Rencontre avec Bertille au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier album !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis avant tout musicienne et je suis également auteure, compositrice et interprète de mes propres chansons. Si je suis violoniste de formation, la curiosité et mon ouverture d’esprit ont fait que je suis sortie de ma bulle classique à un moment donné et que j’ai découvert l’existence d’autres styles musicaux. A partir de là, j’ai appris la basse électrique, je me suis intéressée aux synthétiseurs et à la MAO. Pour moi, faire une chanson, c’est l’écrire, la composer et l’arranger ; l’arrangement est très important. Je viens de Sète dans le Sud de la France.
Comment expliquerais-tu que « Distances » sorte plus de cinq ans après ton premier EP ? Etait-ce un temps nécessaire pour réfléchir à ce long format et explorer de nouvelles sonorités ?
Pour être très honnête, j’aurais aimé que cet album sorte en 2020. J’ai commencé l’enregistrement des premières chansons en janvier mais en mars, nous nous sommes retrouvés coincés à la maison. De ce fait, j’ai continué à écrire et à avancer même si le confinement ne m’a pas fait autant de bien qu’à d’autres artistes qui ont écrit des albums, des livres…J’ai été un peu bousculée par cette période. Au-delà du COVID, il y a eu un énorme changement dans ma vie à savoir l’arrivée d’un bébé. Tous ces événements m’ont fait prendre de la distance mais en même temps, je n’ai jamais laissé tomber. J’ai eu envie d’aller au bout de cet album et je l’ai fait mais quand j’ai pu reprendre le chemin des studios, j’avais déjà changé par rapport aux premières versions que nous avions pu enregistrer. Je n’étais plus la même. Les premières chansons écrites pour cet album ont déjà quelques années mais les dernières ne sont pas si anciennes que cela. Cet album illustre un peu ce chemin jusqu’à présent.
Les sonorités électroniques sont est très présentes sur « Distances » mais comment as-tu voulu les utiliser sur ce disque ?
J’avais envie de faire un album de Pop, je voulais que ma musique soit assez accessible ; simple mais pas simpliste. Mes références en matière de musique électronique sont Gesaffelstein et Moderat ; ce sont artistes qui triturent le son, je voulais ramener un peu cela mais dans un format Pop. J’ai cherché un équilibre entre la musique électronique que j’écoute et la chanson française avec son essence de compréhension ; j’avais la volonté d’être entendue mais sans trahir mon background musical.
Comment décrirais-tu ton univers artistique ?
Je crois que je fais de la musique mélancolique qui est très en lien avec l’image. Pour moi, tout est un peu lié. Mon univers est assez cinématographique car avec la musique, j’aime décrire des émotions ou des paysages. Par ailleurs, il y a quelque chose d’assez aquatique ; je m’en suis rendu compte après que l’on me l’ait dit ; parfois par les mots que j’utilise et parfois par les sonorités. J’ai à cœur de peindre des émotions avec de la couleur et de la matière.
Peux-tu expliciter le titre de ton album ? Pourquoi « Distances » au pluriel ?
Quand j’ai commencé à avoir un certain nombre de chansons et que j’ai commencé à me demander comment allait s’appeler ce disque, il n’y en avait aucune qui résumait le tout selon moi. Je me suis rendu compte que le fil rouge par rapport à l’album mais aussi par rapport à la période que nous venions de vivre avait quelque chose des distances. J’ai commencé à pointer les distances de chaque chanson, il y en avait dans toutes même si ce n’étaient pas les mêmes et qu’elles avaient des saveurs différentes.
Quelles thématiques abordes-tu sur ton premier long format ?
L’amour car je suis une amoureuse et pour moi, il n’y a pas grande chose d’autre qui compte dans la vie ; le sentiment amoureux, l’amour de son prochain, l’amour sous toutes ses formes. Pour moi, l’amour est le sel de la vie. Sur ce disque, j’aborde aussi les amours déçus et les ruptures.
Que retrouve-t-on dans ton écriture ?
Je me suis rendu compte que plus j’étais impudique dans mon écriture ; plus je parlais vraiment de moi ; mieux j’étais comprise. Plus mes chansons étaient personnelles dans l’écriture et plus elles touchaient les gens. Les premiers temps, j’avais l’impression de beaucoup me livrer. Mes expériences nourrissent beaucoup mes chansons mais je sais protéger mes muses qui sont très présentes. Je n’avais pas envie d’écrire « Quand Revient La Nuit » car c’était trop personnel et trop douloureux mais j’ai réussi à passer à autre chose le jour où j’ai écrit cette chanson qui a eu un effet cathartique.
