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Rencontre avec Olivier Bogé au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « SHELTER(S) » !

Publié le par Steph Musicnation

©Prisca Lobjoy

©Prisca Lobjoy

D’où est venue l’idée de faire un album Folk après en avoir publié quatre de Jazz ?

Cela remonte à très très loin car ça fait un moment que je suis assez obsédé par certains artistes Folk. Au départ, je suis pianiste classique et à 18 ans, j’ai bifurqué sur le saxophone pour certaines raisons et comme cela ne me suffisait pas, je me suis mis à la guitare il y a une dizaine d’années et je me suis à relever toute cette Folk qui me fascinait. J’étais assez obsédé par le picking de guitare ; cette manière de jouer Folk ; et j’y ai retrouvé pas mal de similitudes avec mon background classique ; tout ce qui est contrepoints, mouvements de mélodies qui s’entrecroisent…Au fil du temps, j’ai ingurgité le plus possible de Folk. J’avais déjà cela en tête sur mon disque précédent et la musique a emmené quelque chose d’autre petit à petit. A force de tâtonner un peu ces choses-là, il y a eu une évidence.

Vois-tu « SHELTER(S) » comme une « recréation » ou ce cinquième album synthétise-t-il ta nouvelle direction musicale ?

Les deux et aucun des deux (rires). J’aime bien me laisser porter. C’est toujours la musique qui a dicté tout ce que j’ai fait. Maintenant que ce nouvel album est terminé, j’ai l’impression que ça a été une aventure assez folle, aussi intense qu’épuisante car je me suis fait assez mal même physiquement. Ce disque a été une chose presque vitale pour moi car j’avais besoin d’exprimer cette face-là que ce soit à la voix ou musicalement. Etant multi-instrumentiste, je m’étais dit qu’à un moment, il faudrait bien que je fasse quelque chose tout seul un peu comme un peintre qui essaie de construire un tableau. Maintenant que c’est fini, j’ai une envie hallucinante de saxophone qui me manque comme pas possible ; j’ai beaucoup mis cet instrument de côté afin de faire ce disque. Je sens que ça peut aller complètement ailleurs…un peu comme tous mes disques ; ça a toujours été un peu comme cela. Pour l’instant, la phase d’après n’est pas encore ouverte. Comme toujours, quand j’ai une idée en tête, je ne fais absolument rien de ce qui était prévu (rires).

A quoi fait référence le titre de ce nouvel album ?

Au départ, c’est un peu ma manière d’envisager la musique ; c’est quelque chose qui m’abrite et me protège de plein de choses différentes notamment de ce monde qui n’est pas forcément facile parfois. Dans ce titre, il y avait la notion d’abri, de quelque chose qui prend soin de nous et dont nous prenons soin aussi comme une petite cabane que l’on arrangerait comme on le voudrait ; quelque chose de très cosy qui ne serait pas grand et luxueux. Même si cela part de là, ce titre peut faire référence à plein d’autres choses. Il se trouve que j’ai enregistré ce disque principalement dans une petite boîte construite par mes soins afin de travailler la musique chez moi ; il y avait donc aussi cette notion de cabane qui faisait écho à ce titre qui renvoie aussi à nos intérieurs. En tout cas, c’est quelque chose que je souhaiterais protecteur autant avec moi-même qu’avec les personnes qui pourraient être touchées par ma musique.

©Prisca Lobjoy

©Prisca Lobjoy

Ce nouvel opus a-t-il été un refuge pour toi durant ces temps troubles que nous connaissons depuis 2020 ?

Pour dire la vérité, oui, c’était aussi la notion de ce titre d’album. Peu importe les points de vue et le ressenti là-dessus, ça a été assez éprouvant pour tout le monde. Ce disque a été un refuge important pour moi mais ça a été un refuge perturbant car je me suis retrouvé face à plein de problématiques à résoudre. Il a été à la fois rassurant et éprouvant. 

« SHELTER(S) » est-il ton projet le plus ambitieux à ce jour ? Il me semble que tu as été présent à chaque étape…

Oui, sans hésitation. J’ai écrit ce disque durant à peu près trois ans avant la période COVID ; j’avais quasiment abandonné complètement les concerts afin de me concentrer dessus, je voulais travailler chaque instrument très précisément. J’ai commencé cet album à peu près deux mois avant le COVID et ça s’est déroulé de manière très longue, je ne pensais pas que ça prendrait autant de temps et que ce serait aussi intense. Il y a eu beaucoup de choses à faire, je me suis perfectionné dans plein d’instruments différents et dans plein de choses différentes, j’ai appris l’enregistrement de manière très précise et le mixage a été la phase la plus forte. Pendant cette période, je passais douze à quatorze heures par jour sept jours sur sept sur ce disque jusqu’à ce qu’il soit terminé en juin 2022 et cela m’a permis de me protéger de certaines choses. J’ai gardé mon attention quelque part. Il faut savoir qu’une première version de « SHELTER(S) » a été terminée fin 2021, le disque était parti au mastering à New York mais début 2021, le déclenchement de la guerre en Ukraine m’a beaucoup perturbé et j’ai eu besoin de me focaliser sur quelque chose. Je me suis mis à recommencer le disque. Ma compagne pensait que je rigolais ; moi aussi ; mais en fait, je me suis replongé dans cet album et je l’ai quasiment refait en quelques mois.

