Retrouvailles avec Evie à l’Idol Hôtel pour la parution de son nouvel album intitulé « Le Hic » !

Tu nous parlais déjà de ton quatrième album lors de notre première rencontre au printemps 2018…pourquoi a-t-il pris autant de temps ?

Ah bon trois ans, c’est long, tu trouves ? (Haha) A la sortie de mon précédent album, j’étais déjà sur le suivant en effet mais cette durée-là correspond à peu près à l’intervalle qu’il y a entre chacun de mes albums. C’est donc un temps assez normal mais ceci étant, il est vrai que j’aurais pu être prête largement plus tôt ; presque un an…J’ai bien bossé durant toute l’année 2019 et au départ, j’étais partie sur un format EP, que j'avais prévu de sortir en 2020. Avec tout ce qui s’est passé, j’ai attendu un peu. Au printemps 2020, j’ai juste sorti en digital « A Toute A L’Heure », titre que j’ai écrit juste après le premier confinement car il parlait de ce thème-là. Et puis en fin de compte, j'ai opté pour enregistrer des titres supplémentaires et aller sur un format album.

Ce que nous vivons tous depuis plus d’un an a-t-il influencé ton écriture ou ta musique ?

A vrai dire lors du premier confinement, j’ai plutôt eu un coup d’arrêt qu’autre chose.  Au départ, j’étais plutôt vide, en manque d’inspiration, d’énergie et de perspectives. Ce qui a été le cas pour beaucoup de personnes, je crois.  Habituellement, je fais les choses de manière plus dynamique. Là, ça s’est étalé dans le temps car j’avais l’impression de ne pas avoir une deadline ou des perspectives claires.  Cette année de COVID n’a pas influencé l’esthétique musicale de mes titres car nous avions déjà commencé sur cette lancée avec Fred Perriot qui a réalisé l'album.
Ceci étant, j’en ai profité pour ajouter deux titres plus uptempo. Par ailleurs, c'est aussi ça les hasards de la création, deux titres ont été écrits vraiment dans les deux derniers mois avant la finalisation de l’album donc s'il était sorti avant, ces titres ne seraient peut-être pas arrivés. Il s'agit des morceaux « Le Hic » qui a donné son nom au disque, et « Demain J’Arrête ».

« Nuit Noire » donne-t-il le ton de ton nouvel album ?

C'est vrai que ce titre donne peut-être la carte d’identité esthétique de l’album même s’il y a aussi des titres plus rapides. Il est basé sur la basse - qui est l’instrument sur lequel j’ai composé l'intégralité des chansons - il a un côté mélancolique, il est un peu dark, un peu pop aussi , il est assez représentatif de ce que je fais actuellement dans l'écriture. Après le thème en lui-même ; une balade dans Pigalle de quelqu’un qui est en plein burn out, qui traduit un certain désenchantement, est propre à ce titre en particulier.

Peux-tu nous parler de la mise en images de ce premier extrait ?

Il y a trois ans, j’avais rencontré le photographe Christophe Crénel dans un bar de mon quartier . A l'époque il m’avait proposé de faire appel à lui le jour où j'aurais besoin de photos. Je m’en suis souvenu le moment venu, et c'est donc lui qui a fait toutes les photos liées à l'album. Par la suite il m’a proposé ; alors qu’il n’en fait beaucoup ; de réaliser le clip de « Nuit Noire ». Comme il a été, en quelque sorte, directeur de la photographie sur « Le Hic », j’ai trouvé que c’était une super bonne idée. Nous avons tourné ce clip à Pigalle il y a quelques mois et nous l’avons sorti le 19 mars.

« Le Hic » est un disque beaucoup plus électronique, as-tu eu des influences dans ce style pour la composition de ton album ?

En fait, j’ai ces influences électroniques depuis toujours. J’ai commencé en sortant un album Electronic/Drum and Bass/ Trip Hop avec Time Factory qui était mon premier projet à la fin des années 2000 ; ça commence à dater (rires). Les sons électroniques et cette couleur-là m’ont toujours plu. J’ai adoré la scène Trip Hop des années 90 (Portishead, Massive Attack etc) C’est toujours resté en moi mais j’attendais de rencontrer quelqu’un avec qui je pourrais bien m’entendre et qui comprendrait mon projet pour aller vers ce genre d'esthétique à nouveau.  Je suis une touche à tout mais je n’ai pas le côté geek. Je n’aime pas passer huit heures d’affilée sur un ordinateur pour travailler sur un son. Je le fais un petit peu mais pas à ce point. Quand j’ai rencontré Fred Perriot ; on aurait dit qu’il avait compris ma personnalité artistique en quelques heures et ça m’a intéressée. Il a fait un essai sur « Silence Radio », j'ai dit banco, et c’est donc lui qui a passé huit heures à travailler sur un son de kick (rires).

