Retrouvailles avec Thibault Eskalt afin d’en apprendre plus sur son spectacle et sur l’EP à paraître !

Pourquoi as-tu choisi de présenter sur scène ton nouvel EP avant sa sortie prévue début 2023 ?

Ce spectacle me permet m’amorcer la sortie de ce disque. C’est une sorte de promotion par le live. J’ai préféré revenir par du vivant plutôt que de passer par du virtuel. J’ai voulu créer une attente par le live en proposant tout un univers afin d’essayer de convaincre de nouvelles personnes d’acheter mon disque.

« Sauvage » contiendra sept titres…c’est un peu court pour tout un spectacle ; y-a-t-il autre chose que de la musique dans « Le Dernier Homme Sur Terre » ?

Dans « Le Dernier Homme Sur Terre », il y a douze titres en tout dont certains qui ont été faits auparavant et des inédits qui paraîtront sûrement sur mon album qui viendra plus tard. Dans ce spectacle, il y a également des aphorismes, de la vidéo et du jeu.

Comment t’est venue cette idée de spectacle ?

Ca a été un long processus de réflexion et le confinement a peut-être aidé à avancer là-dessus. J’étais un peu frustré car je proposais toujours un univers visuel sur Internet via mes clips notamment, les gens y adhéraient beaucoup mais quand ils venaient me voir en concert, ils étaient un peu déçus de ne pas retrouver ce côté grands espaces et nature. Sur scène, ça restait juste un gars avec une guitare avec des longs cheveux et une barbe comme il peut y en avoir partout. L’idée était de trouver quelque chose qui me ressemble plus. J’avais envie d’être sur scène comme je suis ; c’est-à-dire un peu sauvage (sourire). J’ai créé toute cette ambiance-là à partir de mes clips car je voulais présenter un projet complètement cohérent.

Y-a-t’il une progression dans un récit qui serait déroulé tout au long de ton EP comme dans la série de clips qui va l’illustrer ?

Oui, cet EP est une métaphore de ma vie ; il raconte tout ce que j’ai traversé ces dernières années. Tout comme dans le spectacle, je traverse notre époque actuelle en me posant plein de questions et je me raccroche à ce que j’ai de meilleur pour pouvoir vivre sans être malheureux. Il y a un point de départ et un point d’arrivée et durant ce cheminement, la personne, le chanteur, l’interprète évolue et change. Ça commence par l’envie de fuir ce monde-là et ça se termine par quelqu’un qui dit à son gamin viens laissons tout derrière nous mais vivons heureux en profitant de ce que nous avons tant que nous l’avons. Il y a une vraie évolution.

Pourquoi t’es-tu arrêté à sept titres au lieu de proposer un disque plus long ?

C’est calculé car ce sont un peu les sept étapes du deuil. J’ai commencé ce disque au moment où j’ai perdu ma mère et il a traversé le COVID et la naissance de mon fils. Je me suis arrêté à ces sept titres car j’étais devenu une autre personne. Mes prochains projets seront en adéquation avec ce que je suis maintenant.

Quelles thématiques abordes-ti sur « Sauvage » ?

Sur ce disque, j’aborde l’envie ; que nous avons tous parfois ; de tout quitter afin de retrouver la vie sauvage et de partir à l’aventure dans le grand Nord. Je parle de la rencontre amoureuse, celle qui change tout. J’évoque le deuil et la volonté d’avancer durant cette période-là afin d’aller mieux ; de ne pas se vautrer dans la noirceur mais plutôt de se diriger vers la lumière. Je parle aussi des gens discrets qui ont parfois du mal à trouver leur place dans notre société mais qui changent les choses mais que l’on ne voit pas forcément. J’aborde aussi la paternité.

Peux-tu nous en dire plus sur cette fusion entre l’homme et le glacier représentée sur la pochette de « Sauvage » ?

