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Rencontre avec Guillaume Poncelet à l’occasion de la sortie de son magnifique premier album !

Publié le par Steph Musicnation

Photo Pierre-Yves Calvat

Photo Pierre-Yves Calvat

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis musicien depuis mes 17 ans, Grenoblois et je suis arrivé à Paris dans les années 2000 pour terminer mes études au Conservatoire. J’ai étudié au département Jazz du CNSM à La Villette mais je n’ai pas mené mes études à leurs termes car j’ai été passionné par les rencontres que j’ai pu faire très vite à Paris. Sur le plan culturel, je pense que Paris est une ville fantastique, il y a plein de rencontres à faire si on s’en donne un peu la peine.

Pourquoi « Quatre Vingt Huit » ne sort-il que maintenant alors que tu évolues dans le monde de la musique depuis pas mal d’années ?

C’est une bonne question ! Je dois dire que j’ai trouvé une sorte de zone de confort en me mettant un peu en retrait d’artistes qui avaient l’habitude d’occuper le devant de la scène. Je dis confortable car je suis d’un naturel assez réservé et timide. Se mettre sur le devant est pour moi un effort, ce n’est pas un fantasme mais j’avais tellement l’envie de diffuser mon travail, ma musique qu’il fallait bien franchir le pas. J’ai mis longtemps car c’est un processus qui met du temps à aboutir psychologiquement.

Que représente ce chiffre pour toi ?

Quatre-vingt-huit est le nombre de touches qu’il y a sur un piano, en général. Même si certains en ont plus ou moins, la plupart des pianos droits ont quatre-vingt-huit touches. C’était une manière un peu laconique de décrire le nombre de possibilités qu’il y a. Le piano est un orchestre à lui tout seul. On peut tout imaginer grâce au piano et les quatre-vingt-huit touches sont des millions et des millions de possibilités de couleurs, d’harmonies et d’ambiances.

Photo Pierre-Yves Calvat

Photo Pierre-Yves Calvat

Avant de parler des deux titres chantés et même s’il n’y a pas de mots dans les quatorze autres morceaux, qu’as-tu voulu exprimer sur ce disque ?

Beaucoup de choses. C’est une musique très introspective dans ma démarche même si je ne sais pas si elle va résonner ainsi chez la plupart des auditeurs. C’est une musique que j’imagine facilement écoutable seul afin d’avoir un moment pour soi. J’ai voulu concevoir cette musique dans l’apaisement et l’introspection. Les émotions dont je me suis servi pour écrire étaient plutôt des émotions du domaine de l’onirique, cela peut être de la mélancolie mais aussi une sorte de bonheur calme et diffus. J’espère que ma musique pourra servir à des gens qui sont en recherche de ce genre de sensations.

Comment sont nés « Last Breath » et « Mon Terroir » ?

Thomas Azier et Gaël Faye sont deux artistes avec lesquels je travaille depuis quelques années déjà. Cela fait bientôt dix ans que je collabore avec Gaël et nous continuons à travailler ensemble puisque nous préparons actuellement son prochain album. J’ai rencontré Thomas il y a trois/quatre ans et nous avions déjà travaillé un peu ensemble sur son précédent album. Nous avons voulu pour une sorte de concert privé que nous avons organisé l’année dernière au Studio Davout créer un morceau et c’est la même chose avec « Mon Terroir ». Pour la petite histoire, « Mon Terroir » était un texte de mon père qui s’appelait Gustave Poncelet. Gaël a bien voulu le reprendre car il parle de la région Lyonnaise d’où est originaire son père également. Il y avait donc un lien et cela nous faisait d’évoquer cela ensemble. « Last Breath » est née d’un petit brouillon que j’avais enregistré sur un dictaphone. Thomas est tombé dessus et il m’a dit qu’il ne fallait pas jeter cette musique et tout s’est fait de manière très spontanée. De mémoire, « Last Breath » a été terminée quarante-huit heures avant l’enregistrement en public. Je n’avais pas spécialement prévu d’inclure ces deux chansons sur l’album mais nous étions très contents du résultat et je voulais garder un souvenir de cette première fois où je pouvais communier avec ma musique et transmettre cela aux gens.