Comment est né ton duo avec Jemon sur « Boussole » ?
Jemon est un jeune beatmaker et rappeur de Bordeaux. Nous nous rencontrés par le biais des hasards de la famille car il est très proche de mon cercle familial. Il se trouve que ce garçon a beaucoup de talent et j’ai vraiment eu envie de collaborer avec lui sur un titre. Il est arrivé avec une instru, j’avais un bout de texte, nous avons passé deux jours en studio et nous avons adoré faire cette chanson ensemble.
Il y a un peu d’anglais sur « Help Me », est-ce une porte ouverte vers un prochain projet moins en français ?
C’est drôle parce qu’avant d’écrire des chansons en français, je le faisais en anglais mais je me cachais un peu derrière cette langue et je mettais un temps fou à écrire mes textes car ce n’était pas ma langue maternelle. A cette époque-là, c’était un projet très confidentiel, j’écrivais dans ma chambre pour moi, je n’avais pas prévu de sortir des chansons en anglais. Un peu par hasard, il se trouve que j’ai rencontré l’équipe de Voix du Sud ; l’association de Francis Cabrel à Astaffort ; qui œuvre vraiment pour la chanson française et dans toute leur bienveillance, ils m’ont dit que mes chansons étaient super mais que je devrais écrire en français. Je trouvais qu’écrire dans notre langue était difficile et qu’il y avait des gens qui le faisaient magnifiquement bien, je n’étais pas sûre d’y arriver mais ils m’ont un peu poussée à essayer et c’est un peu grâce à eux que j’ai passé le cap. En ce qui concerne « Help Me », glisser un peu d’anglais dans cette chanson s'est fait tout seul.
Peux-tu nous en dire plus sur ta collaboration avec Cahuate Milk ?
Cahuate Milk est un artiste photographe-plasticien de Montpellier. Il y a eu une connexion car il se trouve qu’à peu près à la même époque, il travaillait sur une série de photos baptisée « Distance ». Il y a eu un vrai écho et cela m’a amenée à travailler avec lui pour la pochette de l’album ainsi que pour mes photos de presse, la scénographie et mes clips. Cahuate Milk est un garçon très sensible qui a l’habitude de travailler sur des atypismes. Au-delà du fait que j’aime ce qu’il fait, il a réussi à me mettre en confiance car il faut savoir qu’apparemment, je change de tête quand je vois un appareil photo (rires).
Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
Je viens du classique et durant des années, je n’ai écouté que de la musique classique ; les brumes, Scandinaves, les mélodies qui arrachent les tripes ; et un jour, ma bulle a explosé. A l’adolescence, j’ai découvert IAM, la musique électronique, la bande originale du film « Midnight Express » qui a été une révolution pour moi et un peu plus tard la Techno. Parmi mes inspirations, on retrouve Sergueï Rachmaninov, Erik Satie, Frédéric Chopin mais aussi The Roots, Dr Dre, toute la West Coast, j’adore Gesaffelstein, Björk, Radiohead, Massive Attack…A coté de cela, les musiques traditionnelles méditerranéennes me font vibrer d’autant plus que mon papa est Corse. Durant la réalisation de « Distances », j’ai saigné « When We All Fall Asleep, Where Do We Go ? » de Billie Eilish, je trouve que cet album est juste parfait à tous les niveaux.
Quels sont tes prochains projets ?
Nous préparons la tournée pour le printemps. Nous sommes en train de fignoler le live car j’ai à cœur que ce ne soit pas juste une expérience de chanson française pour le public d’autant que l’album est très produit. J’aime bien l’idée d’accueillir dans ma bulle les personnes qui le souhaitent. Idéalement, nous aimerions organiser une release party à Paris. Deux autres clips sont actuellement sur la table de travail ; celui de « Boussole » devrait être tourné en février. J’aimerais bien réaliser moi-même un clip mais je me garde cela sous le coude pour plus tard. Il y aura des live sessions également. J’ai bloqué une semaine au mois de juin afin d’écrire pour la suite…
bertille - Quand revient la nuit [Clip Officiel]
Extrait de l'album - Distances - Réalisation: Cahuate Milk https://cahuatemilk.com Texte et musique: Bertille Fraisse Facebook: https://www.facebook.com/bybertille Instagram: ...
Nouvelle sortie le 26 janvier 2024
https://bfan.link/distances-5?fbclid=IwAR1K0GlD1xIWnwrvQbdsuoBHMQfYxXuCsNlzamSNcZPcS-UGBUWHGdwrW0o