Rencontre avec Initial G à l’Idol Hôtel à l’occasion de la sortie de « Return » !
Vous êtes frères mais monter ce projet ensemble a-t-elle été une évidence ?
Yoann : Nous avons commencé à faire de la musique tous les deux de manière autodidacte vers la fin de l’adolescence. A la base, nous faisions des productions qui étaient très Hip-hop. Nous avons collaboré avec des rappeurs de la région Grenobloise d’où nous sommes originaires. Ensuite, nous avons chacun suivi un parcours professionnel ; je travaille, pour ma part, dans l’informatique et mon frère est dans la vidéo. Nous avons fait une petite pause, j’ai continué à faire un peu de musique en parallèle à mon boulot et c’est en arrivant à Montpellier que j’ai rejoins Le Sandwich Électronique qui est un collectif universitaire. C’est là que j’ai commencé à travailler avec le logiciel Ableton Live avant nous étions sur Cubase. Dès lors, nous nous sommes remis à refaire des productions un peu plus électroniques chacun de notre côté. Avec Le Sandwich Électronique, nous organisions des sessions lives ; l’idée était de présenter nos morceaux à la fin de l’année scolaire. J’ai bossé avec mon frère sur les maquettes que Benoît avait commencé et je les ai présentées en live en 2019 avant l’arrivée du COVID.
Benoît : Ça nous a forcés à finaliser les choses car nous avions des dates butoirs.
Y : Nous avions prévu quatre morceaux pour le live, nous les avons mixés et même remixés un peu et nous les avons sortis sur notre premier EP « Premier Contact ».
B : C’est quand même bien de pouvoir travailler en groupe à un moment donné car quand on est seul dans un projet, on se pose parfois trop de questions et c’est préférable d’avoir un œil extérieur. Être deux, c’est un peu un minimum ; je pense.
Y : Nous avons fait de la musique chacun de notre côté mais ce n’était pas pareil.
Comment se déroule le travail au sein d’Initial G ?
Y : Mon frère a plutôt tendance à commencer les maquettes et ensuite, nous les reprenons et les réarrangeons ensemble. De mon côté, j’apporte quelques idées comme des rythmiques de basse par exemple.
B : Nous faisons déjà une sélection comme cela ; les morceaux que je commence et qui ne lui plaisent pas, nous les mettons de côté. Yoann est plus dans l’arrangement des morceaux et dans le mixage car je trouve qu’il mixe mieux que moi. Nous avons commencé ce travail à distance et nous le poursuivons ainsi car nous n’habitons pas dans la même ville mais parfois, nous nous rejoignons le weekend. Comme nous œuvrons sur Ableton, nous pouvons travailler en nomades.
Quelles seraient les forces de chacun dans Initial G ?
B : Les forces seraient un bien grand mot…mais je dirais que nous nous complétons vraiment.
Y : Je dirais que mon frère est très créatif ; il aime commencer les morceaux et faire des choses originales alors que moi, je suis plus carré dans la finition, j’aime bien le mixage et la théorie musicale. J’aime mettre à ma sauce ce qu’il fait.
B : Il vient avec un œil extérieur, il me donne son avis et cela permet de déblayer le terrain.
Comment décririez-vous votre univers ?
B : Je pense que cet univers est mélodique, aérien et teinté de mélancolie.
Y : Nous faisons une musique d’ambiance assez calme et on aime bien les atmosphères avec des nappes.
Votre premier EP « Premier Contact » n’est sorti qu’en novembre dernier mais voyez-vous déjà une évolution sur « Return » votre nouveau morceau ?
Y : Comme nous le disions un peu plus tôt, ce premier EP était vraiment calibré pour le live et il était un peu plus dansant alors que le prochain sera peut-être plus Trip-hop et dans une veine Hip-hop à l’image de « Return ».
B : « Premier Contact » n’est pas une compilation mais c’est un recueil de plusieurs morceaux qui ont été étalés sur plusieurs années. Je ne sais pas si ça s’entend mais il y a quand même des différences entre les morceaux les plus anciens et ceux qui sont plus récents. Je pense que nous avons progressé dans le temps notamment sur le mixage.
