Quatrième interview Le Cirque Le Roux : Rencontre avec Yannick Thomas !

Peux-tu te présenter à nos lecteurs et nous en dire plus sur ton parcours ?

Je m’appelle Yannick Thomas, je suis circassien et je joue le personnage de John Barrick dans le spectacle « The Elephant In The Room ». Pour te résumer un peu mon parcours cirque, je te dirais que j’ai commencé dans une petite école de loisir dans les landes lorsque j’y suis arrivé à 8 ans alors que d’autres auraient opté pour le surf ou le rugby. J’ai accroché directement et en rentrant chez moi, j’ai dit à mes parents que je voulais travailler dans le cirque plus tard. Dans cette école, quelques années plus tard, j’ai rencontré Gregory Arsenal qui incarne Jeune Bouchon. Par la suite,j’ai trouvé un lycée qui proposait une option cirque comme un sport étude et j’y ai rencontré Lolita qui incarne Miss Betty. Je suis parti ensuite rejoindre Greg à l’Ecole Nationale du Cirque de Montréal afin de travailler ensemble et j’y ai rencontré Philip Rosenberg qui incarne Mister Chance. Nous sommes sortis de l’école en 2009. J’ai dû m’arrêter un certain temps à cause d’une hernie discale. Ensuite, nous avons participé au Festival Du Cirque De Demain en janvier 2010, nous avons gagné une médaille de bronze et nous avons beaucoup travaillé en Allemagne mais aussi en Amérique Du Nord avec Les 7 Doigts De La Main. De fil en aiguille, nous avons voulu développer notre propre spectacle mais nous avons fait le choix d’acquérir le plus d’expérience possible dans des cabarets, dans des cirques traditionnels ou dans des spectacles plus modernes.

Qu’est-ce que « The Elephant In The Room » ?

C’est un spectacle que nous avons créé en voulant vraiment regrouper tous les types de spectacles et de publics que nous avons pu rencontrer dans notre carrière jusqu’à maintenant. Pour nous, c’était très important de mélanger tout cela. Nous avons décidé de ne pas monter une compagnie en sortant de l’école du cirque afin de d’abord faire nos armes dans tous les styles. Notre envie première avec « The Elephant In The Room » était de mettre tout ce dont nous avions envie en tenant compte de pouvoir toucher un maximum de personnes. C’est pour cela que vous pouvez y retrouver du music-hall, du cabaret, des numéros traditionnels et des moments plus théâtraux. Nous avions envie de proposer une vraie histoire dans un univers esthétique qui puisse plaire tout autant au jeune public qu’aux adultes.

Qui est ton personnage ?

J’incarne John Barrick qui est le mari de Miss Betty. Le spectacle commence durant la fête de leur nuit de noce. J’ai un personnage très imposant mais très attendrissant d’un autre côté car il se fait assez malmener par sa jeune épouse. Nous trouvions cela drôle de jouer là-dessus tout en sachant que je fais 1m93 et que Lolita fait 1m54. Au fur et à mesure de l’histoire, il nous arrive à moi comme aux autres des péripéties mais je n’en dirais pas plus, il faut venir nous voir pour les découvrir.

Comment se sont rencontrés Miss Betty et John Barrick selon toi ?

Miss Betty ayant déjà été mariée plusieurs fois et cherchant toujours un homme plutôt riche à marier, ils se sont forcément rencontrés dans des soirées mondaines.

Est-ce un avantage de jouer en couple à la ville comme à la scène ?

Avant de travailler ensemble, nous avons vécu séparément durant trois ans et c’était très dur. Nous nous voyions au maximum un jour par semaine et parfois, il se passait un mois sans que l’on puisse se voir. A l’époque, je travaillais encore beaucoup au Canada et Lolita en Europe. Comme nous avons eu un enfant, nous avons envie de travailler tous les deux et de pouvoir l’élever ensemble. Peut-être que plus tard, nous travaillerons séparément sur de courtes périodes mais c’est un vrai plaisir de pouvoir travailler main dans la main.

Comment nous présenterais-tu Lolita en termes artistiques ?

C’est une acrobate qui a une présence scénique très forte. Nous, les trois garçons, avons la même formation et Lolita qui a fait l’ESAC a reçu une autre formation et cela permettait de faire un contrepoint dans le spectacle. C’était bien aussi d’avoir une fille entre trois coqs (rires).

Comment est venue l’idée d’intégrer un élément féminin dans votre trio ?

Lolita avait déjà une compagnie et un autre partenaire mais elle a dû arrêter suite à une maladie. Nous lui avons proposé de rejoindre le projet et comme nous avions l’envie d’avoir un enfant, nous avons monté le spectacle de telle façon que si elle avait des crises de polyarthrite, nous pouvions continuer à le jouer sans qu’elle ne fasse d’acrobaties mais heureusement, elle va beaucoup mieux. 

Tes capacités physiques sont impressionnantes. Quel entrainement impliquent-elles ?

On m’appelait croque-maïs dans les landes (rires). Nous avons tous fait de longues années en école de cirque avec de longs entraînements très poussés. Tous les jours, nous avions par exemple des séances de musculation et d’étirements. Au jour d’aujourd’hui, approchant la trentaine, en tant qu’acrobates, nous basculons lentement dans la catégorie des vieux. Jusqu’à maintenant, j’ai eu la chance de ne pas avoir à m’entraîner tous les jours et pouvoir reprendre normalement après une semaine d’arrêt mais je commence à reprendre tous mes vieux exercices d’école avant chaque spectacle car cela commence à tirer sur le corps. Je te dirais que maintenant la préparation physique n’est plus le fait de soulever des poids de 100 kilos mais plus de faire des petits exercices de renforcement musculaire afin de préparer mon corps et renforcer mes nombreuses blessures.

Que mettrais-tu en avant dans « The Elephant In The Room » ?

Moi ! (Rires). Ce que je mettrais en avant serait vraiment le mélange des styles. Nous sommes tous des cinéphiles, je crois que les gens peuvent regarder le spectacle comme s’ils regardaient un film et je pense que c’est une force.

Comment décrirais-tu tes deux partenaires masculins ?

Ce sont des bosseurs acharnés. Sans eux, le spectacle n’aurait pas cette tête-là. Comme nous avons eu un enfant avec Lolita, il y a un tas de choses dont nous n’avons pas pu nous occuper et Greg et Phil ont travaillé dessus de A à Z en prenant le temps de parler avec nous. Ils nous ont permis d’avoir un enfant pendant que nous démarions notre compagnie et un spectacle et on ne les remerciera jamais assez.

Tu verrais-tu enseigner ton art ?

Oui bien sûr et il y a de grandes chances que nous finissions ainsi car au bout d’un moment le corps fatigue. Nous avons déjà donné des cours et c’est quelque chose qui nous intéresse vraiment mais pour le moment, je ne suis pas encore assez bon pédagogue pour le faire à l’année longue.

Comment inviterais-tu nos lecteurs à venir vous découvrir à Bobino ?

S’ils veulent voir quelque chose qu’ils n’ont jamais vu, il faut venir nous voir !