Rencontre avec Marie Minet au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son premier album !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis chanteuse et compositrice ; je baigne dans la musique depuis un certain temps sans avoir eu de véritable formation, c’est pourquoi j’aime à dire que c’est plus ma sensibilité qui me permet de m’exprimer à travers la chanson et en créant des mélodies. Je joue du piano et de la guitare mais mon instrument principal demeure la voix. J’ai d’autres casquettes mais maintenant, je me dédie complètement à la musique. Mes racines sont en Bretagne ; ma famille y vit ; c’est mon lieu d’ancrage même si j’ai beaucoup bougé et qu’actuellement, je vis au Portugal.

Le titre de ton premier album ; « Clair-Obscur » ; en donne-t-il le ton ?

Je pense que oui. C’est un titre que j’ai trouvé après avoir composé l’album. En regardant le travail qui avait été réalisé, je me suis dit que c’était clair-obscur. On retrouve cette notion dans les textes et ce contraste me représente beaucoup. Je suis une personne sensible mais en même temps, j’ai une certaine force aussi en moi et j’avais envie de combiner dans le titre de ce disque ces deux choses que nous avons tous en nous selon moi.

Comment as-tu voulu ce disque d’un point de vue musical ?

Je ne l’ai pas voulu et je pense que c’est cela qui fait justement l’originalité de cet album. J’ai eu la chance de composer ce disque en résidence artistique durant le confinement et cela a été une période  de rupture complète avec ma vie d’avant. Même si je suis toujours entrepreneure, j’étais dans une vie beaucoup plus normée avec un travail de bureau et d’autres responsabilités mais dans le fond, j’ai toujours voulu être artiste et c’est le confinement qui m’a donné la possibilité de m’exprimer complètement. A cette époque-là, je ne savais pas que j’étais en train de composer un album. J’étais libre et j’ai commencé à mettre en chanson des poèmes écrits par mon frère Paul dans lesquels je me retrouvais beaucoup. Petit à petit, cet album a pris forme mais je ne voulais pas m’enfermer dans un style musical en particulier et c’est ce qui m’a amenée à explorer le Spoken word notamment. J’ai eu la chance de rencontrer mon producteur Jon Luz qui est un génie de la musique du monde ; il a beaucoup composé notamment pour Cesaria Evoria ; et c’est lui en m’entendant en résidence qui a voulu produire mon disque alors qu’il n’avait jamais produit auparavant un album complet pour un artiste. Jon a pris ce projet sous son aile et il en a fait une belle une fusion entre de la musique du monde et de la chanson française.

Était-ce une évidence de confier l’écriture de ton disque à ton frère ?

Même si j’aime écrire moi aussi, Paul a un talent indéniable. J’ai été immédiatement touchée par ses textes qui sont des histoires qui font écho à mon propre vécu. Nous en avons d’ailleurs retravaillé certains ensemble ; nous étions vraiment dans le même esprit. Pour moi, cela a été une évidence d’autant que je trouvais ses textes intéressants ; ils ont été écrits par un homme et je les porte à ma manière. Je trouve que c’était une belle histoire de faire ce premier album ensemble.

Qu’apprécies-tu dans son écriture ?

Je pense que chacun à son talent ; le mien serait de m’exprimer grâce à la chanson et aux mélodies, le message que je fais passer à travers ma voix, mon frère sait le faire passer à travers les mots. Il écrit de manière très poétique et très brute à la fois et j’aime beaucoup ce contraste. Certains mots peuvent être crus parfois mais il y a beaucoup de poésie et de sensibilité derrière.

 De quoi parles-tu sur « Clair-Obscur » ?

D’amour qu’il soit passionnel ou désespéré. Sur ce disque, je parle d’amour sous différents angles et peut-être à différentes étapes d’une relation. L’autre thème qui est très présent et dans lequel mon frère s’est beaucoup retrouvé tout comme moi et certainement beaucoup de personnes de mon âge, c’est la désillusion du passage à l’âge adulte et comment faire en fait pour choisir notre vie comme on l’entend et pas comme la société nous l’impose. J’étais dans cette contradiction-là pour ma part et c’est pour cela que je dis que la composition de ce disque a été un peu un processus thérapeutique pour moi car il m’a permis de sortir d’une vie que j’avais choisie pour de mauvaises raisons. En composant cet album, j’ai trouvé la force de me libérer de ce poids qui m’avait été imposé. Au travers des textes de cet album, j’invite les auditeurs à réaliser leurs rêves et de se libérer eux aussi.

