Rencontre avec Vassilena Serafimova à L’Idol Hôtel afin d’en apprendre plus encore sur « Bach Mirror » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis Bulgare, musicienne-instrumentiste, percussionniste. Je fais de la musique depuis que je suis née plus ou moins. A 3 ans, je commençais à chanter et à 5 ans à jouer du violon et ensuite des percussions. Je suis également pédagogue, j’enseigne à deux endroits à Paris et à Lausanne. Pour terminer de me présenter, je vais dire que j’aime trouver plein de moyens pour rencontrer l’autre par l’art ; ça passe par des projets musicaux qui vont mélanger des styles différents ou des rencontres avec des danseurs et des comédiens.
As-tu toujours évolué professionnellement dans le classique ?
Non, pas du tout. J’ai commencé avec le classique mais en Bulgarie, la musique traditionnelle est très présente. J’ai eu la chance d’étudier dans la seule école du pays où l’on enseignait les deux. J’ai suivi un cursus classique en tant que percussionniste mais je me suis impliquée dans plein de projets tournés vers la musique traditionnelle grâce aux autres musiciens. Depuis mon plus jeune âge, j’ai été amenée à participer à des projets qui sortent du classique et de l’ordinaire. Quand je suis venue en France, j’ai continué le conservatoire mais aujourd’hui, tout ce que je fais n’est pas classique du tout car au-delà de mon projet avec Thomas Enhco, j’en ai aussi avec la productrice Electro Chloé, avec Rémi Delangle qui est clarinettiste et avec qui nous nous penchons sur l’improvisation des musiques de l’Est et avec Ina Kancheva qui est une soprano Bulgare avec qui je travaille sur les sorcières Slaves.
Comment est née ta collaboration avec Thomas Enhco ?
Notre collaboration est née d’une rencontre autour d’un concert. Gisèle Magnan ; la directrice artistique de l’association Les Concerts De Poche ; était la prof de piano de Thomas ; elle le connaissait depuis ses 14 ans ; et elle m’avait programmé en tant que soliste dans son Festival des Jeunes Etoiles. Gisèle avait imaginé que nous irions très bien ensemble. A cette époque-là, j’étais à fond dans les concours internationaux et j’avais un peu la tête dans le guidon. Thomas ; quant à lui ; était surtout dans des projets Jazz. Nous ne nous connaissions absolument pas. On s’est d’abord téléphoné avant de se rencontrer afin de voir ce que cela pourrait donner mais comme nous avions déjà un concert de programmé, nous n’avions pas le choix car Gisèle était certaine que ça allait bien se passer. Nous avions imaginé différents cas de figure mais durant ce concert, aucune note n’a été jouée en solo car il y a eu une alchimie musicale immédiate. On peut dire que c’est le hasard mais pas tout à fait car quelqu’un avait eu du flaire.
Que mettrais-tu en avant chez lui ?
Quand nous sommes sur scène, nous avons envie de tout donner ; il y a une vraie connivence entre nous et une énergie commune et c’est assez rare de ressentir cela aussi fort. Nous sommes devenus en plus des amis et je dois dire que Thomas est une des plus belles rencontres de ma vie. C’est un partenaire de jeu exceptionnel sur scène et aussi un ami très important dans ma vie. J’aime beaucoup le côté enfant qui perdure chez lui, son émerveillement permanent pour les petites choses qui nous entourent, j’aime aussi son côté improvisateur, il cherche tout le temps dans la musique, il est spontané…Thomas est hyper intelligent et j’apprends beaucoup grâce à lui pas seulement musicalement parlant. Thomas est un soleil et ça fait du bien d’en avoir un dans sa vie. Il porte en lui la joie de vivre et il est au service des autres. J’admire son envie de dévorer la vie avec fougue et cela me permet de vivre plein d’aventures avec lui. Lui comme moi, nous reflétons dans la musique ce que nous sommes dans la vie.
Vous qui avez déjà partagé plein de belles choses ces dernières années, quel serait votre prochain rêve commun ?
Il paraît que quand on dit ses rêves, normalement, ils se réalisent…Quand nous sommes allés jouer ensemble à La Réunion, nous avons parcouru l’île dans toutes les directions et on nous a promis que nous jouerions dans un tout petit endroit qui s’appelle l’îlet de Marla qui se situe dans le Cirque de Mafate. On ne peut y accéder qu’à pied ou par hélicoptère et on nous a promis que les instruments seraient amenés par ce moyen-là. Nous sommes tous les deux amoureux de la nature et elle est magnifique là-bas. Si ça se fait un jour, nous aurons encore un magnifique épisode à raconter !
Comment nous parlerais-tu de la musique de Bach ?
