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Rencontre avec Romain Humeau à l’occasion de la sortie de « Mousquetaire#2 » !

Publié le par Steph Musicnation

Photo Marie D'Angleville

Photo Marie D'Angleville

Que représente pour vous le mousquetaire ?

J’ai appelé mon album « Mousquetaire » en référence à mon enfance car j’étais complètement dingue de films de cape et d’épée et de héros comme D’Artagnan ou Fanfan La Tulipe. Je me baladais toute la journée avec un chapeau à plume d’autruche et avec mon pantalon en velours dans des bottes en plastique. Le mousquetaire, dans mon imaginaire de mec de 46 ans maintenant, représente cette passion que j’avais quand j’étais gamin mais aussi une forme d’héroïsme à l’ancienne et de romantisme. Quand on fait du Rock et de la Pop, il y a une forme d’autodérision dans tout cela car j’ai bien conscience que tout cela n’a plus lieu d’être à l’heure actuelle. C’est une façon d’utiliser le passé pour l’honorer en me souvenant de ce qui me faisait rêver mais aussi une manière de me moquer un peu de moi car je chante des trucs dont je sais très bien que 90% de la population s’en fout car nous ne sommes pas dans une époque très romantique puisque nous vivons dans un ère où il faut être efficace, faire du fric et où tout le monde doit être corporate.

Pourquoi une sortie d’album « si proche » de « Mousquetaire#1 » ?

A la base, ces deux albums ne devaient en former qu’un seul. Pour des raisons techniques avec ma maison de disque, cet album a été divisé en deux. La musique étant la musique, je ne vois pas pourquoi nous devrions être dans des formats. J’aime autant l’album de Mark Hollis qui ne contient que six chansons que « Teenager Of The Year » de Frank Black qui en contient vingt-deux. A la base, il y avait trente chansons pour « Mousquetaire » et donc la phrase a été coupée en deux. La raison de la proximité des sorties de ces deux albums est liée au fait qu’à l’origine ce n’était qu’un seul album.

Photo Marie D'Angleville

Photo Marie D'Angleville

Le projet « Mousquetaire » n’est donc pas un diptyque…Pourrait-il y avoir un troisième volet ?

C’est un diptyque par la force des choses mais cela n’a pas été choisi mais je ne m’en plains pas. Je me suis dit que tant qu’on y est, on pourrait faire un « Mousquetaire » 3 puis 4…Sur Seed Bombs Music le label que nous avons monté cette année afin d’être totalement indépendants, il y aura surement un « Mousquetaire B-Sides » et un « Mousquetaire Live ». Sur le premier, il y a aura huit inédits et sur le second, les trente enregistrées en live.

Comment décririez-vous ces deux albums ? Quelles en sont les différences ?

C’est une bonne question car à la base, il ne devait pas y avoir de différences puisque cela devait être un seul et même album. Quand j’ai appris que les trente chansons ne seraient pas regroupées, au lieu de me plaindre, j’ai rebondi et je me suis dit que je n’allais pas faire ce que j’avais prévu. Les chansons étaient là, elles ont toutes été écrites dans la même période il y a deux ans maintenant mais la production n’était pas finie et j’ai décidé de l’orienter différemment. J’ai voulu rendre « Mousquetaire#2 » plus pétillant alors que le « Mousquetaire#1 » est un peu plus mélancolique. Avec le recul, il me semble que « Mousquetaire#1 » regarde plus les gens passer avec les yeux dans le vague alors que « Mousquetaire#2 » est plus réactif et plus Punk, pas dans la musique mais dans l’attitude.

Photo Marie D'Angleville

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Quels sont les thèmes principaux développés sur « Mousquetaire#2 » ?

