communion avec le public sur scène. Je pense que le moment où j’ai compris que cela pouvait être un métier a été avec mon premier groupe Cirrus qui était complètement amateur. Alors que j’avais 19 ans, nous avons gagné un concours dont la finale se déroulait en Égypte et je ne m’attendais pas du tout à cela. A partir de ce moment-là, j’ai envisagé les choses autrement et ensuite, j’ai fait partie du groupe Orange Blossom avec qui j’ai tourné et qui m’a permis de découvrir un milieu un peu plus professionnel.

Photo Frédéric Véron Photographie

Photo Frédéric Véron Photographie

Que souhaites-tu proposer au public par le biais de ta musique ?

J’aimerais leur proposer de la poésie, un voyage et de la sincérité.

Qui retrouve-t-on dans tes influences musicales ?

Ces derniers temps, j’ai pas mal écouté Khalid, c’est un Américain qui propose une musique épurée qui groove bien. Adolescente sinon, j’ai beaucoup écouté des artistes comme Ben Harper, Lauryn Hill, Tracy Chapman. J’aime la musique de figures très émouvantes comme Anthony And The Johnsons et Lhasa. Je peux écouter aussi des artistes comme The XX ou London Grammar. Dans la musique urbaine, il y a plein de choses mais je peux écouter des artistes un peu plus Indé comme la rappeuse Casey qui a des textes assez lucides et tranchants sur notre monde. J’aime le sens de la punchline qu’il y a dans le Rap. Mes goûts sont assez éclectiques. Dans la musique Arabe, j’aime notamment la pureté de la voix de Fairouz mais aussi des artistes de la nouvelle scène Arabe qui explorent entre électronique et des choses plus organiques.

Une chanson comme « Mer Promise » aurait eu ses chances à L’Eurovision ; te verrais-tu représenter à l’avenir la France ou la Turquie au concours ?

On m’a proposé de participer cette année au pré-concours mais pour ce genre d’exercice, il faut avoir les épaules pour et je n’ai pas l’assurance nécessaire pour un concours comme l’Eurovision. En déclinant cette proposition, j’avais peut-être envie que mon album sorte hors concours comme une vraie proposition même si la route est plus longue. Je crois que j’avais envie que ma parole ne soit pas mise en comparaison avec d’autres ni qu’elle soit diffusée dans un contexte politique. Ayant vécu dans un pays non Européen puis dans un pays qui l’est, je ne sais pas exactement quel sens cela aurait pour moi de concourir pour l’un ou l’autre pays. J’ai peut-être envie que ma proposition artistique appartienne à tout le monde et c’est pour cela que c’est important pour moi d’y mettre de la poésie; c’est une manière de donner de la place à l’autre car il n’y a pas de message binaire. Chacun peut s’emparer de bouts de chansons et c’est cela que j’aime. Finalement, même si ce concours permet de fédérer le plus grand nombre, je trouve ça plus fédérateur de le faire hors concours car c’est hors circuit et chacun peut attraper ça par le bout qu’il veut.

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