Retrouvailles avec Ok Coral à l’occasion de la sortie imminente de son prochain EP !

Que s’est-il passé pour toi depuis la sortie de « Clap On 2 And 4 » en octobre 2016 ?

Il s’est passé plein de choses ; notamment des concerts et aussi le fait de décider de chanter en Français. Je me suis heurté à des trucs que je n’imaginais pas mais c’est quelque chose que j’ai toujours voulu essayer. A vrai dire, j’ai beaucoup de références Anglo-saxonnes et j’en ai peu en Français. Pour ma part, je trouve que dans le format Pop en France, nous n’y arrivons pas. Nous sommes toujours dans quelque chose de littéraire où il faut avoir du fond, le texte doit être primordial et ensuite, on cale de la musique dessus ; c’est une chose que je respecte vachement mais ce n’était pas mon éducation musicale. Pour moi, le format Pop, c’est faire passer le contenant en même temps que le contenu, c’est-à-dire que la forme est au même niveau que le fond. Je suis capable de dire une phrase qui n’aura pas de sens pour plein de gens mais qui sera musicale. Si tu ne veux pas sonner comme Didier Barbelivien, il y a un mot sur trois qui t’est interdit en Français et c’est fou.

Tu reviens avec « L’Odyssée » un titre très différent de tes précédents morceaux ; quelles ont été tes envies musicales et vocales sur ce titre ?

En chantant en Français, je me suis rendu compte que je ne pouvais faire exactement ce que je faisais habituellement en Anglais. Pour le coup, mon nouveau disque aura moins le côté entertainer que j’avais sur « Clap On 2 And 4 » dont le titre parlait de lui-même, c’était un EP pour danser. C’était un format Pop mais qui était basé sur le Groove. Pour mon nouvel EP, je n’enlève pas toutes les références Soul et Pop que j’aime mais il va y avoir quelque chose de plus cinématique. J’ai mis notamment beaucoup de violon, ce disque sera un peu plus lent et moins dansant.

Pourquoi avoir choisi de t’exprimer en Français cette fois-ci ?

C’était un challenge. Cela m’a toujours titillé mais il fallait que je trouve le bon angle. Je devais trouver une astuce. Quand j’écris, je ne suis pas du tout dans la narration, je ne raconte pas des histoires avec un début, un milieu et une fin, je suis plus dans l’expression d’états d’âme. « L’Odyssée » est le premier morceau que j’ai écrit en Français et je me suis dit que j’avais trouvé quelque chose que j’étais prêt à assumer. J’ai trouvé une thématique mais après avoir écrit les textes. Cela ne se voit pas forcément dans mes textes mais je me suis rendu compte que je parlais beaucoup du fait de partir et de Paris qui est une grande ville qui me fascine depuis que j’y suis arrivé il y a dix ans car je suis un petit provincial venant de Mulhouse qui est le côté obscur de l’Alsace. Avec une dizaine de potes, nous avons fait une sorte de diaspora Alsacienne, nous étions tous musiciens, graphistes, galeristes et nous sommes tous venus tenter notre chance à Paris. Avec le temps, je me suis rendu compte que l’idée que l’on se faisait de cette grande ville est à la fois vraie et illusoire. Tout se passe ici ; certes ; mais il y a une concurrence dix fois plus élevée et ici, les gens n’ont pas le temps. En arrivant à Paris, c’est la première fois de ma vie que je me suis senti aussi seul alors que je voyais beaucoup de monde dans ma journée.

Que raconte « L’Odyssée » ?

Cette chanson parle entres autres choses de ce que je viens de te dire concernant cette bande de potes mais de manière générale, je m’interdis de trop expliquer mes chansons afin que ceux qui les écoutent puissent se faire leur propre interprétation.

Peux-tu nous parler du clip illustrant cette chanson ?

Nous voulions quelque chose d’un peu ésotérique, une course qui ne s’arrête pas et des contraintes comme ces gens avec des capuches qui empêche le personnage de poursuivre sa course et ceci représente toutes les contraintes d’une odyssée ou d’un parcours musical ou amoureux que l’on aimerait parfait alors que ça ne l’est pas à cause d’autres personnes.

« L’Odyssée » donne-t-il le ton de ce que tu prépares actuellement ?

Oui et non. Dans les textes, dans le fait de chanter en Français et de proposer quelque chose de plus épuré dans la production, je vais te dire oui mais j’ai encore deux titres en Anglais sur cet EP dont un qui est un peu plus dansant.« L’Odyssée » est une bonne photographie du disque à venir.

Si tu avais un message à transmettre par le biais de ton nouveau titre, quel serait-il ?

Je n’ai absolument aucun message à faire passer aux gens et je dois dire que je ne supporte pas les gens qui donnent des conseils…Parler de politique, faire passer des consignes aux gens, cela m’a toujours dérangé ou sinon, il faut être un génie et s’appeler Jacques Brel mais il faut faire très attention avec cela. Les chansons sont gravées dans le marbre, il faut penser à la postérité et se dire que tu assumes encore cela des années après.

Qu’annonce « L’Odyssée » ?

Ce titre annonce un nouvel EP composé de cinq titres qui sortira dans quelques semaines. Je suis actuellement en train de voir avec ma manageuse pour trouver une date sympa pour organiser un showcase. J’ai été élu révélation de l’année dans un concours en Alsace et cela va me permettre de jouer sur la grande scène de Strasbourg le 21 juin.

Quels sont les premiers retours sur tes nouvelles compositions ?

Ils sont plutôt bons mais je mets un point d’honneur à ne pas faire écouter mon travail à trop de gens car sinon, je m’y perds. Je suis un peu sensible par rapport aux gens que j’aime et si j’ai trop de retours dissonants, cela me gêne. Pour prendre le pouls, je fais écouter mes nouvelles compositions à deux ou trois personnes dont mon frère et ma copine qui sont dans la musique mais qui n’en font pas, ce sont des personnes en qui j’ai confiance et qui ont une vision globale de la chose. Par exemple, je fais gaffe de ne pas faire écouter cela à des musiciens car je n’ai pas envie qu’ils me perdent dans des détails techniques. Je me suis rendu compte que les musiciens dont je fais partie ne sont pas forcément les meilleurs auditeurs de musique car nous scotchons sur des trucs parfois cons et cela nous empêche d’avoir une vue d’ensemble.

Ta nouvelle direction musicale implique-t-elle des changements dans ta façon de travailler et/ou dans la préparation du live ?

Pour le placement de la voix, c’est différent même dans la compo mais pas forcément pour le live. Pour les concerts, je serai accompagné d’un batteur et d’un bassiste ; pour ma part, je serai à la guitare et nous enverrons des samples. Je suis en train d’imaginer également une formule où je serai seul avec un clavier, une guitare et des pads. Cela me permettrait de me balader plus sur scène et tout comme le Français, c’est une étape, on vire la pudeur et on y va un peu plus !