Retrouvailles avec Monitors à l’Idol Hôtel l’occasion de la sortie de leur second EP !
Monitors, ce n’est plus que vous deux…Pouvez-vous nous présenter Féodor et nous dire ce que vous appréciez chez ce troisième membre ?
Chris : La première chose à savoir, c’est que Féodor est un ami.
Emil : Féodor est un putain de batteur ; c’est quelqu’un que je respecte beaucoup musicalement ; il est capable de faire des jams très Jazzy mais aussi de jouer comme une machine. C’est très agréable de l’avoir avec nous. Nous ne vivons pas tous à Paris et quand nous composons avec Chris, nous aimerions bien être plus souvent réunis tous les trois. Par la suite, nous aimerions inclure de plus en plus Féodor dans la composition, faire plus d’enregistrements en live et rajouter de l’humain dans Monitors.
Quel regard avez-vous sur « Notes From The Aftermath » votre premier EP paru fin 2019 ?
E : Nous en sommes toujours très fiers ; nous ne sommes pas comme certains artistes pour qui seule la nouveauté compte car nous avons toujours très envie de jouer nos anciens morceaux. « No Irish No Blacks No Dogs » demeure l’un de nos morceaux préférés en live.
Votre premier pas discographique vous a-t-il confortés dans votre direction musicale ?
Féodor : Pas forcément car le second EP se voulait différent du premier. « The War Office » est dans une vibe plus Pop que le premier qui était très Punk et plus Techno. Nous n’avons pas renié le premier EP mais nous avons voulu nous diriger vers quelque chose de plus composé et de plus mélodique.
E : « The War Office » est plus ouvert et plus abordable que « Notes From The Aftermath » mais c’est ce qui est ressorti naturellement de nos compos. Dans notre précédent disque, il y avait quelque chose d’assez énervé et de Punk que nous ne pensons pas avoir délaissé mais nous avons ajouté une touche plus Indie et plus Pop à notre musique.
Votre second EP qui vient de sortir est-il un « approfondissement » du premier ?
E : « The War Office » est en quelque sorte la part II de « Notes From The Aftermath ». C’est un peu la suite logique de ce que nous avons amorcé avec le premier EP. Au niveau des paroles, nous sommes vraiment dans la continuité mais musicalement, nous nous sommes essayés à des choses plus intimistes.
F : Dans l’esthétique visuelle, nous suivons relativement les mêmes codes.
C : Certaines chansons comme « The Drill » et « Bloody Mary » possèdent des similitudes au niveau des thèmes avec les titres du premier EP. En revanche avec « Roses & Wine » et « Previously… », nous partons dans d’autres directions. Je dirais que les thèmes de ce second EP sont plus matures et moins agressifs. La palette de sons et d’émotions est plus large.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le titre de votre second EP ?
C : « The War Office » fait référence à un bar à Liverpool. C’est un très vieux pub dans lequel il y a une salle qui porte ce nom. J’avais l’habitude d’aller y prendre des verres très régulièrement. Il y avait cette première connexion mais également le fait que ce nom allait bien avec les thématiques de ce disque qui est encore plus personnel pour moi que le précédent. La photo qui illustre la pochette de notre disque vient de ma vielle natale.
E : Nous avons choisi ensemble cette photo et elle a tout de suite été comme une évidence. En voyant ces gamins devant ce billard, nous nous sommes reconnus. Comme eux, nous sommes concentrés sur quelque chose qui peut paraître de prime abord un peu futile et un peu enfantin. Ce billard, c’est notre musique, c’est notre travail.
C : Cette photo a été prise dans un foyer pour jeunes en 1955. Nous sommes tombés dessus grâce aux archives du Liverpool Echo qui est un quotidien très connu.
E : C’est un peu le journal local ; ils ont été très contents quand nous les avons contactés, ils ont été adorables et ils nous ont tout de suite envoyé tout ce qu’il nous fallait. En revanche, ce qui est dommage, c’est de ne pas avoir le crédit du photographe qui a pris cette photo incroyable.
Comment s’est fait le choix des chansons qui composent ce nouveau disque ?
E : A la base, nous avions une dizaine de morceaux mais nous avons fait un tri pour avoir une cohérence et raconter une certaine histoire. Nous voulions rester dans des thématiques similaires. Nous avons mis de côté des morceaux qui étaient très énervés et très Punk à l’image de notre premier EP car nous avions envie montrer une autre facette de Monitors.
C : Nous avons plus écouté Kate Bush (rires) !
Quelles sont les thématiques abordées sur « The War Office » ?
C : Certaines chansons parlent d’isolement, d’écologie et d’addictions et d’autres traitent notamment de problèmes familiaux. Dans cet EP, on rentre plus en détail dans les émotions.
Votre précédent disque était très rouge, quelle serait la couleur de « The War Office » ?
C : Noir et blanc.
F : J’ai vraiment en tête notre charte graphique et la pochette et du coup, c’est difficile de ré-imaginer quelque chose à froid…j’aurais du mal à dire autre chose que des teintes de rouge et de noir et un peu de blanc aussi…quelque chose d’un peu terne et froid.
