Rencontre avec Carl Vermont au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « L’Appel de la Forêt » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Mes activités musicales se développent dans plusieurs domaines ; je suis guitariste studio et tournée, compositeur de musiques pour des spectacles de théâtre et danse, et donc, auteur-compositeur-interprète-producer pour mon projet perso Carl Vermont ; qui est mon nom d’artiste. J'intègre dans mon univers des influences artistiques aussi bien musicales que littéraires (poésie de Reverdy, Mallarmé, Bonnefoy...) ou picturales (Chagall, Juan Gris, Whistler...)

La musique a-t-elle fait partie assez tôt de ton quotidien ?

Oui, cela remonte à pas mal d’années. Je pense que c’est la découverte de la musique de Django Reinhardt grâce à mon père qui m’avait offert un CD de cet artiste qui a été un déclencheur en ce qui concerne la guitare ;  aussi bien pour le jeu que pour l’envie d’explorer cet instrument. A partir de ce moment-là, la guitare a été un petit vaisseau pour explorer beaucoup de styles. Musicalement, je m’aventure dans plusieurs contrées musicales et c’est pour cela que je me considère comme un artiste multi facette. J’ai fait beaucoup de Jazz manouche, de Pop, de Rock et aujourd’hui, j’essaie de « réconcilier » un peu toutes ces influences dans mon projet musical.

Quel a été le déclic pour te lancer musicalement parlant ?

Avant ce projet-là, il y a eu beaucoup d’autres groupes dont Caravage qui a pas mal marché à une époque et qui était basé à Grenoble. J’étais compositeur et guitariste pour ce projet avec lequel j’ai beaucoup tourné. Comme le parcours classique le veut, nous sommes montés à Paris mais le projet ne s’est pas développé comme nous l’aurions souhaité. A partir de là, je me suis diversifié ; j’ai été guitariste de session, compositeur pour différentes choses, j’ai mis un peu de côté le personnage de Carl Vermont qui existait depuis Caravage ; j’écrivais pour d’autres et j’essayais de placer mes titres ; et ce qui l’a relancé, c’est ma chanson « Forever Young » qui a été choisie par le DJ et sculpteur Richard Orlinski. Le titre est sorti en 2019 et comme ils aimaient ma voix, ils l’ont gardée. Carl Vermont est sorti des limbes à grand renfort de costumes multicolores.

As-tu tâtonné avant de trouver ta direction musicale ?

J’essais de concilier beaucoup de choses que j’aime faire dans ce projet. J’aime à dire que je suis un peu retro-futuriste. J’ai une culture très vintage ; qu’elle soit Jazzy, musique des 60’s, Pop ; mais j’ai aussi travaillé avec des réalisateurs et des producers ; je le suis moi-même aujourd’hui ; de musiques très actuelles. Le beatmaking et le sound design Electro ont étoffé ma palette. Depuis longtemps, j’ai le fantasme de rassembler tout cela dans mon projet. « Ma Fenêtre » qui est paru l’année dernière était un morceau assez Jazzy avec une guitare un peu mambo, ce titre a été un point de départ et un peu le point de rupture aussi de cette nouvelle bifurcation que je prenais.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Assez poétique ; je passe beaucoup de temps sur les textes. Il y a un petit côté ritournelles pour adultes dans ce que je fais ; j’aime les mélodies fraîches et ciselées avec des textes profonds assez symboliques et oniriques qui évoquent un voyage intérieur. J’essaie de faire une Pop fraîche, chatoyante et accrocheuse  avec des guitares assez généreuses.

De quoi parles-tu dans « L’Appel de la Forêt » ?

Même si ce texte est assez libre d’interprétation ; pour moi, c’est une allégorie de la vie affective. L’appel de la forêt, c’est un peu le goût pour la découverte, le risque, l’aventure et dans la vie affective, cela peut se traduire par l’envie de ne pas se poser, de toujours vouloir rencontrer de nouvelles personnes, rechercher la fraîcheur des premières rencontres, trouver le ou la partenaire biologique le ou la plus adéquat(e). Dans ce même mouvement, cette forêt ; qui est un peu un terrain de jeu où l’on s’aventure et où l’on veut tout découvrir ; peut être un piège qui se referme car le temps passe et au bout d’un moment, on se demande si le fait d’avoir multiplié les aventures était bien naturel au lieu d’avoir voulu faire les choses plus simplement. Cet appel de la forêt est à la fois quelque chose de séduisant et de menaçant quand on se perd.

