Rencontre avec Adrienne Pauly à l’occasion de son retour avec un nouvel album !

Pourquoi autant d’écart entre ton premier album paru en 2006 et « A Vos Amours » qui vient de sortir ?

Je me le demande bien ! J’aurais dû faire une formation de producteur de musique comme ça je me serais produite moi-même. J’écris les mots et avec eux me viennent les mélodies mais je ne sais pas faire la musique tout seule. Il m’a fallu le temps de trouver quelqu’un avec qui m’entendre, j’ai rencontré beaucoup de musiciens en France, en Belgique, à Los Angeles et même les Stranglers à Bath mais je dois dire que je n’arrivais pas à trouver une personne avec qui faire un disque en entier. Cet écart entre mes deux albums s’explique par le temps qu’il m’a fallu pour trouver mon frère d’arme.

As-tu pensé différemment ce second album ?

J’étais dans d’autres circonstances pour ce second album. Pour le premier, je n’étais rien du tout et j’essayais de donner un sens à ma vie. Remarquez, pour le deuxième, c’était un peu pareil à partir du moment où je n’avais plus de maison de disque. Je me suis retrouvée en face d’un système et je me suis confrontée à d’autres choses mais les chansons viennent toujours de la même façon. Elles sont là pour raconter des histoires et pour divertir. Ces chansons me viennent comme des soulagements. C’est un mélange d’amusement et de chansons pour guérir de ce monde sans pitié et de cette vie dure mais il ne manquerait plus qu’elle soit molle.

A une époque où tout s’enchaine très vite, après douze ans d’absence dans les bacs, n’avais-tu pas peur que le public ne soit pas au rendez-vous ?

J’ai moi-même essayé d’aller vite car dès que je suis sortie de scène, j’ai commencé à écrire ces chansons et après cela a été presque comme une blague car plus le temps a passé et plus j’en ai écrit et cela a été dur de faire le tri. Je n’ai pas eu peur que les gens m’oublient car les gens font leur vie donc forcément qu’ils m’oublient. Personne n’attend personne mais j’espère juste que ces nouvelles chansons toucheront des gens. Je n’ai pas pensé que l’on allait m’attendre, il fallait que j’aie quelque chose à dire, que cela ait un sens et que cela soit bien enregistré.

Te retrouve-t-on toi au détour de tes paroles ?

Comme elles viennent de moi, oui car je ne peux pas parler de ce que je ne connais pas. Je parle avec mon regard sur les choses et forcément, je parle un peu de moi mais l’idée est aussi de proposer des constructions, de la fiction, des petites scénettes donc on retrouve aussi des personnages dans mes chansons. J’espère que cet album n’est pas de l’ordre du journal intime et que des gens se retrouveront dans mes chansons car je fais vraiment cela pour parler aux gens et communier avec eux.

De quoi as-tu voulu parler sur « A Vos Amours » ?

En 2008, je suis sortie de scène un peu épuisée mais contente d’avoir fait ça car cela a été de très bons moments pour moi. J’ai ressenti comme une libération sur scène, j’y racontais mon cafard, le fait de se sentir nase dans la vie…La première chanson de mon nouvel album s’intitule « Tout Le Monde S’Eclate » et elle raconte l’histoire d’une fille qui arrive dans un lieu, elle a donné rendez-vous à un type dans une espèce de boite de nuit mais il n’est pas là. C’est un peu une illustration de ce qui se passe quand on sort de scène, la vie reprend ses droits et dès lors, c’est une nouvelle recherche afin de trouver quelqu’un avec qui être. J’ai rencontré Gaby Concato et c’est avec lui que j’ai fait des chansons mais aussi avec qui j’ai parlé et fait des blagues. Dans cet album, il y a un mec qui pète les plombs dans sa piaule dans la chanson « Comme Un Truc Qui Déconne », il y aussi un mec qui se pose des questions au coin d’un bar, « La Conne » exprime le fait que je voudrais pouvoir dire merde à tout le monde, ne penser qu’à ma gueule, ne pas avoir besoin des autres afin de me suffire à moi-même si je pense qu’on a besoin des autres dans la vie…Cet album parle de comment être avec l’autre quand on vit des amours passionnels.

Qui te donne la réplique sur « Chanson D’Am… » ?

