Rencontre avec Thibaut Pez au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de sa reprise de « Sans Logique » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis auteur, compositeur et interprète. Je fais de la musique depuis pas mal d’années et j’ai appris à produire moi-même mes chansons de façon totalement autodidacte même si je collabore aussi avec d’autres producteurs afin d’élever le niveau. J’ai une formation de pianiste et c’est au piano d’ailleurs que je compose principalement tous mes morceaux ; je ne compose pas sur ordinateur comme les artistes qui font d’abord une prod et qui inventent ensuite une mélodie dessus. Je m’inscris plutôt dans une tradition chanson Française, je cherche mes harmonies au piano et tout se fait en même temps au moment de la composition ; paroles, mélodie et accords. Je fais de la chanson Queer avec une vision généraliste ou en tout cas universelle. Je m’inscris dans un genre plutôt Electropop et pour mon prochain EP, j’ai travaillé avec Apollo Noir qui est un génie de la production. A côté de mon activité de musicien, je suis rédacteur.

Comment s’est passée la bascule entre le journalisme politique et la chanson ?

Elle ne s’est pas faite ; à vrai dire. J'ai fait du journalisme politique et même d’ordre général car mes parents m’avaient conseillé de faire des études pour avoir un vrai métier d’abord. J’ai commencé par faire un métier très sérieux avant d’en faire un qui l’est moins ; ce qui n’est pas très logique par rapport aux expériences de vie commune car d’habitude, on fait plutôt l’inverse, on commence par faire de la musique et on se range à 30 ans ; moi, j’ai fait l’inverse. Quand j’étais journaliste politique, j’ai sorti quelques titres sous mon nom mais je communiquais très peu dessus et je ne montrais pas mon visage. Au bout d’un moment, j’ai eu la possibilité d’arrêter le journalisme politique et du coup, j’ai saisi ma chance et je me suis lancé dans la musique quasiment à plein temps car je bosse quand même encore un peu à côté. La professionnalisation est donc venue plus tard et il n’y a pas eu de rupture si ce n’est que je n’aimais plus du tout mon métier et que j’aimais de plus en plus le nouveau.

Quel regard as-tu aujourd’hui sur « Garçon Formidable » ton premier EP paru en 2019 ?

J’ai beaucoup de tendresse pour ce premier EP que je prends beaucoup de plaisir à chanter en live. J’aime les chansons qui composent ce disque et je trouve que « Que Tu Meures » et « Garçon Formidable » mériteraient de passer en radio. Depuis cet EP, ma voix a beaucoup évolué car j’ai pris des cours de chant ; sur ce disque, elle est un peu fluette. Cet EP est sorti en totale indépendance ; ces chansons n’ont pas été assez exploitées et je crois qu’elles auront leur place sur un album un jour.

« Soleil Noir » sera-t-il dans le prolongement de ton premier format court ?

Oui, dans la mesure où j’écris et compose toujours de la même manière mais il y aura une évolution en termes de production. Mon premier EP a été produit par Jérémy Rassat qui a notamment travaillé avec The Pirouettes, l’univers était très Electropop alors que le prochain qui a été produit par Apollo Noir sera plus dark tout simplement car ce disque correspond à une période de ma vie où j’étais un peu plus malheureux. Par ailleurs, j’avais envie d’être dans des productions un peu plus radicales. Apollo Noir travaille notamment avec des synthés modulaires qui font des bruits plus que du son et c’est super car pour tous les éléments percussifs, cela donne des couleurs bien particulières ; sur « Soleil Noir », par exemple, ça donne une couleur de bateau échoué au fond de la mer que je n’aurais jamais pu obtenir avec une batterie ou mêmes des drums de boîte à rythmes classiques.

Comment as-tu rencontré Apollo Noir avec qui tu as œuvré sur ce disque ?

Je l’ai rencontré à la soirée d’anniversaire de mon amie Yanis qui chante également, nous avons discuté et il m’a proposé de lui envoyer ce que je faisais, nous nous sommes revus et tout s’est fait très naturellement.

Pourquoi as-tu choisi de revenir avec une reprise plutôt qu’un titre original ?