Ressens-tu ; toi-même ; souvent cet appel de la forêt ?

C'est ce dont on ne guérit jamais ; c'est ce qui se dit dans la chanson ; mais en vieillissant, cet appel est un peu moins prégnant. Dans « L’Appel de la Forêt », je parle de la vie affective mais cela peut s’appliquer à différents domaines de la vie ; c’est en rapport avec le fait de sortir de sa zone de confort car quand on en sort trop, ça peut être déstabilisant. Avec le temps, on recherche l’équilibre ; la stabilité. C’est une grande question…je pense que nous sommes toujours en funambules entre ces deux choses.

Peux-tu nous parler de la mise en images de ton morceau ?

Shawy Animation qui vient de Besançon et avec qui j’avais déjà collaboré pour le clip de « Ma Fenêtre » est un incroyable artiste visuel que j’aime beaucoup. Dans ce clip, il a mélangé les matières, on retrouve du Lego, du Pixel Art, du collage papier…Nous voulions créer deux pôles visibles à l’image, la ville qui symbolise la civilisation et la forêt. Ce sont des cases symboliques où tout se mélange un petit peu. Cette ville fantasmée s’inscrit dans l’univers du film « Tron » ; c’est le côté futuriste ; quant à la forêt, elle s’ouvre et se referme avec différentes matières ; c’est un cycle. Nous avions à cœur que ce clip illustre cette aventure initiatique ; c’est un peu une course à la survie dans un univers très haut en couleur. Dans cette sorte de multivers, il y a six représentations différentes de Carl Vermont.

Visuellement cette vidéo illustre-t-elle ce que tu as envie de développer à l’avenir ?

Oui, absolument. Je suis en pleine réflexion afin de développer une scénographie pour le live qui serait inspirée de cet univers. J’aime beaucoup l’univers très Michel Gondry de Shawy ainsi que le côté très artisanal ; le carton-pâte me parle. A l’heure de la multiplication des images, je trouve qu’une forêt en pâte à modeler peut être très puissante par rapport à beaucoup d’autres choses dont notre vision est saturée. Par ailleurs, les costumes que je porte sont un peu une marque de fabrique de ce personnage qui est un peu fantasque et décalé ; venu soit d’une autre époque ou d’une galaxie (rires).

Quels sont les artistes musicaux qui sont des références pour toi ?

C’est une question tellement vaste ! On retrouve notamment les Beatles mais pour moi, ça se détache presque de la musique, c’est encore autre chose pour moi, c’est pour ainsi dire une mythologie en soi. Je reste définitivement hanté par les mélodies des Beatles. J’écoute beaucoup de guitaristes dont Pat Metheny. Le plus volontiers, chez moi, c’est du Jazz que j’écoute mais aussi de la Pop élégante à l’image de The Divine Comedy dont la musique est conceptuelle de façon discrète dans les textes ; j’aime beaucoup le côté conteur et c’est quelque chose que j’aimerais développer. J’apprécie le côté guitaristique de M. J’aime beaucoup la dimension littéraire de Gainsbourg ; c’est artiste qui m’a profondément marqué tout comme Léo Ferré ; notamment sa chanson « La Mémoire et la Mer ».

Sur ta chaîne Youtube, j’ai beaucoup apprécié ta reprise de « Dream Dream Dream (All I Have To Do Is) », comptes-tu en présenter d’autres prochainement?

Une reprise de « Words Of Love » faite avec Matthieu Motte ; qui était le chanteur de Caravage ; vient d’être dévoilée. J’aimerais beaucoup développer ces duos également avec d’autres artistes. J’adore cette dimension rétro-futuriste qui résume ce que j’aime faire à savoir adapter d’anciens morceaux en faisant un peu de beatmaking dessus et en rajoutant des petites choses que l’on entend dans l’Electro.

Quel sont tes projets à venir ?

Un EP intitulé « Or Ciel Couleur Pluie » sortira en 2023 mais il sera dévoilé petit à petit à travers des singles. Le troisième extrait « La Rivière des Oiseaux Peints » paraîtra en début d’année. « Sous Une Pluie De Papier Découpé » sera le quatrième single à paraître avant l’EP. Il y aura du live à Paris et dans d’autres régions. Je serai accompagné par un vieux complice.