Je me suis inspirée du film « American Graffiti » pour ce type qui fait un peu comme un DJ d’une vieille radio Américaine. C’est Cyril Atef qui joue ce rôle dans cette chanson. Cyril a été batteur de Matthieu Chedid et il a un projet musical qui s’appelle Bumcello. Cyril est musicien mais je trouve qu’il a une bonne voix. Cette chanson parle de comment composer entre rêve et réalité. On a envie de vivre l’amour mais sans vivre dans des clichés et des mensonges.

Quel titre de ton nouvel album représenterait le mieux la Adrienne Pauly de 2018 ?

Ces chansons sont là depuis huit ans même si quelques-unes sont plus nouvelles comme « Les Amours Passionnelles » que j’ai fait avec Gaby ou « La Bête Qui Est En Moi » ou « L’Excusemoihiste ». J’ai voulu faire un lien entre le premier disque, les premières chansons que j’ai écrites après et la suite. Même si toutes me représentent, je vais dire que pour le moment, c’est « L’Excusemoihiste » qui me représente bien car je m’excuse d’avoir pris tout ce temps mais j’ai vraiment fait comme j’ai pu avec mon manque de méthode et le fait que je ne sois pas producteur. Je suis juste une fille qui écrit des chansons.

Peux-tu nous parler du clip illustrant « L’Excusemoihiste » ?

J’ai tourné ce clip avec la réalisatrice Virginie Sauveur qui a œuvré notamment pour la série « Engrenages ». Nous nous sommes rencontrées par hasard grâce à Nicolas Boualami qui est un pote. Dans le clip, j’incarne une fille qui se fait larguer sur le bord d’une route peut-être parce qu’elle parle trop ou parce qu’elle n’arrive pas à se faire comprendre par la personne qui est en face. Elle a envie de se faire comprendre et cela a été aussi ma route pendant dix ans. Dans la vidéo, cette nana essaie de rentrer chez elle et elle va rencontrer notamment des pom-pom girls à une station essence. A la fin du clip, un mec se fait également dégager d’une voiture par sa copine. Parmi les comédiens présents, il y a Jacky Berroyer que j’avais rencontré sur un tournage de Mocky il y a vingt ans. Jacky est devenu un ami et il a même essayé de m’apprendre la guitare à un moment. Catherine Laborde interprète la coach des pom-pom girls, je la sentais bien en meneuse de revue. Avec son sourire doux et épanoui, elle a l’air moins névrosée que l’excusemoihiste (rires).

Tu as rendu hommage au groupe Rita Mitsouko sur scène en 2016 ; que représente ce groupe pour toi ?

J’ai adoré les Rita Mitsouko quand j’étais gosse. J’ai découvert grâce à eux ce que l’on pourrait appeler de la chanson réaliste. Les chansons des Rita Mitsouko sont simples et populaires. On y retrouve un côté passionné avec l’insolence de Catherine. Il y avait chez eux un mélange réjouissant de chanson Française et de Pop amenée par Fred Chichin qui avait un son particulier. J’aime beaucoup Catherine Ringer qui a un truc très cash, très populaire mais également de très racé. J’aime le mélange des genres et des émotions dans les chansons des Rita comme par exemple « Marcia Baila » qui parle de la vie et de la mort.

Vas-tu avoir des projets TV/cinéma en parallèle à ton retour à la musique ?

J’ai une idée de comédie d’humour noire très d’actualité. J’ai commencé l’écriture d’un synopsis et c’est quelque chose que j’aimerais bien faire mais je ne jouerai pas forcément dedans. J’espère avoir plein de projets car j’aime faire l’actrice, c’est une recréation par rapport aux chansons. On rentre dans l’univers d’un autre et on est en équipe. Je veux bien faire les grosses, les moches, les petites, tenir la perche car tout m’intéresse sur un tournage.

Est-ce que c’est la scène qui t’a le plus manqué ?

Oui, ça m’a beaucoup manqué car cela manque toujours de ne pas faire ce que l’on aime. Je suis contente de te voir également, c’est hyper sympa, tu m’interviewes, tu t’intéresses à ce que je fais et ça aussi ça m’a manqué. Le retour sur scène est prévu pour très bientôt, des dates sont déjà prévues  dès le 08 février à Massy et d’autres se profilent…Je vous donne rendez-vous à Paris le 19 mars à La Maroquinerie !