Rencontre avec MAI au Studio Luna Rossa à l’occasion de la sortie de « Leviathan » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis auteure, compositrice, interprète ; je joue du synthé mais je suis plutôt sur les plugins. Je suis une artiste multimédia, je fais de la 3D et mon side job est d’être réalisatrice multimédia pour de grosses compagnies.

La musique est-ce tout récent pour toi ou t’exprimes-tu par ce biais depuis quelques années déjà ?

J’ai eu à cœur de sortir du cinéma qui est ma formation de base afin d’essayer de penser plus dans l’espace et du coup dans l’immersivité des expériences et de choses un peu plus sensibles. En ce qui concerne la musique, c’était plus mes petits copains qui étaient musiciens et moi, je me voyais plus comme la fille qui faisait de la vidéo mais comme je chantais, de fil en aiguille, j’ai vraiment commencé à mettre les mains dedans. Comme je suis une geek qui peut passer quinze heures par jour devant son ordi ; je vois un peu la musique comme un software que j’ai développé comme le reste des choses que j’ai apprises comme la 3D notamment. En tout cas, ce qui m’a amené à développer plus cela était majoritairement le fait que j’adore être devant mon ordi.

Tu as annoncé ton projet avec « Flash » qui possède une mood vidéo, as-tu choisi cet habillage visuel car c’est ainsi que tu penses/ressens ta musique ; c’est-à-dire par humeurs ?

• Non, si j’ai fait cette mood vidéo, c’est tout simplement car j’avais envie de faire un clip à Plateau Virtuel qui est un gros studio qui offre de nouveaux procédés ; au lieu d’avoir un fond vert, la caméra et l’environnement sont connectés en temps réel ; mais ça ne s’est pas fait pour des raisons budgétaires. Comme j’avais envie de sortir ce morceau sans avoir à attendre de tourner un clip, j’ai décidé de monter un petit mood vidéo rapidement en un weekend.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Sensuel, futuristique, un peu alien, un peu hors des codes ; je m’amuse dans le côté subversif des choses, j’aime être dans la suggestion.

Musicalement, comment définirais-tu ton style ?

Dark Château ! C’est vraiment une blague entre mon frère et moi, ce n’est pas vraiment un style. Je dirais que c’est Pop, que ça se veut urbain et un peu club avec quelque chose de toujours un peu mélancolique et triste quand même au fond.

T’es-tu rapidement trouvée vocalement parlant pour ton projet ?

J’essaie d’être authentique vocalement car je n’ai pas envie de tomber dans le cliché des chanteuses RnB. En français, j’essaie de gommer tous ces petits tics-là ; en revanche, je vais plus le faire de manière naturelle et insérée en anglais car c’est plus adapté au langage.

De quoi parle « Leviathan » ton nouveau titre ?

C’est le premier morceau que j’ai écrit et c’est vraiment celui-là qui a lancé MAI. « Leviathan » parle du fait de partir en courant quand on commence à ressentir trop de choses pour quelqu’un. Le Leviathan est cette chose qui fait que je panique et que je fuis dès que je commence à m’attacher à quelqu’un.

Comment vois-tu ton avenir artistique d’un point de vue de la langue ?

Je l’imagine en anglais et en français. Je pense très facilement en anglais et c’est aussi pour cela que j’écris mes captions sur Instagram dans cette langue en premier lieu. J’aime parler en anglais et je kiffe la manière de penser différemment que cela amène. Ça fait partie de moi et je ne pourrai pas choisir entre l’une ou l’autre de ces langues. En termes musicaux, actuellement, c’est en français que j’ai envie d’écrire car c’est beaucoup plus dur et challengeant. Écrire en anglais, c’est facile alors que le faire en français, c’est un exercice et c’est ce qui me passionne le plus en ce moment pour ce projet car j’ai à cœur d’être hyper pertinente en trouvant les mots justes.

De plus en plus de personnes réfléchissent en tant que synesthètes, quelle couleur associerais-tu à chacun de tes deux premiers singles ?

Les couleurs que j’associe à ces morceaux sont déjà sur les covers car c’est ainsi que je les ai pensés. Pour « Flash », c’est le jaune et pour « Leviathan », c’est le bleu. Maintenant, si je pense de manière plus large, tout ce premier patchwork de chansons que dans ma tête, j’avais appelé « Ignition » serait plus comme un feu qui serait bleu comme lorsque l'on starte une machine. La suite, quant à elle, serait plus infrared et beaucoup plus polarisé ; comme lorsque le noir devient blanc ; elle sera un peu plus dark et plus club.

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

J’ai beaucoup écouté Michael Jackson quand j’étais petite et nous faisions même des spectacles avec mes frères sur ma musique. J’aimais bien l’Indien du groupe Eagles. Un petit de Céline Dion quand j’étais enfant et quand j’étais un peu plus âgée, j’ai bien aimé les textes de Zazie. Quand j’ai commencé à acheter de la musique par moi-même, c’était majoritairement du RnB. Par la suite, j’ai eu une grosse époque Electro/Techno avant de revenir sur le Rap et le RnB.

Es-tu déjà familière de l’exercice du live ou serait-ce la prochaine étape pour toi ?

Je me suis produite une fois à L’International avec mon frère et j’ai fait également des sessions live qui étaient filmées. C’était quelque chose de nouveau pour moi et je pense que je pourrais apprécier cela mais je fantasme plus sur l’idée de créer des expériences comme par exemple louer une galerie durant un mois, que chaque pièce soit l’un des morceaux et créer des installations autour de cela. Je suis plus intéressée par ce genre de format et par le live sur Twitch plutôt que de me produire dans des salles dans toute la France. Je n’ai pas trop ce trip-là et pour ma part, je trouve beaucoup plus impactant le fait que Jean-Michel Jarre ne fasse qu’un gros show par an plutôt que d’aller jouer un peu partout.

Penses-tu à ton premier album ou est-ce que tu trouves que ce format est devenu « désuet » ? Vas-tu plutôt privilégier le format EP ?

Pour l’instant, je ne réfléchis pas trop à un format. Dans un premier temps, j’ai envie de présenter plusieurs singles. J’ai des idées de disques pour la suite et ils auraient plus un côté « collection ». J’ai des noms et des visuels en tête mais pour le moment, je n’ai pas envie de m’enfermer dans un format d’EP. De mon point de vue, ce sont les labels qui ont mis ce format en place quand ils n’étaient pas certains de mettre trop de cash sur des artistes. Comme je n’ai pas de label, je n’ai pas besoin de faire cela. Je trouve que ce format a plus été imposé dans un contexte d’industrie mais dans mon cas particulier, je peux faire ce que je veux. Pour moi, l’album a plus de sens qu’un EP car je trouve que l’on a plus le temps de raconter une histoire. Ce serait plus ce format-là qui m’intéresserait pour faire du long.