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Rencontre avec la comédienne Ornella Petit à l’affiche de l’opérette La Veuve Choufleuri !

Publié le par Steph Musicnation

Rencontre avec la comédienne Ornella Petit à l’affiche de l’opérette La Veuve Choufleuri !

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Ornella, je suis comédienne ; après un bac ES, j’ai intégré le Cours Florent où j’y ai suivi en 3 ans le cursus de formation de l'acteur ainsi qu'une formation supplémentaire de comédie musicale, la dernière année. J’ai pris des cours de chant lyrique pendant cinq ans lorsque j’étais au collège et je dirais que le théâtre me passionne depuis toujours.

Etre comédienne a-t-il toujours été une vocation ?

Oui et depuis toute petite ! Mes parents ont encore de films de moi où je chantais déjà à tue tête en permanence alors que je n’avais que 3-4 ans. J’avais l'album d’Hélène Rollès et je connaissais toutes les chansons par cœur, ma grand-mère s’en souvient encore parce que je les lui chantais à chaque noël dans son salon (rires). J’avais déjà cette envie de me mettre en scène et mes parents m’ont offert un jouet Playschool qui permettait de s’enregistrer avec un gros micro jaune en plastique, je jouais avec à longueur de temps et je me réenregistrais. J’ai toujours aimé jouer, inventer des histoires, j’étais des dizaines de personnages en même temps. Je pense que c’était nécessaire pour moi d’être comédienne. J’ai besoin de sentir que je divertis les gens et que je leur permets de passer un bon moment, c’est ainsi que je me sens un peu utile en quelque sorte.

Photo Lucie Sassiat

Photo Lucie Sassiat

Quel a été ton parcours artistique ?

J’ai commencé le théâtre quand j’étais au collège, j’ai rejoint la troupe amateur Envie Théâtre qui m’a vraiment lancée dans cette voie. J’ai voulu me consacrer à mes études, je n’ai pas fait de théâtre durant ma seconde et puis en première, j’ai intégré le Cours Florent dans des ateliers jeunesse pendant deux ans jusqu’à l'obtention du Bac. En parallèle à une fac d’Anglais, je suis rentrée au Cours Florent en formation professionnelle. Je suis partie à Los Angeles pour faire un stage de caméra dans la prestigieuse American Academy Of Dramatic Arts, cela a été très enrichissant pour moi. Au Cours Florent on travaillait surtout le théâtre, la scène, le jeu scénique ; l'apprentissage du jeu à la caméra était alors optionnel dans l'école. J’ai fait un peu de danse durant ma formation comédie musicale mais je reste meilleure à danser à l'instinct avec de la folie plutôt qu'avec une chorégraphie imposée où je manquerais cruellement de précision et disons-le, de talent. En plus de tout cela, j’ai fait du chant et je dois dire qu’au final tout s’est enchaîné sans jamais s’arrêter.

Peux-tu nous présenter le spectacle La Veuve Choufleuri ?

C’est l’histoire d’une dingo qui doit faire une réception pour garder la face et pour son petit égo à elle, car depuis le décès de son mari, elle n’a plus qu’une seule raison de vivre : c’est d’être la grande dame de Paris. Tout tourne mal, ses chanteurs célèbres, embauchés pour l'occasion, lui posent un lapin au dernier moment. Elle n’a plus personne qui lui permettrait d'en mettre pleins les yeux à ses invités huppés lorsque l’amant de sa fille lui tombe dans les bras en lui proposant une solution en or et ensemble , ils vont se faire passer pour ces trois chanteurs Italiens et cela va devenir une aventure comique et complètement improbable jusqu’à la fin du spectacle. C’est super déjanté. Dingo est vraiment le mot qui représente l’univers du spectacle La Veuve Choufleuri, tout est fou et rien n’a de sens, et moins ça a de sens et plus c’est drôle sans sombrer dans Le Rhinocéros de Ionesco absurde à s'y perdre alors que dans La Veuve Choufleuri, il y a quand même un fil conducteur et je pense que l’on ne perd jamais vraiment la trame de l’histoire.

