Retrouvailles avec Pablo Alfaya à l’occasion de la parution de son premier album !
Nous nous étions rencontrés en décembre 2018 au moment de la sortie de « Sad Night, Dancing » ; ton premier album vient de sortir le 30 octobre, peux-tu nous dire pourquoi il y a presque deux ans d’écart entre ces deux parutions ?
Il y a eu beaucoup de travail, beaucoup de retours en arrière, beaucoup de contretemps « techniques » et beaucoup de remises en question. Je suis très perfectionniste ; peut-être trop ; j’ai refait des choses à l’infini afin de présenter un album millimétré sur lequel rien n’a été laissé au hasard. Le travail qui a été fait sur ce disque peut s’apparenter à de l’orfèvrerie. Le processus a donc été très long et c’est peut-être le mien mais je ne peux pas encore l’affirmer car je n’ai fait qu’un album pour l’instant. A l’arrivée, je trouve que ce disque est assez beau et je pense que ça valait le coup de prendre le temps de le faire.
A quel héros fait référence le titre de ton album ?
Je dirais que ce titre ne fait pas vraiment référence à un héros en particulier mais plutôt à une philosophie, à un chemin de pensée personnel dans le sens où c’est plutôt une illustration pour dire que j’ai choisi la voie de faire mon truc à moi, ce titre illustre le courage que cela peut demander quand on se lance dans la musique ou dans n’importe quel processus créatif. Quand on fait un album, c’est quelque chose qui est vachement solitaire et qui isole beaucoup et cela permet d’avoir une prise de recul par rapport à tout ; à la vie, à son environnement… Pour moi, « Hero » renvoie à ce qu’il y a de plus héroïque à savoir suivre son chemin intérieur jusqu’au bout et de construire quelque chose qui sorte intérieur de toi. Pour ma part, je trouvais ça héroïque car je me lançais dans quelque chose d’hasardeux alors qu’autour de moi, mes amis et les gens de ma génération validaient des diplômes et se lançaient dans des choses plus sécurisantes.
Quel « déguisement » endosses-tu dans « Hero In Disguise » qui ouvre ton album ?
Je pense que cela aurait à voir avec une notion de contraste car j’ai toujours eu l’impression que l’on ne m’attendait pas là où j’étais vraiment ; cela se vérifie même dans les retours que l’on me fait sur l’album ou sur ce qui ressort de ma personnalité. Les gens sont toujours un petit peu surpris. Il y a un vrai contraste entre ce que j’écoute et la musique que l’on retrouve sur cet album. Ça n’a rien à voir. Dans « Hero In Disguise », ce n'est pas le héros auquel on pense.
Quels thèmes abordes-tu sur ce disque ?
C’est un album qui est habité par les sujets de l’amour, des relations, du rapport au temps, de la mort et donc de la vie.
As-tu confectionné cet album comme une « histoire » ? On a la sensation que certains morceaux se répondent…
Il y a beaucoup d’entrelacements dans cet album et des personnages de fond comme Tiffany notamment. Ce sont des genres d’alter-égos, des illustrations de concepts mis sous des noms de personnages qui font sens ensemble. Avec le recul, quand je regarde cet album, je le vois comme un voyage qui se suit. Ce disque est un gros tableau.
Comment définirais-tu l’atmosphère de ton album ?
Cet album est un feeling de vacances. Ce disque est très onirique ; c’est comme s’il illustrait un monde un peu idéalisé qui serait aux antipodes de ce qu’est vraiment ma vie. L’univers de ce disque est très aquatique, très planant, très chill alors que je viens d’un quartier qui est plutôt ghetto dans un milieu très urbain.
Que ressens-tu toi-même à son écoute ?
C’est compliqué de répondre à ta question car quand je finis quelque chose, je pars du principe que ça ne m’appartient plus et je n’ai plus envie de l’écouter ; ce n’est pas que je le mets à la poubelle mais je m’en détache. Comme je le disais précédemment, je ne serai jamais là où l’on m’attend ; je n’ai pas envie de refaire deux fois la même chose, je travaille déjà sur mon prochain album et je peux déjà dire que l’on sera complètement sur une autre planète.
« Hero » se termine sur « Sortie De Route » que tu interprètes en français, ce titre ouvre-t-il une nouvelle page dans ton projet artistique ?
Tout est une question de feeling car je ne calcule rien et je ne me suis donc pas dit qu’il fallait que je fasse un morceau en français. Ce titre s’est fait comme cela et il aborde un sujet lourd de sens. Dans « Sortie De Route », je parle de mon frère qui est atteint de schizophrénie. J’ai baptisé cette chanson comme cela car elle sort de ce voyage proposé sur cet album ; ça n’a rien à voir ; et cela illustre le fait que mon frère soit en dehors du système. « Sortie De Route » ne lance donc pas une autre direction et ce n’est pas non plus une suite logique réfléchie…Sur le prochain album, il y aura peut-être de l’espagnol, du français…dans dix ans, il y aura peut-être du chinois.
Musicalement parlant, « Hero » est-il simplement la photographie d’un moment de ta carrière ou représente-t-il la direction que tu comptes suivre dans les années à venir ?
Cet album est une photo de moi à un instant mais ce n’est déjà plus moi car le but est d’évoluer et de se transformer.
MGMT et Josef Salvat ont-ils été des inspirations dans le processus créatif de « Hero » ?
Pas du tout, je connais très peu MGMT même si on m’en a beaucoup parlé par rapport à ma musique et je ne connais pas Josef Salvat. Pour la conception de cet album, j’ai plutôt eu des inspirations de personnalités plutôt que de styles musicaux. J’ai été énormément inspiré par la vie et par le chemin d’esprit de Brian Wilson des Beach Boys. C’est quelqu’un qui a toujours été dans quelque chose de très dark alors que les chansons des Beach Boys représentent la plage et le soleil. On en revient à cette notion de contraste et je me suis vachement identifié à ce mec-là au moment où j’ai fait l’album.
Quels sont tes prochains projets ?
La sortie du clip de « Hero In Disguise » qui a été tourné récemment sur Biarritz essentiellement est prévue pour le 18 novembre. D’autres clips devraient suivre dans les prochains mois afin de continuer la promotion de « Hero » mais j’ai une vraie volonté d’enchaîner vite. Il y aura du contenu neuf très rapidement. J’aimerais bien sortir un second album en 2021 car j’ai beaucoup évolué depuis « Hero » que j’ai fait il y a déjà un petit moment. En ce qui concerne les concerts, c’est compliqué à cause de la configuration actuelle…Je vais me concentrer plutôt sur de l’illustration car je fais une musique à images.