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Retrouvailles avec Johnny Montreuil au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Zanzibar » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Yann Orhan

(c) Yann Orhan

Ton nouvel album débute par un instrumental baptisé « Ciao Narvalo », dis-tu réellement au revoir à cet imbécile heureux ?

En italien, Ciao signifie également bonjour mais c’est vrai que là, c’est un peu un au revoir ; c’est une façon de dire ciao bello ; et cela fait référence à cette période de deux ans durant laquelle nous avons été sonnés dans tous les sens notamment avec les confinements, les couvre-feux, le fait de ne pas pouvoir faire de live puis avec de la distanciation, des jauges limitées, des concerts assis…Cette période a vraiment été très bizarre. Beaucoup de mes amis qui étaient déjà dans des situations très fragiles et précaires en tant que musiciens n’ont pas forcément réussi à enclencher et ils souffrent encore de cette période. Dans ce titre, il y a un côté un peu Western ; ciao, c’est fini les conneries, allez travailler maintenant. Par ailleurs, nous avions pensé à une trilogie du narvalo et ce nouvel album aurait pu s’appeler « Ciao Narvalo » mais ça faisait une redite alors que « Zanzibar » ouvrait vers le large ; ce dont on a besoin. Pour terminer, ça dit peut-être au revoir à ce narvalo qui était dans sa petite caravane enclavé entre deux murs pendant quelques années mais ça fait plutôt référence aux musiciens, aux saltimbanques, aux gens qui vivent au jour le jour et pour qui cette période a été très compliquée.

Dirais-tu que « Zanzibar » est plus désabusé que ses prédécesseurs ?

Oui, ce nouvel album est plus désabusé que les prédécesseurs, il est plus introspectif, il a un côté plus sombre, il est plus posé et plus mélancolique. Le premier album était un peu graisseux quand même, il avait un côté banlieue sombre, le second était très solaire ; nous l’avions voulu comme cela ; c’était le Far West dans Montreuil mais façon Lucky Luke alors que « Zanzibar » est plus sombre et c’est assumé.

Zanzibar est-il synonyme de fantasme pour toi ?

C’est un fantasme qui remonte à l’enfance ; ça fait référence notamment à des films. Cet archipel rocheux n’est pas si beau que cela mais ce nom inspirait beaucoup de choses à un enfant de cité. Prendre un billet pour Zanzibar et partir d’un port n’importe où en France ou en Europe ; sans passeport, sans carte d’identité, sans visa, comme c’était le cas il y a une centaine d’années ; je pense que ça fait rêver quand même.

(c) Yann Orhan

(c) Yann Orhan

« Zanzibar » est-il un approfondissement de « Narvalos Forever » d’un point de vue musical ?

Non, pas du tout. J’avais volontairement fait « Narvalos Forever » seul dans la conception avec un réalisateur tout en faisant appel aux musiciens avec qui je jouais la plupart du temps en live ainsi que quelques artistes qui sont venus jouer ponctuellement. Sur « Zanzibar », nous avons eu à cœur de faire quelque chose de beaucoup plus collectif, nous avons pris le temps qu’il fallait, nous avons fait un gros travail de réflexion ensemble en préprod. Nous voulions faire un disque plus posé musicalement, nous voulions avoir une meilleure assise et travailler plus le son. Nous avons fait écouter notre travail volontairement non abouti à Jean Lamoot afin qu’il puisse y mettre sa patte. Nous avons mieux travaillé la voix lead, nous avons voulu la mettre plus en avant dans la production, il y a un côté plus assumé. C’est plus franc, plus direct, il y a eu la volonté de moins se cacher derrière un personnage. Nous sommes devenus amis avec Jean qui nous a beaucoup appris en matière de musique et nous allons continuer à en faire ensemble. « Zanzibar » n’est donc pas une redite de « Narvalos Forever », ce n’est pas non plus un approfondissement, cet album est une étape différente et supérieure en termes de travail sonore à plusieurs et avec un producteur que nous avons vu mettre le nez dedans de manière presque maladive.

Suit-on un périple tout au long de ton nouvel album ?

Pas spécialement. Nous avons construit l’enchaînement des titres sur l’album en fonction de la matière que nous avions. Nous avons cherché comment chaque morceau pouvait s’articuler avec un autre par rapport au rythme général de l’album. Nous sommes assez rapidement tombés sur cet ordre-là même s’il y a eu quelques petites modifications. Comme un bouquin, un album raconte une histoire mais il n’a pas été élaboré comme tel dès le départ. Nous nous sommes fait confiance à cinq.

Pourquoi et comment as-tu voulu réinterpréter « Les Goémons » de Serge Gainsbourg ?

