Rencontre avec Desmond Myers à l’Idol Hôtel afin d’en apprendre plus sur son univers !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je viens de Caroline du Nord, j’ai 29 ans, je suis auteur, compositeur et interprète. Je joue du piano et de la guitare. Dans un premier temps, je compose tout seul ma musique et ensuite, j’envoie mes maquettes à mon groupe qui est basé en France et nous faisons les arrangements ensemble. C’est ma musique, mes paroles, les sujets que je défends mais ce projet est vraiment le fruit d’une collaboration avec ces trois musiciens en France et nous aimions bien dire que ça ressemble à Tame Impala, c’est une personne mais avec un groupe.
Comment vois-tu ton évolution musicale depuis la parution en 2017 de « Brothers and Fathers » ?
Pour moi, « Brothers and Fathers » était déjà une réussite car j’y avais trouvé un peu ma patte musicale. Sur ce disque, j’ai eu la chance de travailler avec des gens en France que j’aimais et que j’admirais beaucoup. Depuis la parution de ce disque, il y a eu une grande évolution ; j’ai notamment écrit une chanson par semaine et du coup, j’ai amassé une centaine de morceaux. Ce travail régulier m’a permis d’avoir une grosse marge de progression dans l’écriture. Par ailleurs, je dirais que j’ai redécouvert ma voix et ma passion pour le chant et cela m’a conduit à mettre ma voix en avant sur des arrangements plutôt sobres joués par de vrais instruments. Pour ce travail, je remercie Mathieu Gramoli qui est le producteur de ce projet mais également le batteur. Nous nous sommes rencontrés durant l’aventure Her. Quand je compose, j’essaie d’anticiper ce qu’il va jouer et cela change tout.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Dans cet univers qui est peu sombre, il y a de la sensualité, du romantisme et de la remise en question de soi-même car c’est tout simplement très humain. L’ambiance est sobre, sensuelle, parfois sexuelle mais toujours un peu classe. Musicalement parlant, on retrouve des influences R&B mais également de la French Touch que j’apprécie beaucoup et que j’ai découvert à Paris grâce notamment à Her et à Superjava. L’objectif du projet est un peu de mélanger des influences Américaines et Françaises.
« Real Man », ton dernier titre en date, est-il autobiographique ?
Oui, certainement. Je viens d’un milieu conservateur du Sud des Etats-Unis, j’ai grandi dans une ferme ; ma famille élevait des taureaux ; je suis très fier de cet environnement mais en prenant de l’âge, j’ai réalisé que c’était un milieu hyper viril et en me comparant moi-même aux autres autour de moi, j’ai trouvé que je n’étais pas aussi masculin qu’eux. Je me suis toujours trouvé un peu en dessous de ce que j’aurais dû être en termes de figure masculine. Je ne dis pas que j’en ai souffert mais je suis issu de ce système qui met en valeur la virilité. Je me suis battu contre cela et ça m’a pris du temps pour me rendre compte que c’était quelque chose de faux que j’avais idéalisé. Je dirais que cette adoration que l’on peut avoir dans notre société pour la virilité n’est pas une chose positive et involontairement, j’étais moi-même coupable de faire perdurer cela. Toutes ces pensées se mêlent dans « Real Man ».
Peux-tu nous parler de sa mise en images ?
Depuis quelques années maintenant, je vis à Atlanta mais je n’y avais pas encore rencontré une véritable équipe car je suis habitué à travailler avec celle en France. Mais, avec le Covid, je n’avais pas la possibilité de revenir travailler ici et j’ai dû monter une équipe là-bas. J’ai découvert une danseuse de ballet de Géorgie et elle a accepté de tourner dans ce clip. Courtney D Walker est incroyable, elle a très rapidement appris la chorégraphie imaginée par Olivia Rowe avec qui j’ai beaucoup échangé en visio. La préparation du clip a été très spéciale du fait des mesures sanitaires. Nous avons tourné dans un hagard abandonné à Atlanta. C’était un peu du DIY mais je suis très content du résultat. J’ai appris beaucoup sur moi-même grâce à ce clip et apprendre une chorégraphie, c’était quelque chose de nouveau pour moi car je ne suis pas du tout danseur. Ça a été intense et bref car nous avons tourné trois prises en une journée.