« Mousquetaire#2 » est varié et il y a du fun sur ce disque comme dans les titres « Trop Nul Pour Mourir » qui parle d’un type qui fait tout pour se foutre en l’air mais qui n’y arrive jamais et il s’avère que trop nul pour mourir est une insulte Japonaise ou « French Pop Vs English Wine » d’après cette célèbre phrase de Lennon qui disait que les Anglais ont leur vin et que les Français ont la Pop, une manière déguisée pour dire que nous n’étions pas très très bons en ce qui concernait la Pop et comme je fais de la Pop Française, je me mets dedans. Il y a des choses beaucoup plus dures sur ce disque comme « Nyppon Cheese Cake » qui fait trois pages de texte et qui dure sept minutes. C’est vraiment du flow dans cette chanson et c’est très inspiré par Eminem. Cette chanson parle des panic attacks auxquelles j’ai été sujet moi-même. Cette chanson n’a pas été écrite pour parler de moi car je me suis rendu compte en parlant de cela que beaucoup de gens étaient dans la même situation juste avant le burn out. « Nyppon Chese Cake » est un peu un « Chercher » 2 mais de manière plus violente. « Artichaut » parle des personnes qui ont pensé au suicide ne serait-ce qu’une fraction de seconde. L’une des vertus d’une chanson est de donner la main à celui qui l’écoute et de lui dire et toi tu ne ressens pas ça ?. Même dans les sujets graves, je mets de la distance et de la poésie un peu rassurante. « Chercher » décrit un être humain qui commence à regarder le monde, à se balader au-dessus du monde, qui en parle et qui constate des choses assez amères. Je parle, en filigrane, de la dureté journalière et de la vulgarité que représente le Net qui est cet œil posé sur l’être humain.  « Quixote » est très lié au thème des mousquetaires mais cette chanson parle surtout de mes héros d’enfance. « Quixote » pose la question de ce que je suis devenu, si je suis si loin de ça, si je ne suis pas trop ridicule avec mon épée et mon chapeau à plume d’autruche…

Si je vous dis que pour moi, « Quixote » est un choix évident de single ; que me répondez-vous ?

Il me semble aussi. C’est marrant que vous me disiez cela car je suis toujours très dans le doute mais en parlant avec les gens avec qui je travaille, nous nous disions que « Quixote » était vraiment le single. La raison pour laquelle nous n’avons pas commencé par celui-ci et que l’on s’escrime à essayer d’avoir un beau clip est une question de temps. Nous en avons proposé un beau pour « Chercher » mais nous aimerions que celui de « Quixote » soit vraiment réussi de manière totalement différente. Nous aimerions beaucoup avec l’aide des médias que « Quixote » soit LE single de l’album. Je pense que cette chanson peut donner la main à beaucoup de gens qui ont rêvé quand ils étaient gamins et même encore maintenant.

Photo Marie D'Angleville

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Pouvez-vous nous en dire plus sur les images illustrant le clip de « Chercher » ?

Je crois que ce choix des images représente cent heures de travail avec mon ami Éric Bougnon qui est le réalisateur du clip.  Nous avons mis dans cette vidéo des images libres de droit, nous ne les avons pas tournées hormis quelques-unes. Nous n’étions pas d’accord au début sur la représentation à donner à « Chercher », il y avait deux possibilités : soit illustrer chaque image du texte soit d’être juste à côté et pour ma part, je suis vachement pour la deuxième option car j’aime qu’il y ait une liberté d’interprétation pour le public et finalement, nos deux idées ont fait corps. Quand je parle d’éclairs, c’est dans le sens du tonnerre, Éric voyait des éclairs au chocolat ; quand je dis encore, il met le temple d’Angkor, c’est son humour à lui et je trouve cela super. A côté de cela, il y a des choses un peu plus drues et un peu plus crues dans ce clip. On voit deux femmes qui s’embrassent, on voit les langues, il y a quelque chose de pornographique mais il y a aussi des images totalement fleur bleue de Félix Le Chat, des paysages naturalistes…Il y a des arbres, des abeilles et je voulais absolument qu’il y ait une vache, ce qui n’est pas très rock’n’roll en soi (rires). Comme cette chanson parle de quelqu’un qui essaye de comprendre pourquoi il est là, je voulais parcourir le monde avec des zooms sur les choses de la vie. Je voulais également des choses dures comme des images de guerres et de bombe atomique mais qu’elles côtoient l’idée de deux personnes qui s’embrassent tendrement mais pas de manière vulgaire en 1910. Je voulais qu’il y ait des gens ensemble soit dans des manifestations soit dans un long passage de dix minutes que nous avons accéléré sur trente secondes de gens dans la rue en Espagne, on y voit des vieilles dames, des vieux messieurs et des jeunes, tous mélangés. Je ne suis pas un jeuniste, je ne supporte pas l’idée que l’on se dise que la cible, ce sont les jeunes. Je vis avec des gens de 75 ans comme avec des gens de 2 ans, je peux tout aussi bien jouer au Lego avec des gamins que jouer de la guitare Blues avec mon papa. J’aime bien montrer cela et ne pas être dans quelque chose où nous sommes tous de la même génération. Ça me met à l’aise de voir que tout le monde est ensemble et cela me rassurait quand j’étais gamin. Pour clore avec le clip, j’aimais beaucoup l’idée des fonds sous-marins car je trouve qu’il y a quelque chose de sexuel là-dedans mais pas de manière vulgaire. Je trouvais qu’avec les fonds sous-marins, nous avions un milieu aqueux, sans faire un mauvais jeu de mots. Cela représente la vie, tout simplement.

