Rencontre avec Patrick Coutin au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « L’Homme Invisible » !
Quelle a été l’impulsion pour vous lancer dans l’écriture de votre nouvel album baptisé « L’Homme Invisible » ?
J’écris des chansons pratiquement en permanence mais je ne les garde pas toutes. J’ai composé cet album vers la fin de ces deux ans d’enfermement dus au COVID ; j’ai beaucoup souffert de cela, j’ai bien vécu le début comme tout le monde mais plus le temps passait, plus c’était une catastrophe. J’avais envie de spontanéité, de revoir des gens et de jouer comme on peut le faire dans un studio de répétition. J’ai un studio chez moi et j’aurais pu enregistrer ce disque à la maison mais j’avais envie de faire de la musique avec des gens et de rigoler avec eux. L’impulsion est venue de là.
Était-ce un rêve de toujours d’enregistrer un disque au Texas ?
Ce n’était plus un rêve mais ça en avait été un quand j’étais gamin. J’ai travaillé avec d’autres artistes là-bas notamment avec Dick Rivers et Les Wampas ; j’y avais enregistré leurs albums. Il y a une vingtaine d’années, j’ai presque vécu pendant un et demi à Austin qui est un endroit où je voulais absolument aller car il y a de très bons musiciens là-bas. A vrai dire, je n’y pensais plus et je voulais faire ce nouvel album à Paris mais pendant une nuit où je traînais sur Internet durant cette période de COVID, j’ai cherché si le guitariste David Grissom avec qui j’avais travaillé là-bas était toujours dans le coin, je l’ai trouvé sur Facebook ; le miracle du monde d’aujourd’hui ; nous avons échangé, il m’a proposé de venir faire un album à Austin et c’est là que je me suis dit mais bien sûr, c’est ça qu’il faut que je fasse. Ca a pris un peu de temps pour trouver un studio mais quand j’ai pris l’avion pour Austin, j’y enregristrais dix jours plus tard.
Le fait d’œuvrer avec des musiciens Américains sur place a-t-il influé sur la direction musicale initiale de votre album ? Est-ce le fait de jouer avec eux qui a donné cette couleur particulière à votre disque ou l’aviez-vous déjà en tête lors de sa composition ?
C’est un peu des deux. Au début, je voulais un album de Rock ; c’était bien décidé ; un disque qui sonne un peu tout le temps pareil avec une vraie identité et qui soit simple à jouer. C’était la base de ce que j’ai amené en Amérique mais les musiciens d’Austin jouent le Rock d’une manière très particulière ; c’est à la fois du Rock binaire avec une forte influence Française car ils ne sont pas loin de La Nouvelle-Orléans mais aussi Mexicaine et donc un peu Latine ; c’est un Rock un peu chaloupé qui a du swing et c’est indiscutablement ce que ces musiciens ont apporté.
Même si c’est le titre de la dernière chanson de ce disque, pourquoi avez-vous choisi d’appeler votre nouvel album ainsi ?
Cela fait référence à l’un de mes « fantasmes » durant le COVID. Il faut savoir que je ne regarde jamais la télé ou très peu mais durant cette période, je suivais les informations tous les jours afin de me tenir informé de l’évolution du virus. Pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude des gros médias télévisuels, c’était impressionnant car en l’espace de dix minutes, on entendait tout et son contraire. J’étais très troublé par cela car je suis quelqu’un qui a toujours vécu un peu libre ; un peu dans son monde ; et en plus, on ne pouvait pas sortir comme on voulait. Un jour, en hiver, je suis sorti avec mes lunettes noires et je me suis dit que comme cela personne ne me voyait. J’ai pensé que c’était exactement cela qu’il me fallait, des lunettes qui me permettraient d’être invisible afin de pouvoir faire tout ce que je voulais. La chanson est partie de cela. Quand j’ai terminé l’album, je me suis dit que c’était le titre de chanson qui correspondait le mieux à ce que j’avais écrit ; c’est album où il y a un grand retour sur moi-même.
Quelles thématiques abordez-vous sur ce disque ?
Les grands thèmes du Rock sont toujours un peu les mêmes à savoir la liberté, l’amour, la route, la mort et la vie. J’ai essayé d’exprimer ces thèmes de la façon la plus simple possible. J’ai voulu avoir une écriture limpide et basique sur cet album.
Pouvez-vous nous en dire plus sur « La Ballade de Jesus Cat » qui est sorti en amont de « L’Homme Invisible » ?
C’est une chanson sur une motarde que je connais, c’est une petite femme toute fragile avec une grosse moto. C’est une personne qui est mal à l’aise dans ce monde et qui est toujours prête à aller chercher autre chose ailleurs. Dans la chanson, ça fini mal mais elle n’en est pas là, Dieu merci. Cette femme est extrêmement féminine et en même temps, elle emprunte des codes de la masculinité afin d’essayer de trouver une réponse. Elle me semble bien symboliser les générations actuelles qui refusent l’absolutisme des sexes et des cultures du passé ; tous ces gens fabriquent une vie différente et au départ, on peut ne pas les comprendre. Comment une gamine qui fait 60 kilos toute mouillée peut bien se trimballer sur une grosse Harley-Davidson et bien, c’est parce qu’elle le veut, qu’elle veut y trouver des réponses qu’elle cherche ; elle ; et c’est son droit.
