Rencontre avec Novaé Lita afin d’en apprendre plus sur son projet artistique !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Il est difficile de donner forme à ce qui n’a point de fin ! Serait-ce téméraire de prétendre m'être reconnue dans le volontarisme, l'essentialisme, l'idéalisme et le surréalisme ? Nul doute que mon chemin s’amorce en une rive métaphysique qui s’épanche vers l’occulte et le merveilleux. Pour parler des fondements, je suis née à la lisière de Versailles, à Saint-Cyr-L’école, de l’union d’une mère danseuse Antillaise et d’un père batteur Franco-Hongrois-Ukrainien.

Quel a été ton premier contact avec l’artistique ?

Sitôt l’enfance éclose, lors de mes premiers étés bretons et normands, l’esprit des tempêtes a percé l’opacité du monde, la quiétude du sommeil est devenue un luxe hors d’atteinte. À 6 ans, je ne dormais déjà plus comme le font les adultes. Pour animer et insuffler vie à tous ces mythes celtiques, j’ai entrepris l’écriture et la peinture. Le manoir de ma grand-tante et ses fantômes sont des fragments de ma jeune vie qui ont assurément engendré mon essence insaisissable. Dans des efforts répétés, j’ai toujours cherché à saisir ce qui échappe à toute compréhension.

Écrivaine, peintre, auteure-compositrice-interprète, comédienne, comment expliquerais-tu que tu aies plusieurs cordes à ton arc ?

C’est un fait, je pratique le tir à l’arc depuis de nombreuses années ! Le mien est bleu.

Choisis-tu d’exprimer telle ou telle émotion en peinture ou en musique ?

Il ne s’agit pas de pure émotion, mais plutôt d’une dimension intangible.

Comment qualifierais-tu ton univers musical ?

Pyrique, tellurique, subaquatique, sphérique. Feu, terre, eau, air.

Musicalement, as-tu très vite su ce que tu voulais ?

L’acte de création est intrinsèquement lié au mouvement, ce qui entraîne inévitablement des révisions et des remises en cause. Aristote dirait « μεταβλητός » ou « metablētos » la matière changeante et variable.

De quoi parle ton premier EP « PHANTASIA » et pourquoi portes-tu une armure sur ta cover ?

L’armure est mon égide, l’acier ma couverture. « PHANTASIA » est un mot grec aux souterrains sibyllins ! C’est l’intermédiaire entre le sensible et l’intelligible, les réalités alternatives, le mirage et l’imagination. L’EP compte 6 titres, 6 histoires qui tracent les contours de luttes diluées par des rythmes enjôleurs. Il aborde ce qui est rendu visible mais aussi ce qui est caché. Dans la puissance créatrice il y a ce droit de se taire ou d’exposer le tiraillement. C’est à la fois l’ascèse et l’offrande. « Morphine » est un élixir qui s’avère être de l’Acqua Tofana, un philtre d’extase qui, aussitôt bu, distille la fièvre et le tourment. « Stories » est un affrontement dans l’arène entre l’homme et le taureau. L’être est tenté par le nihilisme mais il s’y oppose. Pour les autres cantates, la suite vous appartient !

Peux-tu nous en dire plus sur le fait d’avoir invité les performeuses Manly et Soa à se produire à ta release party ?

Pour célébrer la prise de l’espace. J’ai moi-même consacré plus de sept années à l’art dramatique et mon inclination pour le cinéma contemplatif est restée intacte. Parmi les figures tutélaires qui peuplent mon panthéon cinématographique, je ne mentionnerai que quelques noms : Alejandro Jodorowsky, Sergueï Paradjanov, Ulrich Seidl, Alain Robbe-Grillet, Luis Buñuel, Jean Cocteau, Andreï Tarkovski, Leos Carax, Éric Rohmer, Agnès Varda, Jean Rollin, Pier Paolo Pasolini, Vincent Gallo, Eduardo Casanova, Věra Chytilová.

Quels ont été les premiers artistes forts dans ta culture musicale ?

Mes racines harmoniques me viennent de mon père batteur jazz-fusion, il m’a initié à une mosaïque de genres musicaux : funk, acid jazz londonien, fusion, baroque, classique, rock, expérimental. Pour les patronymes : Rachelle Ferrell, Zappa, Brand New Heavies , Sixun, Incognito, Snarky Puppy, Meshell Ndegeocello, Sting, Prince, Michael Jackson, Earth, Wind and Fire, Bach, la sarabande de Haendel, Franz Litz, Tchaïkovsky, des B.O de films telles que celles d’« Orange Mécanique » et de Barry Lyndon. Ce n’est qu’à mes 11 ans que j’ai fait la découverte de la musique électronique, qui m’était alors défendue, comme le fruit. Je fréquentais discrètement des sites de streaming soviétiques et Soundcloud à ses débuts. Un frisson inédit, une onde nouvelle m’a galvanisée. Parmi les premiers vinyles les plus marquants : Fulbert, Timmy P, Jonas Rathsman, Hustler Trax, Huxley, Chris Malinchak, Kerri Chandler, Ignacio Tardieu, EJECA, Glenn Underground, Julio Bashmore, Toni Lionni.

Quels sont tes prochains projets ?

Tout arrive à l’encre noire.