Comment qualifierais-tu l’atmosphère de ton nouvel opus ?

Mélancolique/Dark mais en même temps, pas que. Il y a un coté Pop dans ce disque avec des consonances Electro et un format de chansons mélodiques. La plupart de mes albums sont un peu introspectifs car j’ai un rapport un peu intime à l’écriture. Ca continue sur celui-là même si je trouve que j’y ai aussi abordé des thèmes qui ne me concernent pas directement.

Justement, peux-tu nous dire quelles sont les principales thématiques abordées sur « Le Hic » ?

En dehors de « Nuit Noire » et d’ « A Tout A L’Heure » dont nous avons déjà parlé, « Figurant » aborde la figuration dans le cinéma mais c’est aussi une façon de parler de la place de chacun au sein de la société. « Le Hic » est un morceau un peu ironique sur la façon dont fonctionne le monde aujourd'hui ; j’ai pris le prisme de la musique et des sites de rencontre pour l'évoquer. Au-delà de ces morceaux qui sont assez universels, il y a des morceaux plus personnels comme  « Silence Radio » et « Exil » ou encore « Papapa » qui est un titre très intime sur mon père, « Des Vents Contraires » qui parle des rencontres qui ne se font pas, ces rendez-vous manqués, ces gens que l’on croise mais ce n’est pas vraiment le moment et cela laisse une nostalgie assez positive.

Avec « Papapa », tu abordes le deuil et pourtant cette chanson n’est pas « plombante » au demeurant, peux-tu nous en dire plus notamment sur son habillage musical ?

Le parti pris d’avoir un morceau très rythmé, très uptempo, presque club était vraiment voulu. Ça pourrait presque être un remix déjà. Je parle de quelque chose qui n’est pas gai mais avec une esthétique entraînante ; ce que j’ai rarement fait par le passé. C’est ce que fait très bien notamment Stromae. Le deuil avec une atmosphère plombante, je l’ai déjà fait dans d’autres albums et toujours à propos de mon père car son décès a été un choc important dans ma vie. Aujourd’hui, je suis à J+10 ans et il encore très présent. Cela faisant longtemps que j’avais envie d’écrire cette chanson et justement, je ne voulais pas qu’elle soit pesante pour explorer d'autres territoires.

En ne se basant que sur les titres de tes chansons, « Figurant », « Silence Radio », « Avec Des Si » et « Demain J’Arrête » pourraient être des échos à la condition du monde culturel ces derniers mois…Comment vis-tu personnellement cet arrêt brutal qui persiste encore et encore ?

D'un côté très mal, mais après le premier confinement, rapidement je me suis dit que de toute façon, Il y avait des choses sur lesquelles on pouvait agir et d’autres non.
Quand on ne va pas sur scène, quelque part on a l’impression de mourir à l’intérieur. Du coup, j'ai essayé d'avancer sur ce que je pouvais, et dans la mesure du possible de me défocaliser un peu de la musique … j’ai réussi à écrire les titres pour finaliser l'album, j'ai composé de l'habillage musical pour une émission sur France Inter, j’ai tourné le clip de « Nuit Noire » avec Christophe Crénel, j’ai aussi l’idée d’adapter deux ou trois titres en anglais, j’ai dans les tuyaux une reprise qui est prête… donc finalement, je n’ai pas arrêté. Les projets sont à court terme mais on les fait quand même.

Si demain tu arrêtais, que ferais-tu ?

Le fait de défocaliser de la musique m’a permis de me consacrer pleinement à ma première passion, qui est le cheval, et plus précisément le concours complet. J’en ai bien profité durant l’année qui vient de s’écouler. Au moins ce temps là n'a pas été perdu.
Si demain j’arrêtais la musique, c'est vers les chevaux que je retournerai. Mais, de toute façon, je ne vais pas arrêter la musique, ce n'est pas du tout au programme !

Qu’aimerais-tu que les auditeurs retiennent de ton nouvel album ?

Pas évident comme question ! Finalement, j’aimerais peut-être qu’ils retiennent « Le Hic » qui est mon dernier morceau, car il a cette ambiance Trip Hop que j’affectionne et un texte un peu ironique. Dans cette chanson, à un moment, je dis  « je suis passagère, passeuse de mots, de phrases mélodiques, un peu colère mais pacifique » et ça me correspond bien en ce moment.