Comment avez-vous pensé « Return » ?
B : Nous voulions faire un morceau qui commence calmement avant qu’une dynamique se lance à un moment donné.
Y : Je voulais qu’il y ait un gros son au milieu qui soit très déraillant et atypique. Il y a un petit côté sale dans « Return » et une grosse mélodie qui évolue. Nous avions à cœur de faire un morceau plus Trip-hop qui change de couleur par rapport au premier EP.
« Return » est instrumental mais pouvez-vous nous dire ce que vous avez voulu exprimer avec ce morceau ?
B : La tempête car justement, à un moment, ça déraille. Il y a un état initial et cela évolue. On retrouve cela dans la vidéo qui illustre « Return ».
Y : Nous avons baptisé ce morceau ainsi car nous avions l’impression d’un retour en arrière et aux sources ; pour ma part, je retournais à Grenoble et mon frère est venu m’aider ; et nous avons poussé ça dans le clip qui illustre une journée à l’envers mais nous symbolisons également la tempête et l’excitation dans ce morceau qui s’emballe.
Allez-vous continuer à ne proposer que des morceaux instrumentaux ou réfléchissez-vous à mettre des paroles sur vos compositions ?
B : Je pense que nous allons mettre des paroles sur nos morceaux. C’est un objectif que nous avons depuis un petit moment.
Y : Il y a des morceaux qui peuvent demeurer instrumentaux sans problème mais nous trouvons dommage de ne faire que cela. Nous pourrions écrire des paroles et les chanter nous-mêmes ou faire des collaborations. Cela fait partie des évolutions que nous envisageons.
B : Si nous le faisons nous-mêmes, ce sera en mode Electro avec des voix modifiés car nous ne sommes pas chanteurs. Ce ne sera pas de la chanson Française. Je ne me vois pas monter sur scène avec un micro en mode intimiste.
Vos références musicales se rejoignent-elles ou chacun a-t-il vraiment une culture musicale qui lui est propre ? D’ailleurs, votre nom de scène fait-il référence à Gainsbourg ?
Y : Nous aimons beaucoup Gainsbourg ; si ça peut être une référence à lui, c’est avec plaisir mais ce n’était pas du tout voulu. A la base, nous n’avions pas trop réfléchi à un pseudo, nous ne mettions que nos initiales et après réflexion, j’ai trouvé que notre lien était cette initiale car notre nom de famille commence par un G. En tout cas, il n’y avait pas une intention voulu envers Gainsbourg mais on nous l’a dit par la suite.
B : Au niveau des influences, nous n’avons pas les mêmes mais nous sommes d’accord sur certaines. Nous aimons tous les deux l’Electro et je suis un peu plus Hip-hop que mon frère. Comme je fais du montage vidéo, mon parcours m’a amené à découvrir des compositeurs qui m’influencent aussi.
Au long terme, aimeriez-vous lier votre musique à l’image ? Les titres des morceaux de « Premier Contact » avaient d’ailleurs quelque chose d’assez cinématographique…
Y : Bien vu car c’est vrai, nous nous sommes vraiment inspirés de films pour ces morceaux.
B : Nous avons rassemblé tous les morceaux sur ce thème-là mais au début, c’était inconscient. C’est arrivé assez naturellement car ce sont des sons que nous aimons. C’est facile à écouter, ce sont des sons d’ambiance, c’est presque la continuité de la musique classique. Il y avait un côté Chill Out.
Y : A l’ avenir, travailler ensemble la musique à l’image, ça nous plairait beaucoup. Commencer par l’image et composer dessus, nous ne l’avons pas encore fait mais ça pourrait être un exercice.
Malgré la conjoncture actuelle, pensez-vous quand même déjà à la scène pour présenter vos nouveaux morceaux ?
Y : Oui, bien sûr, nous aimerions présenter nos nouveaux morceaux sur scène dès que cela sera possible. Nous ne pensons pas encore à une scénographie mais comme nous bossons sur Ableton qui est un logiciel vraiment fait pour la scène, nous avons déjà travaillé sur le live. Nous savons comment présenter techniquement nos morceaux. Pour le moment, nous avons mis ça entre parenthèses à cause du COVID.