Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rencontre avec Boulevard Des Airs afin d’en apprendre plus sur « Loin Des Yeux » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Cedrick Nöt

(c) Cedrick Nöt

Pouvez-vous nous parler de la genèse de « Loin Des Yeux » ?

Sylvain : Tout part d’un contexte assez particulier ; l’album n’était pas du tout prévu ; nous étions en pleine tournée, il restait une dizaine de Zéniths, beaucoup de festivals et le 07 mars 2020, tout s’est arrêtée. Les concerts de plus de 5000 personnes ont été interdits et nous avons été confinés quelques jours après. La tournée battait son plein, il y avait une super ambiance…nous avons été hyper déçus et tristes mais nous ne nous sommes pas laissé abattre et nous avons décidé de transformer tout ce négatif en positif. Comme nous étions confinés, c’est passé par du studio à distance et donc loin des yeux. Nous avons commencé à bricoler certaines choses, nous avons revisité des morceaux et nous avons invité des amis à les partager ; petit à petit, comme le résultat nous plaisait tellement, nous nous sommes dit que nous allions pousser cela jusqu’au bout et nous avons regroupé plein de duos. Le déconfinement est arrivé mais ce n’a pas été le cas de la perspective des concerts…Nous avons eu l’envie de continuer, d’écrire, de composer, de créer et des inédits sont nés. Je crois que c’est le confinement qui a donné un peu le ton très intimiste et très personnel de cet album.

Comment voyez-vous ce disque ? Peut-on dire qu’il se situe entre le best of, le nouvel album et pour ainsi dire le documentaire ?

: C’est carrément cela. Ce disque replonge dans l’histoire, les souvenirs et les archives du groupe. 15 ans après le début de notre carrière, nous nous présentons une bonne fois pour toutes car à chaque nouvel album, les gens pensent que c’est le premier.« Loin Des Yeux » est un album qui aurait pu avoir peu de cohérence à la base mais qui finalement en a beaucoup car en 24 titres, nous présentons notre histoire, nos copains et nos chansons. C’est marrant que tu parles de documentaire car cela fait un bout de temps que l’on se dit qu’avec toutes les vidéos, les enregistrements, les archives que nous avons que ce serait super d’en faire quelque chose. Nous pensions évidemment à un documentaire, une sorte 55 minutes qui retracerait l’histoire du groupe et ensuite, nous nous sommes dit que ce serait pas mal de faire plus tard un spectacle qui propose de la vidéo avec des images d’archives entre les chansons. Nous avons ça en tête depuis un moment, nous ne pensions pas que cela allait devenir des chansons mais c’est le cas de « Loin Des Yeux ».

(c) Cedrick Nöt

(c) Cedrick Nöt

Le titre de ce nouvel opus fait mentir le proverbe, non ? Avec vous, c’est loin des yeux mais près du cœur d’autant plus que vos nouvelles chansons permettent aux auditeurs d’entrer plus dans votre intimité…

: En fait, quand on est loin des yeux, le cerveau reconstruit automatiquement le proverbe et on entend près du cœur. Ce titre, c’est un peu une déclaration d’amour toute en pudeur ; sans le dire ; à tous ceux que nous n’avons pas vus et notamment à notre public. Ces personnes que nous n’allons pas voir avant un petit moment étaient loin de nos yeux car il n’y avait plus de Zéniths, plus de festivals. Cet album est un peu un cadeau qu’on leur fait ; il y a pas mal de chansons qui sont comme des remerciements. C’est notre façon de dire à ces gens sont toujours près du cœur du groupe durant toute cette période de vide.

Comment s’est fait le choix des invités sur « Loin Des Yeux » ? Ces collaborations ont-elles été des évidences ?

Florent : Comme l’a dit Sylvain précédemment, cet album retrace un peu notre histoire et dans cette histoire, il y a ; d’une part ; la nôtre avec des souvenirs et des anecdotes et il y a aussi des artistes qui l’ont marqué. C’est pour cela qu’il y a ces duos-là car ces artistes font partie intégrante de notre histoire. On va retrouver sur ce disque des artistes connus, certains qui sont en développement et d’autres qui ne sont pas encore connus ; nous avons souhaité les mettre en avant car ils font partie de notre cercle proche.

