Rencontre avec Arthur Chaps et Woody Braun de la Funky French League au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Frenchy But Funky » !
Qu’est-ce qui a fait que vous sortiez enfin « Frenchy But Funky » alors que votre premier remix de Véronique Sanson remonte à plus de cinq ans ?
Arthur : Cela vient justement de ce premier remix. Nous avons été contactés par Warner Music pour le sortir ; nous avons discuté avec le responsable en question, nous nous sommes dit que nous étions dans le même état d’esprit, que nous aimions les mêmes choses et qu’au lieu de sortir un seul remix, nous allions en faire toute une série. Aujourd’hui, nous arrivons au terme de quatre ans de travail sur vingt-cinq remixes que nous avons regroupés sur « Frenchy But Funky » qui marque le bout ; ou en tout cas, un chapitre important ; de cette série.
On retrouve trois titres de Véronique Sanson mais aussi de François Hardy sur ce disque, diriez-vous que c’est parce que ce sont les deux chanteuses les plus « Funky » en France ?
Woody : Les plus Funky, non mais Véronique Sanson est allée bosser aux States avec toute l’équipe d’Herbie Hancock et pour le coup, « Hollywood » est plus un album Américain que Français. Elle était allée chercher un jus neuf pour ce disque. Ayant vécu à Los Angeles, elle a dû entendre le Funk et la Soul qui arrivaient à faire quelque chose de vraiment nouveau à cette époque-là par rapport à la scène plus classique ou Rock qu’elle connaissait. Véronique Sanson qui devait peut-être avoir des influences un peu Jazz s’est greffée sur ce style de musique et c’est ce qui a fait qu’un nouveau style de variété très Funk est né. En revanche, je sais que Françoise Hardy ne kiffait pas spécialement la rencontre musicale avec Gabriel Yared et Michel Jonasz qui est un fan de Jazz, de Funk et de Soul ; elle avait beaucoup de mal à s’adapter à ce que lui écrivait Jonasz au niveau du flow. A la base, elle préférait la variété Française plus traditionnelle qu’elle faisait déjà.
Pour revenir au titre de votre long format, comment confronteriez-vous les termes frenchy et funky ? Le Funk en français n’est-il pas si évident que cela ?
A : Woody est quand même une vraie figure du Funk en français !
W : Je venais au Studio Luna Rossa faire mes premières repets quand j’étais dans un groupe de Reggae en français et ensuite, je suis rentré très vite ; à mes 18 ans ; dans Malka Family qui était un groupe de Funk en français ; c’était nouveau et un peu unique car s’il y avait beaucoup de Funk Français ou de Funk en français, il n’y avait pas de groupe comme celui-là. Le fait de savoir que le groupe écrivait et chantait en français, ça m’avait un peu perturbé au départ mais à la même époque, le Rap en français émergeait et du coup, ça me paraissait logique de faire du Funk aussi dans notre langue. Depuis, ça ne pose pas trop de problème. En revanche, le Funk est un style de musique qui n’a été accepté que très récemment par le grand public en France. Dans les années 90, il était clairement ignoré, le Rap intéressait les gens mais ils ne faisaient pas que ça venait un peu du Funk. Même à l’époque de Véronique Sanson et de Françoise Hardy, on disait même que « J’Ecoute De La Musique Saoûle » était un morceau Disco alors que pas du tout. Au final, c’est vrai que ce n’est pas si évident que cela.
Comment s’est élaboré le choix des titres présents sur « Frenchy But Funky » ?
A : Le premier filtre a été que ces titres devaient être issus du catalogue Warner. Une fois ce filtre posé, toute l’équipe de la Funky French League s’est mise à tout écouter et ensuite, nous avons fait des séries de propositions. Je pense qu’il y a eu une centaine de propositions ; peut-être même un peu plus ; pour arriver à ces vingt-cinq remixes. Quelques propositions sont venues directement de la part de Warner. Le second filtre a été l’opportunité ; il fallait que ça aille dans le chemin que souhaitait suivre l’artiste à ce moment-là, s’il sortait un album, ce n’était peut-être pas le moment adéquat pour publier un remix d’un ancien titre. Il fallait que ça aille de consort et pour cela, Warner a eu les informations nécessaires. Enfin, l’accès aux bandes originales a été le dernier filtre et c’était rare qu’elles soient présentes et en bon état. Nous avons eu beaucoup de désillusion là-dessus. Nous avions des souhaits mutuels et finalement, sans pistes séparées, ça ne permettait pas d’amener ce que nous désirions sur l’œuvre.
