Rencontre avec le groupe The Rasmus lors de leur concert récent au Trabendo !

Diriez-vous que « Dark Matters » est un bon mélange entre tradition et modernité ?

Lauri : Oui, tu l’as bien dit. Cet album possède l’ADN reconnaissable de The Rasmus dans les mélodies et dans les paroles des chansons mais aussi des sonorités nouvelles. Nous avons essayé des choses mais si nous jouons les chansons de « Dark Matters » en acoustique, elles sonneront comme toutes les précédentes chansons de The Rasmus.

Quelles ont été vos envies sur ce neuvième album ?

Lauri : Nous prenons tous de l’âge dans le groupe et il est important que nos chansons racontent de vraies histoires et qu’il y ait de vraies expériences derrière nos paroles. Cinq ans se sont écoulés depuis notre précédent album, beaucoup de choses nous sont arrivées. Je dirais que c'est toujours bon car quand tu écris tes textes, cela nourrit ton écriture. Que ce soit des sentiments personnels, des souvenirs douloureux, des sujets sensibles, cela doit être sincère afin que cela ait du sens quand tu chantes ces chansons en live et pour que les gens puisent s’y reconnaitre.

Ce nouvel album est-il vraiment sombre ? Peut-être y a-t-il un décalage entre les paroles des chansons et les musiques…

Eero : C’est bien dit car d’une certaine façon, cet album n’est pas si sombre et le rythme de certains titres va dans ce sens. Il y a une partie plus dansante sur « Dark Matters ».

L : Oui, on secoue la tête sur certains morceaux qui sont assez nerveux. Précédemment, nous n’avions pas ça sur nos albums. C’est sympa d’être espiègle quand tu fais de la musique afin de ne pas te prendre trop au sérieux. En revanche, pour l’écriture des morceaux, c’est plus facile d’écrire sur des choses tristes ou déprimantes. Cela donne plus de sens.

De quoi parle votre nouveau single intitulé « Wonderman » ?

L : « Wonderman » parle d’un enfant qui a une grande imagination. Il a des problèmes à l’école et il est harcelé par d’autres élèves car il est un peu différent. C’est quelque chose que j’ai pu ressentir quand j’étais plus jeune même si maintenant, je suis plus sûr de moi et que je sais qui je suis. A l’école, je pense que nous étions très différents de ce que nous sommes aujourd’hui, nous avions des coupes de cheveux spéciales, nous faisions nos propres vêtements et nous étions un peu des rebelles. Cette chanson à une vraie connexion avec notre jeunesse.

« Wonderman » fait partie de la bande originale d’un film. Pouvez-vous nous en dire plus sur « Rendel » ?

E : « Rendel » est le premier film de super-héros Finlandais. J’ai travaillé sur ce film en tant qu’assistant réalisateur. « Rendel » a été imaginé et réalisé par Jesse Haaja que j’ai contacté après l’avoir vu en interview car je trouvais le projet intéressant. Nous avons tourné le film il y a deux ans et c’est pendant le tournage que j’ai réalisé que notre titre « Wonderman » serait bon pour la bande originale. Je l’ai fait écouter au réalisateur, il l’a tellement aimé qu’il l’a mis dans la B.O du film et il a même réalisé un clip pour cette chanson. Cela a été une très bonne collaboration.

Vous avez monté le groupe alors que vous étiez très jeunes. Comment expliqueriez-vous votre longévité et le fait de ne jamais vous ennuyer ? Quel est votre secret ?

L : Le principal est que chacun se sente bien et aime ce qu’il fait au sein du groupe. Quand il y a des tensions, on en parle tout simplement et on les surmonte. Avec Eero, nous nous sommes rencontrés quand nous avions 10 ans, nous sommes amis depuis près de 30 ans. Nous avons toujours été dans les mêmes classes puis dans les mêmes groupes. La base de tout est de bien se connaitre et de se respecter les uns les autres même si nous avons des personnalités différentes et que nous aimons des choses très différentes et cela inclus nos gouts musicaux. Plus le temps passe et plus on apprend de chacun. Même si maintenant, nous vivons tous dans des pays différents, nous sommes tous prêts à nous sacrifier pour le groupe. Par exemple, Eero étudie le cinéma en Australie et à cause de notre tournée, il a du prendre faire un break et rater les cours mais c’est important que chacun vive ses rêves et qu’on l’encourage dans ce sens. Pour ma part, je suis passionné d’architecture, j’ai construit quelques maisons et j’ai mon propre show à la télé en Finlande sur ce sujet.

Qu’est-ce que The Rasmus n’a pas encore essayé musicalement ? Avez-vous un rêve ou un projet qui n’aurait pas encore vu le jour ?

E : Nous n’avons pas encore essayé de mettre de l’accordéon dans notre musique mais après avoir entendu un accordéoniste dans le métro à Paris, cela nous tenterait bien. Si tu as des noms à nous donner, nous sommes preneurs et nous pourrions faire un featuring.

L : Nous avons fait quelques collaborations par le passé principalement avec des artistes Finlandais. Pour le moment, nous n’avons rien de planifier mais nous sommes toujours ouverts aux propositions. Cela serait très intéressant de collaborer avec quelqu’un qui vient d’un tout autre style musical. A vrai dire, quand on y pense, nous n’avons joué en Australie et comme Eero y vit maintenant, cela pourrait être un projet.

« In The Shadows » est votre plus gros succès international. Quand ce titre a cartonné dans les charts, cela a-t-il été une sorte de nouveau départ pour The Rasmus ?

L : Durant environ huit ans, nous avons joué uniquement en Finlande et cela nous a permis d’apprendre à gérer le succès, à prendre nos marques sur la route et de ce fait quand ce tube est arrivé dans nos vies, cela ne nous a pas fait perdre la tête. Nous avions envie d’avoir du succès à l’international et quand c’est enfin arrivé, nous avions près de 10 ans de pratique donc nous étions bien préparés. Je pense que le succès de « In The Shadows » est arrivé lorsque nous avions le bon âge car en dessous de 20 ans, tu changes d’avis tous les jours et nous avions enfin trouvé notre style sur cet album.

E : Je crois qu’un tube comme « In The Shadows » peut te détruire mais heureusement, nous avons survécu.

Lauri, tu as sorti un album solo en 2011 ; les chansons le composant étaient-elles différentes de celles de The Rasmus et prévois-tu de sortir un second album solo prochainement ?

L : Nous avons essayé de jouer certaines de ces chansons avec le groupe dans un premier temps mais elles étaient faites pour être jouées dans une veine électronique. J’aime des artistes comme Daft Punk et Björk et c’était sympa de faire un disque électronique qui était différent du style de The Rasmus. Ça a été une période créative puisque certaines des chansons pour le groupe sont nées durant ce temps-là. Je pense que plus tu es créatif et plus tu le deviens. Mon second album solo est déjà prêt, il est mastérisé mais il ne sortira pas tout de suite car nous venons de sortir « Dark Matters » et je me consacre actuellement à The Rasmus. Cet album attend le bon moment !

E : J’aime les chansons de Lauri et je pense que certaines en les arrangeant d’une autre façon iraient très bien pour The Rasmus. Je pense notamment à « Heavy ». Quoi qu’il en soit, j’aime écouter ce qu’il fait en solo.