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Le chanteur Nosfell vous présente son nouvel album !

Publié le par Steph Musicnation

© FRANCK LORIOU

© FRANCK LORIOU

Comment « Echo Zulu » diffère-t-il du reste de ta discographie ?

Pour moi, chaque disque est différent et je tiens à sortir d’une certaine zone de confort à chaque fois. Je ne suis vraiment pas du genre à capitaliser sur quelque chose qui aurait marché et même sans parler de succès, je ne table pas sur un dispositif créatif ou de créatique qui aurait fonctionné afin d’aller vers quelque chose d’autre. Ce nouvel album est un peu particulier car je le sens à la fois muri dans l’écriture et fragile en même temps car je parle de choses très intimes. J’ai eu envie de prendre le temps pour faire « Echo Zulu » afin de trouver la bonne matière.

Pourquoi avoir baptisé ce disque « Echo Zulu » ?

Echo Zulu était une incantation qui me permettait d’appeler mon frère imaginaire quand j’étais enfant. Originellement, cela vient de l’alphabet Alpha Zulu que l’on utilise beaucoup dans le milieu nautique. Quand j’étais gamin, Zulu était notre nom de code avec d’autres enfants dans la cité où j’habitais. Je pense que nous avions tous un rapport au langage. Pour ma part, le Français était ma langue maternelle, mon père était étranger car il était originaire du Maroc néanmoins mes parents parlaient Anglais entre eux, c’était un peu leur langue secrète. Mon père parlait sept langues et beaucoup de personnes de différentes nationalités venaient à la maison. Pour moi, le jardin secret est situé à l’endroit du langage et très jeune, j’ai été fasciné par les langages alternatifs dont l’alphabet Alpha Zulu. Je vois un peu « Echo Zulu » comme un préquel à tout ce que j’ai produit auparavant. Sans être dans une neuve langue, « Echo Zulu » est une sorte d’aboutissement de ce désir de créatique d’un autre langage qui serait de l’ordre de l’esprit et de la sensation.

Le chanteur Nosfell vous présente son nouvel album !

De quoi as-tu voulu parler sur cet album ?                

Il y a deux textes sur la guerre, il y a une chanson sur les problèmes de frontières dans le monde, il y a des choses intimes et d’autres plus ironiques. Je pense qu’il y a toujours une question de dualité dans mon travail depuis mes débuts. J’ai en moi une certaine crise identitaire que j’ai toujours cherché à emmener vers quelque chose de créatif, de positif et d’onirique. J’ai toujours résisté à une parole très concrète voire misérabiliste. Je dirais que dans les thèmes de l’album, on retrouve également des culpabilités modernes du quotidien. Durant le processus de création de cet album, j’ai beaucoup été frappé par les attentats et par tout ce qui en a découlé.

A qui dédierais-tu ce disque intime ?

Je dédie une partie de ce disque à mon vrai frère car nous ne communiquons plus ensemble depuis des années. C’est une manière de lui tendre la main. Dans le crédit du disque, je lui dis que j’espère le retrouver.

Comment définirais-tu le son d’« Echo Zulu » ?

Pour moi, c’est un album que j’ai voulu très brut. J’ai beaucoup parlé de ce que j’avais envie de transmettre avec Emiliano Turi le réalisateur de ce disque et ce qui nous est venu tout de suite à l’esprit a été de créer des arrangements très sobres avec très peu de couches de voix.

© FRANCK LORIOU

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Pourquoi avoir renoncé à ton envie de proposer un double album ?

Pour plein de raisons ! Effectivement, j’ai écrit plus de quarante chansons pour cet album et nous en avons retenu seulement douze dont un ghosttrack. J’ai monté mon propre label et faire un double album demande beaucoup de fonds même si j’essaie de ne jamais me laisser polluer par les problèmes financiers en trouvant toujours des solutions.  A force de travailler les chansons, cela m’est apparu plus évident de proposer un objet court plutôt qu’une grande fresque un peu trop mégalo par rapport aux sujets abordés.

Toi qui as déjà exploré beaucoup de choses dans ta carrière, quel prochain défi aimerais-tu relever ?

J’ai un peu participé à une musique de film et je pense que j’aimerais beaucoup retravailler à l’image ; moins dans le spectacle vivant et plus dans le cinéma. J’aimerais beaucoup réécrire pour des ballets car j’adore la danse. Je travaille actuellement sur une pièce musicale pour orchestre.

Il me semble que l’ombre de Prince plane sur ton nouvel album…Que représente ce grand artiste pour toi ?

C’est un peu malgré moi car j’ai écrit le titre « The Party » avant que Prince décède. Je fais partie de cette génération qui pendant très longtemps dans notre enfance, nous avons eu cinq disques à la maison et le « Diamond And Pearls » en faisait partie. Je connais cet album par cœur. J’ai retrouvé Prince plus tard dans mon parcours grâce à Raphaël Melki qui me suit depuis des années et j’ai appris que c’est Mr Prince, c’est une bible vivante qui est souvent sollicité en France pour parler de Prince. Je te dirais que Prince était notre maitre à tous, il jouait de tous les instruments, il dansait comme un Dieu, il arrivait à faire des sets de plusieurs heures et il a sorti plus de 40 albums.

© FRANCK LORIOU

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Peux-tu nous en dire plus sur « The Party » ?

Je ne prends absolument aucune drogue et je ne bois pas d’alcool mais j’ai vécu durant quelques temps une histoire d’amour avec une sorte de jumelle en creux. Elle était l’inverse de moi. Nous étions très accros au sexe et il nous est arrivé de nous retrouver dans des parties un peu…voilà quoi (rires). Je devais m’éclipser parfois car comme je ne prenais pas de drogues, j’avais l’impression d’être complètement décalé. J’étais un peu entre le looser et Maitre Yoda (rires). « The Party » raconte un peu cela.

As-tu des idées de scénographie pour tes prochains concerts ?

Cette espèce de dualité présente sur l’album sera retranscrite sur scène. Nous serons quatre sur le plateau. Emiliano Turi sera à la batterie et nous serons rejoints par deux formidables musiciens qui sont Frédéric Gastard et Vincent Brulin. Avec l’éclairagiste avec lequel je travaille depuis 12 ans maintenant, nous avons travaillé sur les paternes de l’alphabet Alpha Zulu car chaque lettre dispose d’un drapeau et d’un signe. Nous avons décliné ces symboles en essayant de les tirer vers nous. Ce qui me plait beaucoup dans le travail de Julien Bony, c’est qu’il est issu d’une famille de maitres verriers, lui-même fait beaucoup de vitraux et c’est quelque chose que j’ai toujours cultivé dans les scénographies. Cette fois ci, il a créé trois objets qui reprennent ce vocabulaire de lignes très franches et nous avons travaillé aussi sur un dispositif vidéo qui souligne juste des formes. Il y aura des lignes et des carrés de lumières. Nous travaillons beaucoup au couteau sur la scénographie.

Comment inviterais-tu nos lecteurs à découvrir « Echo Zulu » ?

En venant me voir sur scène ! Je dis depuis toujours que ce qui m’inspire est la musique populaire et je réfléchis toujours à transmettre quelque chose qui ne soit pas ni dans l’ère du temps ni dans une esthétique de l’archive. Pour moi, ce qui est le plus addictif est d’être sur scène, c’est là où le rapport s’établit.

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