Rencontre avec le comédien Vincent Marbeau pour en savoir plus sur la pièce « Derniers Remords Avant L’oubli » !
Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis né en région Parisienne mais j’ai grandi principalement à la campagne, en Sologne. Je suis comédien et metteur en scène, arrivé à Paris à 18 ans, j’ai été formé à l’atelier de théâtre Blanche Salant / Paul Weaver.
As-tu toujours évolué dans le milieu théâtral ?
Pas du tout et je te dirais même que ma famille est assez éloignée du théâtre étant plutôt musicienne. J’avais une grand-mère pianiste et de ce fait, j’ai plus des souvenirs musicaux que théâtraux. Peut-être ai-je voulu me démarquer en commençant le théâtre au lycée (rires).
As-tu eu un déclic pour monter sur les planches ?
Je ne pense pas avoir eu de déclic mais plutôt que cela vient de mes jeux d’enfants. Je viens d’une grande famille, beaucoup de cousins et cousines et nous nous amusions à faire des spectacles tous ensemble.
Tu n’aurais pas été comédien ; te serais-tu destiné à autre chose ?
Très rapidement, je me suis aperçu que j’étais intéressé par le fait de devenir comédien et d’évoluer au théâtre car le système scolaire n’était pas trop fait pour moi. J’étais toutefois assez bon élève mais je m’ennuyais beaucoup et il n’y avait pas grand-chose qui me passionnait hormis le théâtre.
As-tu un genre de prédilection ?
Non car j’aime vraiment tous les styles à partir du moment où le texte et le personnage sont intéressants. Que ce soit en comédie ou en pièces plus dramatiques, c’est vraiment la rencontre avec le personnage mais aussi avec le texte qui m’intéresse le plus.
Quel est le pitch de « Derniers Remords Avant L’Oubli » ?
C’est l’histoire de deux hommes et d’une femme qui se sont aimés et qui ont fait un ménage à trois. Ils ont acheté une maison en commun à la campagne pour y vivre leurs amours puis se sont séparés. Pierre, mon personnage, y vit toujours, seul. Hélène et Paul ont refait leur vie chacun de leur côté... Ils se revoient des années après s’être séparés pour débattre de la vente de cette maison mais aussi pour faire le point et régler leurs comptes.
Qui est Pierre ton personnage ?
Pierre est l’homme qui a été abandonné par les deux autres qui sont partis ensemble. Pierre est resté seul dans cette maison et il n’a pas beaucoup changé depuis cette séparation. Il est resté fidèle à ses idéaux et à ce qu’il était quand il était jeune par rapport aux deux autres qui ont changé. Pierre a gardé une grande solitude en lui. C’est un personnage cynique et ironique qui cherche à dissimuler sa tristesse et ses blessures à vif.
Avez-vous des points communs ?
(Rires). Oui, forcément car si j’ai choisi cette pièce et ce personnage, c’est parce que je me suis retrouvé dans certains traits de caractères de Pierre mais je pense que l’on peut tous se retrouver dans des traits de caractère des personnages de cette pièce. Comme lui j’ai tendance à dissimuler ma tristesse et mes blessures derrière l’humour.
Qu’est-ce qui t’a attiré dans cette pièce de Jean-Luc Lagarce ?
C’est abord Lagarce qui m’a attiré. Je l’ai découvert en 2009 en allant voir « Music-Hall » l’une de ses pièces qui était jouée par Fanny Ardant et j’ai immédiatement été fasciné par le style, les thèmes abordés et par la langue qu’il a su créer. J’ai très vite dévoré toute son œuvre et « Derniers Remords Avant L’Oubli » m’a « sauté dessus » et a eu une résonance très forte en moi. Même si l’esprit Mai 68 est très marqué dans cette pièce, je me suis retrouvé dans cette difficulté qu’ont les personnages à communiquer ensemble. Je trouve que cela parle vraiment à ma génération notamment avec les moyens sociaux. Nous avons plein de moyens de communication mais nous n’arrivons pas à nous dire les choses et cela pose beaucoup de problèmes et de malentendus. Nous n’arrivons plus à communiquer et j’espère réussir à éveiller quelques consciences grâce à cette pièce.
En plus d’être comédien, tu en es aussi le metteur en scène. Quelle a été ton intention en remontant cette pièce ?
Mon intention était de vraiment faire résonner les thèmes et ce que moi j’avais entendu en la lisant. Je voulais l’axer plus sur les difficultés de communication qu’ils ont tous et c’est pour cela que j’ai choisi un décor épuré. Je voulais faire résonner le texte et les enjeux pour que l’on puisse vraiment se projeter dans les personnages. Je voulais que les spectateurs rentrent vraiment dans ce huit clos qui est parfois étouffant.
Quelle en serait la force selon toi ?
Cette pièce arrive à toucher quelque chose de profond et de très sensible en nous. Elle va droit au but. Elle arrive vraiment à toucher les gens. Les personnages sont à la fois détestables et terriblement touchants.
Quel en est l’avenir ? As-tu d’autres projets au théâtre dans les prochains mois ?
Nous terminons nos représentations au Brady ce weekend et ensuite, nous nous lançons dans le théâtre d’appartement. Nous allons jouer chez des gens qui nous ont invités à jouer chez eux devant leurs invités. C’est une expérience très riche pour échanger avec le public. J’espère que nous allons rejouer cette pièce prochainement dans un autre théâtre. Je répète une pièce d’Agatha Christie que nous allons présenter au festival d’Avignon en off l’été prochain mais il y aura également un showcase à Paris le 28 mai prochain au théâtre du Ranelagh. En parallèle, je mets en scène la comédienne Betty Pelissou dans l’adaptation du « Dernier Jour D’Un Condamné » de Victor Hugo qu’elle va jouer à partir du 23 mars au Théâtre La Croisée des Chemins à Paris.
Derniers remords avant l'oubli (Théâtre contemporain) au Cinéma Paris - Le Brady
Les séances de Derniers remords avant l'oubli (Théâtre contemporain) (2016) au Cinéma Paris - Le Brady