L’idée était de représenter un homme-glace ; une personne figée. Actuellement, les glaciers fondent mais nous aussi quelque part. Plus le temps passe, plus on avance, plus on se craquelle et plus on fond pour finalement dévoiler notre humanité. Il y a également l’idée de la partie visible de l’iceberg. La glace est très minérale, très organique, elle est pleine de reliures et de fissures.

Ce titre d’EP illustre-t-il la façon dont tu te vois ?

Je ne suis pas forcément sauvage car je reste très sociable. C’est de la sauvagerie douce et pour moi, c’est la vraie vie en fait. Par rapport à tout ce que raconte ce disque, il représente un recentrage sur mon humanité. J’ai déconstruit un personnage pour me renouveler.

Quelles ont été tes inspirations visuelles/cinématographiques pour ta série de clips à paraître tout au long des prochains mois ?

Je prends un peu de tout. Mon œil trie les choses et j’en garde certaines. Parfois elles m’inspirent mais de façon inconsciente. Ça peut être une silhouette qui se découpe sur la plage et en l’isolant, on a l’impression que la personne est seule sur Terre. Je trouve ça hyper touchant car cela renvoie au fait d’être seul dans la masse. La nature m’inspire souvent tout comme la lumière. En termes de films, nous avons été inspirés par « The Revenant » pour le clip de « Poussière ». Je pourrai citer également « Dune » même si je n’ai pas vu ce film et « Into The Wild » mais sans le vouloir car ce n’est pas forcément ma référence.  Pour faire un clip, je fais avec ce que j’ai et quand je pars pour un tournage, je ne prends que mon appareil photo.

« Les Désorientés » serait-il ton morceau le plus engagé ?

Oui mais c’est un engagement sans l’être. Ce titre est un constat sur notre monde actuel ; ce n’est pas un jugement. Je ne lève pas le poing pour gueuler dans cette chanson qui est très sensible mais nécessaire. Quand je joue ce titre durant le spectacle, c’est souvent le moment où les gens ont le plus de frissons. C’est une chanson sur la vérité. C’est un texte brut avec de vraies questions. Avec Pierre Georges Grunenwald, nous avons voulu dresser un portrait global intemporel.

Peux-tu nous en dire plus sur tes mots à la fin du clip de « Poussière »…Ces trois personnes chères à ton cœur ont-elles été le « déclencheur » de tout ce projet ?

Je ne me rendais pas compte de la chance que j’avais d’avoir ma compagne et d’avoir trouvé l’amour jeune car beaucoup de gens recherchent cela toute leur vie. Ma mère nous disait toujours que nous devrions faire un duo ensemble et nous travaillions dessus au moment où elle est décédée. Ça m’a changé profondément car d’un seul coup, je me suis aperçu qu’on était complètement vulnérable et que l’on pouvait partir du jour au lendemain. Quelques semaines après la mort de ma mère, j’ai tout perdu, je n’avais plus rien à quoi me raccrocher à part ma compagne. Six mois après, j’ai appris que j’allais être père et ça a été un twist total. Je suis passé à deux extrêmes en très peu de temps. Effectivement, je pense que ça a été un catalyseur pour créer tout cela. J’ai eu besoin d’extérioriser et j’ai reconquis mon monde à moi à partir de ce qui a été détruit et c’est ce que raconte le spectacle.

Pourquoi aimerais-tu présenter ton album dans des lieux atypiques ?

Ma musique n’a jamais été faite spécialement pour les salles de concert car elle a un côté très cinématographique. J’ai toujours eu envie de jouer dans des lieux qui me ressemblent ; dans des jardins, des grottes, des forêts, des salles dans lesquelles on ne s’attendrait pas à entendre de la musique et qui permettraient ; quelque part ; de mieux l’apprécier. Les dates au Théâtre La Croisée Des Chemins se passent très bien ; c’est très intimiste et ça marche. C’est une façon de mettre en valeur les chansons et moi en tant que chanteur car là, c’est la voix qui compte et non la personne. Je suis au service d’un spectacle et des textes et pour moi, c’est peut-être plus sain. Je crois que nous avons trouvé la bonne solution pour présenter ma musique.