Photo Pierre-Yves Calvat

Photo Pierre-Yves Calvat

Ces deux titres annoncent-ils un prochain chapitre collaboratif ?

C’est un rêve que je nourris depuis longtemps. J’adore les chansons, la Pop mais aussi plein d’autres musiques. Sans prétention et sans vouloir me mettre au niveau des références que j’ai, j’aimerais beaucoup faire un album un peu comme celui de Quincy Jones à l’époque. J’aimerais enregistrer un album collaboratif avec des artistes de tous genres musicaux afin de proposer un album qui pourrait visiter plein de genres et aborder plein de choses sans la pression que peuvent avoir les artistes Pop de devoir vendre beaucoup ; non pas que je n’ai pas envie de vendre mais quand on est détaché de ça, cela permet beaucoup de choses sur le plan artistique comme par exemple de faire un morceau qui dure seize minutes. J’ai cette très forte envie mais c’est un projet qui va mettre du temps à aboutir car réunir beaucoup de personnes, trouver l’inspiration et le temps, c’est compliqué mais je le ferai.

Comment expliquerais-tu l’éclectisme des artistes pour qui tu as œuvré ? Je pense notamment à MC Solaar et à Michel Jonasz.

Il y a un point commun entre tous ces artistes, ce sont des artistes que j’ai et que j’admire toujours. J’écoutais MC Solaar quand j’étais adolescent et je l’écoute toujours. Michel Jonasz est quelqu’un qui, pour moi, compte énormément dans la chanson Française car il a su intégrer des genres musicaux moins commerciaux dans un style que l’on appelle variété Française mais qui n’empêche absolument pas de produire de la qualité. J’ai beaucoup d’admiration pour tous les artistes avec qui j’ai collaboré.

Tes influences musicales ne sont donc pas essentiellement tournées vers le classique ?

Ce qui m’a attiré en premier a été le Jazz, par un hasard comme souvent dans la vie. Le premier disque que m’a offert mon père était un disque de Louis Armstrong et Ella Fitzgerald. J’ai dû écouter ce disque dix fois par jour. C’est devenu une telle obsession que j’ai étudié la trompette suite à la découverte de Louis Armstrong. A ce titre, j’étais un peu en décalage avec mes camarades de l’époque car j’écoutais moins Jean-Jacques Goldman que les autres même si je l’ai écouté ensuite. En France, lorsque l’on veut étudier la musique, on passe quand même souvent par un conservatoire et quand je m’y suis inscris un an après la découverte de cette passion, j’ai étudié la musique classique, sans l’avoir vraiment demandé mais j’ai appris à l’aimer. Dans cet album, non pas que je me revendique d’une école Française au même titre que des compositeurs comme Ravel, Debussy, Saint Saëns ou autres mais on peut dire que cela a été une grande influence pour moi. Je trouve que ces compositeurs ont beaucoup marqué les autres genres et d’ailleurs, les premiers artistes de Jazz se sont beaucoup inspirés de cette école et nous pouvons être fiers de ça, nous petits Français.

Photo Loïc Guilpain

Photo Loïc Guilpain

Dans la musique classique, peut-on dire que tu oscilles entre tradition de l’instrument et modernité ?

C’est une bonne question car lorsque nous avons voulu sortir cet album, la question du rayon dans lequel nous allions mettre ce disque s’est posée. C’est une question à laquelle j’ai beaucoup de mal à répondre à titre personnel parce que lorsque l’on fabrique de la musique, nous ne pensons pas en ces termes. Je ne me suis pas dit que j’allais faire un album de sonates classiques ou autres. Je dirai que cela a été envisagé un petit peu comme des chansons Pop avec des formats plutôt courts. Il n’y a pas des morceaux de quinze minutes comme on peut en retrouver dans le classique. Ma démarche est tout à fait classique dans la forme en ayant quand même une volonté de m’inscrire dans le présent afin d’être en phase avec la musique que j’écoute et celle qu’écoute les gens.

