Rencontre avec Teki Latex et DJ Orgasmic à l’occasion de la sortie du cinquième volume de la collection Sound Pellegrimo !

Le rendez-vous était pris dans les locaux Parisiens d’Universal afin de rencontrer ces deux passionnés de musique qui ont élevé la culture électronique à de l’art. Les deux artistes viennent de dévoiler le cinquième volet de la collection Sound Pellegrino et ils nous en disent plus.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Teki Latex, l’un des fondateurs du label Sound Pellegrino, je suis DJ et j’ai eu plusieurs vies musicales par le passé. Aujourd’hui, mon job est avant tout de sélectionner de la musique, soit à travers mes DJ sets soit à travers le label dont je m’occupe avec mon collègue DJ Orgasmic, soit à travers une émission de télévision que j’ai sur Dailymotion tous les vendredis et dans laquelle je sélectionne deux DJs qui viennent faire des DJ sets et qui s’appelle Overdrive Infinity. Je suis une sorte de curateur de choses liées à la culture club. J’organise de temps des temps des soirées également. DJ Orgasmic s’occupe de Sound Pellegrino avec moi et il est DJ aussi, il était déjà le DJ du groupe TTC que nous avions ensemble et qui s’est arrêté aux alentours de 2007.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

On s’est rencontrés sur les pistes de ski, il y a plus de 20 ans. C’était une époque où le rap était moins populaire qu’aujourd’hui et il suffisait d’avoir un t-shirt Public Enemy pour que cela crée une conversation. Nous nous étions rendu compte que nous étions les deux seules personnes dans ce village de sports d’hiver qui écoutaient du rap. C’est ainsi que la conversation a commencé. A l’époque, j’étais dans un groupe de rap mais un truc de lycée et complètement amateur, Orgasmic s’est mis aux platines peu de temps après et on est restés potes, on a travaillé ensemble tout en découvrant pas mal de musiques et nous avons une carrière commune qui dure jusqu’à aujourd’hui. Nous avons fondé Sound Pellegrino il y a bientôt 7 ans et c’est notre dernier bébé mais avant cela, il y a eu de nombreuses années de collaborations.

Que sont les compilations Sound Pellegrino ?

Les compilations Sound Pellegrino sont devenues le point de rendez-vous constant du label. On sort des maxis de manière irrégulière, le premier véritable album d’artiste du label va sortir cette année mais les compilations au final sont devenues un rendez-vous récurant du label et c’est ce qui nous permet de sortir nos coups de cœur le plus rapidement possible. Les quatre premières avaient des thématiques : la première était un peu un tour du monde de nos découvertes du moment, la deuxième était centrée sur les collaborations entre deux artistes qui ne venaient pas forcément de la même scène musicale, la troisième était composée de morceaux uniquement rythmiques et très basée sur le concept de DJ Tool, à savoir des morceaux faits pour être superposés à d’autres morceaux et la quatrième était un peu le négatif de la précédente, c’était le même principe mais basé sur les mélodies, une sorte de réflexion sur la manière de se réapproprier la mélodie en musiques électroniques.

Quel était votre intention sur le volume 5 ?

Nous voulions proposer quelque chose d’un peu différent avec un CD mixé, fait réellement pour être découvert sous forme de mix. Nous avons demandé des morceaux sur mesure aux gens de notre entourage, nous leur avons demandé des morceaux très dépouillés comme des sortes de briques qui allaient nous permettre de construire ce CD mixé. Nous avons l’habitude de faire beaucoup de mixes car nous avons une émission de radio un mardi sur deux sur Rinse FR qui est une webradio vraiment super. On fait régulièrement des mixes notamment pour en mettre sur Soundcloud et puis j’ai mon émission de DJ. Une fois tous les deux mois, un mixe sort en plus de ces émissions que nous pouvons faire mais ils sont créés en piochant dans notre culture musicale comme on le fait en clubs quand on joue mais cette fois ci, c’était intéressant pour nous de demander des morceaux sur mesure. On a conçu ce mix comme un assemblage de morceaux dont on a à peu près décidé du contenu, on a commandé ces morceaux pour que chacun remplisse une fonction. Quand on sentait que dans la sélection que l’on recevait, il manquait un certain Bpm qui soit plutôt mélodique pour aller avec quelque chose de plus percussif, on le demandait pour qu’on puisse superposer les morceaux, c’était une sorte de jeu de Lego sauf que pour une fois, au lieu de jouer avec des pièces qui étaient déjà sur le marché, on a demandé à nos artistes de créer des pièces sur mesure. Cela donne une unité à la compilation, c’est une espèce d’œuvre globale encore plus que d’habitude.

DJ Orgasmic, tu as créé un morceau sur ce volume 5, peux-tu nous parler de Bercy ?