(c) Cedrick Nöt

(c) Cedrick Nöt

D’un point de vue technique, comment se sont passés les enregistrements au vu de la situation actuelle ?

F : Un peu de la même façon que se sont passés les enregistrements précédents à savoir que nous avons toujours été producteurs de notre projet, nous avons toujours pris à notre compte les enregistrements qui se font chez nous même si cette fois-ci, nous étions un peu tous éparpillés au début de l’enregistrement de « Loin Des Yeux » car nous n’étions pas confinés ensemble. Au départ, c’était un peu chacun dans notre coin mais nous ne pensions pas du tout composer un album avec les premières chansons faites durant le confinement. L’idée est arrivée bien plus tard. Tous les soirs, nous donnions rendez-vous aux gens sur les réseaux sociaux, nous faisions des petits lives pendant lesquels nous jouions de la musique et nous parlions un peu de la situation. Souvent, les gens demandaient les mêmes chansons et nous posaient des questions. Nous avons revisité l’un de nos titres avec Lola Dubini, puis un autre avec Jérémy Frérot et chemin faisant, nous avons eu quinze morceaux et quand nous les réécoutions, nous nous posions la question de les sortir ou pas. Tout ce contenu avait été créé et nous avions envie de le partager avec le public.

S : Nous faisions les prods, nous recevions les voix, nous nous appelions mais au début, tout s’est vraiment fait à distance. L’enregistrement a duré durant les trois mois de confinement et durant les trois mois qui ont suivi…

: …ce qui nous a permis de voir certains artistes.

S : Nous nous sommes adaptés aux envies de chacun ; Tibz est venu chez nous, nous sommes montés en studio à Paris pour Gauvain Sers et Claudio Capéo. Nous avons fait au mieux pour eux afin qu’ils soient le plus à l’aise.

Quels sont les grands thèmes des chansons inédites de ce nouvel album ?       

S : Cet album est un peu comme un journal intime, un carnet de bord ; c’est un disque qui s’écoute presque comme un livre. On y parle de la création du groupe, de nos débuts, de l’avenir. Ce disque est une cartographie du groupe qui en est le thème principal. C’est notre album le plus personnel ; on rentre vraiment dans l’intimité du groupe avec ce disque. Si on retrouve des thèmes plus généraux comme l’amour et le temps qui passe, ils sont abordés par le prisme du collectif Boulevard Des Airs

(c) Cedrick Nöt

(c) Cedrick Nöt

Comment l’avez-vous voulu musicalement parlant ?

F : Au tout début, on ne se pose pas trop la question quand on se met à la guitare ou au piano. On joue tout simplement et quand des accords nous font ressentir quelque chose de positif, on les conserve et on en fait des chansons. Ce nouvel album s’inscrit clairement dans la lignée de ce que BDA a fait auparavant même si ce n’est pas facile de ranger notre musique dans une case ou de mettre une étiquette dessus. Nous pouvons passer de la Pop Electro à de la chanson ou à quelque chose de plus « urbain ». « Loin Des Yeux » est clairement une suite. Il y a de tout dans ce disque ; des piano-voix, des guitare-voix et des choses plus produites. Pour moi, cet album est la continuité de ce qui a été fait avant et peut-être aussi les prémices de ce qui sera fait plus tard…

Vu de l’extérieur, on a la sensation que le succès de BDA va grandissant au fur et à mesure des années mais que cela ne vous a pas changés. Quel est votre point de vue sur cela ?