Comment l’as-tu voulu d’un point de vue musical ?

J’avais des choses très précises en tête. Je voulais un disque acoustique ; c’était très important ; je souhaitais qu’il y n’ait pas de machines sur cet album. J’avais besoin de quelque chose d’intimiste. Au départ, le disque était prévu vraiment en guitare-voix avec juste quelques petits éléments autour mais quand j’ai terminé la première version, j’ai trouvé qu’il manquait beaucoup de choses. Comme je suis très sensible à la mélodie, je voulais quelque chose de très lyrique. Je sais que la mélodie, ce n’est pas du tout 2023 et c’est aussi ce qui me manque dans ce que j’entends actuellement. Je voulais chanter sur ce disque ; c’était une étape essentiellement ; mais je considère finalement « SHELTER(S) » comme un album instrumental sur lequel la voix est un instrument. Je ne pense pas que la voix prédomine dans ce disque mais si elle y est en filigrane tout le long. J’avais à cœur que tous les instruments et la voix se fondent complètement.

©Prisca Lobjoy

©Prisca Lobjoy

Quelles thématiques y abordes-tu ?

Si je suis un amoureux fou de poésie ; je lis tout le temps, c’est quelque chose d’essentiel pour moi ; j’avoue que je ne suis pas forcément sensible aux mots dans la musique. Si un thème devait ressortir de cet album, je pense que ce serait la fragilité d’un être qui essaie de voir la beauté du monde dans l’invisibilité ou dans les choses les plus banales ou les plus simples du quotidien.

As-tu eu des références musicales pour ce nouveau pas discographique ?

Oui, je peux citer notamment Nick Drake, Elliott Smith qui m’a énormément inspiré/influencé, Joni Mitchell, Paul Simon qui est un maître absolu et Neil Young. Par ailleurs, Mark Hollis qui était le chanteur du groupe Talk Talk est un modèle musical et artistique pour moi. Au-delà de ces artistes, inconsciemment, il y a eu aussi tout mon bagage classique et Jazz.

Peux-tu nous parler de la pochette qui illustre « SHELTER(S) » ?

Cette pochette a été une épopée ! J’ai dû mettre à peu près six mois à la faire. Il y a eu une vingtaine de versions différentes mais la pochette finale est presque l’une des premières que j’avais envoyées. Cette pochette est issue de plein de collages de photos inversées ; je ne voulais surtout pas y apparaître sinon en silhouette ; certes c’est mon disque mais je ne considère pas qu’un disque appartienne à quelqu’un, il est d’abord destiné à une personne. On retrouve également un collage réalisé par ma compagne sur un poème. S’il y a un S au titre de cet album, c’est parce que ces abris sont multiples et ils s’imbriquent les uns dans les autres. Pour cette pochette, j’ai cherché à imbriquer beaucoup de choses que j’aime ; la poésie, ma compagne Caroline à qui ce disque est destiné…J’ai essayé de retranscrire en images ce refuge-là.

©Prisca Lobjoy

©Prisca Lobjoy

Selon toi, quelle serait la façon idéale pour découvrir « SHELTER(S) » ?

C’est une question vaste et belle. Il faut être à l’écoute car je ne pense pas que ce soit une musique qui puisse s’écouter en fond sonore. Je crois que la façon idéale pour découvrir « SHELTER(S) » sera celle que les personnes qui vont écouter ce disque choisiront. On écoute tous la musique différemment, de manière personnelle, ma façon à moi ne conviendra certainement pas à quelqu’un d’autre…Finalement, la meilleure façon sera celle de chacun.

Quels sont tes prochains projets ?

J’ai à cœur de retrouver la scène tout doucement afin de reprendre contact avec le public. J’ai envie de faire vivre ce disque mais calmement. Le 23 mai, je jouerai au Sunside Jazz Club. Il se pourrait que je mette moi-même en images un second extrait dans quelques mois. J’ai envie de « manger » encore plus de musique afin de voir où je vais encore pouvoir aller mais aussi lire et regarder plein de films car ce sont des sources d’inspiration infinies.

Rencontre avec Olivier Bogé au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « SHELTER(S) » !
https://www.facebook.com/olivierbogemusic
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