Je me suis un peu adapté, on manquait de morceaux, nous voulions que la fin du mix soit à 140 Bpm car de toute manière dans nos mixes, il y a toujours un changement de tempo, ils ont tendance à s’accélérer vers la fin. Le choix du Bpm de mon morceau a été en réaction avec ce que nous avions déjà. Je te dirais même que finalement nous avons eu un peu plus de morceaux que ceux que nous avons utilisés dans la compil’ et qu’on a fait du tri à la fin même lorsque nous étions en train de concevoir le mix.

Comment se crée une compilation de ce genre ? Comment l’avez-vous mixée à deux ?

On a regardé nos dernières trouvailles en termes de petits producteurs qu’ils soient Américains, Français, Anglais ou du monde entier. C’est une scène où les gens sont assez accessibles et donc on finit par se parler et devenir proches. On s’est demandé ce qu’on aimait à l’heure d’aujourd’hui et on s’est dit qu’on allait contacter untel ou untel en fonction de leurs spécialités pour notre compilation. Comme ce sont des artistes que nous jouons dans nos sets, on sait déjà que ça colle car ce sont des gens dont nous avons l’habitude de mélanger la musique. On connait bien nos ingrédients comme de bons chefs cuisiniers ! Pour ce qui est de la partie mixée, nous l’avons mixée en live à trois platines car nous jouons souvent ainsi afin de superposer des couches nous-mêmes. Ça nous a pris deux après-midi, le premier jour étant la sélection du mix et puis le jour J où l’on a enregistré. Cela a été fait de manière organique, ce n’est pas un mix fait par ordinateur, il a vraiment été fait à la main et dans les conditions du club. C’est une bonne introduction à ce que nous pouvons faire dans un club même si quand on mixe devant un public, nous ne mixons pas que des morceaux inédits de Sound Pellegrino bien évidemment mais en termes de texture sonore et de façon de mixer, c’est assez fidèle à ce que l’on fait tous les week-ends quand on mixe dans les clubs.

Comment est venu le choix du nom Sound Pellegrino ?

Un nom, ça te suit pendant des années et des années, sans que tu y aies réfléchi au moment où tu l’as choisi (rires) ! A la base, c’est tout bête, on consommait beaucoup d’eau pétillante et on trouvait que l’aspect pétillant et effervescent de la musique nous inspirait et c’est pour cela que nous avons voulu y faire un clin d’œil.

Avez-vous toujours évolué dans le milieu de la house et de l’electro ?

Non, nous étions dans un groupe rap durant 10 ans, avant de monter Sound Pellegrino. Orgasmic était le DJ et j’étais pour ma part rappeur. Déjà à l’époque de TTC, nous étions le groupe de rap qui s’intéressait à la musique électronique. Il y avait déjà une volonté de faire des rencontres musicales entre rap et electro puisque l’on part du principe que ces deux courants musicaux sont à peu près la même chose. C’est un peu notre direction depuis le début.

Quel serait votre coup de cœur à chacun sur ce nouveau volet ?

Dj Orgasmic : Je pense que le track que je joue le plus est celui de Feadz & Douster car je joue pas mal d’afrobeat et cela se marie plutôt bien avec. C’est un track d’afrobeat fait par des Européens mais avec un côté techno plus expérimental. Je ne sais pas si c’est mon préféré mais c’est en tout cas celui que j’utilise le plus.

Teki : L’un des tracks qui se détache le plus dans la compil’ pour moi est celui de Le Dom, il s’appelle Bayern, il mêle des influences des bases de l’electro de Détroit comme le groupe Drexciya et de la musique grime Anglaise qui est une évolution du garage. Ce sont deux styles qui apparemment n’avaient pas lieu de se rencontrer et qui le font dans la musique de Le Dom qui est Français. C’est très intéressant de voir comment ces musiques s’entremêlent entre les mains de la jeune génération. Il a réussi à faire quelque chose de complètement nouveau et de très rafraichissant.

Une soirée live est-elle prévue ?

Nous avons fait récemment une release party au Showcase à Paris et quelques dates vont accompagner la sortie du disque notamment à Lyon. Le 27 janvier, nous jouerons avec d’autres DJs dans le sous-sol du Generator Hostel Paris lors d’une soirée qui sera retransmise en live sur Internet dans le cadre de l’émission Boiler Room. C’est une émission Anglaise qui, au même titre que mon émission Overdrive Infinity, présente des DJs et elle a lieu dans le monde entier et on peut dire que c’est la plus connue dans ce domaine-là. Cette soirée va être un gros événement et pour y participer, il faut s’inscrire sur le site de Boiler Room, les places seront très limitées !

Quels sont vos autres projets en 2016 ?

Le gros projet dont il faut parler est la sortie de l’album de Matthias Zimmermann qui est un artiste Allemand signé sur Sound Pellegrino depuis plusieurs années, c’est enfin la sortie de son album et c’est aussi le premier album en 7 ans d’existence à sortir sur le label, il était temps. Ça va être un album superbe avec des featurings vocaux, des morceaux beaucoup plus techno, un album de musiques électroniques qui met aussi bien un pied dans la techno ultra pointue que dans la pop beaucoup plus radiophonique. Tout ceci servi par une palette de sons uniques à Matthias Zimmermann.