Rencontre avec Zoé Simpson à l’occasion de la sortie de son premier album !
Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis surtout auteur et interprète même si je commence à me mettre un peu à la composition. Pour me présenter, je vais te citer une phrase de Jean-Paul Sartre que j’aime beaucoup et qui dit « une femme faite de toutes les femmes que vaut toutes les femmes qui la valent toutes ».
Tu as débuté ta carrière dans le trio Les Valseuses. Quel a été le déclic pour te lancer en solo ?
Il y a plein de choses différentes qui se sont passées…A vrai dire, je viens du théâtre. J’ai été comédienne pendant un moment et c’est par le théâtre que je suis venue aux Valseuses, car nous étions toutes les trois comédiennes. Nous nous sommes mises à chanter ensemble et à écrire des chansons. Ce projet musical a été très important pour moi et c’est à ce moment-là que j’ai découvert que je pouvais écrire et que j’adorais ça. Le projet s’est arrêté car chacune a fait son chemin mais je ne pouvais pas arrêter d’être sur scène et d’écrire. C’est presque un élan de survie qui a fait que j’ai continué. Je ne connaissais pas du tout ma voix car j’avais l’habitude de chanter à trois et non seule. Par ailleurs, quand on évolue dans un groupe, on fait des concessions car dans l’écriture, il faut que cela convienne à tout le monde. Le fait d’être en solo, maintenant, cela m’a permis d’aller me plonger dans ce qui me touchait au plus profond de moi-même. Les deux registres sont totalement différents car Les Valseuses était un projet basé sur l’humour alors que pour le mien en solo, j’ai voulu aller explorer des choses plus graves même si je recherche la légèreté sur scène afin de justement porter au mieux des propos plus profonds.
D’où est venue l’idée de « Femmes Debout » ? Peut-on parler d’album concept ?
J’ai essayé de voir, à un moment donné, quel était le dénominateur commun des chansons que j’écrivais. J’ai eu conscience assez rapidement que j’écrivais sur les femmes car c’est un sujet qui me met en mouvement. Je me suis interrogée sur leurs points communs. Je me suis rendu compte que je dressais des portraits de femmes à un moment de leur vie où tout pourrait basculer et où tout pourrait s’écrouler car elles traversent un moment difficile. Ces femmes-là, à un moment crucial, elles tiennent debout, elles se transcendent presque elles-mêmes, elles deviennent fortes et elles traversent tout ça. Elles ont en elles une sorte de force qui est pour moi hyper féminine. Quand je cherchais le titre de l’album, « Femmes Debout » a été comme une évidence.
Qui sont ces femmes ?
Ce sont des femmes qui deviennent fortes mais elles ne le sont pas forcément au démarrage. La fragilité est une chose très belle chez la femme, chez l’homme aussi, mais il y a une mise à nu peut-être plus naturelle chez une femme, à cause des codes imposés aux hommes. Ces femmes dans mon disque deviennent fortes car elles tiennent le coup. Parmi ces femmes, il y en a que j’ai lues, que j’ai rencontrées réellement, il y a des figures également comme Iphigénie, même si mon Iphigénie représente entre autres Kayla Mueller qui était une jeune travailleuse humanitaire qui a été enlevée, livrée comme otage sexuel à l’un des chefs de Daesh et qui est morte là-bas en 2015, mais elle pourrait être aussi l’une de ces femmes Syriennes qui traversent des horreurs actuellement.L’Iphigénie de Racine était une jeune fille sacrifiée par son père qui était chef des armées pour que l’armée puise partir en guerre contre Troie et en fait, depuis la nuit des temps, l’histoire se répète, les jeunes filles sont sacrifiées pour que les hommes partent en guerre. Violer les femmes et utiliser leurs corps comme armes de guerre permet de détruire la société de l’intérieur. Dans la chanson « Petite Conne », il y a une jeune fille qui fait le choix de partir faire la guerre sainte comme nous en avons vu beaucoup. Sur ce disque, je parle également de ma mère, d’Ophélie de Hamlet, de Nastassja Kinski et de Gabriela Andersen-Schiess qui est une marathonienne qui a marqué les JO de 1984.
Ces dix femmes mises bout à bout te représentent-elles ?
Oui, forcément car je crois que quand on fait le portrait de quelqu’un, on fait aussi son propre portrait d’une certaine manière. Ce qui m’a touché chez elles raisonne en moi dans mon intimité profonde sinon je n’arriverais pas à écrire sur elles.