Si tu devais décrire l’univers de ce disque avec des adjectifs ; autre que clair-obscur bien sûr sinon ce serait trop facile ; quels seraient-ils ?

Même si c’est un synonyme, je dirais contrasté. C’est un univers ouvert et complet dans lequel on retrouve de la force, de la sensibilité, de la féminité, de la sensualité, de la poésie et de la chanson Française.

« Clair-Obscur » est-il un instantané de Marie Minet en 2021 ou présente-t-il assurément la direction musicale que tu veux suivre à l’avenir ?

Le fait de ne pas être complètement musicienne m’a permis d’aller à la rencontre de différents univers sans un cadre prédéfini et c’est grâce à cela que j’ai vraiment pu m’exprimer. Maintenant, c’est vrai qu’une direction a été prise ; une fusion entre les genres musicaux ; entre la chanson Française, la musique du monde et les influences Africaines qui sont très présentes au Portugal ; mais je reste ouverte car je n’ai jamais voulu me mettre dans une case ou aller chercher quelque chose qui existe déjà. J’ai à cœur de continuer d’évoluer en reliant des univers musicaux tout en restant cohérente.

Tu résides au Portugal, vas-tu développer ta carrière artistique là-bas aussi et pourquoi pas proposer une version alternative de « Clair-Obscur » en portugais ?

C’est une bonne idée ! Le Portugal est mon pays d’adoption, je suis très heureuse là-bas, c’est un pays où l’on sent que tout est possible, cela m’a énormément facilité les choses en termes de productions musicales, ce pays m’a ouvert l’esprit et il m’a inspiré. Je n’aurai pas pu faire ce disque à Paris car je n’aurai pas été inspirée de cette manière-là. En revanche, ma musique demeure de la chanson Française et je ne prévois pas une version Portugaise de « Clair-Obscur » même si j’aimerais chanter un peu plus en portugais car je pense que cela pourrait être intéressant. En tout cas ; même si j’ai un public au Portugal ; je vais d’abord développer ma carrière en France.

Peux-tu nous en dire plus sur le remix d’ « Hanoï » ? As-tu prévu de collaborer avec d’autres producteurs dans les mois à venir ?

Le remix d’« Hanoï » a été une belle histoire. J’avais commencé à m’intéresser à l’Afrobeats originel au moment où l’album était déjà prêt. Grâce à ma maison de production au Portugal, j’ai pris contacté avec Kel-P Vibes qui est l’un des producteurs les plus talentueux de sa génération selon moi et au moment du second confinement, je suis partie au Ghana. Nous nous sommes rencontrés, nous avons fait des sessions en studio, le remix d’« Hanoï » est né et nous avons pour projet de faire un EP ensemble avec des compositions que nous allons créer tous les deux. J’ai également rencontré d’autres producteurs dont Killbeatz qui a œuvré notamment avec Ed Sheeran…de nouvelles collaborations verront le jour prochainement…

On parle souvent de clair-obscur en peinture…Quelle toile serait la plus à même de représenter ton disque ?

Un tableau de Georges de la Tour qui était considéré comme le maître du clair-obscur mais ce serait la « version classique ». Moi qui aime lier la musique à l’art plastique, j’ai eu le plaisir de travailler avec l’artiste Argentin Gabriel Chaile qui a été inspiré par mes chansons sans comprendre les textes. J’ai demandé à Gabriel de dessiner mon album et il a passé plusieurs mois à écouter mes chansons en mettant les hautparleurs sur sa poitrine afin de ressentir les émotions. Gabriel a réalisé une série de neuf pastels qui sont des représentations émotionnelles de mon album et pour moi, ça en serait la meilleure illustration.