Photo Patrice B

Photo Patrice B

Qui est Mme Choufleuri ?

Mme Choufleuri est une personne éperdument amoureuse de son défunt mari, elle aime faire la fête, profiter sans modération de la bonne bouffe et du bon vin. Tout le monde doit savoir qu'elle vit dans l'opulence, qu’elle ne manque de rien et pourtant il lui manque un petit quelque chose : cette espèce d’image de star dont elle a toujours rêvé secrètement. Je pense qu'elle aime profondément sa fille mais elle est tellement maladroite qu’elle va faire preuve d’une grande brutalité. Elle ne saura ni embrasser ni cajoler quelqu’un sans tomber dans l’humour car toutes ces marques d’affection la dérange. Elle a peur de se dévoiler et de montrer d'éventuelles faiblesses. Je pense que c’est d’abord une personne remplie d’amour qui est dans le deuil même si on n’en parle très peu au cours de la pièce. Elle vit la perte de son mari à travers une folie qui lui permet de garder la tête hors de l’eau. Cette réception et ses invités sont un peu son moteur pour rester vivante.

Comment la définirais-tu, toi qui l’interprète ?

Cela revient à tout ce que je viens de dire ; pour moi, elle est très tendre mais elle ne le montrera jamais ou sinon elle va immédiatement s’égarer dans une démonstration d’humour ou de violence dans le but d'atténuer cela. Je pense que quand elle aime, elle ne compte pas. Elle vit pour voir qu’on l’aime tout simplement même si cela passe par des artifices (des cotillons comme elle dit au début de la pièce). Ce n’est pas une personne facile, ni bien maligne, elle est profondément brutale et maladroite.

Quelle dimension lui donnes-tu ? As-tu eu des inspirations pour ce rôle ?

C’est très bête mais je dirais toutes les méchantes de Disney, dans ces univers grandiloquents, très Broadway, sont inspirantes. Elles ont marqué mon enfance. Le côté décharné de Medusa dans Bernard et Bianca m’a pas toujours interloquée, elle est toute maigre, contrairement à moi, mais hyper désarticulée et elle fait des choses assez étonnantes avec son corps. Elle me dégoûte autant qu'elle m'impressionne. Alexandre Bussereau m’a dit qu’il fallait que je « m’en foute de mon corps » et que je fasse n’importe quoi avec mes bras et mes jambes et que ça donnerait une dimension tout autre au personnage. Ce qui est vrai. Je n’ai pas cherché à m’inspirer ailleurs car j’avais l’image de la première comédienne qui avait joué la veuve et qui pour moi était un monstre de talent, elle aussi se moque du regard des autres ; elle était harmonieuse dans sa disharmonie et je trouvais ça fantastique. Je me suis dit qu’il fallait que j’arrive à faire aussi bien voir mieux, en y mettant ma patte.

Photo Ophélie Delize

Photo Ophélie Delize

Qu’est ce qui t’a séduite dans la pièce ?

Quand j’étais au Cours Florent, La Veuve Choufleuri était un projet de fin d’études monté en bout de troisième année pour clore notre formation, je n’étais pas dedans mais je connaissais des comédiens qui y jouaient notamment Alex avec qui je travaillais sur le Rocky Horror Picture Show. Le projet s’est joué, cela s’est très bien passé et ça a été un joli succès. La comédienne qui jouait La Veuve a été prise au conservatoire et le projet a été arrêté en attendant de trouver sa remplaçante. Deux ans après, Alexandre Busserau, Romane Coumes, Anthony Fernandes et moi-même nous sommes retrouvés dans West Side Sorry de Cléo Dangoin. J'y jouais la concierge d’un immeuble, quelqu’un qui fait son job et qui ne veut pas qu’on lui parle, très réservé et timide. Ils ont trouvé qu’il y avait une étrangeté en moi et un pouvoir comique quand on jouait cette pièce tous les quatre et ils m’ont proposé le rôle de la veuve. Ca a été une offre en or pour moi et j’ai dit oui immédiatement. J’ai été séduite par cet univers décalé, ce décor incroyable où tout est mesuré dans le détail jusqu’au moindre chandelier ; c’est très riche et coloré, il y a de la musique partout, l’histoire pas commune du caribou… J’ai senti que ça allait être une belle aventure et qu’ils me faisaient confiance. Ce n’est pas tous les jours qu’on vous offre un rôle de cette envergure et j’avais envie de leur plaire et de les satisfaire.