Qu’est-ce qui est le plus important dans ton projet musical ?
Mon premier mouvement créatif se situe dans l’écriture, mais dans la musique on n’écoute pas toujours vraiment les textes… Le plus important pour moi est que les gens comprennent de quoi je parle et ce que je veux dire sur ces femmes-là.
Deux hommes ont participé à cet album. Peux-tu nous présenter Malcolm Crespin et Stéphane Belmondo ?
Malcolm Crespin est vraiment mes notes là où je suis les mots. Nous aurions pu être un duo mais nous avons décidé que nous étions une chanteuse, Malcolm compose tous les morceaux, il a réalisé l’album et il s’est occupé des arrangements avec Arnaud Hipsta. Notre duo avec Malcolm me fait penser aux Rita Mitsouko, à Niagara, à Jane Birkin et Serge Gainsbourg. C’est une force et une chance d’avoir fait cette rencontre. Nous nous connaissons depuis l’adolescence, nous avons grandis et nous sommes devenus créatifs ensemble. Stéphane Belmondo m’a fait l’honneur de venir jouer de la trompette sur deux titres de mon album. J’avais presque l’idée d’un duo voix-trompette sur « Petite Conne ». Je trouve que l’on entend l’homme dans son souffle, il y a quelque chose de grave et de puissant qui est presque un appel du large et cela va bien avec cette jeune fille qui part faire le jihad. Je trouve que le son de Stéphane prend aux tripes.
Comment as-tu voulu musicalement ce disque ?
Je n’ai pas choisi un style musical à l’avance, je me suis laissé surprendre dans la création et pour moi, chaque chanson porte son style. Il y a eu deux périodes, avant et après la mort de ma mère. Avant, j’étais dans quelque chose de beaucoup plus Pop et de plus festif comme dans les titres « La Rose » ou « Caresse-Moi ». Après la mort de ma mère, les thèmes ont changé et j’ai eu besoin de me recentrer. La deuxième partie a été enregistrée chez moi juste avec Malcolm et Arnaud et nous avons épuré au maximum les choix musicaux et la place des instruments. Nous sommes allés à l’essentiel et à l’essence même de chaque chanson.
« Novembre Sous Les Cendres » est un titre qui a une double importance pour toi ; hélas dirais-je…L’écriture t’a-t-elle permis de te remettre « debout » ?
Oui, complètement. J’ai perdu ma mère le 12 novembre 2015 la veille des attentats du Bataclan. Ce jour-là, j’ai pris le métro pour me rendre à l’hôpital et tout était trop long et trop lent. La seule que j’ai réussi à faire a été d’écrire. J’ai écrit tout ce que je voyais et tout ce que je ressentais à l’intérieur. Ça a été le début de « Novembre Sous Les Cendres » et le lendemain, il y a eu les attentats et avec eux, cette idée de monde qui s’écroule doublement pour moi. Je ne comprenais plus rien à ce qui se passait. Ma « chance » à moment-là a été d’être artiste, de pouvoir écrire tout cela, de pouvoir en faire une chanson et de pouvoir la sortir. J’ai fait du beau avec du moche. Cela m’a vachement aidé à me remettre debout.
Certaines des femmes que tu chantes viennent de la littérature et/ou du cinéma ; vas-tu développer quelque chose autour de leurs images sur scène ou lors de tes concerts comme une mini expo par exemple ?
Je travaille sur mon projet avec Camille Laloux qui a réalisé le clip de « Novembre Sous Les Cendres », c’est également elle qui a fait la pochette de l’album et elle s’occupe maintenant de la scénographie. Camille fait des animations que nous projetons sur scène. Toutes les femmes de l’album existent à travers le trait de Camille Laloux qui les redessinent, qui les animent et qui les fait passer par moi pour quelles existent. Par exemple, le pull rouge est très important pour moi, je le portais sur scène avant mais maintenant, je le mets quelque part et c’est une référence à Nastassja Kinski dans le film « Paris-Texas ». Une expo est une bonne idée, je pourrais travailler là-dessus autour des femmes de l’album !
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Zoé Simpson - J'avais des rêves - Clip officiel
https://zoesimpson.fr/ https://www.facebook.com/zoesimpsonmusic https://www.instagram.com/zoesimpsonmusic https://twitter.com/zzoe_simpson Réalisation: Marc Obin Scénario/Mise en scène : Véroni...