Aviez-vous dans un coin de votre tête le film « Thelma et Louise » quand vous avez écrit cette chanson ?
Je ne l’avais pas dans un coin de ma tête pour l’écriture de cette chanson mais ce film y est de toute façon car « Thelma et Louise » aborde les thèmes de la route, de la liberté et de la transgression et ce sont tous les thèmes qu’il y a dans le Rock. « Thelma et Louise », c’est aussi le thème de personnes qui ne choisissent pas forcément ce pourquoi elles ont été faites, qui décident que leur vie ne sera pas ça et si elles doivent le payer, elles le payent. On parle toujours de la vie et de la mort et tant qu’à mourir autant le faire libre et en ayant fait des choses qui nous tenaient à cœur. On sait qu’aucun de nous n’est immortel. « Thelma et Louise » et « Easy Rider » sont des films importants pour moi ; ils représentent cet univers un peu rebelle qui n’est pas forcément violent.
Vous qui avez connu l’évolution du Rock des années 60 à nos jours, à quelle époque êtes-vous le plus attaché ?
Il y en a plusieurs. Le Rock de la fin des années 60/début des années 70 avec des grands groupes tels que Led Zeppelin, The Rolling Stones, King Crimson…Le Jazz Rock arrivait également à cette époque qui était extrêmement riche où tout était permis et où tout fonctionnait. On pouvait aussi bien écouter du Hard Rock que de la Country. Les découvertes étaient fantastiques. Ensuite, j’ai eu de l’intérêt pour le Punk Rock et plus spécialement le Français qui n’a rien à voir avec celui en anglais. Nous avions enfin une expression Rock très Française ; on aime ou on n’aime pas mais c’était vraiment quelque chose dans lequel on retrouvait des racines culturelles ; voire même folkloriques ; et une expression dure ; je pense notamment à des groupes tels que Les Garçons Bouchers et leur chanteur François Hadji-Lazaro qui est décédé récemment.
« J’Aime Regarder Les Filles » a été de nombreuses fois décliné en remixes Electro/House, cela ne vous a-t-il jamais donné envie de vous essayer à ce style musical ; ne serait-ce que par le biais de collaborations ?
Je n’ai jamais trop voulu me mêler de ces remixes car pour moi, c’est comme si « J’Aime Regarder les Filles » était un enfant que j’aurais fait et je le laisse vivre sa vie. Je m’amuse à faire de l’Electro chez moi mais aujourd’hui, l’Electro est devenu un monde à part, c’est le monde de la nuit et il faut pouvoir tenir jusqu’au petit matin (rires). L’Electro est un monde qui appartient à des DJS extrêmement forts, ce n’est pas celui que l’on fait avec sa guitare et sa voix comme le mien. Même si je n’ai pas de barrières musicales, très timidement, je n’oserai pas.
J’ai lu que vous aviez étudié la philosophie et les arts plastiques à La Sorbonne…Comment intituleriez-vous une autobiographie si vous deviez en écrire une et comment synthétiseriez-vous votre carrière sur une toile ?
Pour tout dire, je suis supposé écrire une autobiographie…J’ai des petits bouts dans mon téléphone et pour l’instant, je lui donne le nom de code « In Memoriam : La Vie » car je trouve que l’on se pose souvent des questions sur la vie mais en réalité, elle n’est justifiée que par une seule chose et c’est la vie elle-même. Sur une toile, ça serait compliqué, ça serait le bordel…je pense que ça serait un collage car ma vie en est un. J’ai très tôt voulu parcourir le monde afin de rencontrer des gens différents de moi. On dit souvent que la vie est un chemin, la mienne est plutôt une suite de tronçons. J’ai plein de petites vies qui se sont accumulées les unes derrière les autres et le seul fil rouge, c’est moi. Sur une toile, il y aurait San Francisco, le Texas, le Maroc, l’Italie, la Grèce mais aussi plein de coins en France que j’adore, il y aurait de l’eau car je suis un homme de mer mais aussi la ville car je suis un parisien très endurci, la musique évidemment, des gens que j’ai rencontrés…
Quels sont vos prochains projets ?
Avec mes musiciens, nous jouerons l’album le 21 mars à La Bellevilloise. Quelques dates seront bientôt annoncées dont des festivals. Le 14 juillet, nous jouerons pour une association qui s’occupe du handicap et c’est une date qui me tient beaucoup à cœur. Le clip de « L’Homme Invisible » sera bientôt tourné et il sera réalisé par un jeune réalisateur qui m’intéresse beaucoup.
Patrick Coutin - La ballade de Jesus Cat - (Official music video)
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