S : L’envie de faire de la musique est toujours là et quand elle ne le sera plus, je pense que nous nous arrêterons. Ce qui est fort avec ce nouveau disque, c’est que nous avons réussi à nous surprendre, à nous donner des frissons et des émotions. C’est une preuve que cette envie première qui a fait naître le groupe est toujours intacte. Nous avons créé BDA par envie et non par ennui. Le succès n’a pas trop fait changer les choses au sein du groupe ou même personnellement car la route a été longue. Déjà entre 2004 et 2011 ; année de sortie de notre premier album ; il s’est passé beaucoup de choses ; déjà là, la route a été longue. Et puis, entre 2011 et aujourd’hui, tout s’est fait petit à petit et nous avons eu le temps de gérer chaque étape et d’avoir bien conscience que ce n’était pas tombé du ciel. Nous sommes conscients d’être chanceux, que tout ça c’est du bonus et nous le prenons avec humilité et simplicité…

F : …d’autant plus avec ce qui se passe maintenant. Nous ne pouvons plus faire de concerts, le monde du spectacle est plongé dans le chaos…j’ai l’impression que nous n’avons même pas assez profité encore de la situation tellement je me dis que les prochains concerts sont loin.

: Quand cela va repartir, ça sera incroyable !

(c) Cedrick Nöt

(c) Cedrick Nöt

Quelles seraient les plus grandes qualités de l’un et de l’autre aussi bien musicalement qu’humainement parlant ?

: J’imagine que les plus grandes qualités de Sylvain sont celles que nous avons en commun car c’est ce qui fait que nous avons créé BDA

S : …et en même temps, nous sommes complémentaires. Je dirais que Flo a tout le temps un coup d’avance et qu’il a une grande ambition. Musicalement parlant, il a beaucoup de recul sur une création et beaucoup d’objectivité.

: Peut-être que Sylvain est une sorte de garde-fou et on en a bien besoin quand le bateau tangue un peu car la carrière d’un artiste est pleine d’embuches. Parfois, il faut prendre des décisions rapides et un peu radicales et heureusement qu’il est là pour me faire réfléchir à deux fois par rapport à ce que j’ai en tête. Les choses ont mis énormément de temps à arriver, entre le jour où l’on jouait dans le self du lycée et celui où l’on remportait une Victoire de la Musique ou celui où l’on a écrit une chanson pour Les Enfoirés ; durant tout ce chemin-là, il y a eu beaucoup de décisions très compliquées à prendre et là-dedans, nous avons été complémentaires. Par ailleurs, Sylvain est un super auteur. Il n’a jamais été à court d’idée et pourtant, nous commençons à avoir fait pas mal de chansons ; je n’ai pas senti qu’il y avait de relâchement ou de perte de vitesse dans la création. Grâce à cela, je pense que nous avons encore de beaux jours devant nous !

Quel serait votre plus beau souvenir lié à BDA ?

S : Difficile de n’en choisir qu’un seul ! Je vais dire notre Victoire de la Musique avec « Je Me Dis Que Toi Aussi » qui était dans la catégorie chanson de l’année. C’était inespéré. Nous étions face à Damso et Orelsan, Julien Doré et Louane. Il y avait des bruits de couloir mais nous n’y croyions pas. Quand Daphné Bürki a prononcé notre nom, ça a été l’un des plus beaux moments de notre carrière.

: Notre dernier concert aux Franco. Au bout de quelques morceaux, j’avais des frissons ; c’est quelque chose qui ne se contrôle pas et si c’est arrivé, c’est qu’à ce moment-là, il y avait beaucoup d’émotion pour moi. Nous avions regardé cette scène de très loin en tant que spectateurs les premières années où nous allions aux Francopholies et ensuite d’un peu plus près jusqu’à jouer parmi les têtes d’affiche sur la grande scène. Tout le monde chantait « Bruxelles » et à ce moment-là, j’ai repensé à tout le chemin parcouru, aux embuches qu’il a fallu surmonter pour en arriver là et cela m’a ému. Être partis de rien et être arrivés là aujourd’hui, quelle aventure humaine incroyable !

Comment rêvez-vous votre avenir artistique ?

F : Avec des concerts avec des gens et comme l’a dit précédemment Sylvain, en ayant toujours envie. J’espère que dans 10 ans, nous prendrons toujours autant de plaisir à écrire des chansons, à être sur scène et que nous nous étonnerons tous les uns les autres.

S : Je nous souhaite encore pas mal de concerts et de chansons pour nous et pour les autres car nous prenons énormément de plaisir à écrire pour d’autres artistes. Que ça continue !

Commenter cet article