La musique de cette époque-là de Serge Gainsbourg m’a beaucoup accompagné quand j’avais une vingtaine d’années ; quand j’écrivais mes premiers textes et que je commençais à faire de la musique. Je trouve incroyable cette période de la fin des années 50 et du début des années 60 notamment son album « Gainsbourg Confidentiel » qui est un sommet même si « Les Goémons » ne figure pas sur ce disque ; j’aime sa voix, son phrasé. Je trouve que ce morceau est magnifique et à ce moment-là, il faisait écho ; pour moi ; à ce qui passait ; et à ce qui se passe toujours ; en Méditerranée. Je pensais beaucoup à ces femmes avec leurs enfants qui traversaient la mer ; on a tous entendu ou lu des histoires horribles à propos de passeurs qui mettent leur flingue sur la tempe d’une mère afin qu’elle fasse taire son bébé ; et le texte de ce morceau de Gainsbourg faisait écho à cette situation-là « …Que l'on prend, que l'on jette Comme la mer rejette… ». C’était une vraie pensée pour ces personnes qui vivent cela partout dans le monde. Musicalement, nous avons retravaillé le morceau et cette musique de transe assez lancinante fait un peu penser à du gnaoua. Il faut savoir que c’est le seul morceau que nous n’avons pas vraiment construit auparavant ; nous nous sommes laissé la place de le faire en studio et ça a parlé directement à Jean. Des amis très proches nous ont rejoints en studio ; nous les avons invités sans leur avoir fait écouter le morceau auparavant. A la base, le morceau fait 38 minutes et sur l’album, la version finale fait près de 8 minutes.

(c) Yann Orhan

(c) Yann Orhan

Quelles thématiques abordes-tu sur ton troisième album ?

La liberté, mon quotidien mais j’en parle avec plus de recul, la pandémie et au-delà de cela, ce que nous avons ressenti et il y a des clins d’œil aussi bien dans les thèmes que dans la production musicale à Johnny Cash, Hank Williams, Gainsbourg, aux Clash et aux westerns spaghetti…

Comment qualifierais-tu l’atmosphère de ton nouveau disque ?

Dans ce disque, on sent qu’il y a une tension qui monte, des choses pas très cool, des gens qui souffrent…Pour moi, il y a cette atmosphère-là qui plane de manière générale sur les textes, sur la musique, sur les arrangements et sur le son.

Johnny est-il toujours autant attaché à la ville de Montreuil ?

Quand je suis arrivé à Montreuil il y a une vingtaine d’années, j’y ai trouvé une énergie qui m’a fait énormément de bien et c’est ce que je fantasmais petit dans ma cité dortoir ; en banlieue parisienne, certes, mais sans véritables activités artistiques, vie locale et associative. A ce moment-là, Montreuil représentait vraiment tout ce que j’aime en banlieue. J’en ai joué un peu mais je n’ai pas été non plus rattaché à la mairie, à la ville, j’ai toujours gardé mes distances même si je m’en suis amusé. Ça a toujours été du second voire du troisième degré. Par contre, je me suis pris au jeu et j’ai défendu Montreuil car quand nous étions en déplacement, nous représentions une certaine vision de cette ville. Nous étions des doux narvalos, des gentils rockeurs, des branleurs, des foufous. Plein de gens aimaient cette énergie-là quand nous étions en tournée. Cela fait plus de 20 ans que j’y suis, 10 ans que je vis en caravane et on sent les temps qui changent. Pour répondre à ta question, je pense que je suis moins attaché à la banlieue parisienne qu’auparavant.

Retrouvailles avec Johnny Montreuil au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Zanzibar » !

Dans l’énergie de quel style musical te retrouves-tu le plus à l’heure actuelle ?

Le Rap Old School me plait beaucoup mais je suis toujours très fan de l’Americana sans être dans la caricature. Tout ce qui sonne un peu Folk, Blues, Cajun, traditionnel Américain avec une production moderne me parle énormément. J’écoute aussi de la vieille musique Irlandaise très traditionnelle. Je suis très sensible aux productions. J’apprécie le mélange ancien-moderne et ça peut être dans des styles très éclectiques. Je suis allé voir plusieurs fois en concert Arnaud Rebotini qui fait de l’Electro parce que j’aime bien son approche. Je suis curieux de plein de choses sans forcément aller chercher les noms. Je suis toujours très sensible à ce que je peux entendre. Beers & Records est un fabuleux magasin à Montreuil, ils vendent des bières que des vinyles qu’ils vont chiner, ils sont spécialistes de la Funk et de la Soul et ils me conseillent très souvent.

Quels sont tes prochains projets ?

Nous jouerons à La Maroquinerie le 17 février et le 15 mars au Ferrailleur à Nantes. La tournée est en train de prendre forme. Des festivals sont en train de se caler pour cet été. Nous allons mettre en place une tournée aux Etats-Unis ; c’est un projet qui va s’articuler sur 2024-2025. Le clip de « Vers Les Îles » sortira au printemps et celui de « Zanzibar » dans le courant de l’été. On a des idées de mises en images sur « Mysterious Pussy » et « I Heard That (Lonesome Whistle) »…J’ai joué un rôle dans le film « En Fanfare » d’Emmanuel Courcol qui sortira au printemps et je fais une apparition dans la mini-série Kaiser Karl qui sera diffusée sur Disney+. Fin février, je vais jouer Johnny Montreuil dans un film réalisé par Lola Doillon et ça va être assez drôle.

Retrouvailles avec Johnny Montreuil au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Zanzibar » !
https://www.facebook.com/johnnymontreuil
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