Il y a deux duos sur votre nouvel ; pouvez-vous nous présenter BillyBoy et Slomy ?

Même si cela fait un moment qu’il fait de la musique, BillyBoy est un jeune rappeur qui commence à présenter son projet. Il n’est pas que rappeur, il est aussi batteur, bassiste, guitariste et flutiste. Il va bientôt sortir un EP et je trouve cela génial. Je n’ai jamais souhaité faire du name dropping et il s’avère que BillyBoy est mon batteur. Il a accepté d’écrire son flow sur « Rock The Rockers ». Je dois dire que nous sommes assez amoureux tous les deux du Rap 90s et il a fait un truc génial dans ce sens. Je partage « Smartly Stupid » avec Slomy qui n’est pas chanteuse professionnelle mais danseuse de flamenco à Seville et qui est en fait ma fille (rires). Je voulais vraiment faire un duo avec une fille car cette chanson met en scène un homme et une femme qui sont dans la nature et qui se disent mais qu’est-ce qu’ils s’emmerdent à la ville alors que l’on est bien dans les arbres. Attention, j’aime la ville mais j’aime prendre du recul avec la nature. Je n’arrivais pas à finir un pont et j’ai demandé à ma fille d’écrire quelque chose de très fleur bleue en Espagnol. Je suis absolument ravi de ce duo et elle aussi !

Photo Marie D'Angleville

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Vous chantez en Français mais aussi en Anglais ; jouez-vous vos morceaux sur des scènes Outre-manche et/ou hors de France dans des pays Anglophones ?

Très bonne question et réponse très simple : non. Ce n’est pas un choix mais c’est déjà tellement dur pour des gens plus connus que moi que je n’ai quasiment aucune chance mais mon plus grand rêve serait de jouer à Londres dans un pub car les Anglais sont exigeants.

Quel a été le déclic pour sortir des albums en solo ?

Je le fais depuis 2005 mais je n’avais jamais pensé à cela avant. Cette carrière en solo est née du fait qu’Eiffel allait faire une pause. Comme je suis auteur-compositeur, j’écris tous les jours et à cette époque-là, je me suis dit que j’allais monter un autre groupe ou que j’allais faire un autre projet et tout le monde m’a dit ; même Eiffel ; que je devais le faire sous mon nom avant que l’on revienne en groupe. Au départ, j’ai eu du mal à le faire avec mon nom mais maintenant, dès qu’Eiffel fait une pause, je sors des albums en solo. Petit à petit, j’ai compris qu’un jour Eiffel s’arrêtait car nous sommes un groupe mais pour l’instant, ce n’est pas du tout le cas.

Photo Marie D'Angleville

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Justement, un retour d’Eiffel est-il prévu prochainement ?

J’ai lu dans un magazine Romain Humeau l’ex chanteur d’Eiffel mais pas du tout, Eiffel existe encore et nous nous voyons souvent en ce moment ! Les deux projets cohabitent très bien. Un musicien est un mec qui fait de la musique dans différents endroits et dans différents groupes comme l’illustre si bien Damon Albarn.

Quels sont vos prochains projets ?

« Mousquetaire#2 » est sorti il y a quelques jours et je viens de démarrer une tournée qui se déroulera jusqu’en février 2019. Entre temps, j’espère pouvoir faire un maximum de dates. Je serai notamment en concert à Paris le 06 avril à La Gaité Lyrique. Pour moi, jouer en concert, ce sont des vacances. Plusieurs dossiers sont actuellement ouverts sur mon ordinateur, notamment pour un autre album solo. « Mousquetaire B-Sides » et « Mousquetaire Live » sont en cours. Vous entendrez également parler d’Eiffel prochainement…Avec Seed Bombs Music, nous aimerions vendre juste assez de disques pour pouvoir développer la qualité d’activité que l’on a. Nous aimerions proposer des coffrets avec des inédits, de l’image, des photos afin que le support puisse être un peu novateur.

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