E : C’est vrai que nous avons ajouté cette notion de noir et blanc et c’est peut-être une transition vers quelque chose de moins coloré par la suite. Même si nous avons gardé le rouge et le noir, j’aurais peut-être eu envie d’aller vers quelque chose d’un peu plus pastel, de délavé, avec un peu de jaune ; des teintes d’automne nuancées avec quelque chose de chaleureux. Nous avons beaucoup débattu en ce qui concerne la pochette ; nous avons hésité à passer cette photo au filtre rouge mais finalement, nous avons gardé le noir et blanc car il y avait un côté plus brut, plus industriel et plus authentique.
Pouvez-vous nous parler de vos envies visuelles pour le clip de « Previously… » ?
E : Ce clip a été réalisé par notre amie Anna Khelifa qui est extrêmement talentueuse. Anna a réalisé cette vidéo avec Chayma Hamdi ; une amie à elle ; dans son coin sans rien nous demander. Dans ce clip, une femme échappe à sa réalité ; à un monde qui ne lui convient pas ; elle part en voyage dans une quête d’elle-même à plein de niveaux ; son identité, son genre, ses émotions, ses buts…Quand elles nous ont montré le clip terminé, nous en sommes immédiatement tombés amoureux. Nous nous sommes sentis très honorés que quelqu’un ait fait cela en étant inspiré par notre musique et nous lui avons proposé que cela devienne le clip officiel. Anna est en train de monter le clip qui illustrera « The Drill » et dans lequel nous serons à l’image tous les trois. Nous avons trouvé une âme sœur artistique.
D’après vous, à quoi « The War Office » pourrait-il servir de bande originale ?
C : C’est drôle comme question car pour moi, beaucoup des meilleures musiques viennent de bandes originales. Je te dirais « Citizen Kane » parce que ce personnage vise toujours le haut.
E : « The Firm » avec Gary Oldman qui m’a beaucoup marqué et que nous avons regardé ensemble pendant l’enregistrement de « The War Office » ; cette esthétique me conviendrait bien.
F : Je pense à « Arnaques, Crimes et Botanique » ou à « Snatch » ; une esthétique un peu à l’ancienne, à la Guy Ritchie ou quelque chose d’un peu plus fun à la « Kingsman », quelque chose de British et d’un peu violent et de déjanté.
Vous qui êtes un groupe scénique, comment vous êtes-vous adaptés à la situation actuelle ?
E : Comme pour beaucoup de gens, l’annonce du premier confinement a été un coup dur pour nous. Notre première date à Londres à la George Tavern a été annulée. Nous avions eu une super accroche avec le programmateur et c’était le truc que nous attendions le plus. D’autres concerts ont également été annulés et nous avons eu la sensation d’être coupés dans notre élan. Par ailleurs, un début de collectif était en train de se créer avec des groupes géniaux qui sont devenus des amis, nous avons commencé à travailler ensemble, nous nous sommes échangé des prods, nous avons fait des remixes les uns pour les autres et cela se passait essentiellement sur scène. Nous avons été freinés dans cet élan aussi. Dès le mois d’avril, nous nous sommes motivés, alors que Chris était à Liverpool, nous avons repris les enregistrements de « Bloody Mary » qui avaient été faits juste avant la quarantaine et nous les avons retravaillés. Nous nous sommes débrouillés pour nous filmer chacun chez soi, nous avons mis ça en ligne et il y a eu de super bons retours du public et des médias. Dès la quarantaine terminée, nous nous sommes revus et notre énergie créatrice commune a donné ce second EP. Finalement, ça a été productif !
F : Nous avons eu de la « chance » car nous étions dans une phase de transition ; de composition pour Emil et d’écriture pour Chris. Nous avions pour objectif de sortir de nouvelles choses et ce n’est donc pas comme si nous avions été coupés en pleine tournée ou comme si quelque chose venait de sortir et qu’il fallait capitaliser dessus immédiatement. Nous avons pu encaisser le truc ; ça aurait pu être encore pire. Au final, ça nous a permis de prendre du recul avant de relancer la machine.
Après deux EPS, n’avez-vous pas envie maintenant de sauter le pas et de composer un premier album ?
C : Oh que si, bien sûr, nous avons suffisamment de chansons pour cela. Nous voulons sortir autant de disques que possible et surtout, nous avons vraiment hâte de rejouer en live. Nous sommes chauds !
E : Nous composons vite et je dirais que nous nous retenons de faire un album car nous comprenons le marché actuel. Nous rêvons qu’un label écoute nos nouvelles maquettes afin de faire quelque chose ensemble.
F : S’il y a un album à venir, il sera plus organique et il sera encore plus libre aussi au niveau de la recherche de sons. Nous voulons attendre le bon moment pour faire ce disque car nous voulons avoir les bonnes idées et être entourés des bonnes personnes afin de ne pas bâcler cet album.