Ces titres avaient-ils quelque chose en commun à l’origine ? Peut-être leur groove ?
W : Oui, le groove, le son des années 70, le fait d’avoir été enregistrés dans de grands studios par de grands producteurs mais en même temps, il y a eu des challenges ; je pense notamment à « On M’Attend Là-bas » qui était plus Rock que vraiment Funk ou Disco.
Quels morceaux vous ont demandé le plus de travail ?
A : « J’Ecoute De La Musique Saoûle » a subi une vraie transformation. Woody avait fait plusieurs propositions ; ce remix a demandé un travail musical très fort ; tout comme « La P’tite Lady » de Vivien Savage repensé par MonsieurWilly et Sami Dee. Par ailleurs, il y a eu beaucoup de patience quant au travail effectué sur le répertoire de Claude François ; nous avons mis pas loin de trois ans pour obtenir les accords.
Auxquels êtes-vous restés le plus fidèle ?
W : « Mangos » dont le remix a été réalisé par Young Pulse…
A : …« Bernard’s Song ».
W : Pour le coup, c’est vrai que c’est la même chose, Pulse a remixé ce titre de Véronique Sanson au niveau du son. Il y a plus de son mais en même temps, ce n’est pas hyper fidèle de virer tous les couplets (rires).
A : En ce qui concerne « Magnolias For Ever », nous étions purement dans l’idée de sublimer la production. Les outils de production ont évolué avec le temps, nous les avons utilisés pour faire en sorte de donner encore un petit peu plus de longévité à cette œuvre.
Du live avec certains de ces artistes serait-il dans les tuyaux ?
W : Ça va difficile…
A : On adorerait mélanger l’aspect DJ set et spectacle ; ça fait partie de nos intentions quand on invite les danseuses d'O’Soul Waack qui génèrent des prestations très exigeantes.
W : Nous avons fait quelque chose avec Sheila à Taratata mais c’était vraiment venu d’elle ; elle a voulu prolonger l’expérience des remixes et ça a été une vraie rencontre.
Si le succès est au rendez-vous ; ce que l’on vous souhaite ; seriez-vous partants pour un volume 2 ?
W : Oui, s’il reste du matos !
A : Bien sûr, vis-à-vis de Warner, il reste quelques remixes qui vont arriver car les accords sont encore en cours. Maintenant, en ce qui concerne leur catalogue, nous avons bien ratissé. Nous sommes des malades de la découverte de musique, nous avons écouté énormément de choses de chez eux et nous avons fait beaucoup de propositions et du coup, pour continuer sur cette lancée, il faut que ça se fasse avec d’autres catalogues que nous ouvriraient d’autres maisons. Nous sommes des DJS et nous continuons de faire des remixes quoi qu’il arrive ; pour nous, pour nos soirées, pour nos spectacles.
Plusieurs EPS existent déjà mais avez-vous l’intention de mettre vos talents en commun sur un album de titres originaux ?
W : Ces derniers temps, nous avons fait beaucoup de choses en commun et maintenant, l’idée serait de développer plus des projets artistiques individuels comme a pu commencer à le faire Pulse. J’ai sorti un EP, Willy en a publié un il n’y a pas longtemps…nous allons plus développer des projets comme cela. Sinon, nous continuons la série Dancefloor Weaponz avec des edits Disco-Funk années 70-80.
Quels sont les prochains projets de chacun ?
W : Je suis sur un album depuis pas mal de temps déjà et mon objectif personnel serait de le terminer. Pulse est également sur un album et Willy sur un EP.
A : Je suis sur une série de remixes, j’en sors tous les mois mais je vais essayer que la fréquence devienne hebdomadaire.