Thomas et moi ; nous sommes tous les deux très attachés à la musique de Bach depuis notre plus jeune âge, c’était presque quelque chose de familier, c’est comme si Bach était un ami qui a toujours été là pour nous. Bach est le père de la musique classique mais pas seulement car il était tellement parfait et il a été tellement loin dans son œuvre que je pense que c’est le sacré qui est sorti grâce à lui dans notre monde. Bach a influencé énormément de monde et pas que dans le classique ; je pense notamment aux jazzmen qui ont repris et transformé sa musique. Si on respecte cette musique, elle peut bien sonner sur n’importe quel instrument. La musique de Bach est polyvalente et intemporelle.
Comment nous présenterais-tu « Bach Mirror » ?
Comme son nom l’indique, « Bach Mirror » est un miroir de la musique de Bach. Mais, quand on parle de miroir, on peut imaginer plein de choses différentes ; ça peut être comment nous en tant qu’interprètes et musiciens, nous reflétons sa musique mais aussi comment il aurait pu composer au 21ème siècle. Par ailleurs, de manière plus personnelle, « Bach Mirror » est une petite fenêtre d’espoir.
La situation sanitaire actuelle a-t-elle influé sur cet album ?
Nous avons commencé à imaginer ce disque il y a déjà trois ans mais nous l’avons enregistré juste après le premier confinement. Pour moi, c’était un peu la lumière à la fin du premier tunnel que nous avons tous traversé. D’ailleurs, certaines compositions sont nées à distance pendant le premier confinement. Dans ce disque, il y a beaucoup de compositions communes, de transcriptions, d’arrangements, de dérangements que nous avons fait ensemble avec Thomas mais aussi des choses auxquelles nous avons réfléchi chacun de notre côté justement car il y a eu le confinement. Thomas était en France et moi en Bulgarie. Nous avons énormément échangé mais évidement, chacun a évolué dans un ton différent. Par exemple, « Fire Dance » est une pièce qui a été composée par Thomas avant et il a eu l’idée d’y intégrer une chorale pendant le confinement. Ma composition « Miroirs » est venue elle aussi pendant le confinement ; j’étais en Bulgarie, dans les montagnes, et je voulais absolument transcrire une pièce de Bach de manière plus minimaliste et je l’ai fait en neuf temps ; un rythme qui est très irrégulier mais typique de mon pays. Pour la petite anecdote, ce morceau-là, je l’ai mis en images sous la forme d’une improvisation dans une grande grotte en Bulgarie à la fin du confinement.
Comment décrirais-tu l’atmosphère de ce disque ?
Par la musique de Bach, elle porte le sacré en elle ; l’impalpable, ce que l’on ne peut pas voir, ce qui nous élève, ce vers quoi on tend. Par notre regard à nous, elle porte la folie, la jeunesse, la joie de vivre. Sur cet album, il y a des morceaux très excentriques et d’autres extrêmement calmes. L’atmosphère de ce disque est très colorée, elle contient différents couleurs même si la principale demeure le bleu foncé.
Tes références musicales sont-elles plutôt classiques ?
Oui ; forcément ; au début de ma vie car je suis née dans une famille de musiciens classiques et j’ai donc entendu très tôt Chopin, Mozart, Beethoven, Brahms…mais mes parents écoutaient également The Beatles et Queen qui étaient leurs groupes préférés. Depuis toute petite, j’adore le Jazz notamment des artistes comme Gary Barton, Miles Davis, Lionel Hampton…qui faisaient partie de la bibliothèque musicale de la famille. J’ai également plein d’inspirations qui viennent de la musique traditionnelle car en Bulgarie, elle est toujours vivante et elle m’a toujours énormément intéressée. J’aime la musique traditionnelle du monde entier car pour moi, on y sent l’âme d’un peuple. Il y a quelque chose qui est de l’ordre de la transe et du tribal dans cette musique et ça me parle beaucoup. J’ai des influences qui viennent de différents horizons et surtout, j’essaie de ne jamais me limiter d’autant plus depuis que j’ai rencontré Chloé dans la musique Electro. Je prends tout ce qui est beau et qui me plaît et je m’en inspire.
Quels sont tes prochains projets ?
Le prochain album de Chloé va sortir à l’automne sur Lumière Noire qui est un label indépendant. Je développe le projet Samodivi avec Ina Kancheva qui est une chanteuse lyrique Bulgare basée à Berlin ; c’est un projet autour de la femme et des sorcières Bulgares et un album est également prévu. Je participe au projet de Fidel Fourneyron qui est un magnifique tromboniste et compositeur Jazz. Ce projet s’appelle Bengue et il est très tourné vers les musiques Africaines. Nous allons enregistrer et jouer ensemble dès cet été.
Thomas Enhco, Vassilena Serafimova - Fire Dance (Studio Session)
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Thomas Enhco & Vassilena Serafimova - Bach Mirror
Listen to Bach Mirror by Thomas Enhco & Vassilena Serafimova.