Rencontre avec Léa Jacta Est au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier album !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis musicienne autodidacte et multi instrumentiste. Je suis auteure de mes textes et je compose de la Folk expérimentale assez protéiforme. A côté de cela, je suis graphiste et je fais beaucoup de ponts entre le design graphique et ma musique ; je fais notamment des fanzines qui parlent de mon parcours de musicienne indépendante. Le visuel est vraiment une extension de mon travail musical. J’autoproduis tout pour l’instant, ça pourra peut-être changer mais c’est un fonctionnement qui me plait beaucoup même si cela représente beaucoup de travail ; cela me permet d’être maîtresse de ma musique et de tous les champs qui gravitent autour. Il y a cinq ans, j’ai publié un EP de Folk en anglais qui était très épuré ; je l’ai enregistré en guitare-voix ; et avant de dévoiler mon premier album « Horizons du Fantastique », j’ai sorti quelques singles.
Peux-tu expliciter ton nom d ‘artiste ?
Léa est mon vrai prénom et je trouvais plus intéressant d’avoir un pseudonyme que d’utiliser mon nom civil qui est très commun. Petite, quand j’ai entendu la formule alea jacta est, j’ai eu l’impression d’entendre mon prénom. Ce jeu de mot entre mon prénom et cette formule de fatalité s’est fait très rapidement dans ma tête. Par ailleurs, je trouve que cela fait un pont avec cette aventure de musique indépendante car on peut traduire cela par advienne que pourra. J’aime bien également le côté un peu mystique de cette formule. Comme j’aime bien les jeux de mots et les calembours, je me suis retrouvée là-dedans.
Pourquoi as-tu choisi « Les Sept Rivières » comme premier extrait de ton album ? Serait-ce parce que ce morceau illustre le début de ta propre histoire ?
C’est une bonne question mais à vrai dire, je ne l’ai pas pensé comme cela. J’ai choisi « Les Sept Rivières » comme premier single car c’était ma chanson la plus « FM » ; vraiment avec de gros guillemets car ce style Folk Trap reste un peu lunaire. Je me suis dit que je pouvais mettre des images sur ce morceau et j’ai été très émue d’aller tourner ce clip dans mon village d’enfance d’autant que cette chanson en parle. Ca a été mon premier clip et j’ai ressenti un sentiment d’accomplissement et d’épanouissement lors de la « sublimation » de cette période de mon enfance qui n’a pas été simple dans ce village qui n’est pas facile bien que très joli.
« Horizons du Fantastique » renferme-t-il un concept ou en tout cas une « trame narrative » ?
Le titre de cet album vient d’une revue des années 70 que j’avais chinée complètement par hasard. J’ai trouvé que le titre était génial et j’ai écrit une chanson sur cette revue. « Horizons du Fantastique » a été la première chanson que j’ai écrite en français et cela m’a semblé intéressant de nommer mon album d’après ce titre qui n’est pas de moi mais qui est génial. J’ai écrit que ce disque comme un semi concept album car c’est mon album de confinement, il illustre un moment de bilan général. Durant cette période-là, la mort était beaucoup autour de moi ; il y a eu le COVID et d’autres événements ; je me suis posée et j’ai écrit beaucoup de choses. Il est vrai que j’ai placé les chansons dans un certain ordre afin qu’il puisse y avoir librement une trame narrative mais je trouve intéressant qu’elles puissent exister en tant que telles. A titre personnel, j’aime beaucoup les albums qui renferment une histoire/un concept et j’ai suivi cette possibilité. J’aime beaucoup les B.O de films et je me suis inspirée de cette aura qu’il peut y avoir dans un corpus de chansons à la fois assez diverses et à la fois avec une trame narrative.
Quelles sont les principales thématiques sur ce disque ?
La mortalité et le Vaucluse ! (Rires) Durant la période que nous avons évoquée, il y a eu des décès inattendus et marquants dans ma vie ; j’ai moi-même vécu une expérience de mort imminente à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Le fait de réfléchir à la mort m’a fait réfléchir aussi à la vie et à toutes les choses plus ou moins tangibles qui font que l’on se sent exister dans une certaine simplicité de vie ; cela peut être dans une immersion dans la nature, un coucher de soleil, un moment avec quelqu’un… A cette période-là, j’ai également fait un bilan sur mon évolution personnelle depuis mon enfance et mon adolescence dans le Vaucluse et j’en parle sur ce disque.
Musicalement, comment as-tu souhaité habiller tes chansons ?
