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Rencontre avec Baba Wazo au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « La Mémoire Des Vaincus » !

Publié le par Steph Musicnation

©Kares Le Roy

©Kares Le Roy

Qui fait quoi au sein de Baba Wazo?

Dans le projet, j'écris les textes, je compose la musique et je chante. Pour m’accompagner dans cette entreprise, il y a Benjamin Colin à la batterie ; c’est un vieux copain du lycée avec qui je travaille depuis mes débuts ; Youssef Boukella ; qui est membre fondateur de L'Orchestre National de Barbès avec lequel je joue depuis 12 ans ; est à la basse et Maximilien Helle-Forget ; que j'ai rencontré avec L'O.N.B ; est aux claviers.

Quelle est la signification de ce nom de scène ?

A vrai dire, il faudrait que je creuse la question psychologiquement... Je pense que je voulais me cacher un peu en hybridant mon identité et j'ai trouvé le nom lors d'un après-midi où j'ai fait une séance d'écriture automatique pour en trouver et celui-là est ressorti. D’autre part, je m'appelle Basile et quand j’étais petit, ma grande sœur m’appelait Baba. Par ailleurs, baba en argot, c’est un peu monsieur tout le monde. Ensuite, je suis devenu papa à ce moment-là et baba en créole-réunionnais signifie bébé. Tout cela se confondait et faisait sens. Comme j’ai pas mal d’inspirations qui viennent de la musique du monde notamment du maloya, j’aimais bien l’aspect créolisant que l’on retrouvait dans ce nom. Et puis, l’oiseau est l’animal qui chante par excellence !

L’aspect métissé que l’on retrouve sur « La Mémoire des Vaincus » a-t-il toujours été présent dans ta musique ?

Oui, depuis assez longtemps ; en tout cas, j’ai cette ambition ; même si mon premier groupe sur mes compositions ; Tango Charlie ; était très chanson française. J'écoute depuis mal de temps de la musique des Balkans, de la musique maghrébine, de la musique du Cap Vert et de La Réunion notamment Cesária Évora et Danyèl Waro et dans la chanson française, mes références seraient plutôt Bernard Lavilliers et Claude Nougaro, c’est-à-dire des artistes qui sont allés chercher des rythmiques un peu World Music. Cela fait douze ans maintenant que je joue avec L’Orchestre National de Barbès, j’ai beaucoup appris avec eux, je me suis empreint de leur façon de faire chalouper les mélodies et cela permet de sortir d’une chanson française très traditionnelle.

©Kares Le Roy

©Kares Le Roy

Qui sont ces vaincus évoqués dans le titre de ce premier album ?

Il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce titre. Nous sommes dans une époque troublée, il y a un rapport de force qui est très inégalitaire aujourd'hui sur la planète et ces vaincus sont légion car on veut notamment faire disparaître des peuples au profit d'autres et avec la mondialisation, il y a une hégémonie culturelle occidentale qui a essayé d'absorber des cultures anciennes...Nous en sommes victimes aussi en France car nous avons perdu toute notre musique traditionnelle. La musique du monde que j’écoute est souvent liée à un folklore vivace tout comme les langues régionales qui sont vectrices d’un parler traditionnel et d’une transmission orale d’une mémoire. « La Mémoire des Vaincus » évoquent ces entités qui résistent mais que l’on essaie de faire disparaître.

« Brest » qui ouvre ce disque est-il un morceau imaginé ou vécu ?

C'est du vécu même s’il y a du romancé. Cette chanson fait référence à des épisodes de ma vie de couple avec ma compagne mais cela peut fait écho à ce qu’on vécu d’autres couples. On est dans le cœur du réacteur dans cette chanson car un couple, c’est en mouvement et il peut y avoir des tensions. J’ai convoqué l’image de l’orage car ça pète. Il y a un clin d’œil à ma compagne et à la chanson « Barbara » de Serge Reggiani qui commençait par « Rappelle-toi Barbara, Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là ».

Quelles thématiques abordes-tu sur « La Mémoire des Vaincus » ?

Sur cet album, je parle de choses assez universelles, j’évoque notamment le déni, la transmission intergénérationnelle, des relations personnelles ou interpersonnelles, la catastrophe écologique qui a lieu sous nos yeux, la marque de l’homme qui détruit tout sur son passage et je parle aussi de la musique.

©Kares Le Roy

©Kares Le Roy

« La Mémoire des Vaincus » se termine sur « Aimez-Moi », cela s’adresse-t-il au public ?

A vrai dire, « Aimez-Moi » est une blague car j’avais en tête les gens qui se la racontent beaucoup, ceux qui veulent toujours rapporter les conversations à eux. J’ai trouvé qu’il y avait une superposition parfaite entre le fait de vouloir être aimé et l’interjection et mais moi ; l’un pouvant être le symptôme de l’autre.

Il y avait déjà un invité sur « Animal » paru à la rentrée 2021 mais a-t-il évident d’en avoir plusieurs sur ce premier album ?

Oui et pour plusieurs raisons. Déjà parce que moi, j'aime bien faire des choses avec des gens auxquels je pense. Quand j’ai commencé la mélodie de « Déni », il a été évident pour moi d’inviter Mehdi Askeur dessus ; j’ai tout de suite pensé à lui. Comme j’aime beaucoup ce que font Rebecca M’Boungou et Maïa Barouh, j’avais très envie de partager des morceaux avec elles. Ayant la volonté de métisser ma musique mais ne chantant moi-même qu’en français, il est toujours intéressant d’avoir des langues étrangères, elles ont pu m’apporter cela et leurs interprétations justifiaient la couleur de ces morceaux.

En parlant d'animal...quels serait ceux qui représenteraient chacun des membres de Baba Wazo afin de former un totem ?

Une autruche pour Maximilien car il a des grands doigts de pianiste et il est véloce. Un ours pour Youssef car il a un côté très ancré et un peu ours du fait de sa timidité. Une panthère pour Benjamin car il est agile. Pour ma part, un héron car j’ai de très grandes jambes et d’ailleurs, je me suis fait coudre une veste avec des ailes afin d’incarner ce personnage d’oiseau sur scène.

©Kares Le Roy

©Kares Le Roy

Comment décrirais-tu l'univers de Baba Wazo ?

Métissé, impressionniste, dansant, poétique, assez chaleureux et avec de l’ambivalence.

Quels sont vos prochains projets ?

Un clip en animation est prévu, il sortira d’ici l’automne et nous prévoyons un Studio de l’Ermitage d’ici début 2026. A partir de la rentrée, nous ferons des résidences de créations scéniques et lumières pour le live.

Rencontre avec Baba Wazo au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « La Mémoire Des Vaincus » !
https://www.facebook.com/BabaWazo.music
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