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Rencontre avec Aurus au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Chimera » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Francesca Beltran

(c) Francesca Beltran

Présenterais-tu Aurus comme la chimère qui donne son nom à ton premier album ?

Je ne présenterais pas  vraiment Aurus sous cet angle-là car ce nom va bien évidemment perdurer au-delà de ce premier album. Par contre, il est certain qu’il y a un gros lien avec la chimère dans Aurus puisque beaucoup d’inspiration provient du mythe d’Horus le dieu Égyptien qui lui est une chimère. Pour moi, cet album est une chimère musicale car il y a une vraie cohabitation entre tradition et modernité ; entre le Maloya, les instruments traditionnels de La Réunion et des sons beaucoup plus électroniques. Il y a également une cohabitation entre l’anglais et le créole qui ne sont pas forcément des langues que l’on met à côté l’une de l’autre habituellement mais pour moi, ça fait sens. L’idée de chimère se retrouve également dans les morceaux qui composent cet album. Je dis souvent que nous sommes tous un peu des chimères des temps modernes car nous sommes tiraillés entre notre côté bestial, animal, que l’on a tendance à vouloir un peu mettre de côté et celui humain 2.0 avec toute cette technologie qui est autour de nous et en nous de plus en plus.

Comment est né ce projet musical sous ce nom ?

C’est un peu une continuité de ce que j’avais fait auparavant. J’ai sorti un EP sous mon nom mais à un moment donné, j’ai eu envie de pouvoir presque m’affranchir du contour de ma propre personne. Pour moi, Aurus est une sorte d’ouverture et de permission qui est sûrement symbolique pour moi-même pour pouvoir aller au-delà des frontières de ma propre personne afin de laisser libre court à toutes mes envies. Je suis content de me dire que je vais pouvoir continuer à aller là où j’ai envie sans limites. Il a été évident pour moi de ne plus utiliser mon nom et mon prénom qui existent toujours quand je fais des collaborations pour d’autres projets. Il y avait également une envie de simplifier le propos car je suis quand même friand de beaucoup de styles de musique ; j’ai récemment fait une collaboration sur un album Jazz avec André Ceccarelli, Sylvain Luc, Richard Bona et plein d’autres musiciens talentueux. Entre le Jazz, la Soul, les collaborations, si tout était estampillé sous le nom de Bastien Picot, le public se serait posé des questions. Aurus me permet de pouvoir vraiment séparer ma proposition artistique avec mes compositions, mes arrangements, l’univers visuel et musical que j’ai envie de développer dans ma création et d’autres collaborations à côté. Cela me permet d’affiner une différence entre tout cela.

Quelles sont tes casquettes artistiques au sein d’Aurus ?

Je suis auteur, compositeur, interprète, j’ai poussé pas mal d’arrangements sur plusieurs morceaux en pré-production et ensuite, j’ai collaboré avec Anthony Winzenrieth qui a réalisé et mixé l’album ; ça a été un vrai travail commun. A vrai dire, je suis impliqué un peu dans tout à des degrés différents dans Aurus. J’ai réalisé l’un de mes clips ; « Scalp » ; et comme je ne suis pas styliste, je collabore notamment avec Lia Séval mais je m’implique beaucoup là-dedans, j’envoie un mood board, on échange et je m’en remets aussi aux compétences des personnes dans chaque domaine. Quand je compose, je vois des images et donc, le visuel est intrinsèquement lié à la musique pour moi et cela permet de développer, affiner ou ouvrir le propos.

(c) Francesca Beltran

(c) Francesca Beltran

Comment distingues-tu Aurus et Bastien ?

Aurus n’est pas un personnage, c’est vraiment une extension de moi-même. En n’utilisant plus mon nom ; Bastien Picot ; dans ce projet, cela me permet de laisser libre court à toute ma folie musicale comme visuelle. J’ai l’impression qu’Aurus est une façon de décloisonner des choses, d’ouvrir une porte et pourquoi pas d’autres derrière aussi.

Quels sont les grands thèmes présents sur « Chimera » ?

Sur ce disque, je questionne notre place par rapport à nous-mêmes, aux animaux, aux autres…Je parle de l’importance du moment présent ; j’aborde le burnout, le transhumanisme, les relations toxiques, la technologie…Je parle de choses qui m’interpellent et parfois aussi de mon vécu. Toutes ces ramifications ramènent toujours à cette idée de chimère.