Quel est ton premier souvenir lié au piano ?

J’en ai beaucoup ! Il faut savoir que je suis autodidacte au piano alors que j’ai eu un parcours très traditionnel de trompettiste au conservatoire. La première fois que j’ai eu accès à un piano a été le jour où mon père a offert un piano droit à ma mère afin qu’elle puisse se remettre à étudier le piano. La pauvre, je ne lui ai pas beaucoup laissé l’occasion de pratiquer (rires). Je squattais toujours l’instrument, c’est devenu une passion mais je ne saurais pas expliquer pourquoi. Il y avait un jeu avec mon père qui, je pense, était content que j’ai cette passion et je me souviens avoir gagner mon premier argent de poche en ayant relevé un défi qu’il m’avait donné. Je devais improviser sur « Il Faudra Leur Dire » de Francis Cabrel et j’étais très fier d’avoir gagné mes dix francs.

Composer pour le cinéma, est-ce quelque chose qui pourrait t’intéresser ?

J’ai écrit la musique de « Razzia » le prochain film de Nabil Ayouch qui sortira au mois de mars. J’ai pu rencontrer Nabil grâce à mon album qui n’était pas sorti mais que j’avais diffusé auprès de quelques professionnels. Evidemment, composer pour le cinéma est un rêve pour moi. Cette musique a été pensée à travers des images qui m’ont beaucoup inspiré. Cela peut être des scènes complètement anodines de la vie quotidienne, des souvenirs de personnes ou de situations, cela part vraiment d’un univers visuel et elle a donc pour ambition d’évoquer à son tour des images aux auditeurs et le cinéma serait un aboutissement naturel de cette démarche pour moi. Par ailleurs, le cinéma est quand même beaucoup abreuvé de musiques Hollywoodiennes qui sont très bien faites mais qui peuvent perdre un peu parfois en authenticité et en délicatesse et je pense que les Européens ont du style et que nous avons notre carte à jouer.

Photo Nicolas Bozino

Photo Nicolas Bozino

Où aimerais-tu jouer les morceaux de « Quatre Vingt Huit » ?

L’an dernier, nous avons organisé un concert au Studio Davout et pour moi, c’était parfait. Nous avons accueilli un peu plus de 100 ou 150 personnes dans un climat assez restreint et pour moi, c’est génial car cela donne l’impression de s’adresser à chacun des auditeurs. Je pense que cette musique n’est pas adaptée à des très grandes salles. Elle se veut intimiste et si on se retrouve au 30èmerang et que l’on voit à peine les doigts ou les mécaniques du piano auxquelles je tiens beaucoup car je trouve ça beau en concert, si on est trop loin, si on ne se sent pas proche de la matière sonore, on perd quelque chose, je pense que l’on perd l’essentiel de cette musique. Pour cet album, j’imagine facilement les gens au casque se couper du monde, s’isoler et profiter vraiment de cette musique égoïstement. J’aimerais jouer dans des petits endroits, des petits théâtres voire des lieux atypiques mais de petites tailles.

Quels sont tes prochains projets pour 2018 ?

Je vais jouer mes morceaux au Centquatre le 13 février et depuis que j’ai annoncé la sortie de cet album, nous avons reçu quelques propositions pour jouer dans des festivals de piano ou de Jazz et je serais ravi d’y répondre ; cela sera probablement pour la fin de l’année 2018 et plutôt en 2019 afin de prendre le temps de monter un beau projet et ne pas faire les choses à la va-vite. Pour ce qui concerne les collaborations, je travaille avec Gaël Faye sur son prochain album et je travaille aussi sur le prochain album de Thomas Azier qui est également bien avancé. Je travaille toujours avec Ben Mazué qui me soutient beaucoup dans mes projets. Je dois dire que ce sont des amis avec lesquels j’ai vraiment plaisir à me retrouver. L’écriture de mon deuxième album est bien avancée et j’espère le sortir dans la foulée en 2019. Cela fait déjà une belle année bien remplie !

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