Ces derniers temps, hors EP, j’ai fait pas mal de reprises dont « India Song » de Jeanne Moreau en duo avec The Man Inside Corrine qui a notamment œuvré chez Madame Arthur et « Rêves Secrets d’un Prince et d’une Princesse » extrait de « Peau d’Ane ». J’ai voulu terminer ce cycle des reprises avec celle de « Sans Logique ». Je trouve que c’est une bonne façon de présenter aux gens qui je suis et ce que j’aime ; cet exercice est une bonne manière aussi de connecter les auditeurs plus facilement qu’avec des chansons à soi car les gens sont plus rapidement curieux sur des reprises. En ce qui concerne l’EP à paraître, j’ai d’abord présenté cette reprise de Mylène Farmer mais j’ai très très hâte de faire découvrir les autres chansons car même si j’adore les reprises, je ne fais pas de la musique pour cela mais pour sortir et défendre mes propres textes car je suis avant tout auteur-compositeur.

Comment as-tu voulu réinterpréter le célèbre « Sans Logique » de Mylène Farmer ?

Je n’ai surtout pas voulu copier la version originale. Je sais que la communauté de fans de Mylène Farmer peut être assez intransigeante et cela ne m’intéressait pas de refaire le même titre. L’envie était de proposer une reprise qui s’inscrive dans mon univers. A cette époque, j’écoutais pas mal Billie Eilish, j’aime ce mélange d’éléments électroniques et acoustiques et c’est dans cette direction-là que nous sommes partis en ajoutant également un orgue très typique des années 90 pour faire danser. Deux constructions rythmiques cohabitent dans ce même morceau et c’est assez rare. 

Quels sont été les premiers retours ?

Honnêtement, j’avais très peur des retours mais plein de gens m’ont dit que c’était enfin une bonne reprise de Mylène Farmer. Globalement, les retours sont hyper positifs et j’en suis très content car j’aime passionnément cette artiste que j’écoutais un peu en cachette au début quand j’étais petit.

As-tu envoyé ton cover au tandem Farmer/Boutonnat ?

Non car ça me fait beaucoup trop peur (rires).

Quelle est ton histoire avec ce titre qui date de 1989 ?

Quand cette chanson est sortie, je n’étais pas en âge d’écouter Mylène Farmer. J’ai découvert « Sans Logique » bien après quand j’étais un très jeune ado. Ce titre est mon préféré du répertoire de Mylène Farmer. Je suis devenu fan quand j’ai vu le clip dans lequel elle avait les yeux blancs et elle plantait son amant avec des cornes en fer.

Peux-tu nous en dire plus sur tes envies visuelles pour le clip qui illustre ta reprise ?

J’ai travaillé sur ce clip avec le réalisateur Julien Kojfer. Je voulais qu’il ait une ambiance un peu vampirique et c’est pour cela que nous avons choisi du bleu et du rouge. Visuellement, c’est très profond et assez saturé. J’avais à cœur que ce soit très chaud et très froid en même temps. Le rond orange que nous avons fait avec le chef opérateur Nicolas Pradeau permet d’avoir une ambiance un peu plus sexy et physique ; d’où l’effet crash zoom qui vient sur moi. Pour ce clip, j’ai travaillé pour la première fois avec un chorégraphe afin qu’il aide à faire des mouvements.

Qui d’autre que Mylène Farmer retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

Plein d’artistes ! Si je suis allé chercher dans les icônes Gay pour mes dernières covers, j’ai une grosse culture de chanson Française et pas que de femmes même si j’adore Juliette Armanet et Fishbach, j’aime notamment Feu ! Chatterton et Etienne Daho. J’ai écouté énormément de Rock, je suis fan de Radiohead et j’ai grandi avec des groupes tels que Hot Chip et LCD Soundsystem. Même si j’ai un peu mis mes influences Françaises à distance pendant un temps, je les embrasse complètement aujourd’hui. C’est beau aussi la musique Française et même la variété, ce n’est pas un gros mot. Je ne peux pas éloigner bien longtemps mes influences Français, je sonne Français car je le suis, il faut embrasser sa nature.