Rencontre avec Florent Richard à l’Idol Hôtel à l’occasion de la sortie d’« Initials B.B » !
Pourquoi as-tu choisi de revenir sur le devant de la scène avec un disque dédié à l’œuvre de Gainsbourg ?
Cette année, cela fait 30 ans que Gainsbourg a disparu et comme je suis un champion du marketing, je me suis dit que j’allais célébrer cet anniversaire. Par ailleurs, j’avais peut-être envie de « tuer le père » car Gainsbourg était un peu mon papa musical dans l’inspiration comme cette famille de « vieux chanteurs » qui sont éternels dont faisaient également partie Barbara et Brassens. J’avais envie de revisiter Gainsbourg une bonne fois pour toute et après, je ferai autre chose.
Vas-tu proposer uniquement des réinterprétations sur « Initials S.G » ou le public trouvera aussi des inédits composés autour de Gainsbourg ?
Non, il n’y aura pas d’inédits sur cet album mais j’ai été plus ambitieux que le fait de juste mettre une petite chanson. Sur « Initials S.G », le public ne trouvera que des chansons de Gainsbourg mais je me suis permis quelques écarts notamment sur « Le Requiem Pour Un Con » ou « L’Eau A La Bouche » que j’ai repris en piano-voix.
Que mettrais-tu en avant chez cet artiste ?
C’est une réponse qui va peut-être te choquer mais c’est sa pudeur que je mettrai en avant ; lui qui était tout sauf pudique. Je pense qu’il n’y avait aucune pudeur sur la forme mais tout était sur le fond. Sur les clichés pris chez lui, tout était propre, c’était un maniaque, il prenait quatre douches par jour…Il jouait au dégueulasse verbalement et dans son côté débraillé mais c’était quelqu’un de très pudique qui vendait tout sauf la pudeur.
Pourquoi as-tu lancé ce nouveau projet avec « Initials B.B » ?
C’est une chanson que j’adore. Le pont musical est d’Antonin Dvorak et je suis également un enfant de la famille classique. J’ai choisi de lancé ce projet avec « Initials B.B » car de toutes les chansons que j’ai reprises, c’était peut-être la plus mordante et la plus originale pour faire connaître cet album. Cette chanson n’est ni Gainsbourg ni Gainsbarre. Elle est un peu charnière entre ces deux périodes et je trouvais que c’était une belle synthèse.
Quel a été le « parti-pris » de cet album ?
D’être libres le plus possible au niveau des arrangements même si nous savions que nous ne pouvions pas faire n’importe quoi car Gainsbourg a des éditeurs et des ayants droit qui sont regardants et ils ont bien raison car ils protègent le répertoire qui est le leur maintenant.
Qui t’accompagne dans cette nouvelle aventure musicale ?
Nous avons travaillé avec une dizaine de musiciens en studio mais le maître d’œuvre ; mon complice ; a été Yannick Soccal qui a une très belle carrière dans le Jazz et la variété et qui était notamment sur la dernière tournée de Véronique Sanson. Yannick a réalisé avec moi tous les arrangements de ce disque. Ca a été une vraie équipe, un vrai duo pour concevoir toute la musique.
Quel est ton titre préféré de Gainsbourg et pourquoi celui-ci en particulier ?
« La Décadanse » que Gainsbourg interprétait en duo avec Jane Birkin. Il y a un très beau jeu de mots entre la décadanse et la décadence. Je vais me permettre de faire un peu de philosophie de comptoir si tu me le permets ; est-ce que par les temps qui courent, nous sommes dans une renaissance ou dans une décadence…En tout cas, nous comprenons tous ; quel que soient nos schémas de compréhension et nos explications ; qu’il y a un monde qui est en décadence et un autre qui renait. Je pense donc que c’est une chanson d’actualité.
Vas-tu envoyer ton album aux enfants de Gainsbourg ?
Ce n’est pas prévu car j’ai le sentiment de ne rien leur devoir si ce n’est mon profond respect. Mais après, c’est une très bonne question que tu me poses car je n’y avais pas pensé. Est-ce qu’ils le prendraient bien ? Je pense qu’ils en ont déjà reçu pléthores d’hommages…
Il y a des duos dans cet album…Peux-tu nous en dire plus ou préfères-tu garder la surprise jusqu’à la sortie ?
La surprise sera la musique, l’interprétation ! Sur ce disque, il y aura Gauvain Sers et les auditeurs qui l’apprécient seront peut-être curieux de savoir sur quelle chanson, je l’ai invité. Il y aura également Mélanie Dahan et Angelina Wismes pour qui j’ai travaillé et qui sont des chanteuses que j’adore et pour lesquelles j’ai énormément de respect. Peut-être que dans mon inconscient, j’ai eu un petit peur de me dire que j’allais reprendre treize chansons de Gainsbourg tout seul et consciemment, je trouvais que c’était important de mettre des couleurs différentes dans cet hommage. J’ai voulu me faire plaisir en invitant qui j’avais envie. Il y a une notion de partage qui est assez chouette. Plus que trois duos, ça aurait été trop.
Enchaîneras-tu sur un album de chansons originales après ce disque ?
Mon prochain album « Saturne Sur Mer » est prêt. J’ai fait ce disque avec Vincent Fernandel. Nous nous sommes lancés dans ce projet en sortant de cet hommage à Gainsbourg. Pour ce disque qui ne sera composé que de chansons originales, nous nous sommes inspirés de la patte Gainsbourienne de l’album « Histoire de Melody Nelson ».
Qui d’autre retrouve-t-on dans ta culture musicale ?
Jean-Sébastien Bach que j’adore et les grands de la chanson Française dont je parlais précédemment et auxquels on peut ajouter Joe Dassin, William Sheller, Renaud, Michel Sardou…
As-tu prévu de monter un spectacle autour de cet album ?
Si je rêve, oui, j’ai prévu de le faire. Je suis très à l’aise sur scène, j’en fais depuis 25 ans et pour moi, ce ne serait que du plaisir. Présenter les nouveaux arrangements, faire venir les cuivres, chanter les duos…c’est prévu dans ma tête mais après les mesures actuelles sont ce qu’elles sont ; je ne t’apprends rien ; et comme tout le monde, j’attends…