Comment décrirais-tu l’univers de ce disque ?

Hypnotique, percutant, mélancolique, solaire, cathartique et tribal.

(c) Francesca Beltran

(c) Francesca Beltran

Quel serait le message le plus important sur « Chimera » ?

Pour moi, ce serait peut-être d’apprendre toujours plus individuellement à savoir qui l’on est pour pouvoir mieux vivre avec soi et avec les autres.

Peux-tu nous en dire plus sur la mise en images de « KUHU » ?

Je suis très fier de ce clip et de l’écho que prend ce morceau un peu partout où il est écouté et notamment à La Réunion. En tant qu’artiste queer Réunionnais, il était important pour moi de m’entourer de personnes, personnalités et artistes de la communauté LGBTQIA+ de La Réunion ; et même encore plus car cette année, la première Marche des Visibilités a eu lieu à La Réunion et ça a été un moment très fort pour moi. Je suis vraiment heureux et reconnaissant que toutes les personnes présentes dans ce clip y soient. Le message du morceau tout comme celui du clip va au-delà de la seule communauté LGBTQIA+. Dans ce clip, il y a des personnes que j’aime de tout mon cœur et qui ne correspondent pas forcément aux standards de beauté ou aux standards stylistiques ; ce que certains pourraient appeler des outcasts. « KUHU » parle des minorités mais surtout de la diversité qui existe depuis toujours à mon sens et que ce monde de plus en plus étriqué veut un peu standardiser, uniformiser. « KUHU » est un cri de liberté pour décloisonner tout cela. Dans ce clip où j’ai voulu casser certains codes que l’on retrouve dans des clips de Hip Hop, il y a plein de symboles dont un serpent qui représente l’idée de mue. Il y a toujours un animal dans mes clips. J’ai voulu mettre des gens dans la lumière dans cette vidéo et pour les haters, je leur dirai que ce n’est pas parce que l’on sort de l’ombre que l’on retire de la lumière à quelqu’un d’autre, l’idée serait plutôt de tous se retrouver dans la lumière, se regarder, se dire que l’on est tous là et que c’est OK.

(c) Francesca Beltran

(c) Francesca Beltran

Ton projet musical est-il perçu de la même manière à La Réunion qu’à l’international ?

Je pense qu’il y a des petites différences sur certaines choses notamment l’écho à La Réunion du rap en créole sur « KUHU » ; l’impact est autre car il est compris à La Réunion. L’utilisation et même la façon de détourner légèrement les instruments traditionnels ou le Maloya, contextuellement par rapport à notre histoire, il y a forcément un écho différent sur ces quelques petites choses mais globalement, je crois que c’est quand même perçu pareil et je m’en rends dans les retours que me font les gens peu importe le territoire ; ils sont sensiblement les mêmes et tournent beaucoup autour de mots tels que voyage hypnotique, transe et mystique ; on parle aussi d’ovni musical.

L’univers d’Aurus va-t-il être évolutif album après album ou « Chimera » cristallise-t-il ce que tu as envie de défendre dans le propos et musicalement parlant ?

Très bonne question ! Pour moi, la réponse est sans équivoque. Bien sûr, il y aura une évolution, non pas parce que j’estime qu’il le faut mais tout simplement car j’aime me dire qu’il faut toujours faire un update sur soi. Je dis souvent qu’un album est une photo d’un moment ; elle est un peu de longue exposition car on parle de mois et d’années mais cela reste une photo d’une période. Je défends sur scène avec grand plaisir cet album mais je sens déjà ce mouvement d’autant que je travaille sur de nouvelles compositions…Le mot central sera l’intuition. Si demain, ce qui doit sortir est sensiblement identique à la photo actuelle, ça sortira comme cela mais je pense que ce sera fatalement différent.

Horus en était un ; de quoi Aurus pourrait-il être le Dieu?

C’est dur ça, c’est une question qui pousse à la mégalomanie (rires). Je crois qu’Aurus est le Dieu de ma vérité ; c’est mon prisme, c’est ce à travers quoi je vois le monde et que je le raconte ; je dirais même mon monde car même si je parle des autres, je les vois depuis ma perspective.

Rencontre avec Aurus au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Chimera » !
https://www.facebook.com/aurusmusic
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