Si je te dis qu’en te voyant jouer sur scène, j’ai pensé à Armelle mais aussi à Catherine Ringer, que me réponds-tu ?

Wouah, merci, c’est plutôt génial ! J’ai un prof qui m’avait dit que je lui faisais penser à Jacqueline Maillan mais là, Catherine Ringer c’est vraiment top surtout que récemment j’ai entendu sa fille Simone chanter avec son groupe Minuit et je me suis dit qu’elle envoyait du lourd. Je suis très touchée par ce compliment. J’aimerais laisser une marque qui soit différente, je suis de toute façon différente dans mon genre, dans mon physique, je ne peux pas y échapper et tant mieux si on fait référence à des personnes comme Armelle et Catherine Ringer qui sont originales et un peu hors normes. Je ne peux recevoir cela qu’avec beaucoup de gratitude.

Photo Stéphane P

Photo Stéphane P

Quel est ton genre théâtral de prédilection ?

En tant que spectatrice, je dirais que franchement je n’en ai pas, j’aime que ça me touche et que ça me parle. L’une de mes pièces favorites a été Cyrano De Bergerac à La Comédie Française. A treize ans, je voulais être journaliste, c’était ma bouée de sauvetage, à côté de ma vie de comédienne. J'avais tout envisagé comme ça. J’avais assisté avec l’école à une représentation de Cyrano avec Michel Vuillermoz, qui m’avait tellement happée par son jeu et son charme, que je l’ai contacté via son agent après avoir farfouillé des heures sur internet. Deux mois après, Michel Vuillermoz m’a appelé en personne en me proposant un rendez-vous à Paris pour que je puisse l'interviewer, mais mes parents ne voulaient pas que j’aille à Paris seule, ça ne s’est jamais fait. Mais j’ai toujours cette idée en tête qu’un jour je retournerais le voir et lui rappellerai cette anecdote. Ma pièce préférée est Lucrèce Borgia de Victor Hugo mais malgré tout je pense que j’ai la plus grande satisfaction quand je rigole de bout en bout en allant au théâtre. J’ai vu il y a deux ans Thé A LA Menthe Ou T’Es Citron et j’avais mal au ventre tellement je riais mais ça faisait un bien fou ! En tant qu’actrice, j’aime tous les genres mais je pense que ma vitamine D à moi se fixe par les sourires. Les gens ont tendance à rire en allant voir des comédies. Il y a quelque chose de plus vrai, de plus sincère dans le rire, du moins, de plus évident ; je pense que cela a encore plus de sens pour moi et je préfère jouer cela d’autant que la complicité avec les partenaires quand on joue une comédie peut être si forte ! Je me sens complètement portée par tous les autres comédiens, il y a tellement de moments où j’ai l’impression de ressentir des fulgurances de bonheur, c’est fantastique à vivre.

Quels sont tes prochains projets ?

Je serais dans la prochaine pièce de la compagnie Les Chasseurs S’Entêtent, j’aurais encore un rôle assez particulier. Je chante dans un groupe de musique : The Gargoyls, nous avons fait quelques concerts cette année et écrit huit nouvelles chansons rock, un EP est enregistré mais il n’est pas encore diffusé. La Veuve Choufleuri poursuit sa route jusqu'au 26 décembre.

Rencontre avec la comédienne Ornella Petit à l’affiche de l’opérette La Veuve Choufleuri !

Comment inviterais-tu nos lecteurs à venir assister à une représentation de La Veuve Choufleuri ?

Je leur dirais tout simplement : 1H10 de pur bonheur ! C'est survolté, décalé. Ca recharge les batteries et déboîte les prothèses de hanches ! Avec l’arrivée de l’hiver, je pense que ça remonte le moral !

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