Rencontre avec Herson au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Foreword » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Herson est mon nom d’artiste, je suis multi-instrumentiste ; le piano est mon instrument principal mais je joue aussi de la guitare, de la basse et des percussions ; je suis compositeur, producteur et arrangeur sur tout ce que je fais. A côté de mon projet électronique hydride, je mets en musique des documentaires et des longs métrages et pour moi, même s’ils n’ont rien à voir avec ce que je fais dans mon projet personnel, c’est assez lié au niveau de l’intention et de l’influence car je considère que ma musique est assez immersive et cinématographique. Dans mes morceaux, on retrouve notamment des synthés, des drum machines mais aussi des musiciens car collaborer avec des instrumentistes et des interprètes fait vraiment partie de l’identité de mon projet ; l’idée avec Herson est d’amener la personne dans mon monde avec ce qu’elle sait faire de mieux par rapport à ce que je peux lui donner comme paysage.
Vois-tu « Planet Savage » paru en 2022 comme les prémices de « Foreword » ou t’es-tu éloigné de cet EP pour ton nouveau projet ?
A vrai dire, il y a un peu des deux. « Planet Savage » fait évidemment partie de l’identité du projet. Il faut savoir qu’auparavant, j’avais un projet de duo House live avec un pote bassiste mais ça s’est un peu arrêté du jour au lendemain quand il est parti à Boston pour étudier à Berklee ; nous travaillons toujours ensemble dans le cadre de mon projet mais nous avons arrêté le groupe. « Planet Savage » a été un moyen de redémarrer avec un projet personnel dans lequel je présente ma propre vision, mon identité et ma direction artistique. Cet EP a été une mise en confiance ; ça a été un renouveau ; mais je m’en suis pas mal détaché car il date d’il y a deux ans maintenant. « Planet Savage » était un peu plus House que « Foreword ». Avec la musique de film, on est obligé de savoir tout faire ; ou en tout cas d’essayer ; et donc, on touche à beaucoup de choses, ça peut être un problème et une qualité et je dirai que je commence vraiment à trouver et à assumer mon identité avec « Escape » qui sera un album en deux parties ; « Foreword » étant la première.
Comment est venue l’idée de proposer une œuvre conceptuelle associant musique et BD ?
En fait, il y a 50% de textes narratifs et 50% de vignettes BD, c’est donc plus une sorte de bouquin concept basé sur de la BD dans l’influence mais ça n’en est pas vraiment une à proprement parler car il y a beaucoup de textes narratifs, c’est en quelque sorte un conte. Cette idée vient du fait que je suis complètement influencé par la culture Nippone ; l’univers Japonisant ; qui me tient vraiment à cœur et qui fait partie de mes influences musicales et visuelles et on retrouve cela dans la façon dont je visualise les choses d’un point de vue artistique. D’ailleurs, dans cette œuvre, il y aura une empreinte un peu manga sur le dessin. J’ai eu à cœur de raconter une histoire avec une sorte de voyage de planète en planète ; il y a quelque chose d’un peu dystopique dans ce projet qui rejoint la musique ; mon projet est à 360 degrés. J’ai écrit les textes narratifs avec une co-scénariste et les dessins ont été réalisés par une dessinatrice qui était top. J’ai fait un moodboard assez précis avec toutes les références que j’avais et nous avons construit l’univers ensemble avec la co-scénariste et la personne qui m’a aidé pour la mise en page.
Peux-tu nous en dire plus sur le concept-même d’ « Escape » ?
« Escape » est le synopsis de l’œuvre dessinée. Cet album me permet de présenter vraiment mon univers à tous les niveaux. En ce qui concerne l’histoire en elle-même, l’intelligence artificielle prend le dessus sur l’être humain sur Terre, on est un peu dans une dystopie et on va voyager à travers un personnage qui s’appelle H ; il pourrait me représenter mais aussi pas mal de personnes. Chaque son représente un paysage différent dans ce voyage ; je suis moins précis que dans la BD car c’est plus un décor/un paysage qu’un storytelling.
Cet album est-il ton projet le plus ambitieux à ce jour ? Peut-être en as-tu eu d’autres qui seraient liés à la musique à l’image…
Si la musique à l’image m’enrichit, je tiens vraiment à dissocier les deux car quand on réalise une musique de film, on travaille pour quelqu’un, on n’est absolument pas libre et c’est justement cette contrainte-là qui est intéressante mais ça n’a rien à voir au niveau de l’approche. Jusqu’à présent, « Escape » est carrément mon projet le plus ambitieux mais comme j’aime bien repousser les limites, j’ai toujours ce fantasme de proposer quelque chose de novateur et je n’ai pas peur de dire que la suite sera encore plus ambitieuse. Je pense que j’ai encore beaucoup de choses à apprendre et à montrer.
Comment résumerais-tu l’univers de ce disque en quelques mots ou adjectifs ?
Immersif, voyage, spatial, dystopique, espoir et groovy.
Pourquoi as-tu fait le choix de n’y inclure qu’un seul morceau chanté ?
Je fais de la musique depuis un moment avec Tiphaine Sitja-Géry qui chante sur « Mirage » ; il y a cette histoire humaine entre nous ; et ça me tenait à cœur d’inclure un morceau interprété par elle dans ce projet. Ce morceau correspondait parfaitement au style House-Disco que je souhaitais faire avec Tiphaine et cela lui va super bien. Tiphaine fera partie du live.
Quelle thématique aborde « Mirage » ?
« Mirage » parle du personnage de Calypso que l’on retrouvera dans la BD. Dans ce morceau, elle rencontre H, elle essaie de le coffrer afin de le garder pour elle comme dans le mythe.
Penses-tu que la suite d’« Escape » sera moins instrumentale ?
J’ai pour projet de faire un EP ou un album avec uniquement des morceaux chantés…
Ta culture musicale tourne-t-elle essentiellement autour de la musique électronique ?
Non car j’ai commencé par la musique de films ; j’ai vraiment ça en moi. Au-delà de cela, j’écoute beaucoup de Hip Hop et de Rap de manière générale. J’ai eu ma période Rock et je suis un grand fan de Funk, de Fusion et plus précisément de Fusion Japonaise des années 70 et 80. Je suis vraiment très éclectique. Je peux autant être influencé par les Rolling Stones que par Beethoven que par Rone. Dans la musique électronique, je me rapproche plus de projets hybrides, live ou même un peu House mais je ne suis pas dans l’optique de faire de la musique pour les clubs. Mon but est vraiment de faire voyager les gens et si j’arrive à les toucher en plus, ça me va !
Sur scène, vas-tu développer une scénographie bien particulière pour que le public soit en immersion totale dans ton univers ?
Sur scène, je prends le micro et je dessine le décor entre deux morceaux ; je raconte le fil narratif de l’histoire. En live, j’essaie vraiment de transcender ce que je raconte ; c’est vraiment un show. En ce qui concerne les autres aspects visuels, je n’ai pas envie de faire dans la demi-mesure et cela nécessite des moyens. Pour le moment, je préfère jouer sur les lumières, les personnages et le récit. L’étape supérieure viendra dans un second temps car j’ai à cœur de faire les choses de manière qualitative.