Le visuel fait-il partie intégrante de tes chansons ?
J’adore les clips et j’avoue que lorsque j’écris une chanson, j’aime fantasmer sur ce qu’elle pourrait donner en images. En termes visuels, je sais souvent quoi faire mais pas comment mais avec le temps, j’apprends un peu plus le métier car j’aime aider le réalisateur à mettre en images ce que j’ai en tête. Pour répondre à ta question, oui, le visuel est très important pour moi et pour être franc, si nous avions le budget pour, je ferais un clip pour chaque morceau.
On te sent très à l’aise devant une caméra, est-ce quelque chose que tu aimerais développer en parallèle à la musique ?
(Rires) Je n’ai jamais réfléchi à ça. J’adore le cinéma et j’admire vraiment les comédiens notamment ceux qui choisissent des rôles qui ne sont pas toujours évidents. J’ai beaucoup de respect pour ce métier et je pense que je n’aurais pas la prétention de vouloir faire cela car je n’ai pas du tout l’expérience pour. Après, si c’est une question d’envie…bien sûr !
Que peux-tu nous révéler sur l’album que tu es en train de préparer ?
C’est un album qui a été difficile à faire car nous l’avons fait entre les Etats-Unis et la France. Pour certaines choses, il était indispensable que je sois sur place et ça a été compliqué de me faire venir à cause du COVID mais ces temps de frustration ont amené beaucoup de réflexion sur les titres et sur les sujets dont je parle sur ce disque. Comme tout le monde depuis un peu plus d’un an, j’ai été amené à beaucoup réfléchir sur moi-même et si je devais résumer cet album en un seul mot, je dirais confessions. Je suis allé voir là où ça fait mal. Le « cri de guerre » de cet album est d’aller chercher dans les traumatismes de l’enfance comme « Real Man » ; par exemple. Sur ce disque, mon intention a été d’aller vers quelque chose d’intense et de réel.
Quelle est ton histoire personnelle avec la France ?
C’est très long (rires) ! J’ai commencé à faire de la musique très jeune et surtout à écrire des chansons que je jouais lors de scènes ouvertes en Caroline du Nord. C’est lors d’une de ces scènes que j’ai rencontré un producteur Allemand qui voulait monter un label en Europe. Moi, à ce moment-là, je voulais juste faire de la musique. Lorsque cette opportunité s’est présentée, mes parents ont été ok mais ils m’ont demandé d’assumer moi-même ce choix. Du coup, je ne suis pas allé à l’univers, je suis directement parti faire de la scène à 18 ans. Durant plusieurs années, je me suis produit en Allemagne et j’ai eu la chance de venir à Paris pour faire un concert. J’ai immédiatement sympathisé avec des personnes et c’est très facile quand tu es bien entouré et que la ville te fait rêver de vouloir rester. Très vite, j’ai eu une proposition pour chanter au Lido ; ce que j’ai fait pendant plusieurs années. Du coup, ça a commencé très vite et de manière très naturelle. J’ai été pris de passion pour Paris et même si je n’y vis plus aujourd’hui, j’ai l’impression de ne pas avoir quitter cette ville dans laquelle je reviens de plus en plus.
De qui te sens-tu proche musicalement parlant ?
C’est très dur car il y a énormément de musiciens que j’admire et une fois encore, je n’aurais pas la prétention de me comparer à eux. Mais en termes d’émotions, je te citerais Jeff Buckley que j’adore. Je mettrais en avant sa sensualité, sa poésie et le fait de n’avoir peur de rien. Il y a également Frank Ocean que j’ai eu la chance de voir sur scène en Suède, Jimi Hendrix et Prince.
Qu’aimerais-tu transmettre au public ?
De la sensualité car c’est quelque chose de très important pour moi et je crois que cela peut fédérer. J’aimerais transmettre quelque chose de sauvage mais de classe et d’élégant sur scène. Au travers de ma musique, j’aimerais encourager les auditeurs/spectateurs à être eux-mêmes. Pour ma part, j’aime les artistes qui me font me sentir bien dans ma peau et c’est ce que j’ai envie de transmettre sur scène.