Quand je suis retournée dans le Vaucluse pour écrire ces chansons, j’y ai fait beaucoup de field recording ; il y a notamment des bruits de la nature mais aussi de la ville, des chants d’oiseau, du mistral et du calme Vauclusien dans cet album. Ce disque s’est fait assez instinctivement. J’ai voulu tout expérimenter sur cet album sans me poser de limites. Je suis toujours partie du guitare-voix ; la guitare Folk demeure ma meilleure amie ; et ensuite, j’ai essayé différentes textures de sons notamment avec des synthés et du thérémine ; qui est un instrument fascinant que j’aime beaucoup et qui est un peu capricieux. Il y a de l’organique et du sensoriel sur cet album. Même s’il y a beaucoup d’éléments électroniques sur ce disque, cela m’a semblé important de ramener quelque chose de très organique afin de traduire ce sentiment de voyage intérieur.
Te souviens-tu de ta première rencontre avec le thérémine ?
Je crois me souvenir que c’était au cinéma lors d’une double séance où étaient diffusés « Ed Wood » de Tim Burton et « Plan 9 From Outer Space » réalisé par Ed Wood à la fin des années 50 ; il y avait des vampires et des soucoupes volantes et il y avait sûrement du thérémine mais ça demande vérification….s’il n’y en a pas, il devrait y en avoir (rires).
Comment est né ton duo avec Bleu Reine ?
J’ai rencontré Bleu Reine il y a cinq ans grâce à un ami commun qui trouvait que nos univers se marieraient très bien ensemble et il a eu raison. Je suis allée à l’un de ses concerts, nous avons commencé à échanger un peu sur Instagram et progressivement, nous nous sommes rendu compte que nous avions un coup de foudre l’une pour l’autre et nous avons fusionné. Nous nous sommes invitées sur nos projets d’albums respectifs et maintenant, nous collaborons aussi en live ; j’ai joué du thérémine dans son groupe et Bleu Reine à rejoint la formule groupe de mon live. Nous avons une très belle amitié, nous parlons beaucoup de musique et nous nous soutenons mutuellement dans cette aventure de musique indépendante qui est à la fois très belle et très difficile. Nous aimons nous dire que nous sommes dans le même bateau et que nous nous passons les rames. J’ai beaucoup de chance de l’avoir !
Comment décrirais-tu ton univers ?
Cathartique, surréaliste, mystique, éthéré et contrasté.
Il y a une reprise assez surprenante sur ton album…Comment est venue l’idée de réinventer « L’Amour à la Plage » de Niagara ?
Un jour, une amie m’a demandé de lui faire une reprise de « L’Amour à la Plage », ce qui a donné une version plus épurée que celle présente sur mon album mais elle était déjà très sombre. J’ai beaucoup aimé travailler dans cette direction-là et je dirai que c’est peut-être la chanson la plus « Metal » de cet album. J’ai trouvé que c’était intéressant de mettre de la colère contenue, de l’amertume et de la revanche dans ma version de ce tube de Niagara qui est très balnéaire et insouciant. Je me suis beaucoup amusée à lui donner une tournure agressive.
Ton premier album vient de sortir en digital mais va-t-il également être disponible en physique ?
« Horizons du Fantastique » ne paraîtra pas en disque, en tout cas pas pour l'instant. Cet album est 100% autoproduit et dans cette démarche DIY, je le sors sans label, ce qui pose la question du format physique. En 2021 j'expérimentais sur ce sujet en sortant mon single « Les Films pour Adultes » en format fanzine. L'objet est connecté à des versions inédites du morceau et il dévoile un univers pictural autour de celui-ci. L'idée était de présenter un hommage amoureux au « livret du CD », qui est, selon moi, l'objet par lequel se produit la fusion avec une chanson. Pour « Horizons du Fantastique », je renouvelle l'expérience en plus grand : versions bonus, paroles, transcriptions, images secrètes sont prévues pour cet objet à paraître au printemps 2025. Je ne peux pas porter une sortie vinyle ou CD en solitaire, ce qui n'empêche que je serais très heureuse de présenter une édition augmentée sur disque, dans un futur pas trop lointain. Un label ou un éditeur intéressé d'y réfléchir ensemble peut me DM !
Léa Jacta Est - Les sept rivières
Découvrir Léa Jacta Est sur : Spotify : https://spoti.fi/3VNYxQr Bandcamp : https://leajactaest.bandcamp.com/ Instagram : https://www.instagram.com/leajactaest_music
LEA JACTA EST - Horizons du fantastique
LEA JACTA EST - Horizons du fantastique, distribué par The Queen Is Dead Records